Lors de la 47ème édition du Printemps de Bourges, nous avons discuté avec deux membres du groupe montréalais Clay and Friends. Au cours d’une belle après-midi ensoleillée, nous avons parlé de cuisine, de la beauté du hasard ou de leurs improvisations. Mais ce qui ressortait le plus ? C’est leur musique qu’ils souhaitent rendre la plus universelle possible : Clay and Friends part à la conquête du monde !

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter ?  

Pops : Moi c’est Pops à la guitare, guitariste du groupe Clay and Friends.

Émile : Moi c’est Émile Alvaro, le claviériste du groupe.

Pops : Et puis Clay and Friends c’est un groupe de funk, soul et pop de Montréal. Bref c’est la musica popular de Verdun. C’est de la musique pour faire bouger, se laisser aller.

Émile : On fait un peu de tout, c’est de la musique qui est happy.

Si Clay and Friends était un plat, quels ingrédients seriez-vous ? Ça peut être autant un trait de personnalité qu’un élément sonore par exemple.

Pops : Ooh, c’est une très bonne question ça ! Je dirais que la viande du plat, c’est Mike Clay et Poolboy qui font respectivement la voix, la trompette ainsi que le beatbox, les séquences et drum patterns. Et tu vois la basse… 

Émile : On peut dire que c’est du gravy (rires).

Pops : (rires) Ouais la sauce bien grasse. Et je pense qu’Alvaro et moi on serait plutôt…

Émile : Des crudités.

Pops : Ouais je dirais que les crudités c’est clairement le clavier. Et la guitare peut faire office de pâtes ou de féculents quelconques pour supporter le tout. Mais je crois vraiment que les cinq ensembles, on constitue le plat.

Émile : Oui, dans une bonne bouchée il y a un peu de tout.

Donc ce n’est pas chacun qui va ramener quelque chose de particulier au son, mais c’est plus quelqu’un qui lance une idée ?

Émile : Oui et puis on va rebondir dessus, c’est comme ça qu’on compose.

Pops : On cuisine comme ça aussi (rires).

Vous faites beaucoup d’impro en plus c’est ça ?

Pops : C’est ça, on regarde ce qu’on a en ouvrant le frigo (rires). Puis on travaille tous ensemble pour constituer un plat trois étoiles Michelin.

Merci beaucoup d’avoir filé la métaphore culinaire jusqu’au bout (rires. Je voulais parler de votre dernier album, AGUÁ EXTEND’EAU, qui est une extension de votre EP AGUÁ.

Pops : Oui parce que pour faire passer la nourriture il faut un bon verre d’eau.

C’est ça, il faut digérer ! Et je voulais savoir pourquoi vous n’avez pas fait un projet séparé mais vous avez décidé de faire une extension ?

Pops : Ça s’est fait plutôt organiquement. On a commencé avec cinq pièces qui étaient sur AGUÁ puis on a voulu en rajouter trois-quatre pour en faire un album. Puis on était sur un concept qui permettait de pousser un peu plus. Surtout qu’on avait des invités comme Louis-Jean Cormier qui fonctionne très bien au Québec, mais aussi le duo comment debord. On avait des pièces avec eux qu’on était très excité de partager donc on s’est dit « pourquoi pas les ajouter ».

Émile : C’est ça, puis on s’est dit ces nouvelles chansons fonctionnaient bien avec le thème de l’eau. Ça faisait plus de sens de rallier ça ensemble que de faire un autre EP séparé.

Clay and Friends

AGUA EXTEND’EAU, le dernier album de Clay and Friends

Vous avez justement parlé des collaborations. Est-ce qu’elles ont été le fruit du hasard ou c’était une recherche active de travailler avec d’autres artistes ?

Pops : Tout est arrivé par soi-même. On avait le goût de collaborer avec ces artistes-là et tant mieux que ça ait donné des bonnes chansons, on ne l’aurait pas fait si on était pas satisfait du résultat. Ça s’est super bien fait au studio, notre univers s’est très bien allié à celui des featurings. C’était aussi pour faire rayonner la musica popular de Verdun un peu mieux.

Et j’ai cru comprendre que vous enregistriez vos chansons chez Poolboy, est-ce que ça a été de repasser en studio pour enregistrer les featurings ?

Pops : En fait ils sont venus à Verdun, avec leurs maillots de bain et leurs serviettes.

Émile : Une chanson, une baignade, une chanson, une baignade (rires).

Dans cet album, il y a un titre qui est ressorti un peu plus pour moi, c’est « Chanson pour les tristes personnes ». C’est plus doux, c’est plus lent. Comment avez-vous réalisé ce morceau ?

Pops : Tantôt on disait que la musica popular de Verdun c’était de la feel good music, pour faire bouger. Mais il y a aussi un grand volet qui est de faire penser, que ce soit une soirée où tu te laisses aller à des émotions quelconques ou autre. C’était important pour nous d’avoir cette chanson dans le projet pour justement montrer l’éventail des influences qu’on peut offrir et la profondeur du projet. On se fait souvent étiqueter comme un band de party. Oui on l’est mais on n’est pas seulement ça.

Émile : Le party, ça ne veut pas seulement dire qu’on fait de la musique simple. Cette chanson nous permettait d’explorer d’autres sujets.

Je continue sur le thème des collaborations. En mars vous avez sorti « Moneytree » avec Naâman. Comment avez-vous été amené à travailler avec lui ?

Pops : C’est une super belle histoire en fait. La genèse date d’il y a plus de trois ans. Ça a été un coup de chance. On fait des retraites créatives où on loue des Airbnb qu’on transforme en studio, mais chut faut pas le dire aux autres. Puis on avait cette maquette qui traînait.

Émile : C’était une très vieille chanson.

Pops : Ouais et puis on s’est essayé, on a écrit à Naâman via Instagram. Il a écouté le titre et il a vraiment accroché. Puis tu sais comment il nous a répondu ? Avec son couplet. On s’est pris une claque ! Wow, c’est incroyable ! Et ce qui est surtout cool avec cette collaboration-là, c’est qu’elle a donné naissance à notre tournée de l’automne dernier où on a fait sa première partie au Zénith de Paris et la Madeleine à Bruxelles. On s’est lié d’amitié avec lui, on a tourné le clip pendant cette tournée-là aux quatre coins de l’Europe. On est toujours en super bons termes avec lui, c’est une très belle personne. 

Émile : C’est un coup de cœur artistique.

C’est un grand nom de la musique, avez-vous des artistes avec lesquels vous rêveriez de faire un feat ?  

Pops : On commence à brainstorm sur des collaborations qui seraient cool.

Émile : Il y a Kheos, je sais pas si tu connais ? Je l’écoutais beaucoup quand j’étais jeune.

Pops : Je cherche des affaires qui surprendraient. Il y a une artiste autochtone au Québec qui s’appelle Elisapie. On essaie de trouver des univers d’autres artistes qui créeraient quelque chose de nouveau et d’original, superposé à notre univers à nous. On est en pleine recherche et réflexion.

Émile : Pourquoi pas Beyoncé (rires).

Pops : On l’a déjà DM sur Insta, elle va nous répondre bientôt avec son couplet (rires).

Vous avez créé « Cheese » en impro dans un resto. Est-ce qu’il y a des impro que vous avez regretté de ne pas avoir enregistré car vous n’avez pas réussi à les recréer ?

Émile : Cheese d’ailleurs on l’avait pas enregistré, c’est quelqu’un qui nous avait filmé et qui nous avait taggé dans sa story. On l’a vu sur Insta donc on a pu retrouver ce qu’on avait fait. C’était un coup de chance. 

Pops : La meilleure histoire, c’est que pour Cheese, comme on est tous multi-instrumentistes, on a tous changé d’instruments. Moi je me souviens, j’étais au clavier. Émile était à la guitare. Mais maintenant, chaque show qu’on fait, notre sonorisateur essaie de tout filmer. Parce que notre première méthode de création provient de ce qu’on fait sur scène.

Émile : Sans trop en dire, il y a plusieurs titres sur ce qui arrive qui provient de jams et de freestyles.

Pops : La meilleure façon de tenter l’efficacité de la chanson, c’est de voir la réaction du public.

Il y a un nom qui revient souvent dans vos interviews, c’est Sam Rick votre manager. Vous avez même dit qu’il faisait partie intégrale du groupe. Comment l’avez-vous rencontré ?

Pops : Quand il a commencé sa carrière de management, on était son premier projet. Lui aussi il a appris les différents côtés du métier avec nous. Je pense que la première rencontre c’était entre Clay et lui. 

Émile : Ils jouaient au basket ensemble il me semble.

Pops : Ouais et puis il est tombé amoureux du le projet. C’est vraiment le sixième membre du groupe.

Émile : Et c’est vite devenu un ami.

Pops : Il a fait une tournée avec nous, au début quand on faisait des petites tournées avec une voiture cinq places… On apprend à se connaître. Surtout en Italie quand il fait 40 degrés.

J’ai remarqué que vous aimiez bien les mots concepts, par exemple le titre de votre EP Grouillade provient du patois haïtien, qui est un état de laisser aller. Vous avez un son qui s’appelle « ahorita » et qui parle des petits moments. Vous avez un petit mot concept que vous aimez bien ou que vous avez découvert récemment ?

Pops : C’est plus Clay qui s’occupe des paroles, alors un mot spécifique qui pourrait donner lieu à une chanson, je sais pas trop. Après je pars au Portugal dans une semaine donc peut-être que je vais arriver avec un mot.

Émile : Le mot Porto ! (rires)

Pops : Porto ! C’est bon ça (rires). Mais c’est vrai qu’il y a des mots qui deviennent centraux dans le concept d’une chanson ou d’un album. Et je peux te dire qu’avec « Moneytree » il y a définitivement un concept qui en ressort, mais je t’en dis pas plus. Tu verras quand ça va sortir.

Votre titre « Going Up The Coast » a été recommandé par la chanteuse coréenne Sinb et vous commencez à avoir une fanbase coréenne. Vous avez l’impression que votre rêve du Japon s’approche ?

Émile : Un peu plus chaque jour.

Pops : Mettons que le modus operandi du groupe ça a toujours été de sortir des balises et d’essayer des trucs. C’est clairement une case qui reste à cocher.

Émile : Mais c’est motivant d’avoir des cases qui ne sont pas cochées.

Alors si vous cochez cette case, c’est quoi la suite ?

Émile : La lune !

Pops : Ou Mars ! Non mais d’un côté plus réaliste, il y a plusieurs marchés qu’on aimerait toucher au fur et à mesure. Il y a l’Amérique du Sud qui est tellement intéressante, il y a le reste de l’Europe comme l’Allemagne, le Royaume-Uni… Il reste en masse de pays à conquérir. Voilà, on part à la conquête du monde avec le prochain projet. C’est le premier projet en anglais depuis La Musica Popular de Verdun. Le groupe Clay and Friends part à la conquête du monde. Ni plus ni moins (rires).

Puisqu’on a commencé à parler de votre prochain projet, qu’est-ce que vous pourriez me dire là-dessus sans trop me spoiler ?

Pops : Je pense que c’est un projet où on évolue musicalement. C’est un projet qui n’est pas encore fini. En ce moment on est beaucoup sur scène donc on peut tester des choses pour rendre notre univers musical encore plus universel. Il y a un single qui va sortir en août, on ne l’a pas encore annoncé. Et l’EP donnera sans doute un album par la suite. Qu’est-ce qu’on peut dire de plus…

Émile : La conquête du monde, toujours !

Et enfin notre question signature, quel artiste vous nous recommanderiez d’interviewer ?   

Pops : Mettons, on va aller au Québec. Choses Sauvages sont cool. Hubert Lenoir donnerait une interview intéressante. Jean Leloup ce serait très spécial aussi.

CONCLUSION

Nous avons assisté au concert de Clay and Friends lors du Printemps de Bourges et laissez-nous vous dire que ça envoie ! Pour les intéressés et les curieux, sachez que le groupe montréalais fait une tournée canadienne mais s’arrêtera également en France pour faire quelques festivals. Vous pourrez retrouver leurs dates sur leur site officiel.

Et si vous avez envie de continuer votre séjour au Québec, on vous invite à lire notre article sur les spécimens canadiens de la 47ème édition du Printemps de Bourges.

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