Direction une date complète depuis des mois pour Amenra à l’Antipode de Rennes en ce 14 mai 2025, organisé par Garmonbozia ! L’occasion d’aller applaudir la formation belge et leur univers si unique au cours de cette tournée Européenne.
Verset Zero
Une première partie hypnotisante que l’on pourrait aisément diviser en 3 actes, identifiées par le changement de comportement et de tonalité sur scène par l’artiste derrière le projet Verset Zero.
Une scène sobre, agrémentée de bannières de part et d’autre d’un autel saupoudré de chandeliers, fleurs et calices. C’est derrière cette station que le multi-instrumentiste solitaire arrive sur scène, habillé d’une lourde toge et anonymisé par une cagoule métallique. Cette première partie démarre solennellement avec des sons electro très lourds, sombres et chargés de réverbération afin que le public s’imprègne de son univers.


C’est en brandissant un livre occulte qu’il démarre sa diatribe, un chant guttural, rauque, d’outre-tombe qui vient appuyer cette instrumentation infernale. L’audience est captivée par ce barrage sonore, cette musique expérimentale repousse ce que nous connaissons dans nos retranchements et nous pousse à réfléchir, dans le bon sens du terme.
Le public est très réactif et applaudit chaudement à chaque fin de morceau, comportement qui n’échappe pas à l’artiste qui nous brandit son calice à notre santé pour nous remercier.
La partie centrale du concert était remarquée par l’apparition d’une basse électrique en plus du visage découvert de l’artiste, ajoutant du rythme par de l’instrumentation live à ce set.


Verset Zero n’a clairement pas laissé la salle indifférente. Je n’ai pas entendu beaucoup de monde parler ou se détourner de la prestation de l’artiste, chacun était hypnotisé par l’expérience. Une première partie très remarquée qui a bien chauffé le public de l’Antipode afin de s’attaquer à la seconde transe collective de la soirée, à savoir la prestation d’Amenra.
Amenra
Premier concert d’Amenra pour ma part depuis le départ de Tim De Gieter, artiste live, bassiste et backing vocal depuis 7 ans ayant annoncé en Janvier sa sortie du groupe. Il a été remplacé par la multi-instrumentiste Amy Tung Barrysmith (Slower, Year of the Cobra). Cette dernière a montré une aisance et une présence scénique assez remarquable ce soir, s’appropriant déjà le répertoire du groupe !
La scène est à l’image du groupe et de son univers : épurée, sobre, centrée sur la musique et non les artifices. La place centrale est déjà bien délimitée pour le chanteur Colin Van Eeckhout : micro-câble posé au sol devant les retours son orientés vers le public et non le fond de la scène, lui permettant ainsi de délivrer sa prestation dos au public. Cette particularité a déjà été expliquée au travers de nombreuses interviews et lui permet de se tourner vers les membres de son groupe, vers quelque chose de connu et rassurant. Il avait déjà fait mention qu’il préférait les salles de taille plus raisonnable que les festivals, lui permettant de voir le visage du public.
L’arrivée des membres du groupe est solennelle, leur laissant un peu de temps pour les derniers réglages avant le démarrage du premier morceau, Salve Mater. Le public acclame et encourage les artistes avant de se renfermer aussi sec : Amenra est une messe, une transe collective qui se déguste. Aucun éclat de voix ou intervention ne serait toléré de la part du public, par respect de l’univers du groupe.




La voix de Colin Van Eeckhout s’additionne à l’instrumentation au cordeau. Sa technique est comme toujours déchirante, puissante, émotionnellement débordante et un pilier de l’identité d’Amenra. Quel plaisir de voir Colin se retourner, faire face au public et se placer au bord de la scène sans crash barrière, quasiment DANS le public.
Le fond de scène nous déverse des images et des symboles tout au long des morceaux, agrémentant les morceaux d’Amenra et nous plongeant toujours plus dans leur univers. Le groupe est intenable : headbang en continu, les corps sont comme animés au rythme des chansons, visions éthérées plongées dans la fumée et les alternances de lumière et d’obscurité.




Les premières notes de A Solitary Reign à la guitare plongent la salle dans le noir, uniquement éclairée par un spot dirigé sur Colin. Le public est encore plus silencieux que la normale : nous nous préparons à recevoir un barrage émotionnel et physique. Passé la première partie de la chanson, calme, uniquement rythmée par les guitares claires et la voix de Colin arrive et déclenche la tempête accompagnée un spectacle sonore et visuel éblouissant. J’en ressors épuisé, le corps parcouru de frissons.




La fin du concert est abrupte, brutale : le groupe quitte la scène sans un regard en arrière, surprenant nombre de spectateurs et l’absence de rappel. Néanmoins, le concert était haletant, lourd d’émotion et chargé d’adrénaline. Aucune critique négative n’émerge autour de moi et le public applaudit pendant de longues minutes la formation belge.
En conclusion, après avoir vu le groupe en festival puis en salle de concert, l’intensité est encore plus impressionnante dans un espace clos, entièrement dédié à leur prestation. Amenra en a énormément sous le capot après 25 ans de carrière et nous promet encore (on l’espère !) de très longues années de création et d’expansion de leur univers.






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Setlist
- Salve Mater
- Razoreater
- Plus près de toi (Closer to You)
- De evenmens
- Forlorn
- A Solitary Reign
- Terziele
- Am Kreuz
- Silver Needle. Golden Nail


























