LES VOIX SONNEUSES SUD DE FRANCE 2025 / JOUR 1

Après une édition 2024 couronnée de succès avec des têtes d’affiche comme Les Sheriff, Les Négresses Vertes, Sergent Garcia, Le Peuple de L’Herbe ou 7 Weeks, cette nouvelle cuvée 2025 des Voix Sonneuses était très attendue. Il faut dire que « le plus grand des petits festivals » ne cesse de gagner en visibilité et en crédibilité, avec une programmation pointue et une organisation exemplaire.

Preuve de cette montée en puissance : le festival a obtenu cette année le label « Manifestation Verte d’Ariège », en écho à ses engagements en matière de développement durable – soutien à l’économie locale et solidaire, accessibilité à tous les publics, gestion des déchets… Une belle reconnaissance pour un évènement qui cultive une démarche responsable sans jamais oublier l’humain.

Depuis qu’il en a repris les rênes en 2020, Frédéric Coux, le directeur du festival, mène son projet avec passion. Sa volonté de proposer une expérience familiale et de qualité ne faiblit pas, et ça paie : Les Voix Sonneuses affichent désormais le label « Sud de France », aux côtés des poids lourds comme Pause Guitare ou Les Déferlantes. Rien que ça.

Pour cette septième édition, la barre a encore été placée haut avec une programmation de qualité avec No One Is Innocent, Les Garçons Bouchers, Burning Heads, The Locos ou encore le Amy Winehouse Band en têtes d’affiche. Et une fois de plus, le public a répondu présent, puisqu’environ 9000 personnes sont venues en nombre sur la Place du Champ de Mars pour un week-end festif et sous un soleil de plomb.

TOO MANY KIDS RÉVEILLE LES VOIX SONNEUSES

Vendredi 4 juillet. 17h00. Il est encore tôt dans la journée. Les festivaliers arrivent au compte-gouttes sur le site du Champ de Mars pour ce premier jour du festival Les Voix Sonneuses, mais Too Many Kids n’a pas attendu que le public se densifie pour lancer les hostilités. Investissant la scène avec l’enthousiasme des groupes qui n’ont rien à perdre et tout à défendre, le trio toulousain taille directement dans le lard au travers d’un set plutôt court mais solide, avec le parti pris de mêler énergie brute et mélodies pop/punk bien ficelées.

En effet, bien que programmé en ouverture à une heure peu flatteuse, Too Many Kids ne triche pas et propose dès l’opener « Summer Of 1999 » un punk rock aux accents 90’s–2000’s qui trouve vite sa place dans ce début de festival, convoquant entre autres Blink 182, Jimmy Eat World ou encore Billy Talent. Avec un set démarré tambour battant, la formation met en place un ton fédérateur avec des titres accrocheurs comme « Nothing More », « Friday Night » ou « The Cloud » qui commence à faire bouger le pit pour ce premier tour de chauffe.

Petit-à-petit, la dynamique Too Many Kids commencent à se mettre en place si bien que la seconde moitié du set monte en intensité et permet au groupe de faire montre de tout son savoir-faire ès punk rock (« Don’t Let Me Drown », « Sex Friends »). Et même si l’ensemble n’est pas très original, le trio délivre des titres taillés pour le live avec beaucoup d’énergie (« Show Me How You Dance »).

De son côté, si le public reste encore plutôt clairsemé et en mode repérage, les curieux massés devant la scène ne boudent pas leur plaisir de découvrir Too Many Kids sur scène. La formation a donc relevé avec brio le défi d’ouvrir un festival encore en phase de réveil au fil d’un concert honnête, énergique et cohérent, qui augure de belles choses pour la suite du week-end — et pour le groupe lui-même !

Setlist Too Many Kids

  • Summer Of 1999
  • Nothing More
  • Friday Night
  • The Cloud
  • Dear Kurt
  • Don’t Let Me Drown
  • Show Me How You Dance
  • Sex Friends
  • Cynical
  • Lockdown
SANSEVERINO : DUO MINIMALISTE… MAIS MAXIMAL

C’est un tandem en liberté qui s’installe ce soir sur la scène des Voix Sonneuses. Pas de véritable groupe, pas de décor. Juste une guitare, une batterie, deux micros, et surtout deux tempéraments bien allumés : Sanseverino et le batteur Côme Huveline (Waxx, Vantre, Ornicar, …). Le public s’interroge un peu sur cette nouvelle lubie de l’inénarrable Sanseverino. Format réduit ? Oui. Énergie minimale ? Certainement pas…

Le set décolle d’entrée de jeu sur une frappe sèche, un riff de guitare débraillé et l’affaire est lancée. Sanseverino balance ses textes avec ce débit mitraillette qu’on lui connaît, les mots ricochent et le groove s’installe vite. Derrière lui, Côme Huveline, à la fois souple et précis, offre un terrain de jeu rythmique aussi nerveux que joueur à Sanseverino. Le public est comme transporté devant un vrai corps-à-corps musical au fil d’un set qui se veut très ouvert. Ainsi, quand l’un attaque, l’autre relance. Leurs regards se croisent souvent pour modeler les morceaux en fonction de leur ressenti du moment mais aussi en fonction de la réaction des spectateurs. Ce format permet ainsi à Sanseverino d’adapter ses compositions en laissant aller son jeu de guitare vers des couleurs folk, jazz manouche ou blues. Très vite, le son explose dans une simplicité radicale et permet au festivalier de (re)découvrir des titres sous des angles différents, parfois même déstructurés.

Mais cette configuration du duo guitare/batterie n’est pas nouvelle, Sanseverino l’a déjà expérimentée il y a une quinzaine d’années. Il sait ce qu’elle permet : l’instinct, l’interaction, l’espace pour respirer. Il y revient aujourd’hui avec une fraîcheur (d)étonnante, comme s’il redécouvrait lui-même ses propres compositions. En effet, lorsque les morceaux, anciens ou récents, passent à la moulinette du format duo, il en ressort des versions resserrées, râpeuses, urgentes. Ici, pas de fioriture, pas d’artifice. Juste l’essentiel : des histoires qui claquent, un chant tendu et des baguettes qui tapent juste.

De son côté, Côme Huveline ne se contente pas d’accompagner Sanseverino. Il dialogue via la batterie. Il ponctue. Il bouscule parfois, puis relâche la tension d’un roulement jazzy ou d’un break décalé. La batterie, tantôt martiale, tantôt groovy, devient un second souffle pour Sanseverino, qui s’amuse comme un gosse sur cette scène devenue terrain de jeu. Ce qu’il propose ce soir, c’est un vrai shot de liberté, sans nostalgie, ni formatage.

Le public, un peu pris à froid est d’abord curieux puis devient vite complice avec le duo. Ça tape dans les mains, ça sourit, ça danse même un peu ici et là. On sent que quelque chose se passe. C’est une sorte de moment à part, brut, sans filtre. Entre deux morceaux, Sanseverino parle pas mal avec les festivaliers dans une ambiance détendue, vivante, et toujours tenue par cette tension musicale joyeusement punk et loufoque.

Le set se termine sans chichis, dans un dernier éclat de batterie et une dernière note éraillée. Pas besoin d’en rajouter. On a eu la chance de voir juste deux artistes qui jouent. Ensemble. Pour de vrai.

LES GARÇONS BOUCHERS : HOMMAGE AU PÈRE FRANÇOIS

Il est 20h50 quand Les Garçons Bouchers montent sur les planches alors que les festivaliers bruissent déjà d’impatience. Depuis leur premier passage à la fête de l’Huma en 2023 puis au fil des concerts marquants à l’Élysée Montmartre ou plus récemment au Hellfest, Les Garçons Bouchers continuent de tracer leur tournée Tchao François en hommage à la figure tutélaire du groupe et de Pigalle, François Hadji-Lazaro, comme une saignée vive dans le paysage du rock français. Ce soir, c’est un fragment d’histoire punk qui s’apprête à ressurgir dans une ambiance moins grandiloquente qu’à Clisson mais plus brute. En effet, suite à un petit souci logistique, il n’y aura pas d’écran géant derrière la scène pour diffuser le film réalisé par Pierre Hadji‑Lazaro (le fils de François) durant le set. Pas d’images de François Hadji-Lazaro sur grand écran, donc. Mais sa présence ? Inévitable. Omniprésente.

Dès les premières secondes, c’est un raz-de-marée. Le groupe déboule sur les planches sans fioriture, emmené par un Pierrot Sapu, plus incantatoire que jamais pour poser les bases de ce que sera le reste du concert : énergique et bouillonnant. Pas de round d’observation : « Chariot » et « S.K.A.G.B. (Le Ska Des Garçons Bouchers) » ouvrent le bal, furieux, goguenards, impeccables. Devant, les fans hurlent les paroles et ça commence à vite bouger dans le pit. Les vieux punks côtoient les jeunes curieux dans une ambiance festive et positive à l’image de Pierrot qui, du haut de ses « presque 65 ans », garde son grain de folie si caractéristique (« Bourré Bourré Ratatam », « Du Beaujolais », « Marche de Ménilmontant (Allez, Les P’tits Gars) »). Autour de lui, ses frères d’armes des Garçons Bouchers, Stefff (saxophone et chant) et Toto (trombone / trompette et chant) avec Gaël Mesny (guitare) et Christophe Gauziède (batterie) de Pigalle sont toujours aussi virevoltants qu’à la belle époque, tandis que Benoît Simon (basse) assure une section rythmique en acier trempé. Autant dire qu’on est en famille. Recomposée sans la figure tutélaire du (dieu) le père François, mais en famille quand même…

Avec des titres comme « Carnivore », « Le Rap Des Garçons Bouchers » ou « La Lambada On N’Aime Pas Ça », le set aligne les classiques comme des uppercuts en série. Le son est bon, un poil crade, mais dans le bon sens du terme et à l’image du groupe : sans vernis, sans calcul. Du côté des festivaliers, le pit est chaud comme une baraque à frites et sent bon (?) la chaleur humaine. Entre les morceaux, Pierrot Sapu prend parfois la parole. Il parle peu, mais juste. Il évoque François, bien sûr mais aussi l’aventure des Garçons Bouchers. Ce n’est pas une messe. C’est une veillée joyeuse, bordélique… et tendre.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, même si le groupe s’est reformé dans le cadre de cette tournée hommage, la machine est solide et tourne à plein régime avec cette urgence qui ne s’apprend pas. Les cuivres claquent (« Le Rap Des Garçons Bouchers »), les riffs sont tranchants (« Carnivore ») et les chœurs fédérateurs (« Du Beaujolais », « Et (L’Argent, Les femmes, le Vin) », « Super, Ce Matin J’Ai Rencontré Dieu »)). Le public, lui, exulte. Et même ceux qui ne connaissaient que deux ou trois refrains se lancent quand même (« Le Rap Des Garçons Bouchers »). De son côté, Sanseverino qui regardait le concert sur le côté de la scène n’y tient plus : l’homme fonce sur les planches et vient chanter sur « L’Éboueur » dans le micro de Gaël (qui ne s’y attendait pas). À ce moment-là, Saverdun n’est plus une petite bourgade ariégeoise mais une véritable enclave de Paname dans une faille spatio-temporelle ouverte sur les années 1980, avec la rage intacte en bonus (« Paris, Paris, Paris ») !

Et même si le set est amputé de la vidéo, le groupe tient à mettre François Hadji-Lazaro en avant avec le titre « Punkifiée » sur lequel les musiciens jouent en live, assis et têtes baissées, pendant que le chant est assuré par une bande sonore avec la voix de François. Voilà un moments forts de ce concert, avec cette chanson lente et grave. Ce morceau, sans vidéo derrière, agit comme une photo en creux de François : tout le monde y projette un souvenir. C’est sans doute là que l’hommage est le plus vrai. Le plus nu.

Loin de terminer dans la tristesse, les Garçons Bouchers repartent ensuite de plus belle et le pied au plancher dans une sorte de montée en puissance jusqu’à l’explosion. Avec « Madeleine » de Los Carayos, « La Bière », « Zorro (La Marche Des Sangs Mêlés) » – un titre de BB Doc, le premier groupe de Pierrot – ou le classique « Dans La Salle Du Bar-Tabac De La Rue Des Martyrs » de Pigalle, le groupe lâche tout, à la fois précis et bordélique, entre artisanat et incantation jubilatoire. Pas de rappel, pas d’adieux larmoyants. Juste un salut. Un cri. Ni plus, ni moins.

Ce soir, dans le cadre des Voix Sonneuses Sud de France, au-delà d’une simple concert-hommage, Les Garçons Bouchers ont rouvert une brèche vivace et réveillé une mémoire collective, sans nostalgie pataude ni fioriture. Avec du bruit, de la sueur et beaucoup de cœur.

François n’était pas sur scène mais il était partout. Dans les regards. Dans les refrains. Dans les pieds qui tapent parterre. Et ça, aucune vidéo n’aurait pu mieux le faire ressentir…

Allez, tchao François !

Setlist Les Garçons Bouchers

  • Chariot
  • S.K.A.G.B. (Le Ska Des Garçons Bouchers)
  • Carnivore
  • Marche de Ménilmontant (Allez, Les P’tits Gars)
  • Le Rap Des Garçons Bouchers
  • Bourré Bourré Ratatam
  • Super, Ce Matin J’Ai Rencontré Dieu
  • Punkifiée
  • L’Éboueur
  • Et (L’Argent, Les femmes, le Vin)
  • Johnny
  • Paris, Paris, Paris
  • Du Beaujolais
  • Quelquefois
  • La Bastringue
  • Les Vieux À La Poubelle
  • Je Ne Regrette Rien
  • Fortes Têtes
  • Province-Paris
  • La Lambada On N’Aime Pas Ça
  • Madeleine
  • La Bière
  • Zorro (La Marche Des Sangs Mêlés)
  • Dans La Salle Du Bar-Tabac De La Rue Des Martyrs
NO ONE IS INNOCENT : LA COLÈRE EN HÉRITAGE

22h45. L’air est encore tiède sous les étoiles de Saverdun. Les voix résonnent, les pintes se vident, les esprits flottent entre euphorie et tension. Car ce soir, ce n’est pas un simple concert de plus dans la programmation d’un festival. En effet, No One Is Innocent joue l’un de ses derniers combats scéniques, dans le cadre du Colères Tour, ultime tournée avant que Kemar, son emblématique frontman, ne raccroche les gants. Et même si le public n’est pas entièrement composé de fans hardcore du groupe, tout le monde a compris : ce moment compte.

Dans le cadre des Voix Sonneuses, pas de salle fermée, pas de murs qui suintent la sueur. Mais une scène en plein air, un espace ouvert où les courants d’air brassent les générations, les esthétiques, les sensibilités. Et c’est là toute la force de No One Is Innocent : rallier sans compromettre, convaincre sans édulcorer.

Dès l’apparition du groupe, la tension monte d’un cran. Kemar entre en scène avec l’énergie d’un boxeur remonté, le regard chargé d’une intensité brute. Pas de nostalgie ici, pas de larmichettes de fin de parcours : c’est la rage qui prime, celle qui a nourri le groupe depuis plus de 30 ans et qui semble même s’être cristallisée, condensée dans chaque riff, chaque cri, chaque mot.

Le groupe attaque directement avec « L’Arrière-Boutique du Mal », morceau inédit et viscéral, qui met les pieds dans le plat sur la manipulation numérique et l’obscurcissement du réel. Pas besoin d’un long discours : le son parle pour lui, brut, puissant, sans détour. Le pit, jusque-là sage, commence à remuer. On repère plein de t-shirts à l’effigie du groupe, mais aussi beaucoup de visages curieux, vite happés par cette colère lucide qui dégueule des amplis.

Kemar arpente la scène comme un animal en cage. Il hurle, harangue, saute, s’accroche au micro comme à un mât dans la tempête. Son discours n’a rien perdu de sa force. Il parle de mémoire, de lutte, d’injustice, mais surtout de transmission. Le public, même le moins averti, reçoit l’uppercut notamment sur le morceau « La Peau » sur lequel Frédéric Coux viendra pousser la chansonnette avec Kemar, un grand moment !

Musicalement, la formation tourne comme une machine de guerre. Tranbert à la basse, toujours imperturbable, soutient un set incisif et souple à la fois (la reprise « Bullet In The Head » de Rage Against The Machine). Marceau Ranoux et Fred Mariolle eux, tissent des riffs de guitares abrasifs et acérés (« Ali (King Of The Ring) », « À La Gloire Du Marché », « Nomenklatura »), pendant que le batteur Mathys Dubois cogne les fûts avec une précision qui tranche l’air. Mais rien n’est figé dans le set à l’image de « Djihad Propaganda » ou bien « Nomenklatura » où le groupe joue à l’instinct, en meute en se rassemblant vers la batterie, dos au public. Il ralentit, relance, étire, resserre. C’est du live pur, tendu comme un nerf, électrique comme une émeute…

Le public ? Il se transforme peu à peu. Ceux qui regardent de loin s’approchent. Ceux qui ne connaissent pas tous les morceaux hochent en rythme. Sur « Charlie », beaucoup lèvent le poing tandis d’autres baissent la tête. Le set prend des allures de meeting musical, pas moralisateur mais fédérateur, viscéral, organique. Une sorte de communion par la colère, quoi. Puis vient « Silencio », morceau de tension et de retenue, comme une respiration au milieu de la fureur. Kemar y est presque chamanique. Les festivaliers écoutent puis ça repart de plus belle avec « What The Fuck », qui met tout le monde d’accord, dans un tourbillon final de sueur et de décibels.

La fin du set, inévitable, ne tombe dans le pathos. Kemar dit quelques mots sur ses 30 ans de combat(s) au sein de No One Is Innocent, comme un hommage à une histoire de vie plus qu’à une simple discographie, puis le groupe enchaîne avec « 20 ans ». Enfin, « Chile » vient boucler la boucle. Hommage à la résistance, à la mémoire, à la dignité. Les dernières notes résonnent comme un écho dans la nuit de Saverdun.

Au final, No One Is Innocent, ce soir, n’a pas juste joué un simple concert. Le groupe a transmis un flambeau. Celui de la colère, de l’engagement, de la sincérité. Peu importe que le public soit venu par hasard ou pour voir un bon groupe de rock français : tous sont repartis marqués par cette déflagration scénique.

Ce Colères Tour n’est pas une fin. C’est une passation. Kemar quitte la scène, mais laisse une empreinte que le temps ne gommera pas. Un cri, un feu, un mot d’ordre : restez vivants, restez debout !

Merci No One. Et à jamais.

Setlist No One is Innocent

  • L’Arrière-Boutique Du Mal
  • Ali (King Of The Ring)
  • À La Gloire Du Marché
  • Kids Are On The Run
  • La Peau
  • Bullet In The Head
  • Nomenklatura
  • Djihad Propaganda
  • Charlie
  • Silencio
  • What the Fuck
  • 20 ans
  • Chile
LES BURNING HEADS SOUFFLENT SUR LES BRAISES

Il est 0h30 quand les vétérans du punk rock hexagonal, les Burning Heads montent sur les planches alors que le sol vibre encore des dernières secousses de No One Is Innocent. De fait, des grappes de festivaliers commencent à quitter le site, rincés, comblés, pensant peut-être que la soirée vient de s’éteindre. Grave erreur. Car sur scène, les Burning Heads sont déjà là. En place. Sans discours, ni préambule. Le groupe mené par le chanteur Fra (Eternal Youth) s’approprie la scène avec un punch toujours intact et compte bien clore ce premier jour du festival avec brio. Et puis ça explose…

Dès le costaud « Time’s Up » lancé avec une vigueur impressionnante et une énergie brute, on comprend tout de suite que le punk rock incisif des Burning Heads ne va laisser aucun répit aux festivaliers encore présents sur le site et aux avant-postes dans le pit. Et ils ne seront pas déçus, puisque le groupe propose ce soir une setlist sans fioriture ni temps mort qui revisite tous les classiques de l’immense carrière des orléanais (« Angry Sometimes », « Reaction », « Little Bird », …) mais qui propose aussi un tour d’horizon du dernier album en date, Torches Of Freedom sorti en 2022 chez Kicking Records (« All Set To Glow », « Pharmageddon », « Endless Loop (In My Head) », « Gwardeath & Nasty », « Wrong Direction », …). Autant dire qu’il y a à boire et à manger mais que les spectateurs en auront pour leur argent !

Très vite, les morceaux s’enchaînent sans pause. « Push Me », « Wrong Direction », « Fine », « Gigi Pirate »… Aucun répit. Ce n’est pas un concert que proposent les Burning Heads mais une véritable ligne droite, sans frein et sans détour. Le public, un peu sonné au départ, n’a pas de mal à jeter ses dernières forces sur le devant de la scène, happé par l’énergie brute du set. Sur les planches, on ne fait pas semblant. On (se) donne. On brûle. À l’image de l’infatigable JB, le bassiste, véritable moteur inépuisable du groupe qui ne tient pas en place, insufflant une dynamique contagieuse. Et même si le chanteur Fra focalise toutes les attentions, c’est JB le catalyseur. Il saute, il chante, il est partout. Et autour de lui, le groupe déroule son punk avec une précision de vétérans mais une envie de jeunes chiens fous (« Survival Instinct », « Pyromaniac », « Fine », …)

Au fil du set, les Burning Heads maintiennent un équilibre parfait entre puissance et maîtrise, déroulant une setlist construite pour frapper fort sans effets de manche (« Always Hate Goodbyes », « Revolving Door Policy », « Dark Romance », …). Le quintet balance plus de trois décennies de punk rock en pleine face du festivalier avec un son net et frontal. Ça tape dans le bide, dans la tête et dans le cœur. On sent que la machine Burning Heads fonctionne comme un véritable rouleau compresseur, notamment grâce à une section rythmique en acier trempé composée de JB et du batteur Thomas (Komintern Sect, Lion’s Law).

Après plus d’une heure d’un punk rock véloce servi avec générosité, le groupe attaque « Collapse » puis « Dark Romance ». La dernière ligne droite devient presque trop courte et les Burning Heads le savent. Du coup, le groupe décide de terminer fort avec pas moins de six brûlots redoutables pour finir de mettre les festivaliers à genoux (« Real Me », « Autopilot Off », « Catch My Fall », « Gwardeath & Nasty », « Angry Sometimes » et « Pharmageddon »). Bim ! La messe est dite.

En fin de comptes, après plus de 35 ans de carrière, les Burning Heads ont démontré qu’ils restent une force vive sur la scène punk française, toujours capable de galvaniser le public malgré le poids des années. Avec un tel set, le groupe prouve (encore une fois) que la flamme est loin de vaciller, et que son punk rock conserve toute sa rage et son pouvoir fédérateur. Il est 1h40, tout le monde est vidé et fourbu mais heureux de ce concert haut en couleur. La première journée de l’édition 2025 des Voix Sonneuses ne pouvait pas mieux se terminer. Oui, il y avait un groupe après No One Is Innocent. Et il a mis tout le monde d’accord.

Setlist Burning Heads

  • Time’s Up
  • All Set To Glow
  • Survival Instinct
  • Little Bird
  • Fine
  • Too Far So Close
  • Always Hate Goodbyes
  • Red
  • Gigi Pirate
  • Push Me
  • Wrong Direction
  • Pyromaniac
  • Reaction
  • Revolving Door Policy
  • Endless Loop (In My Head)
  • Collapse
  • Dark Romance
  • Real Me
  • Autopilot Off
  • Catch My Fall
  • Gwardeath & Nasty
  • Angry Sometimes
  • Pharmageddon

2h du matin. Clap de fin pour ce premier jour et déjà, les Voix Sonneuses Sud De France frappent fort. Entre le son abrasif de No One Is Innocent, le retour explosif des Garçons Bouchers, l’énergie brute de décoffrage des Burning Heads ou le duo libre et inspiré de Sanseverino / Côme Huveline, cette première soirée n’a laissé aucune place au doute : l’édition 2025 démarre sur les chapeaux de roue !

Du son, de la sueur, des sourires et des pogos. Une scène qui vibre, une place du Champ de Mars qui bouge et un public qui en redemande, le tout dans une ambiance toujours aussi bienveillante, portée par une équipe de bénévoles toujours aussi efficace que chaleureuse.

Les yeux brillent, les oreilles bourdonnent, les cœurs sont pleins. Si la suite est du même niveau, on tient là encore une belle édition du festival…

Allez hop ! Au lit, maintenant…

Si ce live report du concert du jour 1 du Festival Les Voix Sonneuses à Saverdun vous a plu, retrouvez nos autres live reports ici !

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