Vendredi 11 juillet 2025, Linkin Park à Paris, c’était plus qu’un concert : c’était une communion avec le public français. Un moment suspendu, entre nostalgie, renouveau et énergie brute. Devant un Stade de France archi-comble, le groupe californien a livré un show d’une intensité rare, précédé par deux premières parties aussi contrastées que percutantes : JPEGMAFIA et One OK Rock. Mais c’est bien Linkin Park qui a tout emporté sur son passage, porté par une nouvelle voix féminine qui a littéralement transcendé la soirée.


JPEGMAFIA : l’électrochoc

C’est JPEGMAFIA qui ouvre le bal. Seul sur scène, il balance un set abrasif, entre hip-hop expérimental et punk numérique. Il saute, hurle, provoque, et transforme l’attente en chaos organisé. Le public, d’abord intrigué, finit par se laisser happer. Une entrée en matière radicale, qui secoue les habitudes.


One OK Rock : la montée en puissance

À 19h50, One OK Rock prend le relais. Et là, changement d’ambiance. Le groupe japonais, déjà bien connu des fans français et de notre équipe, enchaîne les tubes avec une précision chirurgicale. Save Yourself, Tropical TherapyDystopia… Taka, le frontman, est en feu. Il court, saute, harangue la foule, et réussit à faire chanter tout le Stade sur We Are. Collin Brittain (nouveau batteur de Linkin Park) s’invite aussi sur cette chanson comme guitariste puisqu’il est le co-producteur. Une performance carrée, généreuse, qui prépare parfaitement le terrain pour la suite.


Linkin Park : renaissance et communion

21h15. Les lumières s’éteignent. Une intro cinématographique retentit. Puis Somewhere I Belong explose, et le Stade de France entre en ébullition. Pendant deux heures, Linkin Park livre un set d’une puissance émotionnelle rare. Et surtout, une révélation : Emily Armstrong, ex-Dead Sara, désormais co-chanteuse officielle du groupe.

Dès les premières notes, la magie opère. Sa voix rauque et puissante, à la fois brute et sensible, s’entrelace parfaitement avec celle de Mike Shinoda. Sur Numb, elle fait frissonner. Sur Faint, elle déchaîne la fosse. Et sur Two Faced, elle déclenche littéralement les premiers pogos de la soirée. Elle saute, hurle, chauffe la foule avec une énergie animale. Le public répond au quart de tour. La fosse devient un tourbillon. C’est le chaos, mais un chaos magnifique.

Et puis il y a ce moment suspendu : One Step Closer, avec Taka de One OK Rock en guest. Les deux voix s’entrelacent, se répondent, se défient. Le refrain est hurlé par 80 000 personnes. C’est brut, c’est beau, c’est inoubliable.

Mike Shinoda, lui, est tout sourire. Il plaisante entre les morceaux, lâche quelques mots en français, et prend visiblement un plaisir fou à être là. À plusieurs reprises, il s’approche du bord de scène pour tendre le micro à la foule, hilare.

Et pendant Bleed It Out, c’est Phoenix, le bassiste, qui crée la surprise : il descend dans la fosse, traverse la barrière, et se retrouve porté par les fans, basse en main, dans un bain de foule aussi inattendu que jubilatoire.

Et dans l’ombre, mais pas trop, Alex Feder, le guitariste additionnel, assure comme un métronome. Toujours en mouvement, toujours le sourire aux lèvres, il enchaîne les riffs avec une aisance déconcertante. Il ne cherche pas la lumière, mais il l’attrape à chaque solo. Un vrai renfort scénique, discret mais essentiel.

Il y aussi Joe Hahn, le magicien du son et de l’image. Derrière ses platines, il mixe, déclenche les samples, envoie les visuels. Mais ce soir-là, il fait plus que ça : il filme aussi. Caméra et appareil photo à l’épaule, il capture des instants de scène, des regards, des cris, des larmes. Comme s’il voulait garder une trace de cette soirée unique. Un œil de cinéaste dans un corps de DJ. Et ça se sent : chaque transition est fluide, chaque visuel claque, chaque silence est pesé. J’ai bien failli le percuter avec mon appareil photo sur Bleed It Out !

Le groupe, désormais composé de Mike Shinoda, Joe Hahn, Brad Delson (mais Alex Feder sur la tournée), Dave « Phoenix » Farrell, Emily Armstrong et Colin Brittain à la batterie, est en état de grâce. L’alchimie est palpable. Chaque regard échangé, chaque riff, chaque silence partagé avec le public témoigne d’une cohésion retrouvée. Le public, lui, est en transe. Chaque refrain est repris en chœur. Chaque moment devient rituel. On sent que ce concert, c’est plus qu’un show : c’est un hommage, une guérison collective, un pacte renouvelé.

Setlist complète :

  • Emily in Paris Theme (intro)
  • Inception Intro A
  • Somewhere I Belong
  • Crawling
  • Up From the Bottom
  • Lying From You
  • The Emptiness Machine
  • Creation Intro A
  • The Catalyst
  • Burn It Down
  • Stained
  • Where’d You Go (Fort Minor)
  • Waiting for the End
  • Castle of Glass
  • Two Faced
  • Joe Hahn Solo
  • When They Come for Me / Remember the Name
  • Casualty
  • One Step Closer (feat. Taka)
  • Lost
  • Over Each Other
  • What I’ve Done
  • Overflow
  • Immigrant Song (Led Zeppelin cover)
  • Numb
  • In the End
  • Faint
    Encore :
  • Resolution Intro A
  • Papercut
  • A Place for My Head
  • Heavy Is the Crown
  • Bleed It Out (w/ Fort Minor verse)

Ce soir-là, Linkin Park n’a pas juste joué. Ils ont partagé, vibré, guéri. Et avec Emily Armstrong, ils ont prouvé qu’ils étaient plus vivants que jamais. Moi, j’ai encore Two Faced dans les jambes.

Photos : Charles Pozzo di Borgo.

Vous allez aimer !