Alors que Beyond The Black est de passage au Hellfest 2025, nous avons eu l’occasion d’échanger avec la chanteuse Jennifer Haben et le guitariste Chris Hermsdörfer.

Pozzo Live : Bonjour et bienvenue au Hellfest. Comment allez-vous, deux heures après votre prestation ? 

Jennifer Haben : Ça va plutôt bien.

Chris Hermsdörfer : Ça va super bien !

Jennifer Haben : On a adoré le show, le public était incroyable, donc on est contents.

Chris Hermsdörfer : Je crois que c’était la première fois qu’on a vu un public aussi déchaîné sous 40 degrés en plein soleil. C’était vraiment dingue.

Pozzo Live : Aviez vous déjà fait un festival de cette ampleur ? Vous êtes vous sentis accueillis par le public, l’équipe du festival ? 

Jennifer Haben : Oui, on a déjà fait le festival Wacken par le passé, plusieurs fois d’ailleurs, mais là c’est différent, notamment parce qu’on a toujours voulu venir au Hellfest… Depuis au moins dix ans !

Chris Hermsdörfer : On entend souvent de très bonnes histoires sur ce festival alors il fallait absolument qu’on y vienne.

Jennifer Haben : La plus grande différence pour nous se fait en coulisses, parce qu’on peut littéralement voir la scène. C’est plutôt cool. On a vu ça et on s’est dit que c’était vraiment incroyable.

Chris Hermsdörfer : Je dirais que le Hellfest a tenu ses promesses. Vous avez tenu vos promesses. 

Pozzo Live : Votre album Beyond the Black est sorti il y a deux ans et vous le jouez désormais sur scène, ce qui est très différent. Est-ce qu’une scène aussi grande que celle du Hellfest vous permet de donner une dimension différente à vos performances live ?

Chris Hermsdörfer : Bien sûr, parce que ça nous permet d’atteindre un nouveau public, de nouveaux fans. On vient d’ailleurs d’en avoir la preuve avec la session d’autographes. Il y avait tellement de gens dont c’était la première écoute de Beyond the Black et on ne sait pas s’ils seraient venus à un concert à Paris ou autre, donc c’est toujours une chance de ce point de vue. Bien sûr, une grande scène comme le Hellfest offre d’autres possibilités que dans une salle qui sera évidemment toujours bien plus petite. Après, il reste les stades, mais on n’en a pas encore fait pour l’instant. On verra.

Jennifer Haben : J’aime les deux, moi. J’aime le côté intimiste qu’on a avec le public quand on joue des salles plus petites comme dans des clubs pour nos tournées solo, et d’avoir à côté des festivals comme celui-ci. C’est incroyable de voir des foules comme ça, bien sûr. On a déjà vu ça avec le Wacken, le Graspop ou d’autres festivals, mais c’est toujours aussi fou à voir. C’est génial de préparer des concerts pour ce genre d’occasion. On se prépare toujours pour tel et tel concert, mais aussi pour jouer de nouvelles chansons… On est toujours un peu nerveux, non ?

Chris Hermsdörfer : Complètement, mais un concert reste un concert, donc dès qu’on entend l’intro, on y va. Il n’y a pas de différence entre le Hellfest et une salle de 1000 ou 2000 personnes.

Pozzo Live : Vous l’avez dit, il est peut-être plus stressant d’être à l’affiche du festival en ayant quelque chose à prouver, parce que le public n’est pas le vôtre. Mais peut-être, si vous vous trompez sur un point, ils ne le voient pas.

Jennifer Haben : C’est une bonne question et je crois que c’est la première fois qu’on me la pose, mais je pense qu’on veut toujours un bon show, peu importe le public qui se trouve en face. Il n’y a pas de différence, mais bien sûr on est parfois plus nerveux si on se dit que ce public écoute plus de métal symphonique, mélodique, ou je ne sais quoi. On y pense peut-être, mais en général, on essaie juste d’être là et de faire notre truc. On aime ce qu’on fait et c’est ça qu’on présente au public. La plupart du temps, les gens le ressentent et ils aiment ça.

Chris Hermsdörfer : On est toujours à 100%. Tout le temps.

Pozzo Live : Quand vous êtes en tournée comme maintenant, est-ce que vous prenez le temps d’écrire de nouvelles choses, de nouvelles idées pour le prochain album, ou vous concentrez-vous seulement sur la performance ?

Jennifer Haben : La plupart du temps, il n’est possible de penser qu’à notre performance. On a déjà essayé d’écrire des chansons en étant en tournée mais pour être honnête, ce n’est pas évident pour nous.

Chris Hermsdörfer : En réalité, on rassemble des idées, des sentiments et des impressions dans l’optique du concert. On joue et ensuite, par exemple, on fait quelque chose ou on ne le fait pas, ou bien quelque chose se passe, ou on pense “eh, changeons ça”. On rassemble des trucs. Parfois, bien sûr, ça peut mener à une chanson. Parfois, ça peut mener à un élément du concert. Parfois, il ne se passe rien, bien sûr, parce qu’il faut qu’on se concentre sur ce qu’on fait.

Jennifer Haben : Ce mois-ci, on a eu beaucoup de temps pour écrire des chansons. Je dois avouer que c’est un bon sentiment que d’avoir le temps pour ça, d’aller en séance d’écriture et de ne pas juste aller de concert en concert. Je pense que c’est bon pour un album d’avoir le temps de l’écrire.

Chris Hermsdörfer : En général, en tournée, j’ai toujours mon studio avec moi parce que dans mon cas c’est le meilleur moment. Je n’ai pas ma famille autour, je n’ai rien d’autre à faire, donc je m’assois dans la chambre et je crée des trucs. Bien sûr, comme Jennifer l’a dit, si on est en studio on se concentre que là-dessus parce qu’on a besoin – je dirais – de ce fil rouge. On a besoin de ressentir ce truc. C’est plus qu’un flux. Mais rassembler des choses parfois, c’est cool. C’est différent de juste être assis en studio. C’est plus, je pense dans notre cas, plus à propos des concerts, des choses qu’on peut faire sur scène. On est sur scène, donc on pense à la scène, on ne pense pas aux chansons. On pense à ce qui pourrait y tenir. C’est généralement ça qu’on fait le plus en tournée.

Pozzo Live : Vous avez sorti vos premiers albums de façon très rapprochée, pratiquement trois en trois ans. Maintenant, il se passe plutôt trois ans entre chaque album. Est-ce que vous diriez que vous vous permettez de prendre du temps ou bien est-ce surtout parce que les agendas de tournée sont plus remplis ? 

Jennifer Haben : On s’autorise beaucoup plus de temps, pour être honnête. On ne veut pas faire de compromis. On ne va pas se mentir, quand vous démarrez un groupe, vous vous dites “ok ça fonctionne maintenant il faut qu’on sorte d’autres trucs parce qu’on ne peut pas jouer juste un album, si on veut faire un concert en tête d’affiche, on a besoin de plus de chansons”. Donc au début, c’est cool d’avoir de plus en plus de morceaux. Sauf que parfois, ça vient avec des compromis. Du coup on préfère se dire qu’on prend le temps de finaliser l’album, d’être content de ce qu’on en fait, et d’ensuite le sortir. C’est pour ça qu’on se dit qu’on ne veut pas se presser.

Chris Hermsdörfer : Ça en vaut la peine. Je pense qu’au global, l’industrie de la musique est parfois trop pressante. Parfois c’est cool, bien sûr, quand t’es dans le flow, si tu as des trucs à sortir, fais-le. Si t’en as pas… Il y a une bonne citation d’un acteur, je ne sais plus lequel, c’est sur le fait de toujours sortir des trucs. Sors ce que t’as quand tu l’as, n’essaie pas de trouver des trucs à sortir. Je crois que la plupart des groupes essaient juste de trouver des morceaux à sortir, mais ce n’est pas ce qu’ils devraient faire. Nous, on prend le temps. Bien sûr, c’est aussi parce qu’on fait de plus en plus de concerts, parce qu’on joue à l’internationale et que – comme on l’a dit – on veut se concentrer quand on écrit des chansons. On ne veut pas écrire dans l’avion. Si ça se fait, c’est cool, mais on ne se force jamais.

Pozzo Live : C’est une mentalité plus saine de ne pas se précipiter.

Chris Hermsdörfer : Et c’est mieux pour le public. Ils apprennent à attendre à nouveau, ils sont obligés, et c’est plus excitant. Je pense qu’on perd en valeur et qu’on perd ce moment particulier quand il y a quelque chose de nouveau, maintenant que les gens sont habitués à avoir une nouvelle chanson toutes les deux semaines. 

Pozzo Live : Est-ce que vous pensez à la performance live, quand vous écrivez vos chansons ? Est-ce que vous vous concentrez sur une chose à faire en vous disant que le rendu serait chouette sur scène, ou pas du tout ?

Jennifer Haben : On pense forcément au live, bien sûr. Je ne pense pas qu’on mettrait dans une chanson quelque chose qui sonne bien en live mais pas en version studio. On le ferait en live, bien sûr, mais on le mettrait aussi dans la version studio. En général, quand c’est une question de ressenti, de se dire qu’on imagine bien les gens sauter ou quoi que ce soit d’autre, ça nous inspire. Donc je pense qu’avoir les deux en tête – le live et la version studio – c’est ça la clé de l’écriture.

Chris Hermsdörfer : L’écriture aujourd’hui, si on a la chance d’être un peu plus dans l’aspect audiovisuel, d’apporter la musique avec des visuels, des cinématiques, avec plus de choses… La musique ne se construit pas sur un plan unidimensionnel. Aujourd’hui, on peut partir sur trois ou quatre dimensions en faisant des choses : d’abord les sensations, la chanson bien sûr, mais ensuite si vous avez une idée de “eh on pourrait faire ça parce que ça apporterait quelque chose de bien plus tard sur scène” et qu’au final ça correspond non seulement au live et à la version studio… Pourquoi ne pas le faire ? Donc bien sûr, en parlant de tout ça on y pense, mais ce n’est pas comme si on devait absolument créer une chanson pour l’aspect scénique.

Pozzo Live : Est-ce qu’il y a un endroit dans lequel vous n’avez pour l’instant jamais joué et où vous aimeriez vous produire ?

Jennifer Haben : Bien sûr, les États-Unis.

Chris Hermsdörfer : C’est vrai qu’on n’y a jamais joué pour l’instant. Qu’est-ce qui pourrait manquer d’autre ? On était en Amérique du Sud il y a tout juste un mois;

Jennifer Haben : On a fait l’Australie.

Chris Hermsdörfer : Australie c’est fait, Japon c’est fait… On n’est pas encore allés en Afrique.

Jennifer Haben : C’est vrai.

Chris Hermsdörfer : Ce serait cool aussi, mais le monde entier est un endroit cool où apporter la musique. C’est toujours super intéressant pour nous de venir dans des endroits qu’on ne connaît pas, de voir comment le public réagit, quel genre de fanbase on a sur place, si on aimerait revenir souvent, prendre de l’inspiration, des émotions, tout emporter avec nous.

Pozzo Live : Est-ce que vous appréciez découvrir d’autres villes que celles dans lesquelles vous vous produisez, dans les divers pays que vous visitez ? Est-ce que c’est quelque chose que vous voudriez faire plus régulièrement ? Peut-être jouer dans d’autres villes, comme dans le Sud de la France, ou d’autres régions, peut-être ? Je sais que c’est difficile sur une seule et même tournée, mais peut-être envisagez-vous l’idée de plusieurs concerts dans le même pays ?

Chris Hermsdörfer : On aimerait se produire dans plus de villes, mais il faut partager, c’est ce qu’on essaie d’expliquer aux gens. Ce n’est pas que nous ne voulons pas venir, mais c’est un business. On reçoit des demandes et on essaie de tout faire, on essaie de faire les plus gros festivals possibles, les plus petits aussi, des villes en dehors des capitales, d’autres villes, d’autres endroits… Sauf qu’il y a aussi la question du trajet, de si on peut conduire jusqu’à l’endroit en question. D’une façon ou d’une autre, un groupe est aussi une entité économique, donc on ne contrôle pas tout. Si on pouvait décider, on sauterait dans le tourbus et on jouerait partout où les fans veulent voir Beyond the Black.

Jennifer Haben : Nous, on décide simplement de la durée de la tournée. [Rires]

Hellfest 2025 - Coups de cœur de Gaël

Pozzo Live : Est-ce que vous avez des anecdotes de tournée drôles ou importantes à nous raconter ?

Jennifer Haben : Pour les histoires drôles, c’est plutôt toi.

Chris Hermsdörfer : Un jour – je pense que c’est l’une des histoires les plus drôles et j’en fais partie – on était en Scandinavie, pour le dernier ou avant-dernier concert, je ne sais plus. On était en Suède ou en Finlande et on avait des estrades sur la scène. Avec notre ancienne intro, on montait dessus deux par deux. J’y allais aussi, mais à ce moment je suis monté derrière, pas dessus. Donc il commençait à tomber pendant que je jouais mon riff et tous les autres essayaient de se tenir droit. Notre batteur se demandait ce qu’il se passait, et j’étais là dans le fond à essayer de revenir à temps pour pouvoir jouer ce riff. C’était plutôt amusant. 

Pozzo Live : J’espère que ça s’est bien terminé ! 

Chris Hermsdörfer : Je ne me suis pas blessé, tout allait bien. Bien sûr il fait sombre, c’est l’intro, il n’y a pas de lumières, on ne voit rien et on se dit “ok c’est fini”.

Pozzo Live : La dernière question est la même pour tous les groupes que nous interviewons : quel groupe ou artiste conseillez-vous à Pozzo Live d’interviewer après vous ?

Jennifer Haben : Je dirais Ad Infinitum. On les apprécie, on travaille avec eux, ce sont des gens bien, des amis. Et ils font de bonnes chansons, donc ça serait cool.

Merci à Jennifer et Chris pour leur temps

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