Au printemps dernier, nous étions présents au concert de Victorien à la Maroquinerie dans le cadre de la tournée de son premier EP. Il revient aujourd’hui avec un album, Il faudra le faire, douze titres d’une délicatesse folle pour cet artiste qui prend peu à peu sa place dans le milieu de la variété française.
Tout en douceur…
Comme on pourrait s’y attendre, l’ouverture de cet album est douce, en guitare-voix. Il faudra avait déjà été présentée sur scène et cette version studio confirme son efficacité dans la simplicité et donne le ton de l’album ; un plongeon dans la tendresse, les doutes et la mélancolie. Arrive ensuite Le temps perdu, premier single, titre nostalgique et pourtant entraînant. On a commencé à le comprendre, pour Victorien, parler d’amour dans ses chansons est comme une deuxième nature. Ici, on assiste à la fin d’une histoire, deux personnes qui arrivent au terme de leur couple, mais la délicatesse de la mélodie y apporte presque un côté affectueux.
Ici tout seul, troisième titre de cet album, nous avait déjà été dévoilé en guitare-voix, sans micro, à la Maroquinerie. Victorien nous livre ici un morceau bouleversant, qui semble d’abord simplement évoquer la fin d’un couple, mais qui se révèle plus complexes que ça. À mesure que le rythme s’emballe, les paroles accélèrent et on comprend qu’il s’agit en réalité d’un homme en deuil, racontant la perte de l’être aimé et envisageant le pire (“moi j’arrive bientôt, ici tout s’effondre”).
Entre nostalgie et dynamisme
Le troisième single, Danse dans Paris, apporte un peu de légèreté, malgré son sous-texte mélancolique, et nous enjoint à danser sur des refrains au rythme plus soutenu. Balade à deux, cinquième morceau de l’album et deuxième single sorti, nous plonge à nouveau dans la nostalgie. Victorien s’adresse ici directement à son père, lui confiant les couplets en guitare-voix. Accompagné de choeurs et d’une rythmique légère sur les refrains, on sent l’envie de garder une sincérité réelle sur cette chanson aux accents plus qu’intimes. Les singles s’enchaînent puisqu’on retrouve ensuite Mieux comme ça, sorti il y a tout juste un mois. Le titre est joyeux et célèbre les chemins qui n’ont pas été pris, ce qui ne sera jamais, mais qu’on ne regrette au fond pas réellement.
Nous sommes ensuite entraînés Chez mon grand-père, où Victorien nous conte – sourire dans la voix – ses souvenirs d’enfance auprès de son grand-père. Un début en piano-voix, puis le parlé-chanté que l’on reconnaît désormais, le jeune homme se livre et nous embarque avec lui dans une douce nostalgie. Vient ensuite Au début, chanson présentée sur la scène de la Maroquinerie. L’une des plus énergiques de l’album, qui donne envie de danser et dont les répétitifs “lalala” restent en tête. Le sujet n’est pas en reste puisqu’il aborde le début d’une histoire d’amour et l’espoir que rien ne change au fil du temps.
Des doutes et un avenir incertain
L’album entre ensuite dans sa dernière phase, avec les quatre titres entièrement inédits. D’abord, Tout refaire, dont la ligne de basse nous entraîne directement jusqu’au refrain plus que dynamique. Côté paroles, on se retrouve à écouter la possible fin d’un couple qui envisage de repartir à zéro. On découvre ensuite Les angles morts, métaphore évidente d’une relation amoureuse et d’un trajet en voiture. Victorien y évoque les imprévus de la vie et leur impact sur une vie de couple qui prend fin, le tout sur un piano-voix qui progresse lentement, avec l’ajout de choeurs et de percussions qui résonnent de façon très efficace, donnant l’impression d’une chute dans le vide.
J’veux pas repartir nous glisse dans la peau de ce jeune chanteur qui tente de réaliser ses rêves, y parvient, et se retrouve terrifié que tout s’arrête. À nouveau un son dansant, que l’on pourrait comparer à une lettre d’amour pour la scène et pour son public. On y sent un ton combatif, l’envie de faire ses preuves, et surtout qu’on le laisse faire. Un pont plus doux, comme dans nombre de ses morceaux, qui nous plonge dans ses pensées et se termine par les mots “j’ai un peu peur que tout s’arrête”, avant de repartir de plus belle, plus énergique encore qu’avant, pour un dernier refrain.
Enfin, pour conclure l’album, Victorien nous livre Quand je serai vieux. En parlé-chanté, à nouveau accompagné de sa guitare, il évoque sa peur du temps, de l’avenir, et de la solitude. On retrouve les questionnements que l’on a pu ressentir tout au long de cet album, qui se concrétisent pleinement dans ce morceau. À nouveau, la simplicité de la musique nous permet de nous concentrer sur les paroles. Le chanteur se confie, comme une réflexion à voix haute qu’il révèle à son public.
En résumé
C’est un album doux, dans la lignée de son premier EP, que nous propose Victorien avec Il faudra le faire. On y retrouve quelques titres plus dansants, qui annoncent de belles performances live. Ce qui est cependant assez frappant, c’est la maturité des paroles pour un si jeune artiste. C’est un album réfléchi, au style épuré mais à l’efficacité redoutable. Bien évidemment, il nous y parle d’amour, des moments joyeux et des moments les plus tristes. On y retrouve aussi beaucoup de nostalgie, qu’elle soit passée ou anticipée, des doutes, mais aussi un certain aplomb, celui d’un chanteur qui se fait une place et cherche à se faire entendre. C’est donc un très bon premier album, qui annonce de belles choses pour la suite !
Tracklist :
- Il faudra
- Le temps perdu
- Ici tout seul
- Danse dans Paris
- Balade à deux
- Mieux comme ça
- Chez mon grand-père
- Au début
- Tout refaire
- Les angles morts
- J’veux pas repartir
- Quand je serai vieux


























