L’Auditorium de Lyon en partenariat avec l’Institut Lumière a présenté un ciné-concert autour du film Psychose ce samedi 6 décembre 2025.

Le couteau et l’archet

L’Auditorium de Lyon propose toujours quelques ciné-concerts dans sa programmation annuelle. Cette année, Psychose, un véritable chef-d’œuvre du cinéma, en fait partie et j’ai eu la chance d’assister à la dernière représentation ce samedi 6 décembre.

Un grand écran, comme au cinéma, occupe le fond de scène. Sur le devant, les musiciens de l’Orchestre National de Lyon s’installent. Le chef Ernst van Tiel arrive, salué par le public. Les lumières s’éteignent et le spectacle commence alors ! L’orchestre nous captive immédiatement en jouant le thème principal sur le générique du film.

Au début du film, mes yeux étaient principalement rivés sur les musiciens puis, au fur et à mesure, je me suis surprise à presque oublier leur présence tant j’ai été prise par l’ambiance et le suspense. La musique collait parfaitement à l’image. Je me suis demandé comment les musiciens faisaient pour être tout le temps dans le parfait timing.

Le chef d’orchestre a devant les yeux un écran diffusant le film avec des repères et un chronomètre. Les musiciens ont quant à eux annoté leurs partitions avec des minutages. C’est une combinaison de technologies (click dans les oreilles, repères visuels) et de maîtrise (chef d’orchestre, discipline des musiciens) qui permet ce timing parfait. Le chef Ernst van Tiel est un spécialiste des concerts de film avec orchestre et il faut reconnaître qu’il est très impressionnant.

Bernard Herrmann, l’architecte de la peur

Qui n’a jamais entendu parler de la célèbre musique de Psychose ? Considérée comme un véritable chef-d’œuvre, elle a révolutionné le cinéma à suspense et est devenue un modèle pour les compositeurs de bandes originales. Saviez-vous que cette musique a failli ne jamais exister ?

Hitchcock, qui disposait de peu de moyens pour son film, pensait utiliser une bande-son minimaliste et souhaitait surtout laisser la mythique scène de la douche sans musique. Cependant, Bernard Herrmann, avec qui le réalisateur avait déjà travaillé sur ses cinq films précédents, s’est senti inspiré par cette scène et a soumis une partition collant parfaitement à l’ambiance angoissante. L’attaque en fortissimo (très fort volume) des violons dans les suraigus surprend les spectateurs, et ce d’autant plus que les notes se superposant sont extrêmement dissonantes. Ces attaques répétées au rythme des coups de couteau portés par le tueur renforcent la violence de la scène. En effet, les images ne nous montrent pas tout : nous ne voyons par exemple pas la lame pénétrer le corps de la victime. Ce sont les violons, avec leurs notes stridentes, qui suggèrent toute la violence de cette scène.

La bande originale de Psychose est une partition minimaliste mais d’une grande puissance qui transforme les cordes en instrument de terreur. Bernard Herrmann prouve que sa musique est capable de manipuler les émotions du spectateur autant que l’image.

Un orchestre à cordes strident dirigés d’une main de maître

Dans cette bande originale, les cordes exploitent une palette de modes de jeu très variée pour créer des tensions. Ernst van Tiel, à la direction de l’Orchestre National de Lyon, a su en tirer une richesse expressive exceptionnelle.

Nous avons déjà parlé de la fameuse scène de la douche avec les violons qui jouent sul ponticello (archet placé sur le chevalet afin de produire un son grinçant), mais d’autres techniques sont employées par les musiciens. Il y a les tremolos (répétitions rapides d’une même note) qui créent un son vibrant, instable, évoquant l’angoisse et l’attente. Nous pouvons parler aussi des glissandi (glisser d’une note à l’autre) qui nous procurent un sentiment de vertige, mais aussi des pizzicati (pincer les cordes avec les doigts), secs et percussifs, qui accentuent la nervosité et la tension psychologique.

Si la bande originale de Psychose repose uniquement sur un orchestre à cordes, le compositeur a su en exploiter toute la richesse pour lui donner un rôle narratif renforçant l’aspect psychologique du film.

Le ciné-concert, porte d’entrée vers l’orchestre

Je tiens à remercier l’auditorium de Lyon pour cette très belle expérience avec ce ciné-concert qui m’a permis de prendre conscience de la place de la musique dans le cinéma. Si vous désirez entrer en douceur dans le monde de la musique orchestrale, le ciné-concert est un très bon moyen !

 

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