Nous avons eu le plaisir de rencontrer le groupe Coco Bans dans le cadre du Festival Chorus à la Seine Musicale, le 6 avril dernier. Allyson Ezel, chanteuse et songwriter à l’origine du combo a évoqué les origines du groupe, leurs projets, et s’est confiée sur ce que représente la musique pour elle. En effet, c’est à travers Coco Bans qu’elle semble avoir trouvé sa vocation, et qu’elle partage avec le public une émotion au-delà des notes. Retour sur un bel échange à cœur ouvert.

Pozzo Live : Hello Coco Bans, peux-tu présenter ton groupe ?

Coco Bans : Le projet Coco Bans a réellement été lancé après le MaMA Festival en octobre 2018, suite à une évolution dans ma carrière artistique. Jusqu’à l’année dernière, j’écrivais beaucoup pour d’autres artistes, mais la connexion avec le public me manquait. Je voulais écrire avec mon vécu, et défendre mes propres chansons. Coco Bans était en quelque sorte un « side project » que je faisais dans mon coin en secret pour extérioriser ce que je ressentais. J’avais écrit de nombreuses chansons en collaboration avec Jo Pereira, et je lui ai fait part de mon désir de les défendre sur scène. C’est alors que j’ai naturellement rencontré mes musiciens il y a environ un an, dont Bastien Corné le guitariste/claviériste avec qui ça a super bien matché. J’avais déjà mes compos, mais nous avons tout de suite travaillé en synergie et dans la bonne humeur et c’était génial. Les autres musiciens qui m’accompagnent sont Romain Lantenois à la basse, et Marius Paijens à la batterie. On est devenu une vraie petite famille en peu de temps, on rigole beaucoup !

PL : Le fait d’avoir écrit pour d’autres artistes t’aide-t-il pour Coco Bans ?

CB : Oui, tout à fait. Je vois ça comme un équilibre, car je suis une personne qui écrit énormément, et j’adore faire ça. Pour contextualiser, je suis née et j’ai grandi aux États-Unis dans l’Iowa, puis je suis allée à New York pour travailler dans la mode, domaine qui m’a ensuite menée à Paris. Curieusement, c’est mon mari de l’époque qui m’a acheté une guitare, et qui m’a poussé à mettre tous les textes que j’écrivais en chanson.

PL : Cette guitare transmise a-t-elle été le déclic pour te lancer dans la musique ?

CB : Oui, et le fait d’avoir grandi dans un milieu artistique avec un père guitariste et une mère peintre m’a beaucoup aidé. Petite, je chantais à l’église, mais je ne me considérais pas comme chanteuse. Peut-être que je n’avais pas le courage à ce moment-là. Puis, le déclic est survenu lorsque je me suis dit que, certes, j’avais un bon travail, mais j’étais malheureuse. Quelque chose me manquait. Avec cette guitare et une amie musicienne qui m’avait montré comment utiliser Garage Band, j’ai découvert que je pouvais créer mes chansons dans ma chambre. Ça m’a littéralement émerveillé ! Puis tout s’est enchaîné, j’ai rencontré le producteur anglais MaJiKer, qui a notamment travaillé avec Camille. Une de mes amies, programmatrice radio a fait suivre un de mes morceaux et j’ai été repérée ! C’est là que je me suis dit que j’avais mis les pieds sur le bon chemin, et qu’on m’avait guidée de façon assez mystérieuse. Dès lors, je ne suis jamais retournée en arrière, car j’ai réellement découvert ma passion. Aujourd’hui, c’est une évidence, et je suis chanceuse de pouvoir partager cet amour que j’ai pour la musique.

Approche et signature musicale

PL : Vous avez sorti un nouvel EP, « Fantasy & Parables » en février dernier, comment s’est passé sa création ?

CB : J’avais plusieurs morceaux dans mes tiroirs depuis un moment. À l’époque, je les avais composés sans trop savoir pour qui, ou dans quel cadre les sortir. Dès lors que j’ai exprimé mon désir de créer mon projet, ses chansons là ont été une évidence, et le choix a été facile, comme pour « Fighting Feathers ». « Hell Yeah » a été une des dernières chansons à avoir été choisie pour l’EP, avec des démos que j’avais faites moi-même avec Jo, qui l’avait trouvée super cool

PL : Comment tes musiciens viennent-ils se greffer à ton projet ? Comment participent-ils au processus créatif ?

CB : On prépare actuellement notre 2e EP, et effectivement je souhaite les impliquer un peu plus dans le processus. J’ai tendance à tout concevoir, tout écrire moi-même, j’ai énormément d’idées et une longue expérience dans l’écriture. Je suis très à l’aise dans cet exercice, je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas, et même si je ne suis pas productrice, je joue ce rôle-là, car j’ai les oreilles partout.

PL : Comment composes-tu tes morceaux ? As-tu un ordre préféré, entre le texte et les mélodies ?

CB : Je fais les deux en même temps. Pour moi, la mélodie est liée aux paroles, et vice versa. Pour une mélodie donnée, je dois trouver les justes mots, en fonction de ce qu’elle me raconte. La mélodie et le texte doivent se retrouver dans un certain alignement. C’est une méthode plutôt anglo-saxonne, comme pour un tableau, on choisit la couleur et la forme qui s’associent le mieux.

PL : Une sorte d’approche holistique de l’art ?

CB : Oui, exactement ! Je vois cela comme ça. En France, il y a cette tradition de « chanson à texte », et la SACEM fait ce distinguo entre auteur et compositeur. Aux États-Unis, on parle de « songwriter ». Je suis dans cette lignée.

PL : Un nouveau clip « Hell Yeah » a vu le jour en février dernier. Quelle esthétique voulez-vous dégager à travers ces nouvelles images ?

CB : L’objectif de ce clip était premièrement de faire sourire les gens. Comme je le disais, j’ai un œil sur tout ce qui touche au groupe, donc sur l’esthétique aussi. Le réalisateur a vraiment été super cool, car je voulais quelque chose de délirant et qui fasse sourire. Il n’a pas hésité à me suivre dans cette direction. Dans ce clip, il y a aussi beaucoup de clins d’œil à mon enfance. C’est un concentré de joie et de bonne humeur.

PL : Quelles sont tes influences musicales ? Comment définis-tu ton son ?

CB : J’ai grandi avec la musique country et folk, et cet art du storytelling. Petite, j’écoutais Fleetwood Mac ou encore Tracy Chapman. Étrangement, je n’ai pas assisté à beaucoup de concerts aux É.-U., je me souviens avoir vu à Yeah Yeah Yeahs et Björk à New York, j’ai adoré.

Par rapport à notre style musical, je le définirai comme de la musique alternative avec un côté pop. Toutefois, j’aime aussi le gros son, j’aime que ça tabasse ! J’adore par exemple Imagine Dragons. J’aime les murs de sons, comme dans notre titre « Make it Up ». Je ne veux pas faire de la musique tiède ou consensuelle. Je me dis que si certaines personnes détestent mon son, cela voudra dire que les autres personnes l’aimeront vraiment pour ce qu’elle est. Je n’essaie pas d’aller dans une direction pour plaire. Ma musique doit être à mon image, un peu bizarre et ambivalente. Je veux faire de la jolie musique.

La scène

PL : Vos productions sont très travaillées en studio. Comment appréhendes-tu la scène ?

CB : Sur scène, la musique sera aussi différente du CD, car chaque musicien possède son univers et son expérience, et l’apporte à la musique. Cela dépend de l’alchimie qu’il y a sur scène. Une même chanson ne sera pas entendue de la même manière sur scène, elle sera inédite, car ce son live est unique au concert où il est joué. Aussi, il nous arrive de faire des duos acoustiques avec Bastien, beaucoup plus intimistes. Ces chansons trouvent là aussi une résonance particulière.

PL : Vous avez ouvert pour Mike Shinoda au Zénith cette année. De nombreux retours positifs ont suivi. Quelle a été votre réaction ?

CB : J’ai passé trois jours entiers à répondre à tous les messages, et j’en reçois encore. J’ai véritablement été émue et je le suis encore aujourd’hui, je ne m’attendais pas à une telle réponse [très émue]. Ça m’a énormément touchée. Je mets toute mon âme dans ma musique et je livre quelque chose de vraiment personnel, et après ce concert, je me suis vraiment rendu compte que la musique était pour moi un moyen d’impacter les gens. Quand j’étais petite, je disais à ma mère que je voulais changer le monde, sans vraiment comprendre ce que ça voulait dire. Aujourd’hui, je l’ai traduit par le fait de toucher les gens, d’humain à humain. Je remercie aussi le public pour l’énergie qu’il me donne, et pour ces beaux moments d’échange.

PL : Quelles sont les coulisses de ta rencontre avec Mike Shinoda ?

CB : En fait, il s’agit de mon tourneur Alternative Live qui a été contacté par AEG, le promoteur de Mike. Alternative Live est tourné vers le rock, et il a tout de suite pensé à nous pour cette 1re partie. On s’est très bien entendu avec Mike, il m’a confié que dès la première écoute, il avait été conquis. En fin de compte, c’est lui qui nous a choisis.

PL : Qu’est-ce qui peut faire la différence pour un artiste émergeant ? Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes artistes pour faire de la scène ?

CB : Nous sommes un peu dans ce cas là en fait, personne ne connaît le secret ! Chaque chemin est différent, pour Coco Bans, ma priorité était de passer par le live. Je voulais faire connaître ce projet-là sur scène. Je continuais aussi à faire de la musique et à en sortir, car ça reste important. Pour un jeune artiste, c’est propre à chaque projet, en fonction des attentes de l’artiste. Il doit se demander « Que représente la musique pour moi ? » Certains voudront passer par des labels, pour ma part je ne voulais pas être bloquée par des directives trop contraignantes de standardisation. Le fait d’avoir déjà de l’expérience artistique m’a peut-être permis d’être plus à l’aise qu’un jeune de 20 ans qui démarre. J’ai préféré agrandir mon équipe au fur et à mesure plutôt que de passer par un label.

PL : Vous allez jouer tout à l’heure au Festival Chorus, que représente ce festival pour vous en termes de valeurs transmises ?

CB : Lorsque nous avions joué au MaMA Festival, nous étions déjà dans ce contexte de festival, avec de nombreux artistes et de nombreuses scènes sur plusieurs jours. Au Chorus, comme pour d’autres festivals, le principe de la programmation est de proposer une offre assez globale pour le public, et c’est l’occasion aussi pour les jeunes artistes d’avoir un coup de projecteur, d’être le coup de cœur du festival, car les programmateurs prennent des risques. Nous avons été invités au Chorus, car le boss du festival nous avait repérés au MaMA. Ce type d’événement peut permettre ce genre de rencontres.

PL : Tu as l’air très détendue avant ton passage. As-tu une routine avant de monter sur scène ?

CB : Je ne suis jamais stressée [rires]. J’adore faire ça, donc je suis plus en mode gratitude et excitation que stress [rires] ! Toutefois, j’essaie de me mettre en condition en nouant mes deux tresses en chignon : c’est le signal que je suis sur le point de faire un concert !

PL : Je te laisse le mot de fin…

CB : Je souhaite tout simplement ajouter que j’ai hâte de faire de nouvelles rencontres, chaque fois que l’on reçoit des messages, ça nous encourage énormément, car ce n’est pas facile d’être un artiste indépendant aujourd’hui. On éprouve beaucoup de doutes, déjà en tant qu’être humain, alors lorsqu’on se lance dans la musique, encore plus ! Tout ce soutien et tout cet amour envoyé par le public nous boostent énormément, nous sommes très reconnaissants…

Interview menée par Stela Estrela.

Photo par Charles Pozzo Di Borgo.

Merci au groupe Coco Bans pour sa disponibilité et sa gentillesse, à toute l’organisation du Festival Chorus et à Charles Pozzo Di Borgo.

 

Découvrez le dernier EP de Coco Bans « Fantasy & Parables » à travers le clip « Hell Yeah » et le nouveau single « Pray » sorti le 17 mai sur toutes les plateformes numériques.

Écouter « Pray » en streaming

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