Rencontre avec Endless Dive lors de leur concert au Petit Bain à Paris. Un groupe de post-rock instrumental signé chez le label très prometteur Floral Records !

 

Hugo (Pozzo Live): Je trouve que Floral Records, met la lumière sur un style de musique qui n’est pas forcément mainstream. Et c’est un des gros atouts de ce label et de comment ça a été construit.

Nathan (guitare, Endless Dive): J’ai aussi cette sensation. Après c’est vrai que je consomme plus de musiques à l’étranger qu’en Belgique ou en France, mais j’ai l’impression par exemple qu’en Amérique, il y a beaucoup plus de mélanges qui se font. Par exemple, si on regarde un peu ces dernières années, il y a beaucoup de rappeurs qui sont allés réapproprier le rock. Bien sûr, je pense à Lil Peep, qui est un peu le plus connu pour ça. Il reprend des codes, un peu de Blink, Sum41 et tout ces trucs là, remélangés avec des instrus trap. Et on découvre un mélange assez intéressant. Il y a des moments où on a un peu l’impression d’être frustré en se disant « putain en fait ça n’arrive pas chez nous ça », t’as un peu l’impression qu’on est un peu codifié. Par exemple, un festival chez nous en Belgique, qui marche très bien, c’est le Dour Festival. L’affiche est vraiment refermé sur l’électro techno et le rap, alors qu’avant tu pouvais très bien aller voir du métal en pleine journée, puis du reggae et tout. Maintenant, ça c’est très fort réduit. Il y a des moments où tu te dirais même « je suis presque né au mauvais endroit » parce que t’es frustré. Ce qui est chouette du coup vis à vis de ce qui vient de se passer ici avec Floral Records, c’est c’est que ça permet justement à des groupes comme Cemented Minds ou nous d’aller rechercher un public qui est moins concerné mais qui finalement peut se laisser surprendre à peut être apprécier certaines choses. Et même si ça ne devient pas ton style de musique préféré, ça a au moins une visibilité un peu plus intéressante.

Hugo (Pozzo Live): Ce qui m’avait beaucoup fait rire pendant la soirée au Bataclan, c’est le chanteur de Cemented Minds qui a un side project de screamo, noise, et qui s’est retrouvé à en parler en plein stream devant 50 000 personnes. C’est un bel exemple de cette variété de style et cette ouverture d’esprit.

Elie (basse, Endless Dive): En plus on fait un style qui est un peu particulier parce que c’est de niche. Et en même temps c’est une musique qui est assez universelle du fait que t’as pas de chant et qu’on fait quelque chose qui fait fort appel au ressenti et aux émotions. C’est notre force j’ai l’impression. Donc c’est vachement chouette quoi.

Nathan (guitare, Endless Dive): Après le seul petit truc qui revient depuis sept ans, chez certaines personnes, c’est le manque d’un chant. Et en même temps moi je peux l’entendre. Si on met un chant, ça donne une couleur tout de suite à la musique. C’est les gens qui se raccrochent aussi à ce qu’ils connaissent et qui veulent pas en sortir. Comme nous, dans des domaines où on n’est pas habitués, on a du mal à voir ce qu’il y a un peu en dehors des codes. Ça laisse aussi l’opportunité aux gens de se faire un peu leur petite idée, leur petit paysage dans leur tête.

Hugo (Pozzo Live): Un truc assez intéressant, c’est quand vous disiez que vous aimez bien prendre le temps. Juste avant on était avec Tip Steven qui disait qu’il adorait c’était sortir des EP cinq titres et en faire un tous les six mois et qu’il ne voulait pas prendre le temps.

Nathan (batterie, Endless Dive): Alors je crois que sortir des EPs régulièrement plutôt qu’un album tous les deux ans, c’est bien plus malin, au vu de la consommation de la musique actuellement.

Nathan (guitare, Endless Dive): Nous, si on veut sortir quelque chose, on est obligé de voir le côté financier derrière, donc de jouer en studio, etc. Par exemple, je joue dans un groupe qui prend une tournure qui est très électronique et on peut se permettre de travailler chez nous et avec des synthétiseurs dans une carte son, ça va directement très bien sonner. Tandis que nous par exemple, on est obligés de prévoir ça sur du long terme, il faut qu’on compose tout. Quand on arrive en studio, il faut que tout soit calé parce que la journée de studio coûte cher et on ne peut pas se permettre d’être à côté. Donc ça demande beaucoup de préparation, beaucoup de temps, beaucoup d’argent.

Elie (basse, Endless Dive): Après je ne sais pas comment Tip Stevens fonctionne, mais c’est vrai qu’il y a parfois des projets où t’as des mecs qui ont le lead. Nous c’est vrai qu’on est encore fort dans ce truc où on est vraiment un groupe et donc on essaye de garder ce truc où la musique, c’est nous quatre. Du coup forcement ça rend le processus plus long et complexe parce qu’on doit toujours toujours discuter. Après c’est ça qui est passionnant parce que le résultat final est intense. Mais ça complique. Après comme dit Nathan, c’est vrai que l’histoire des EPs on y a pensé et ça met une pression moins grande aussi. Tu as plus de temps à consacrer sur quelques morceaux.

Nathan (batterie, Endless Dive): En plus Pierre et Nathan habitent à 1 h de route de Ellie et moi. Et du coup, ça joue beaucoup. La semaine, c’est mort, on ne répète que le week-end.

Hugo (Pozzo Live): C’est aussi les styles qui s’y prêtent. Dans le post en général, on se voit mal sortir un album tous les ans. C’est des styles qui tournent quand même pas mal, qui se défendent beaucoup en live aussi.

Elie (basse, Endless Dive): Quand on regarde les grands noms du post-rock, il n’y a pas tellement d’albums, ils ont souvent que quatre ou cinq albums, mais des trucs qui ont tourné de dingue. Après nous, c’est vrai qu’on dit post-rock, parce que les gens aiment bien avoir une étiquette te définir et te situer, mais c’est vrai que nous même on essaye de sortir de cette étiquette.

 

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