Après avoir quitté L’Impératrice l’année dernière, Flore Benguigui revient avec un nouveau projet et de nouveaux horizons. Exit la pop, elle nous emporte à présent dans l’univers du jazz. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de la sortie du 45 tours de son nouveau groupe : Flore Benguigui & The Sensible Notes. 

Pozzo Live : Bonjour. Comment tu te sens aujourd’hui ? 

Flore Benguigui : Ah je ne m’attendais pas à cette question. Aujourd’hui en particulier ou aujourd’hui en général ? Je me sens bien franchement, je me sens plutôt bien. Contente de ressortir de la musique, c’est un truc que j’avais pas fait depuis quelque temps et c’est agréable.

Pozzo Live : On t’a connue chanteuse d’un groupe pop au succès assez global. Tu reviens aujourd’hui en tant que jazzwoman, toujours accompagnée d’un groupe. C’est important pour toi, cet esprit de cohésion dans la musique ?

Flore Benguigui : Oui. En fait, moi j’arrive pas trop à voir la musique comme une aventure complètement solitaire, enfin… Il y a des gens qui arrivent à faire des projets tout seuls, mais c’est jamais 100 % tout seul finalement, parce que tu as toujours quand même besoin de quelqu’un. Même si tu arrives à faire tout un projet où tu joues tout, tu écris tout, tu chantes tout, tu mixes toi-même, tu masterises toi-même – donc déjà il faut quand même avoir des sacré capacités pour faire tout ça – mais après, tu as toujours des gens avec qui tu travailles pour le sortir, ou pour faire des concerts ou du management.

En fait, il y a toujours quand même des personnes qui sont avec toi. Moi, en fait, ce que je trouve important, surtout dans le jazz, c’est que faire du jazz tout seul, ça n’a vraiment pas de sens. Le jazz, c’est vraiment une musique de partage, d’instants. C’est une musique tellement vivante qu’en fait si tu la joues tout seul devant l’ordinateur en faisant des boucles sur lesquelles tu joues toi-même 50 fois, ça marchera pas, c’est pas possible, ça ne colle pas avec cette musique.

Et puis moi j’ai jamais, je pense, eu les épaules aussi pour faire les choses vraiment toute seule. J’ai besoin d’avoir un dialogue avec quelqu’un, quelqu’une, et donc je n’ai même pas envisagé une seule fois l’idée de faire un projet entièrement seule. Je pense qu’après j’ai aussi l’idée, l’envie, de me remettre à écrire de la musique à moi, mais même ça, ce sera jamais entièrement toute seule. Il y aura toujours des gens avec moi pour composer, pour faire un ping-pong, en fait, un échange, quelque chose.

Pozzo Live : Votre premier single, More understanding than a man est une reprise de Margo Guryan, assez peu connue en dehors des cercles jazz. Ça représente quoi, pour toi, une telle reprise ?

Flore Benguigui : Elle n’est même pas connue du tout dans le cercle jazz. C’est ça qui est génial avec Margo. Enfin, qui est génial… C’est ça qui est fou avec Margo Guryan. C’est qu’en fait c’est une chanteuse pop, qui déjà est très peu connue du grand public – surtout en France. Aux États-Unis, elle a quand même un succès d’estime, mais qui est arrivée très tard, parce que ses morceaux ont été réédités dans les années 2000.

Avant ça, c’était un peu une chanteuse culte, mais obscure quoi, et en fait les gens ne savent même pas qu’elle a eu un gros bagage jazz, et qu’elle a été hyper connectée à la scène jazz des années 50-60. Elle a écrit même plusieurs morceaux de jazz, à côté des hits pop qu’elle a écrits aussi et dont personne ne sait qu’elle est l’autrice. Pour moi, en fait, ça fait partie de ces artistes que j’aime valoriser aussi, parce que les femmes dans la musique, on le sait, sont invisibilisées.

C’est un travail que je fais beaucoup avec mon podcast Cherchez la femme, avec mes soirées… Même récemment, j’avais une émission sur FIP et j’essayais aussi de valoriser les femmes musiciennes dans le jazz, parce qu’elles sont très peu reconnues. Donc pour moi, ça fait partie de ma D.A., disons, de mes mes recherches quotidiennes. Chercher les femmes qu’on ne connaît pas assez et les valoriser.

En plus, quand c’est un morceau comme celui-là qui est génial, c’est-à-dire qui est trop bien écrit, trop bien composé, trop bien interprété aussi  – dans sa version originale par Margo Guryan – que je me suis dit « mais c’est pas possible, il faut faut que je le reprenne », parce qu’il n’avait jamais été repris. Alors qu’en plus il y a eu un album hommage à Margo qui est sorti l’année dernière avec plein d’artistes, comme Clairo ou TOPS, qui ont repris des morceaux à elle.

Il n’y avait pas ce morceau et je me suis dit « mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? ». Surtout que les paroles sont tellement d’actualité… Enfin c’est un morceau tellement misandre, hyper drôle, cynique et qui a vraiment sa place dans la musique d’aujourd’hui. Je me suis dit que c’est peut-être parce que c’est un morceau un peu jazz, je ne sais pas, mais en tout cas j’avais vraiment envie de le reprendre pour que les gens le découvrent et la découvrent.

Pozzo Live : Les femmes, leur bien être dans le travail, leur accès aux mêmes opportunités que les hommes, leur émancipation, ce sont des choses qui te tiennent vraiment à cœur. Penses-tu que le chemin sera encore long à parcourir, notamment dans les milieux artistiques, pour que les femmes obtiennent un jour, la même reconnaissance que les hommes ?

Flore Benguigui : Ben la réponse est un peu dans la question : oui. Après… Les choses évoluent. Il y a quand même, évidemment, une prise de conscience qui a eu lieu grâce à Me Too. On avance là-dessus, mais c’est très timide, c’est-à-dire que malheureusement, c’est quand même beaucoup les femmes qui s’emparent de ce sujet. Les hommes de l’industrie de la musique ne s’emparent pas beaucoup du sujet, ont pas vraiment envie de mettre les mains dans le cambouis, si je puis dire.

Donc c’est pour ça que c’est aussi très timide ; c’est parce qu’il n’y a qu’une partie de l’industrie de la musique qui s’intéresse à ces problématiques, c’est les femmes. Forcément, quand t’es une femme dans cette industrie, ça te coûte aussi de passer du temps à faire des recherches, à organiser des tables rondes, à enregistrer des podcasts, les produire, les mixer, à mettre les femmes en lien… Ce que je fais. Depuis peu de temps, avec mon collectif, avec Sophie Newman, on organise des jams de jazz pour les femmes et minorités de genre. Tout ça, c’est des actions en plus qu’on fait bénévolement donc ça prend du temps, c’est un travail considérable qui est fait gratuitement.

Forcément, c’est sûr que ça avance, mais ça avance doucement parce qu’on a aussi nos carrières à gérer à côté et… Voilà, c’est un plein temps. Mais heureusement, je dirais que c’est mieux aujourd’hui déjà, c’est un peu mieux d’être une femme dans la musique. Sauf que c’est un peu mieux d’être une femme blanche, aussi. Parce que quand t’es une femme racisée, une femme handicapée, une minorité de genre… C’est encore un sujet en plus, et je pense que là la route elle est vraiment très très longue, pour le coup.

Pozzo Live : En tant que femme artiste est-ce que tu ressens un poids, une pression supplémentaire par rapport à tes collègues masculins, par exemple ?

Flore Benguigui : Oui, c’est sûr que quelle que soit ta position… Déjà je l’ai ressenti en ayant fait neuf années dans la pop en tant que chanteuse, où on considère en général que ce n’est pas toi qui a écrit tes textes ou qui compose tes mélodies. Donc tu dois tout le temps t’en défendre, tu dois tout le temps expliquer que oui que c’est toi qui écris, que c’est toi qui compose Tu dois aussi défendre à chaque fois ton point de vue artistique, surtout quand t’es dans un groupe d’hommes. Moi ça a été vraiment un combat pendant des années de faire entendre mes idées, mes envies… Quand t’es dans un groupe avec que des mecs et que c’est aussi un mec qui manage et qui est le label, clairement personne t’écoute, donc ouais c’est extrêmement difficile

Je pense surtout qu’aujourd’hui, je suis arrivée à un stade dans ma carrière où, m’étant émancipée de tout ça, je peux faire tous les choix que je veux par moi-même, et je choisis les personnes avec qui je m’entoure. Forcément, j’ai 33 ans, je détecte beaucoup mieux les red flags que quand j’en avais 23, quand j’ai commencé dans ce milieu Je pense aussi à toutes les jeunes femmes qui démarrent et qui n’ont pas forcément les clés.

C’est aussi pour ça que avec Cherchez la femme et en général, j’essaye de travailler sur la transmission aussi beaucoup, même si je n’ai pas 70 ans. Je pense que déjà à mon âge, c’est important d’essayer de transmettre le plus de clés aux jeunes générations, parce que c’est un métier ou si tu n’as pas les bonnes infos, tu peux très très vite te faire broyer.

C’est un métier, enfin c’est une industrie qui encore aujourd’hui peut ravager des jeunes personnes qui ne sont pas conseillées de la bonne façon, qui tombent entre les mauvaises mains.  Bref, c’est encore compliqué.

Pozzo Live : Pour revenir sur le côté vraiment plus musical de ton quotidien : en France, le jazz a beaucoup cette image de musique qu’on écoute un peu de façon épisodique, plus en bruit de fond qu’autre chose. Est-ce que ça te tient à cœur de le remettre au devant de la scène ?

Flore Benguigui : Ça me tient à cœur de… Je ne sais pas si c’est de le mettre au devant la scène, mais en tout cas de montrer que c’est une musique… Alors, je ne sais pas si c’est forcément évident, mais sur l’album qui arrive après ça le sera encore plus : l’idée c’est de montrer que ce n’est pas une musique chiante. Parce que bon moi, le jazz j’en fais depuis que j’ai 16 ans, et j’ai jamais arrêté d’en faire en fait.

Même quand j’étais dans L’Impératrice, j’avais une résidence dans un club de jazz qui s’appelle le Baiser Salé, depuis 2014, et je jouais tous les deux mois, même quand j’étais en tournée. Parfois je rentrais de tournée et j’avais un concert au Baiser Salé le lendemain, avec des écarts parfois monstrueux. C’est 70 places, c’est un tout petit club, et parfois je rentrais de tournées pas possibles et d’un coup je me retrouvais dans tout petit espace. C’était vraiment genre « c’est ma récré, je peux faire ce que je veux » et surtout c’est tellement de fun.

Les concerts, pour moi, les concerts de pop, c’est tellement millimétré, c’est tellement écrit, c’est tellement… Il n’y a pas de marge de manœuvre. Il y a des ordinateurs, il y a le tout le décor, une grosse équipe derrière… Donc en fait ça t’enferme beaucoup dans un truc très automatique et tu perds très vite le sens de pourquoi t’es là.

Alors que dans le jazz, comme c’est une musique qui se joue et qui n’est jamais jouée de la même façon, parce qu’il y a beaucoup d’improvisation, beaucoup d’accidents, il y’a un partage. Il y a un vrai moment où on joue ensemble et il n’y a pas d’ordinateurs, il n’y a pas de clic dans tes oreilles… Ce n’est vraiment pas du tout la même façon de jouer de la musique et donc du coup ça devient forcément extrêmement vivant, donc extrêmement fun.

Surtout que les musiciens avec qui je joue cette musique-là, je joue avec eux depuis que j’ai 15 ans, donc c’est vraiment des gens que je connais extrêmement bien. On a une façon de communiquer à travers la musique qui est super fluide et fun. Donc c’est déjà ça que je voulais montrer ; que c’est une musique super vivante, que du coup on a enregistré tout en live. C’est ça aussi qui est assez singulier avec ce projet, ce 45 tours l’album aussi, c’est qu’aujourd’hui, la plupart des gens – pas trop dans le jazz – mais dans la pop en tout cas, enregistrent tout par couches, donc un par un. Nous, on a enregistré tout dans la même pièce, en même temps. Ça donne forcément un résultat qui est imparfait, mais l’imperfection en fait c’est ça qui est bien dans la musique.

On l’oublie, parce qu’aujourd’hui avec l’ordinateur on peut tout gommer, on peut tout lisser, faire en sorte que tout soit parfait à la bonne place. Mais en fait c’est pas… On se fait chier d’écouter ça, alors que justement l’imperfection c’est ça qui est touchant, c’est ça qui rend aussi la musique faite par des humains si singulière par rapport à la musique faite par une IA par exemple. Là, on a enregistré tout dans la même pièce avec des des vieux micros. On a mélangé aussi, en plus des instruments old school – donc contrebasse, piano, batterie percussion – avec du synthétiseur, ce qui donne aussi ce côté un peu mélange des genres. On ne sait pas trop à quelle époque ça a été enregistré du coup, c’est un peu hybride.

C’est ça qui m’intéressait aussi, c’était de montrer que le jazz c’est pas forcément une époque, que ça peut mélanger les époques, les genres. Le synthétiseur prophet 6, par exemple, mélanger avec ces genres d’instruments là, ça se fait pas trop normalement. Ben moi, c’est ça qui m’intéressait. Et encore, là c’est des morceaux un peu des années 50-60, mais il y a des morceaux encore plus vieux sur l’album. Il y avait vraiment ce côté de mélanger, et même au-delà de ça, montrer aussi que les morceaux en eux-même peuvent être super fun.

Alors bon, le morceau de Barbara il n’est pas fun à proprement parler, mais en tout cas ils peuvent être super actuels aussi. Les paroles de ces deux morceaux… Déjà, c’était important pour moi que ce soit des morceaux écrits par des femmes, en tout cas pour les premiers – parce que ce n’est pas facile à trouver finalement, des morceaux de jazz qui ont été écrits par des femmes – et qui aient des paroles intéressantes, qui n’aient pas des paroles super sexistes aussi.

Du coup, ce qui m’intéressait là-dedans, c’était de montrer aussi le morceau de Margo Guryan, par exemple. Les paroles elles sont super misandres, elles sont super drôles. On n’attend pas forcément d’un morceau des années 50, jazz, qu’il y ait des paroles aussi actuelles, et aussi drôles et ironiques. Le morceau de Barbara, en soi, on pourrait penser, si on n’a pas vraiment écouté le morceau, ou comme on l’a entendu plein de fois – parce que c’est quand même un morceau assez connu – on peut penser que c’est juste la meuf un peu éplorée, qui dit « Quand est-ce que tu reviens ? Je suis rien sans toi »… Ce qui est un peu un cliché de beaucoup de morceaux des années 60.

En réalité, Barbara elle ne dit pas ça dans le morceau, elle dit « Tu me manques, quand est-ce que tu reviens ? La vie sans toi elle est nulle… » Mais elle dit aussi « Si tu reviens pas, en fait, ben moi je vais passer autre chose. Moi j’irai me réchauffer à un autre soleil. J’ai pas la vertu des femmes de marins. » Donc elle dit tu me manques, t’es bien sympa, mais au bout d’un moment par contre ça va me gonfler. Ce que je trouve super actuel et moderne, comme façon d’écrire. Et puis j’adore la mélodie… Enfin pour les deux morceaux, je trouve que c’est non seulement des autrices, mais aussi des mélodistes incroyables.

Pour moi, c’était aussi important de montrer que le jazz c’est pas forcément ce qu’on pense. C’est pas forcément toujours les mêmes morceaux, aussi. Parce que, dans le jazz vocal – pour en avoir fait pendant très longtemps, pour avoir fait un conservatoire de jazz aussi – le jazz vocal c’est souvent les mêmes morceaux qu’on a entendu 50 000 fois, qui ont été écrits par des hommes avec des paroles vraiment nian-nian. Donc c’était aussi pour montrer que le jazz, ça peut être d’autres choses. Il y a plein de morceaux de jazz qu’on ne connaît pas et dont certains qui sont vraiment super, quoi !

Pozzo Live : « Comment créer du beau dans un monde hideux, de la joie dans un monde de haine, du lien dans un monde où chacun a peur et se renferme sur soi ? ». Tu as posé cette question l’année dernière sur les réseaux sociaux. Est-ce que t’as réussi à trouver au moins un début de réponse ?

Flore Benguigui : C’est vrai que j’ai écrit ça ! C’est drôle que j’aie écrit ça, parce que ça fait vachement écho maintenant, à ça. Tout simplement déjà en s’entourant des bonnes personnes. Il y a tellement d’exemples dans la musique de personnes qui sont tombées… Là, spontanément, je pense à un exemple assez hardcore, mais à Amy Winehouse, qui était un diamant pur. Une personne qui nous a été enlevée, franchement, par des hommes mal intentionnés, dont la plupart venaient de l’industrie aussi, et qui avaient juste envie de presser cette femme jusqu’à la dernière goutte et ça l’a perdue en fait.

Je pense que, déjà, s’entourer des bonnes personnes musicalement et professionnellement, c’est la clé de tout. C’est-à-dire que si tu te sens en sécurité dans ton environnement pour créer, ben c’est déjà beaucoup plus évident, beaucoup plus simple. Et surtout, les artistes, on reste des personnes quand même extrêmement fragiles. Il suffit d’une mauvaise personne pour nous emmener dans des zones sombres et par contre à l’inverse, vraiment, quand on est avec les bonnes personnes ça nous porte et ça nous surpasse. Ça nous permet de nous surpasser et de créer des choses qui nous font du bien et qui font du bien autour de nous.

C’est vraiment ce que j’ai ressenti aussi dans ce projet là, c’est que j’ai pu constituer une équipe faite soit de femme, soit d’hommes… Les seuls hommes qu’il y a dans cette équipe, ce sont des hommes dont je suis très proches, que je connais depuis très longtemps et qui sont extrêmement bienveillants avec moi. Toutes les autres, ce n’étaient que des femmes que j’avais choisies et qui ont en plus été extraordinaires. Ce n’étaient aussi que des personnes qui ne sont pas dans l’industrie de la musique, des personnes qui étaient vraiment un peu en dehors de ça et qui du coup n’avaient jamais cet objectif mercantile, capitaliste que peut avoir la musique parfois. Là c’était vraiment juste des gens réunis pour créer un truc beau.

En fait, ça ne m’était pas arrivé depuis très longtemps, parce que finalement une fois que tu es dans la pop, il y a quand même beaucoup de gens qui te rappellent très souvent qu’il faut sortir ça maintenant pour que ça fasse tant de vues, qu’il faut que les gens achètent ça et qu’on fasse tant d’argent, etc. Et quand tu sors un peu de ça, que tu te retrouves juste avec des gens qui veulent créer de la belle musique, déjà, ça change beaucoup de choses. C’est vraiment parti de là, de cette volonté de faire un projet avec des gens que j’aime, que j’admire, et qui m’ont beaucoup apporté dans tout ce processus.

Pozzo Live : Un peu plus d’un an après, est-ce que tu penses avoir retrouvé – ou commencé à retrouver – la voix qu’on t’avait fait perdre ?

Flore Benguigui : Pour être complètement honnête, ça dépend des jours. C’est-à-dire que me retrouver en studio après tout ce que j’avais vécu, ça a été quand même très difficile. Même si j’étais très bien entourée, que j’étais très heureuse d’être là et que j’avais envie, ben… Voilà, des démons comme ceux-là c’est pas simple de s’en sortir, enfin, de s’en séparer. Forcément, c’est dur, quand j’ai enregistré devant un micro, de ne pas réentendre toutes ces voix dans ma tête qui me disent que je suis une mauvaise chanteuse, que je ne suis bonne à rien, et donc de me retrouver encore avec la voix qui coince. C’est des hauts des bas… Évidemment je vais beaucoup mieux, ça n’a rien à voir avec comment j’étais il y a un an, mais c’est un chemin.

Je pense que c’est un traumatisme qui s’est installé dans ma chair pendant des années et qui forcément prendra des années à disparaître. J’espère qu’il va disparaître au bout d’un moment, mais c’est… Toutes les personnes qui ont vécu des choses similaires savent que ce n’est pas… Ouais, c’est un vrai travail en fait sur soi. Mais justement, je pense qu’au-delà de la thérapie, aller en studio et justement me confronter aussi à tout ça de la meilleure façon, me confronter à mes problèmes de voix et de confiance en étant dans un studio très bienveillant… C’était aussi une très bonne façon de me soigner.

Pozzo Live : Quel groupe ou artiste nous conseilles-tu d’interviewer après toi ?

Flore Benguigui : Oh whaouh. Il y a un girlband que j’aime trop, c’est des américaines qui s’appellent Tchotchke. C’est un girl band dont le dernier album a été produit par Lemon Twigs. C’est un peu années 60, dans les sons rock-psyché, c’est trois meufs et elles sont trop fortes.

 

Merci à Flore Benguigui pour son temps et merci à Universal. Interview réalisée le 18 novembre 2025.
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