Pour Noël on a décidé d’enfin vous révéler un des moments les plus incroyables de notre année : oui, nous avons pu interviewer Henri Dès au Motocultor 2019 ! On vous invite à retomber en enfance le temps de lire la retranscription ce moment carrément incroyable. Joyeux Noël et bonne lecture !

Pozzo Live : Eh bien bonjour à tous les trois ! Comment allez-vous ?

Henri Dès : Bah on va bien et vous ?

Pierrick Destraz : Plutôt bien aujourd’hui !

Raphael Ortis : Ça va, ça va !

PL : Vous allez du coup monter cet après-midi sur la scène principale du Motocultor, comment appréhendez-vous ce concert ?

Henri Dès : D’abord on appréhende pas…

Pierrick et Raphael : Parle pour toi !

Henri Dès : … On le prépare (rire). On le prépare disons comme on prépare un bon spectacle. C’est vrai que l’ambiance est vraiment très sympathique ici, les gens apparemment attendent qu’on vienne, et puis avec le sourire. Donc je pense que ça sera très chouette. Je m’en réjouis beaucoup !

Raphael : Je l’appréhende quand même d’une certaine manière, dans le sens où quand on voit ce qui passe sur les scènes, en faisant le tour du terrain, c’est quand même bien couillu ! Je me réjouis de voir ce que ça va donner sur scène quand nous on va venir chanter La Petite Charlotte et Le Facteur.

Henri Dès : C’est couillu aussi La Petite Charlotte (rire) !

Raphael : Non c’est couillu aussi mais c’est pas au même niveau, au niveau de la couillitude, ce qu’on joue c’est un peu moins couillu que ce que j’ai entendu là, non ?

Pierrick : Mais c’est osé !

Raphael : C’est plus osé, ouais !

PL : Vous avez des attentes au niveau du public ?

Henri Dès : Bah s’ils partent pas c’est déjà pas mal !

Raphael : S’ils pouvaient faire un wall of death ça serait super ! Un « wall of Dès » !

PL : Je crois que c’est prévu !

Pierrick : Ah oui on nous en a parlé ! Et on se réjouit !

Raphael : Moi je voulais faire un stage dive aussi, mais à voir, je me tate encore.

Henri Dès : Tu le feras au début du spectacle, comme ça on ne te revois plus !

Raphael : Comme ça, c’est fait !

PL : Comment s’est monté le projet ?

Pierrick : Avec Raphael on avait un duo qui s’appelait Explosion De Caca. Qu’on a fait tourner pendant pas mal d’années. Et le concept c’était qu’on reprenait des génériques de dessins animés, et de séries télévisées des années 70 à la sauce un peu punk, metal. On a fait ça pendant quelques années, et en 2015 on a décidé de mettre fin à ce projet, et on a fait notre concert d’adieux dans un grand festival en Suisse qui s’appelle Paleo Festival, et on a fait l’ouverture du festival en 2015. Et on avait prévu plusieurs surprises pendant ce concert-là dont la venue sur scène de mon papa, qui est venu chanter deux ou trois titres. C’était bien l’émeute sous la tente ! Il y avait environ 4000 personnes, mais quand lui il a débarqué c’était encore pire ! Et puis quand on est sortis de scène on s’est regardés et on s’est dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. Du coup on a réfléchi à un concept et Explosion De Caca a disparu, c’est devenu Henri Dès & Ze Grands Gamins.

Henri Dès : Et puis on a sorti un disque qui s’appelle Zinzin, où on a traité ces chansons en rock, metal etc. Et j’étais invité par Europe 1, par Patrick Cohen. Et on a écouté quelques extraits, et quand il a entendu ça il m’a regardé et il m’a demandé « est-ce que vous accepteriez de faire le Hellfest ? » J’ai dit « Oui bien sûr. » Il a eu les yeux qui lui sont sortis de la tête et le lendemain, le directeur du Motocultor m’a appelé et bien sûr on a dit oui, c’était génial, quoi. (extrait de ce passage à la radio ci-dessous, ndlr)

PL : Du coup est-ce que la prochaine étape ça sera le Hellfest ?

Henri Dès : Il faut voir. On ne peut pas présumer mais y a peut-être des chances, oui. En tout cas on espère, parce qu’on aime beaucoup et qu’on aimerait y passer, mais c’est pas nous qui décidons.

Pierrick : Ça nous plairait ! Ici c’est le premier festival qu’on fait avec ce projet, et pour moi c’est un peu une validation de ce à quoi on a rêvé jusqu’à maintenant. Comme c’est quand même passablement décalé ce qu’on fait, les chansons d’Henri Dès avec Henri Dès, de façon un peu punk comme ça c’était pas gagné d’avance. Et de toute façon tout à coup de se retrouver dans un festival comme ça devant un public comme ça, c’est comme si on validait l’idée. Comme si on nous disait que ouais c’est une bonne idée.

Raphael : L’idée aussi de faire exploser ces barrières, on peut parler de styles mais au-delà de ces styles, à l’heure actuelle je pense que les gens commencent à sentir que ça part de la même intention vraie, de faire quelque chose qui touche ou qui a du sens, et peu importe ce que c’est. Et nous c’est ce à quoi on aspire en tout cas, majoritairement.

PL : Je pense que le Motocultor c’est le bon festival pour faire ça, effectivement. Ils avaient notamment programmé Giedré il y a deux ans et Andréas et Nicolas un peu avant. Vous attendez du coup un public un peu bisounours ou un peu bourrin ?

Raphael : Un public investi.

Henri Dès : Un public qui écoutait mes chansons avant, un ancien public à moi finalement. Qu’ils soient tatoués, motards ou agents d’assurances, c’était tous des mômes à un moment donné qui ont écouté mes chansons, ceux qui m’ont écouté.

Pierrick : On peut être tatoué et agent d’assurance, aussi !

Henri Dès : Ça peut arriver ! Donc voilà, c’est ça, c’est des anciens enfants !

Raphael : Là on est à côté de la loge de Napalm Death, et c’était y a quand même pas mal d’années qu’ils ont commencé, et moi ça me rappelle mon âme d’enfant et d’adolescent, et ils auraient pu être dans un festival de musique classique que j’aurais été les voir ! C’est pas l’endroit mais ça te touche.

PL : C’est un peu un passage de flambeau, Henri, de jouer avec votre fils ?

Henri Dès : On peut dire ça. Ça me met dans une situation très sympa. C’est très souriant tout ça, j’adore !

Pierrick : C’est improbable !

Henri Dès : C’est improbable, oui. J’ai accepté immédiatement de partir dans ce projet parce que j’aime bien ce qui est un petit peu décalé, et à un moment, qu’est-ce que je risquais, à faire ça ? C’est ça la question. Quand on a joué ces trucs dans un petit club de rock, une sorte de… Comment on appelle ça ?

Pierrick : Un tribute à Henri Dès, on était organisés avec tout un tas de styles. Y avait du rap, du metal, du reggae, c’était que des groupes qui reprenaient les chansons d’Henri.

Henri Dès : Puis on m’a demandé de venir chanter à une heure du matin, avec six ou sept chansons, et j’ai posé la question :  » je fais quoi avec ça ? » et ils m’ont dit écoute, t’as rien à perdre, amuse-toi, quoi. Et on a fait ça.

PL : Le metal et le punk, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Henri Dès : Pour moi, pas grand chose ! C’est pas ma génération, moi j’ai grandi avec Brassens et Elvis Presley, pas avec le punk, lui oui.

Pierrick : Le punk c’est surtout un état d’esprit, Brassens c’est un peu punk !

Henri Dès : Est-ce que je suis punk, moi ?

Pierrick : Toi ? Ouais t’as des petits côtés punk, ouais.

Raphael : Après le meilleur moyen d’être rock n’ roll c’est justement de pas l’être ! D’être dans ce décalage, pas forcément dans l’opposition mais dans la réaction. Après on lui donne le nom qu’on veut mais Brassens c’était un punk pour moi.

Henri Dès : Brassens c’était un punk ?

Pierrick : C’est vrai c’est le côté anarchiste, revendicatif, un petit peu rebelle. Tout ça on le retrouve dans le punk, dans le metal, dans le rock.

PL : Du coup après Zinzin qui est sorti en 2017, est-ce que vous avez prévu un deuxième album ?

Henri Dès : C’est pas dans les tuyaux.

Pierrick : Celui-là c’était le deuxième, parce qu’on a sorti un live d’abord. On a fait les choses à l’envers, on a sorti un live d’abord. Et puis Zinzin, c’est un peu un support. Déjà c’était pour s’amuser, pour voir comment on pouvait réarranger tout ça en studio. On s’est beaucoup amusés en studio à faire tout ça. Et dans Zinzin y a un petit peu tous les tubes de mon père, donc après, est-ce que ça a du sens qu’on en fasse un autre… Je pense que c’est un peu comme tu le disais tout à l’heure, surtout un projet live en fait. C’est bien la déconne sur scène, ce décalage entre Henri qui est lui-même, il ne fait rien d’autre que ce qu’il a toujours fait, il est avec sa guitare et sa moustache et il fait son truc, il chante, il hurle pas dans le micro, et puis nous on fait les couillons derrière ou à côté.

Henri Dès : Dave Moustache ! (ndlr : la scène sur laquelle ils s’apprêtent à jouer s’appelle la Dave Mustage)

Pierrick : Dave Moustache, ouais (rire) ! Et puis voilà, c’est plus un projet de scène et de festival.

Raphael : C’est bien de l’écouter dans son salon, mais ça a une autre envergure en vrai, quand on fait la démarche de se déplacer, d’aller vers l’artiste, vers l’objet auquel on veut se confronter. Et j’ai beaucoup de mal à fixer à un moment X sur un support une musique ou une idée. Et la seule manière qu’on a de la faire aller plus loin, c’est de la jouer en concert.

PL : Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment tous les trois ?

Henri Dès : Rien du tout.

Raphael : Moi, Death Grips !

Henri Dès : J’écoute la radio, et je m’ennuie un peu.

Pierrick : Sinon j’aime beaucoup De Staat, un groupe hollandais. C’est vraiment cool. Et sinon j’écoute Paul Simon en ce moment.

PL : Qu’est-ce qui vous inspire pour écrire vos chansons, Henri ?

Henri Dès : J’ai un âge suffisamment avancé pour avoir une certaine expérience de la vie, des observations que j’ai faites jusqu’à aujourd’hui. En général quand j’écris une chanson c’est toujours après avoir observé la petite vie des enfants. Leurs chagrins, leurs rigolades et tout ça. C’est ce que je raconte, et c’est probablement pourquoi ça marche. Ils se sentent très concernés par mes chansons parce qu’ils ont l’impression que je les ai écrites un peu pour eux. Donc c’est regarder leur façon d’avancer, leur façon de réagir et moi ça m’intéresse beaucoup. Je suis un grand curieux des gens; j’irais pas souvent dans un musée. Ça m’intéresse moins que de regarder les gens à la terrasse d’un café, de voir comment ils réagissent.

PL : A quelles chansons on peut s’attendre ce soir ?

Henri Dès : Une quinzaine ou une vingtaine. Pas tout à fait, 18 je crois. Pour les titres vous verrez bien (rire) !

Pierrick : Les titres phares seront là !

Henri Dès : Oui il y a Flagada, il y a Les Bêtises A L’école, La Mélasse, La Petite Charlotte

Pierrick : La Machine

Henri Dès : La Machine… Tu veux qu’on dise tout alors ? La Glace Au Citron, voilà, tout ça !

PL : Enfin, quel artiste aimeriez-vous qu’on interroge ensuite ?

Raphael : Death Grips !

Henri Dès : C’est quoi, ça se mange ?

Raphael : Chantal Goya ?

Pierrick : Neil Young !

PL : Merci beaucoup et on se voit tout à l’heure, je serai dans le public !

Un grand merci à Henri Dès & Ze Grands Gamins, à L.O. Communication et bien entendu au Motocultor pour cette interview ! Et joyeuses fêtes à tous !

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