Le 17 juin dernier nous avons pu nous entretenir avec Nick Jost, bassiste du groupe Baroness qui vient de sortir son cinquième album : Gold & Grey. Il nous parlera donc majoritairement de celui-ci mais aussi de la tournée qui suivra, notamment en ouverture de Volbeat à l’Olympia le 6 octobre prochain !

Pozzo Live : Bonjour Nick, comment allez-vous ?

Nick Jost : Très bien et vous ?

PL : Très bien, merci ! Tout d’abord félicitations pour Gold & Grey, que j’ai beaucoup apprécié. Comment était le processus créatif pour cet album ?

NJ : Merci ! Je pense que le processus créatif s’entend sur l’album. C’était trépidant, parfois stressant, avec des grands moments de révélation tout du long. C’était différent de Purple vu qu’on est allé en studio bien moins préparés. On a fait deux sessions pour l’enregistrement principal de l’album. Pour la première session on avait environ cinq morceaux terminées et la deuxième session, nous n’avions littéralement aucune chanson de terminée. Donc on a beaucoup écrit en studio pour celui-là. C’est un processus totalement différent.

PL : Vous avez récemment accueilli Gina dans Baroness. La dynamique des sessions d’enregistrement a-t-elle beaucoup changé ?

NJ : Bien sûr ! Ouais, elle est géniale ! C’est une musicienne très travailleuse, et une personne très talentueuse. Donc c’était génial ! Je pense que la dynamique d’enregistrement est plutôt genre, peux-tu supporter que des gens te disent qu’ils n’aiment pas tes idées ? Et travailler vers le but principal d’un bon album.

PL : Qu’est-ce qui vous a inspirés pour cet album ?

NJ : Musicalement, je pense qu’il y a beaucoup plus de psychédélique sur cet album. Des moments plus expérimentaux. Mais personnellement, au niveau de la basse je voulais faire des lignes de basse plus basées sur des riffs. Donc je me suis donné le défi de créer des lignes de basses plus accrocheuses par rapport à certains trucs qui étaient sur Purple et sur d’autres trucs que j’avais faits. Je me suis assuré de me baser sur un riff plutôt que de soutenir l’harmonie ou un truc comme ça, tu vois.

PL : J’entends vraiment bien ça sur l’album. Qu’avez-vous utilisé comme matériel sur cet album ?

NJ : Presque tout. On en a utilisé beaucoup. J’avais en général 4 amplis installés. Fridmann (producteur de l’album, ndlr) a beaucoup de super matos. Il y a un vieux Vox, un ampli de basse, qu’il a, qui fait beaucoup d’apparitions. Il y a aussi un Fender Musicman qui est beaucoup dessus, je crois que ça s’appelle comme ça. Il y a aussi un Fender Bassman en combo qui est sur beaucoup de morceaux et j’utilise beaucoup de basses, mais mes Fender P-Basses sont les principales.

PL : Avez-vous utilisé de la musique écrite précédemment, sur Gold & Grey ?

NJ : Bonne question ! Honnêtement, pas vraiment. Honnêtement, Gina avait une pile de chansons qu’elle avait écrit avant de nous rejoindre et certaines ont été disséquées et sont devenues des chansons de Baroness. Donc je pense que vu comme ça on a du contenu qui a été reconverti. Elle ne s’attendait pas que ça devienne ça. Mais c’est devenu plus Baroness que ça ne l’était avant.

PL : Quel était le morceau le plus difficile à aborder ?

NJ : Je dirais qu’assembler Already Gone était un des moments les plus difficiles à aborder. J’avais le riff principal et la progression d’accords pour le vers et le pré-refrain, et on a passé 4 jours à bosser 14h par jour pour travailler sur toutes les combinaisons de ce qui pouvait se faire avec cette musique. Et c’était au milieu de la deuxième session, on était en studio depuis une semaine à travailler jour et nuit. Donc je pense que celle-là a été la plus dure parce que c’était éreintant émotionnellement pour nous tous. Elle a été plus dure que les autres.

PL : La production des singles était plus lo-fi que ce qu’on avait l’habitude venant de vous, et l’album sonne au final plus propre. Pourquoi ce changement de production ? Était-ce un choix artistique ?

NJ : Je pense que c’était carrément un choix artistique. On avait déjà cette distortion harmonique sur les morceaux et c’est un peu ce qui fait la marque de fabrique de Fridmann, si tu as déjà entendu ce qu’il a fait. Cette distortion ambiante est trouvée sur beaucoup de ses albums d’une manière ou d’une autre. Je pense que la différence est que dans le contexte de la manière dont on écrit de la musique, ça sonne complètement fou ! Parce qu’on a un million de couches musicales, Seb joue de manière très frénétique des fills des riffs de batterie très complexes. Donc quand on le met sur ce genre de contenu, ça change beaucoup du résultat qu’on a notamment sur des trucs des Flaming Lips, ou Tame Impala, qui sont plus basés sur du garage rock ou qui ont un son très aérien, et nous on n’a aucun espace sur ces morceaux. Combiné avec la distortion, ça sonne de fou !

PL : Vous avez fait des sets acoustiques sur la tournée précédente. Cela a-t-il apporté quelque chose à votre son ou à vos concerts ?

NJ : Oui, je pense que ce que ça a vraiment fait, c’est ouvrir un nouveau monde pour nous. On a dû faire ça l’été dernier parce que Seb a dû rentrer chez lui. Donc on a dû faire des gros shows sans batteur, et c’était un peu l’épreuve du feu pour voir comment on peut interpréter ces morceaux avec une différente ambiance. Et je pense que ça a carrément influencé l’album, parce que John et Gina se sont rendu compte que ça marchait bien quand ils jouaient en acoustique ensemble. Surtout leurs voix. Et John a exploré le côté clean de sa voix encore plus à cause de ça. Donc je pense que ce sont deux leçons qui en résultent. Et pour la suite je pense que c’est quelque chose qu’on peut explorer de manière crédible, ce qui est encourageant.

PL : Vous allez tourner avec Volbeat et Danko Jones mais votre style est très différent. Pensez-vous que ça va influencer le set ?

NJ : Je suis d’accord avec toi. Eh bien, je ne sais pas. Je ne sais pas si quand des groupes tournent ensemble ça les change. On les apprécie de plus en plus parce qu’on est forcés de découvrir des choses à leur propos, tu vois. Mais musicalement je ne sais pas si c’est quelque chose de vraiment visible. Je pense que c’est plus apprendre des choses à propos de la vie, ou à propos des personnalités ou des expériences de ces gens sur le business de la musique et sur la vie en général. Je pense que c’est ce qui influence le plus quand on tourne avec un groupe. On passe beaucoup de temps à les écouter et à se connecter. On a beaucoup tourné avec Deafheaven et c’était vraiment génial. On ne les connaissais pas, on les avait juste croisés à des festivals ou à des soirées. Mais passer autant de temps avec eux, ça a créé des amitiés à vie, tu vois. Et regarder leur set tous les soirs était cool. Ils ont une super présence sur scène, et on a beaucoup appris sur le côté « performance ». Donc je pense que c’est quelque chose qui arrive quand on tourne. On ne sait pas pourquoi ils sont géniaux jusqu’à ce qu’on soit dans une pièce avec eux. Voir Deafheaven c’est comme voir un match à mort post-apocalyptique, parfois. Ils savent avoir une énergie flippante, et voir ça tous les soirs c’est dingue.

PL : Quels sont les plans après la tournée Volbeat ?

NJ : Je pense que la fin de l’année on va se reposer un peu, mais on a sûrement une tournée nord-américaine début 2020. Je pense que c’est le plan. Et ensuite, on revient en Europe l’été prochain.

PL : Super ! Donc peut-être le Hellfest l’année prochaine ?

NJ : ça serait génial ! C’est un de nos festivals préférés. Après y avoir joué 2 fois en 2 ans on se sent chez nous là bas et on a hâte d’y revenir.

PL : Y a-t-il un groupe en particulier que vous écoutez beaucoup ces derniers temps ?

NJ : King Gizzard And The Lizzard Wizzard. Je pense qu’ils sont géniaux. Et le fait qu’ils sortent tant de musique leur permet de vraiment essayer beaucoup plus de choses que beaucoup de groupe. En plus on a joué un festival avec eux en France y a quelques années et ils ont joué vers 1h du matin, et c’était probablement un de mes concerts préférés de tous les temps. Ils n’ont pas arrêté de jouer et il y avait cette vidéo faite en live qu’on a vu faire en direct. Ils sont magiques. J’espère qu’on partagera des festivals et des scènes avec ces mecs à un moment.

PL : Enfin qui voudriez-vous qu’on interviewe ensuite ?

NJ : Sebastian (batteur de Baroness, ndlr) est très cool en interview, vous devriez l’interviewer !

PL : Et quel groupe ou artiste ?

NJ : Honnêtement, King Gizzard. Je reste à fond sur eux. Ils sont cet élément hyper intéressant dans la musique actuellement, et je suis curieux de comment ils travaillent et font ce qu’ils font.

PL : Merci beaucoup ! On se voit à l’Olympia !

NJ : Merci, j’ai hâte !

 

Interview par Valentin Pochart. Merci à HIM Media pour cette opportunité !

On vous laisse avec un de nos morceaux préférés de l’album et de Baroness tout court : Tourniquet !

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