Plus d’un mois après la sortie de son premier projet, nous avons discuté avec Prattseul. L’occasion pour nous d’aborder ses inspirations artistiques, les personnes qui l’accompagnent ainsi que ses ambitions musicales.

Pour les personnes qui nous lisent et qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ?

Je suis Prattseul, auteur, compositeur, interprète. J’ai sorti mon premier disque, un EP de 7 titres, il y a tout juste un mois, qui s’appelle L’oiseau de nuit. Je fais de la musique pop/rock, qui est bien influencée par le rock anglais de ces dernières années. Avec mon équipe, on essaie de produire quelque chose d’assez moderne et d’original avec des sonorités et des textures qui viennent d’autres styles, qui sont plus urbains ou électroniques.

Félicitations pour cet EP qui est effectivement sorti le 22 septembre. Quels sont les retours que tu as reçus depuis ?

Il y a eu une première vague de retours venant du public qui me suit, plus l’entourage, plus les gens qui ont découvert le projet en 2020 quand j’avais sorti mes premiers clips et qui m’ont découvert en live. Il y a eu pas mal de partages. Maintenant que les sons sont sortis, pas mal de personnes m’ont confié qu’elles étaient heureuses de découvrir de nouveaux aspects de ces morceaux. Ou de les écouter dans un certain ordre qui présente une histoire, avec un fil conducteur, parce que ça a été pensé. Il y a eu pas mal de retours presse qui sont aussi positifs. Maintenant, je n’ai qu’une hâte : jouer ce disque en concert pour pouvoir le partager avec le plus grand nombre.

Prattseul L'oiseau de nuit EP

L’oiseau de nuit, le premier EP de Prattseul

Tu as d’ailleurs fait une date à la Boule Noire : comment s’est passé le partage avec le public parisien ?

C’était assez fou. C’était la première fois, avec Prattseul, que je faisais une date en tant que tête d’affiche et donc avec un public qui venait me voir moi principalement. Je me suis retrouvé face à un public qui connaissait parfois certains de mes morceaux, qui ressentait un certain engouement. Quand t’es en première partie, t’es pas forcément attendu. Là, c’était un moment assez particulier et intense. J’espère qu’il y aura plein d’autres concerts dans cet esprit-là, où des gens viennent vraiment m’écouter en tant que Prattseul et où je ne suis pas situé en découverte.

Tu parlais tout à l’heure de fil conducteur. Je voulais revenir sur le titre qui ouvre ton EP, « Le nouveau monde », qui est accompagné d’un clip. Dans la vidéo, tu ouvres une enveloppe pour en sortir une carte avec logo. On retrouve une carte similaire dans le clip « Sous la lune ». Est-ce que tu as imaginé ton projet comme un film ?

Le projet en lui-même, pas vraiment. Après, c’est vrai que les histoires, sous forme de films ou de bande-dessinées, m’inspirent beaucoup. J’avais un peu instauré ça en 2020 avec les trois titres que j’avais sortis. J’aime bien m’amuser à raconter une histoire un peu complète. De base, ce n’est pas vraiment imaginé comme ça, mais ça vient assez logiquement dans le processus créatif lorsqu’il y a la réalisation des clips et des images.

Clip "Le nouveau monde" Prattseul

Extrait du clip « Le nouveau monde » de Prattseul

D’ailleurs, et ce sera peut-être tiré par les cheveux, mais ton projet m’a fait penser au livre Le loup des steppes, où le protagoniste se balade le soir et rencontre un homme qui lui donne un livret qui parle de lui et de la dualité de son être. Il s’engouffre ensuite dans un monde nocturne, où il se découvre et à la fois se perd. Qu’est-ce que la nuit t’a permis de découvrir en toi ?

Quand j’étais petit, quand je me retrouvais dans mon lit le soir, je me posais pas mal de questions. Je me sentais un peu seul dans le sens où je ne m’affiliais pas vraiment à des groupes. C’était mon moment de réflexion, où je rangeais mon esprit. À ce moment-là, je ne dormais pas beaucoup, donc je me réveillais en douce et je faisais des bande-dessinées. J’ai découvert tout mon penchant créatif la nuit, déjà petit. Dans le contexte de création de ces chansons, la nuit était le moment où je me sentais le plus à l’aise. Quand on compose, on essaie toujours de se perdre dans un hasard assez particulier. La nuit, j’arrivais à créer ces instants-là et à tirer ces bouts de ficelle. C’est toujours le cas d’ailleurs. Il y a une certaine magie qui se passe la nuit, lorsque le monde dort.

Je voulais revenir sur tes clips, car on voit que tu portes un soin très particulier à l’image, comme tu l’as dit toi-même. Tu apparais d’ailleurs toujours dans la direction artistique de tes clips. Est-ce que les idées viennent toujours de toi ?

Pour l’instant, oui. La particularité de cet EP, c’est que j’ai effectivement travaillé avec Jérémie Brivet qui a pris la suite de toute la partie réalisation. Mais à l’origine, c’est moi qui lui envoie une idée de réal’ ou une histoire que m’inspire la musique. Le challenge, par la suite, c’est qu’il comprenne tout ce que j’ai dans la tête et qu’il fasse un recadrage. On travaille un peu en ping-pong. Une fois que notre création finale est prête, c’est lui qui prend totalement les rennes sur le tournage, le découpage et toute la suite.

En termes de collaboration, il y a un autre nom que j’ai souvent retrouvé. Celui de Clément Libes, qui a géré la direction artistique de l’EP. Est-ce que tu peux me raconter comment vous êtes venus à collaborer ?

Ça s’est fait naturellement. Je travaille depuis le début du projet, même un peu avant, avec Julien Bousquet, qui a fait la réalisation de l’EP et qui m’accompagne aussi sur le live. On était en contact avec Clément parce que c’est la scène toulousaine. On s’est souvent croisé, on travaillait avec les mêmes personnes. Par chance, il s’est retrouvé jury aux iNOUïS du Printemps de Bourges en 2020. Il a beaucoup apprécié le live et il nous a proposé de lui faire écouter notre travail. Comme il est la tête du studio La Tanière, il a proposé de mettre le label au service du projet et d’amener les morceaux plus loin.

Tu as avoué être grandement inspiré par le rock anglais. Est-ce que tu as eu du mal, au début, à penser ou composer en français ?

Complètement. Quand j’avais 16 ans, j’écrivais en français et ce n’était pas très glorieux (rires). Je suis passé en anglais avec des textes pas très évocateurs, mais c’était purement mélodique. Quand on repasse en français, on fait forcément attention au sens premier des mots puisque c’est la langue natale. J’essayais de retrouver ce que j’aime dans les chansons en anglais.  Mais je trouvais que mes textes faisaient fête de village (rires), c’était compliqué. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus à l’aise qu’au départ mais de s’y mettre, ce n’est jamais un exercice facile. Tu apprends à trouver les bonnes formules, les bonnes sonorités. J’essaie d’utiliser des mots communs tout en gardant une complexité dans l’histoire et le texte.

Dans la continuité de tes paroles, je voulais parler de ta voix qui a beaucoup de personnalité. Comment as-tu travaillé ta diction et ta manière de chanter ?

J’ai commencé avec la guitare et je chantais très doucement sous ma guitare. Comme beaucoup, c’était en faisant des reprises de projets et de morceaux que j’aime. Au départ, on est beaucoup dans la mimique. Trouver sa voix, c’est assez compliqué. En passant au français, finalement, ça m’a permis de rompre avec ce côté imitation. Avec le temps, c’est venu comme ça. Je n’ai pas eu de cours de chant ou de méthode particulière. Je pense qu’on y arrive en se cassant un peu les dents et en se faisant confiance. Sur les live, j’interprète mes morceaux de manière différente, j’arrive à explorer un peu plus. C’est avec le temps et la pratique, mais je ne suis qu’au début (rires).

Je voulais revenir sur le dernier titre de ton projet, « 150 & 1 » : est-ce que tu pourrais m’expliquer de quoi il parle exactement ?  

C’est une histoire inventée qui s’adresse à une femme qui subit des violences conjugales. Petit à petit, elle perd la tête et elle finit par tuer son bourreau. L’idée m’est venue en en discutant avec ma copine. Jusqu’à un certain moment de ma vie, j’avais conscience de ce sujet-là, mais je ne l’avais pas vraiment écrit en moi et je n’avais pas mesuré l’impact qu’il peut avoir. En tant qu’homme, ce n’est pas quelque chose qu’on peut comprendre à 100%. Je ne peux pas vraiment parler de ce sujet mais ça me tenait à cœur de faire une chanson là-dessus, je me suis essayé à écrire une histoire un peu risquée. L’année où j’ai écrit la chanson, à Noël, le décompte des féminicides à la suite de ces violences était de 150. Sur ce morceau, il y a tout un clip qui se fera peut-être et qui donnera plus de sens à la chanson.

J’ai fouillé ta discographie et je suis tombé sur un seul featuring, sorti en 2020 : « La balade », avec Sarah Lionnet. Est-ce que tu envisages de collaborer avec d’autres artistes ou Prattseul continuera son aventure en solitaire ?

J’envisage d’autres collaborations effectivement. Ces six derniers mois, j’ai croisé pas mal de musiciens et musiciennes et cette idée est revenue plusieurs fois. Au départ, c’était quelque chose qui ne m’intéressait pas plus que ça et ça me tenait à cœur d’avoir plusieurs morceaux seuls dans un premier temps, afin de ne pas perdre le fil directeur et qu’on puisse m’identifier. Mais maintenant, c’est quelque chose qui me plairait plutôt bien.

Puisqu’on parle de la suite : est-ce que tu travailles actuellement sur un projet ?

Tout à fait. Je ne m’arrête jamais vraiment de composer, je continue toujours à flux tendu. En avril, je m’étais enfermé dans un chalet pendant quinze jours où j’avais fait pas mal de productions. En juillet aussi. Je travaille constamment. Mais ce ne sera pas pour tout de suite, on va essayer de faire vivre au maximum L’oiseau de nuit qui vient tout juste de sortir. Mais ce n’est que le début.

On termine avec la question signature de Pozzo Live : y a-t-il un artiste que tu nous recommanderais d’interviewer ?

Je pense à un artiste québécois qui s’appelle Jaco. C’est un humain plein de surprises et très lumineux. Il a un univers incroyable.

Merci à Prattseul pour cette discussion : on te souhaite une multitude de concerts pour que tu partages L’oiseau de nuit le plus possible !  D’ailleurs, pour les intéressés, vous pouvez retrouver l’artiste à Toulouse le 09 novembre.

Si cette interview de Prattseul vous a plu, venez jeter un oeil à nos chroniques et interviews.

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