Pozzo Live a pu s’entretenir avec le duo fondateur de Skip the Use, Mat Bastard (chant) et Yann Stefani (guitare), juste avant leur passage au festival Lollapalooza qui s’est déroulé en juillet dernier à Paris.

 

Le groupe de rock français originaire du Nord est de retour, et l’on espère, pour de bon ! Après une pause (bien méritée) de près de trois ans, l’un des fers de lance de la scène rock française ne pouvait pas abdiquer si vite, et prépare pour la rentrée un nouvel album intitulé « Past & Future ».

L’occasion de revenir sur ce break nécessaire et l’appréhension de leur retour, leur joyeuse rivalité avec Shaka Ponk, l’avenir du groupe, leurs impressions à quelques minutes de fouler la scène Alternative du grand festival parisien, mais aussi leurs coups de cœur musicaux.


Pozzo Live : Bonjour Skip The Use, le grand public connaît votre son, mais peut-être pas ses membres. Pouvez-vous présenter le groupe ? Y a-t-il eu des changements après cette pause ?

Mat Bastard : Le groupe c’est Yann Stefani et Mat Bastard, et en fait, le seul truc que nous avons changé, ce sont les musiciens. Aujourd’hui, Enzo à la batterie et Nelson à la basse nous ont rejoints. Nelson s’occupe également des chœurs.

Yann Stefani : Nelson fait beaucoup les cœurs en fait [rires].

Mat : Il touche aussi aux sons, au matos et à la guitare, c’est un peu un geek du son.


PL : Lors de l’annonce de la séparation et de votre projet solo Mat, fin 2016, vous aviez dû en quelque sorte vous justifier sur les réseaux sociaux, alors que vous, comme Yann, vous dirigiez vers vos propres projets. Y avait-il une part d’incompréhension de votre démarche ?

Mat : Non, ce n’était pas vraiment des attaques, mais je pense que les gens étaient tout simplement tristes que l’on arrête. Pour ma part, le disque que j’ai sorti en solo, j’aurais très bien pu le sortir en continuant Skip The Use, ce n’était pas du tout incompatible. Notre fanbase est très présente et nous avons un côté très familial avec les personnes qui nous suivent. On aime bien dire que nous sommes une famille sur la route, mais on est aussi une famille sur scène avec le public. Lorsque nous avons annoncé notre break, il y a eu de vives réactions. Lorsque nous sommes revenus, d’abord à Tignes, mais surtout après, au Printemps de Bourges en avril dernier, on a eu l’impression qu’on avait arrêté la veille. Tout le monde est revenu, tout simplement.


PL : Vous n’êtes pas restés inactifs pendant cette pause, pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets ?

Mat : Le fait est que nous avions vraiment besoin d’un break pour nous permettre de faire plein d’autres choses. À vrai dire, autant le projet de Yann, The Noface, que mon projet solo représentent à peine 5 % de ce que nous avons fait pendant ces trois années. Yann a monté un label, sorti des groupes, j’ai moi aussi produit des groupes, des albums, j’ai travaillé dans le cinéma, etc. On avait besoin d’acquérir plein d’expérience dans d’autres domaines, pour pouvoir refaire un album de Skip The Use, mais fort de cette expérience-là. Ainsi, on pouvait se dire « okay, maintenant on s’y connaît en prod, on peut réaliser, on sait exactement comment notre image doit être, on veut collaborer avec untel, unetelle, etc. ». C’était pour revendiquer tout ça.

Yann : Oui, ce break nous a aussi fait du bien, car tout le monde ne s’en rend pas forcément compte, lorsque l’on joue dans un groupe comme Skip The Use, on le vit obligatoirement à 300 % car ça nous prend vraiment tout notre temps. À un moment donné, on souhaite aussi exister d’une certaine façon et aller chercher la nouveauté. Tout cela nous a apporté énormément. Sans cette pause, nous ne serions peut-être pas emplis de la même dynamique et de cette volonté de tout démonter comme on a toujours souhaité le faire, et à la longue, on peut finir par s’essouffler car le rythme est très exigeant.


PL : Après cette absence d’environ 3 ans, appréhendiez-vous la réaction du public ? Aviez-vous douté que les fans répondent toujours présents ?

Skip the Use : Oui, un peu effectivement !

Mat : Ça se passe bien au final, mais on ne va pas mentir en te disant qu’on y est allé en mode tranquille, on s’est posé la question ! Mais dès les cinq premières minutes de notre concert au Printemps de Bourges, nous, comme ceux qui travaillent avec nous et l’équipe technique, avons pu constater que le public était encore là, avec toute une nouvelle génération également. Ça nous a boostés encore plus.


PL : Vous êtes reconnus comme un groupe de scène qui fait lever les foules, êtes vous revenus pour disputer la ceinture de meilleur performer français à Shaka Ponk ?

Yann : Non, on ne dispute pas la ceinture puisqu’on est les meilleurs [rires] !

Mat : Plus sérieusement, ce sont nos copains, on est vraiment très potes. En fait, on ne fait pas du tout la même chose, mais on est très complémentaires. Par contre, on est très contents d’avoir un peu remis au goût du jour les groupes de rock, la formation classique basse, batterie, guitare, à une époque où le hip-hop est très très loin devant, ce qui est super également car nous sommes aussi fans de hip-hop. C’est aussi bien qu’il y ait des groupes de rock sur scène, pour tous les jeunes qui souhaitent à leur tour jouer cette musique.


PL : Justement, le Lollapalooza cette année est plutôt orienté hip-hop. Dans quel état d’esprit êtes-vous de vous retrouver parmi ces noms-là ? Que pensez-vous de l’affiche rock ?

STU : Dire qu’il n’y a que du hip-hop c’est faux, il y a quand même Twenty One Pilots, The Strokes, Biffy Clyro, etc.

Yann : C’est même plus que sur d’autres affiches, parfois il nous arrive d’arriver à des festivals et de nous rendre compte qu’on est vraiment les seuls. Il y a trois ans, ce n’était pas le cas.

Mat : Il faut ajouter aussi que c’est le Lollapalooza Paris, sans aller très loin en regardant l’affiche du Lollapalooza Berlin, il y a vachement plus de rock, car en Allemagne le rock fonctionne encore bien, pareil aux États-Unis. Je crois que l’affiche est aussi à l’image de la culture d’un pays, nous sommes un pays très urbain, et nous sommes super contents de jouer avec Orelsan, demain il y aura Nekfeu, ce sont des artistes que l’on apprécie. La semaine dernière, on jouait avec Lomepal. Mais jouer avec Twenty One Pilots aujourd’hui, ça nous touche peut-être un peu plus.


PL : Vous vous apprêtez à monter sur la scène du Lollapalooza pour la première fois. Mais en contraste, abordons vos « dernières fois ». Quelle était votre dernière répète ?

Mat : C’était là, il y a deux minutes ! Ça avait bien commencé, mais on va quand même continuer après [rires] !


PL : Votre dernier single ?

Mat : Il s’agit de « Damn Cool », qui sera sur notre prochain album « Past & Future » qui sortira le 18 octobre. Le concept était de digérer toutes les influences qu’on a eues dans les années 90, et tout ce qu’on kiffe aujourd’hui dans la musique résolument actuelle, et essayer de dresser des ponts entre les deux. Avant, nous avions sorti « Forever more » qui était plus rock et « Past » et avec « Damn cool », on a quelque chose de plus « Future », plus actuel.

Yann : Et on est très fiers de cette transition.


PL : Votre dernier concert à l’étranger ?

Mat : C’était à Toronto en mai dernier.

Yann : On a joué dans un festival, et c’était mortel, ça s’est super bien passé.


PL : Le dernier concert auquel vous avez assisté en tant que spectateur ?

Mat : Pour ma part, c’était un concert de A-Vox, le groupe de ma femme, c’était en Belgique.


PL : Et pour la dernière question des « dernières fois », quelle a été la dernière fois que vous vous êtes dit « c’est la dernière fois que… » ?

Yann : En fait, pour moi c’est un peu tout le temps [rires] !

Mat : C’est quand Caro [de Live Nation, organisateur du festival] est venue nous voir en nous disant qu’elle avait quelque chose à nous proposer, qui changeait un peu… Généralement, c’est là qu’on se dit « c’est la dernière fois ! » On lui a souvent prononcé ces mots…! [rires].


PL : On a vu que vous étiez de grands mélomanes, avez-vous des recommandations musicales à faire découvrir à Pozzo Live et à vos fans ?

Yann : Je vous recommande un de mes artistes, Lian Velvet.

Mat : Pour ma part, je pourrais vous recommander le groupe de ma femme, A-Vox, mais je dirais aussi K.Flay. En effet, si je reprends le concept de notre album « Past & Future », l’artiste américaine K.Flay vient de sortir un album, et honnêtement, je trouve ça tellement génial d’avoir dans un album un titre avec Tom Morello d’un côté, et un titre avec Imagine Dragons de l’autre, et tout ce qu’il y a au milieu. C’est ma femme qui m’a fait découvrir cette artiste, et A-Vox a aussi des éléments musicaux proches de ceux de K.Flay. Si tu fais l’interview de A-Vox, je t’encourage à aussi faire K.Flay car c’est une artiste qui mérite vraiment d’être connue.


PL : Merci beaucoup de nous avoir accordé ces quelques minutes entre deux répètes !

STU : Merci à toi !


Interview menée par Stela Estrela.

Photo par Scott Groult.

Merci à Skip the Use, l’équipe du Lollapolooza Paris, Bubbling Bulb et Live Nation.


Écoutez le dernier single « Damn Cool » sur Deezer
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Découvrez le 1er clip « Forever more » issu du prochain album de Skip the Use « Future & Past » :

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