Le groupe anglais Urne était de passage au Hellfest 2025 le samedi 21 juin. Nous avons pu échanger avec la guitariste Angus Neyra et le batteur James Cook, quelques heures après leur set sur la scène Altar.

Pozzo Live : Bonjour ! Comment allez-vous ? Remis de votre set d’il y a à peine quelques heures ?

Angus Neyra : Oui, à peine. Je suis allé direct à la douche parce qu’il fait 36 degrés sur cette belle journée d’été au Hellfest. 

James Cook : Je ne suis pas sûr d’avoir arrêté de transpirer. Je crois que je transpire encore du concert, ça ne s’est pas encore arrêté… Je vais rester comme ça jusqu’à ce que je quitte la France.

Pozzo Live : Il ne faisait pas trop chaud sur scène ?

James Cook : C’est probablement l’un des concerts les plus chauds qu’on ait fait.

Angus Neyra : Oui, je suis un peu inquiet. Beaucoup de photographes avaient d’énormes objectifs et j’étais… J’avais… C’était pas beau à voir.

James Cook : Pour lui c’est encore pire parce qu’il est chauve, on peut voir les gouttes de sueur sur sa tête.

Angus Neyra : Exactement, tout en détail.

Pozzo Live : Vous commencez à connaître un peu la France, après avoir déjà joué 11 fois ici l’an dernier. Qu’est-ce que ça vous fait d’être à l’affiche du plus grand festival metal français après tout ça ?

Angus Neyra : C’est incroyable. Je ne sais même pas ce que j’imaginais mais ça surpasse toutes mes attentes. Je n’ai même pas encore eu la chance de faire le tour en tant que festivalier pour voir toutes les scènes ou les artéfacts très cool… C’est un lineup tellement incroyable. Pouvoir jouer ici aujourd’hui, c’est vraiment un honneur. Je me sens vraiment privilégié de pouvoir jouer aujourd’hui et j’adore notre set, c’est l’un de mes préférés je pense.

James Cook : Oui, je pense qu’on est dans une position privilégiée, maintenant. La France nous adore et ce n’est pas… On ne sait jamais, quand on sort de la musique, qui va l’aimer ou ne pas l’aimer. La France a l’air de nous adorer et, bizarrement, on l’adore aussi, donc ça rend les choses encore plus faciles.

Angus Neyra : Exactement.

James Cook : Pouvoir jouer sur les sacro-saintes terres du Hellfest aujourd’hui, comme on l’a fait, c’est un réel honneur.

Pozzo Live : Est-ce que c’est votre premier festival d’une telle ampleur ?

Angus Neyra : Non, on en a fait quelques-uns déjà.

James Cook : Oui, on en a fait.

Angus Neyra : Enfin, peut-être pas sur la même échelle. Le Hellfest est connu pour son lineup iconique. Je me souviens qu’il y a un Hellfest pour lequel je me suis dit “mais quel groupe ne fait pas le Hellfest ?” c’était complètement incroyable. L’Europe c’est plutôt cool pour nous en termes de festivals, et on adore y jouer, mais être ici aujourd’hui c’est vraiment très spécial.

James Cook : Oui, tout à fait.

Pozzo Live : Nous avons vu qu’un nouveau single, Harken the Waves est sorti fin mai, est-ce que cela veut dire que l’on peut s’attendre à d’autres nouveautés cette année ?

James Cook : Peut-être.

Angus Neyra : Peut-être.

James Cook : Je ne peux rien dire pour l’instant. Il y a des trucs qui arrivent. 

Angus Neyra : Je pense qu’on peut dire qu’une nouvelle chanson sort bientôt, mais sinon Harken est un bon échantillon de notre nouvelle musique. Elle fait neuf minutes, donc ça fait suffisamment de musique inédite de notre part, d’autant qu’elle est en collaboration avec Troy [Sanders] de Mastodon. C’est tout ce qu’on peut dire, mais on a hâte d’en partager plus bientôt. 

Pozzo Live : Vous l’avez déjà joué sur scène ? Comment le public l’a-t-il accueilli ?

James Cook : On ne l’a pas encore joué sur scène. Aujourd’hui c’était le dernier concert pour le cycle Feast on Sorrow, notre dernier album. La prochaine fois qu’on viendra, en Septembre, on commencera à le jouer et on verra. Vous pourrez nous reposer cette question à ce moment !

Angus Neyra : Oui ! Et puis on est très impatient de revenir en Septembre. On l’a dit, on adore la France, et avoir ces dates en Septembre en tête d’affiche ça veut dire qu’on va faire un set plus long, potentiellement de nouvelles chansons, qui sait ? Ouais, ça va être très cool.

James Cook : On parle toujours de nouveaux morceaux, mais je pense que cette fois ce seront d’anciennes chansons qu’on n’a jamais jouées avant, que je n’ai jamais jouées, donc ça va être très intéressant.

Angus Neyra : Exactement.

James Cook : J’ai super hâte.

Pozzo Live : Est-ce que vous arrivez à composer ou écrire de nouvelles idées durant vos tournées, ou bien préférez-vous vous concentrer sur la tournée ? 

James Cook : Non, Angus est un maître. Un génie. C’est tout, c’est vraiment tout ce que j’ai à dire. 

Angus Neyra : Merci beaucoup, je vais rougir. Non mais par exemple, l’un des riffs de Becoming the Ocean a été écrit… Je ne sais pas si j’ai déjà dit ça en interview donc vous avez peut-être une exclusivité, mais ça a été écrit dans la chambre d’hôtel d’un Travelodge juste avant un concert. C’est l’un des moments les plus tapageurs de tout ça, mais sinon quand on écrit c’est plutôt en salle de répétition et pas souvent quand on est sur la route. Quand on est en tournée on aime s’amuser, s’imprégner de la culture, visiter les villes…

James Cook : De mon côté, j’adorerais être capable d’écrire sur des périodes plus longues, surtout parce que je suis batteur. Tu commences à ressentir certaines choses, à bouger un peu avec le rythme et tu te dis “en fait j’aimerais bien mettre ce fill ici” parce que c’est ce que tu ressens sur l’instant et ça m’est déjà arrivé en live. Ensuite je me dis “mais pourquoi j’ai pas enregistré ce fill?” parce que je ne ressens pas le même truc au même moment. Je pense que la façon dont on a écrit par le passé et celle dont on écrira dans le futur sont très différentes. 

Angus Neyra : C’est toujours une question d’humeur. 

Pozzo Live : Écrivez-vous tous ensemble ou y-a-t-il un compositeur principal parmi vous ? Ou peut-être avez vous chacun vos idées de votre côté puis vous les rassemblez ?

James Cook : La seule chose que je peux dire c’est que je pense être celui qui écrit le moins, j’écris juste la batterie. Même quand j’étais plus jeune et que je regardais les gens sur YouTube qui peuvent jouer de tous les instruments, je n’ai jamais voulu être un touche-à-tout. Je voulais être, et j’essaie d’être, un maître d’une seule chose pour laquelle je suis bon et y aller le plus possible. Mais Joe et Angus sont de bien meilleurs compositeurs que je ne le suis.

Angus Neyra : Je pense qu’il y a une certaine façon de faire dans notre écriture maintenant, aussi. On se connaît depuis longtemps, mais Joe et moi avons été dans d’autres groupes par le passé, donc on sait ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas. Donc ça part d’une idée, qu’on écrit dans notre chambre… Ou parfois, c’est assez drôle, si on regarde dans mon téléphone j’ai plein de notes vocales de moi en train de faire du beatbox ou des riffs. 

James Cook : Ça arrive tout le temps. On est dans une navette entre l’hôtel et la salle de concert et je vois Joe en train de regarder son téléphone et de parcourir ça en faisant du beatbox.

Angus Neyra : Ensuite on part de là, on fait le tri en salle de répétitions. Il y a aussi beaucoup de groupes maintenant qui ont des logiciels et du matériel à la maison. On a fait l’acquisition de ça récemment mais on n’a pas encore compris comment ça fonctionne et comment on l’utilise. Donc on a toujours été un groupe qui écrit en salle de répète. Maintenant qu’on a du matériel, ça va évoluer. Je pourrai juste trouver un riff, l’enregistrer rapidement à la maison et voir où ça nous mène.

James Cook : Je vois la musique comme quelque chose de super organique, et les trucs organiques ça peut changer avec le temps. Ça peut muter, évoluer, et j’aime à me dire que c’est ce qu’il se passe avec notre musique. Je l’ai dit plus tôt mais parfois je mets des fills ou des morceaux de batterie qui n’étaient pas sur l’album mais qui me plaisent à jouer sur le moment, et puis les gars viennent et me disent de garder ça et je me dis “euh quelle partie ?” parce que je ne me souviens même pas de ce que j’ai joué. Ça grandit avec le temps et j’adore ça, vraiment j’adore.

Pozzo Live : Nous parlions tout juste de tournée. Y a-t-il un pays, un endroit où vous n’êtes encore jamais allé et où vous voudriez vous produire un jour ?

James Cook : J’en ai fait beaucoup… J’aimerais aller en Amérique. J’adorerais parce que c’est grandiose et que je n’y suis jamais allé. L’Australie ce serait fantastique. Avec d’anciens groupes je suis allé au Japon, des choses comme ça et ça a été un privilège d’aller dans ces pays. Je ne sais pas pour toi ? Je sais que tu adores le Japon. 

Angus Neyra : Oui, j’adore le Japon. Je n’y suis jamais allé même en vacances ou quoi que ce soit. Ma petite-amie serait en colère si on allait y faire un concert avant qu’on puisse y aller en vacances ensemble, elle me dirait “ah tu y es allé sans moi ?”. Mais j’adorerais aller y jouer aussi, ce serait un endroit incroyable pour un concert.

James Cook : Au fond, pour nous, les trois mecs du Royaume-Uni, on est très privilégiés de pouvoir jouer dans n’importe quel pays qui nous y invite. Je pense que c’est pris pour acquis par beaucoup de gens. Le fait que par exemple je n’aurais jamais pensé que moi en tant que batteur ou nous en tant que groupe on serait aussi bien accueillis qu’on l’est en France. On a eu tellement de belles expériences dans d’autres pays et ce n’est pas ce à quoi on s’attend, c’est ce qu’on espère, mais on ne se dit pas qu’on est certains que ça arrive. C’est un plaisir et un privilège.

Angus Neyra : Absolument. 

Pozzo Live : Avez-vous une anecdote de tournée drôle ou notable que vous voudriez partager avec nous ?

James Cook : Tellement.

Angus Neyra : Vous nous mettez au pied du mur il va falloir qu’on réfléchisse à une.

James Cook : La première à laquelle je pense toujours c’était à Tallinn, en Estonie, où on est devenus un gang en trottinettes électriques. On a acheté des bières et on est descendus à la plage avec, des choses comme ça. Personne n’aurait pu nous arrêter.

Angus Neyra : C’était comme dans Grease.

James Cook : Mais sur des trottinettes électriques. On allait pied au plancher jusqu’à ce que la batterie ne meure. 

Angus Neyra : A la vitesse de la lumière sur des trottinettes électriques, à 60 km/h. 

James Cook : C’est ce qui est marrant en dehors du concert, c’est qu’on était en première partie de Gojira et en tant que jeune groupe c’est complètement improbable, ça ne devrait pas arriver. Comme je l’ai dit, on est très privilégiés d’être dans cette position. Donc oui, c’était génial ce moment à Tallinn, n’est-ce pas ?

Pozzo Live : Gojira, la France, encore et toujours.

James Cook : Oui ! Et le problème avec la France c’est qu’on y est tellement venus qu’il y a plein d’histoires. Certaines d’entre elles ne sont pas appropriées dans cette situation… Vous faites du très bon vin.

Angus Neyra : Ouais, du très très bon vin.

Pozzo Live : Dernière question et c’est la même pour toutes les personnes que nous interviewons. Quel groupe ou artiste suggéreriez-vous à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?

Angus Neyra : Très bonne question.

James Cook : Est-ce que tout le monde a du mal avec cette question ? 

Pozzo Live : Oui

James Cook : Heureusement !

Angus Neyra : Je ne sais pas à quel point vous connaissez Moutain Caller, mais ce sont de bons amis. C’est aussi un trio du Royaume-Uni, des musiciens incroyables. Leurs albums sont des albums-concepts aussi, mais principalement de l’instrumental, il y a peut-être un morceau par album avec des voix dessus, mais ils laissent la musique parler pour elle-même. Donc ouais, je dirais Mountain Caller, du Royaume-Uni.

James Cook : En plus c’est un groupe majoritairement féminin et ils sont incroyables. Géniaux à regarder. C’est une petite dédicace à Mountain Caller.

Angus Neyra : Ou si vous voulez un autre groupe, il y a aussi Deaf Heaven. Ils sont juste ici, je ne sais pas si vous les avez déjà interviewés ? Leur nouvel album est un de mes préférés de cette année, donc j’ai hâte de les voir tout à l’heure.

Pozzo Live : Vous allez aller les voir ?

James Cook : Moi je vais aller ailleurs pour Turnstile. Ils ont fait des choses géniales pour ce genre musical, ils ont explosé à un point fou et c’est génial de voir un groupe faire ça de façon positive. On ne peut pas s’empêcher d’adorer.

Merci à Angus Neyra et James Cook pour leur temps et leur bonne humeur. 

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