VERS L’INFINI ET AU-DELA !
Mine de rien, en l’espace de quelques années, le groupe australien Amyl And The Sniffers repéré par le label Rough Trade a su s’imposer à la force du poignet au sein de la scène rock internationale pour se placer d’emblée comme l’une des valeurs montantes du genre. Ainsi, après 2 EP, 2 albums et quelques singles, la formation de Melbourne semble avoir un boulevard devant elle pour transformer l’essai et se placer dans la cour des grands. Il faut dire qu’en plus de ses disques unanimement salués par la critique, Amyl And The Sniffers bénéficie d’une jolie réputation scénique, notamment grâce aux prestations survoltées de la chanteuse, Amy Taylor.
Dans le cadre d’une mini tournée européenne sur mai/juin, le groupe est présent en ce mardi 4 juin à Toulouse dans l’enceinte d’un Bikini sold-out sous la houlette d’une coproduction entre les associations Noiser et Regarts. Il faut dire que cette date est assez spéciale dans cette tournée puisque c’est la seule à se dérouler dans une salle, hors festival. À quelques semaines de sa tournée aux USA prévue pour juillet 2024, le concert de ce soir est donc l’occasion idéale pour les australiens de tester leur set avant de se frotter au public ricain…
COMIC SANS : LA FOUGUE DE LA JEUNESSE ?
En guise d’opener, c’est le jeune groupe féminin / féministe Comic Sans qui se charge de démarrer cette date toulousaine. Tout droit venu du Royaume-Uni, le quatuor taille d’entrée de jeu dans le lard avec une intro suivi de « Public Service Announcement », un morceau rugueux aux accent rock indé alternatif. L’ensemble prend plutôt bien, les musiciennes font bien le job mais à y regarder de plus près, on sent que le groupe est encore très jeune et que les influences (notamment Amyl And The Sniffers) ne sont pas encore toutes digérées.
Rien de rédhibitoire, car Comic Sans maîtrise son sujet mais il manque un peu de personnalité musicale pour véritablement s’imposer. La marge de progression est bien réelle. Ceci étant, à l’image de la chanteuse Rachelle, le groupe se donne bien sur scène et parvient à capter l’attention de l’auditoire grâce à des morceaux basiques et sans originalité certes, mais qui accrochent ! C’est bien là l’essentiel…
Setlist :
• Intro
• Public Service Announcement
• Morning Haze
• Talk Show Host
• Twilight
• Man
• Mr President
• Trophy Wife Life
• Winter In Sockho
MONTÉE EN PUISSANCE…
110 concerts en 2022, 70 en 2023 et l’année 2024 se présente d’ores et déjà bien chargée pour Amyl And The Sniffers avec notamment une tournée américaine et une tournée européenne à la clé. Autant dire que les australiens qui ont repris du service courant mai avec la sortie d’un tout nouveau 7″ intitulé U Should Not Be Doing That / Facts sont gonflés à bloc ! De son côté, le public du Bikini l’est aussi et déjà impatient d’en découdre avec les héros de ce soir…
Ainsi, passée la petite intro et dès l’arrivée du groupe sur scène bières à la main sur « Control », l’assemblée bouge comme un seul homme dans le pit, à la plus grande joie des australiens qui arrivent aussitôt en pays conquis. Il n’en fallait pas moins pour qu’Amy Taylor démarre au quart de tour et se donne à fond. En l’espace de quelques seconde, la jeune femme se transforme en bête de scène survoltée, à la façon d’un Iggy Pop au féminin ! En effet, la chanteuse arpente la scène de bout en bout, harangue le public et crache se tripes dans le micro comme si chaque note était la dernière tant l’intensité est au rendez-vous (« Starfire 500 », « Freaks To The Front », « Tiny Bikini »).
Véritable mix entre Blondie et Wendy O. Williams des Plasmatics, Amy Taylor n’en reste pas moins une artiste à part entière à la personnalité bien trempée. Ainsi, même si on sent ici et là l’influence de ses illustres aînées, la frontwoman est charismatique à souhait et ne surjoue pas son personnage. Malgré un chant scandé assez limité (il n’y a pas de grandes envolées lyriques), force est de constater qu’Amy maîtrise son sujet et compense la technique par beaucoup (mais alors beaucoup) d’énergie communicative et d’intention !
En ce qui concerne la setlist, comme on pouvait légitimement s’y attendre, Amyl And The Sniffers s’attarde sur ses deux albums de manière assez équilibrée puisqu’on retrouve entre autres tous les morceaux les plus emblématiques du disque éponyme de 2019 (« Got You », « GFY », « Control », « Shake Ya », …) et des titres comme « Freaks To The Front », « Guided By Angels », « Maggot » ou le hit « Hertz » issus du dernier album en date, Comfort To Me (2021). Le public qui semble connaître par cœur les morceaux reprend lui, les refrains à gorge déployée dans le pit ! Petite cerise sur le gâteau, le groupe jouera ce soir les singles « U Should Not Be Doing That » puis « Facts » sorti il y a quelques jours à peine et qui figureront dans le prochain album. Autant dire que même si l’audience toulousains n’en connaissant pas (encore) les paroles, les compositions semblent taillées pour le live tant ça tape là où fait mal avec de bonnes accroches, notamment la grosse intro à la batterie et le refrain de « Facts ».
PLEIN GAZ !
Du côté de la section rythmique basse / batterie tenue de main de maître par le tandem Gus Romer / Bryce Wilson, on a l’impression de se retrouver devant la sacro-sainte marque de fabrique des rythmiques australiennes solides, jadis tenue par Geordie Leach / Dallas « Digger » Royal de Rose Tattoo ou Mark Evans puis Cliff Williams / Phil Rudd d’AC/DC tant le duo ce soir est redoutable d’efficacité (« Guided By Angels », « Security », « Balaclava Lover Boogie », …). À la fois basique, rugueux mais parfaitement carré, ce pilonnage ne souffre d’aucun défaut et permet au guitariste Declan Martens de dérouler des riffs et des gimmicks qui marquent (« Hertz », « Snakes » ou « Knifey »).
Devant, Amy Taylor fait le show et se donne sans compter à la plus grande joie du public qui répond favorablement à toutes ses sollicitations. Pour autant, la frontwoman n’en oublie pas de chanter et délivre une prestation de haute volée (« Guided By Angels », « Knifey »). Malgré la débauche d’énergie déployée, Amy tient le coup et ne s’essouffle pas trop au travers des morceaux, comme on aurait pu le craindre tant l’entame de set est parti tambour battant ! Mieux encore : cette petite boule de nerf gouailleuse monte en puissance au fil du concert pour tout exploser sur la doublette finale « Hertz » et « Some Mutts (Can’t Be Muzzled) ». Quelle puissance !
En fin de comptes, après un set d’un peu plus d’une heure, Amyl And The Sniffers a démontré son immense savoir-faire et a prouvé à tout le monde que le groupe n’en est pas arrivé là par hasard. Le public du Bikini a fini à genoux, suintant, fatigué, éreinté, courbaturé… mais heureux ! Devant une telle prestation, on sent effectivement qu’Amyl And The Sniffers possède toutes les cartes en main pour réussir d’ici peu à s’imposer pour de bon et rester dans le haut du panier de la scène rock internationale… Wait and see, donc.
Setlist :
• Control
• Starfire 500
• Freaks To The Front
• Tiny Bikini
• Got You
• GFY
• U Should Not Be Doing That
• Security
• Snakes
• Maggot
• Balaclava Lover Boogie
• Guided By Angels
• Loser
• Capital
• Shake Ya
• Knifey
• Facts
• Hertz
• Some Mutts (Can’t Be Muzzled)
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