A la maison. Et loin, très très loin. C’est ainsi que nous nous sommes sentis jeudi 24 janvier au soir, au Zénith de Paris, en douce et brûlante compagnie, avec Feu!Chatterton.

Ces copains de lycée ont bâti une solide cohésion au sein du groupe, un répertoire déjà très riche en deux EP et deux albums, plusieurs fois primés. Autour d’Arthur Teboul, chanteur et auteur de Feu ! Chatterton, dandy jusqu’au bout des bottes au flegme félin et souriant, ondulaient Clément Doumic, Sébastien Wolf, Raphaël de Pressigny et Antoine Wilson, incarnant une vraie décontraction, une sexyness parisienne, tranquille.

« Le tendre passé qui nous hante croit comme un jardin vivant… » Grace, L’oiseleur

Leur premier album, Ici le jour a tout enseveli, a été le plus traversé durant le concert. Le potentiel tubesque et dansant de nombreux morceaux, comme La mort dans la pinède qui les fit connaître en 2012, Fou à Lier, Ophélie, s’est fait clairement sentir, côtoyant les envolées mélancoliques si caractéristiques du groupe. L’oiseleur, leur deuxième album sorti en 2018, s’est fait plus discret mais agissait comme exhausteur de l’ensemble, ou bien installait une vraie mélancolie, avec le somptueux Souvenir en milieu de set, et le très érotique Sari d’Orcino pour terminer le concert, quintessence de leur esthétique reconnaissable entre toutes. Le song-writing exceptionnel de Teboul, et la liberté rêveuse prise par les musiciens pour sortir d’un certain canon radiophonique, débordant les cadres, nous a fait décoller. Soignant ses transitions, le chanteur nous parle souvent, il nous tease, canaille, tandis que les guitaristes sautent et dansent avec lui.

« Et ma hargne se dilue dans un océan de quiétude, et de liquide… » L’ivresse, L’oiseleur

Feu ! Chatterton nous a servi un vrai spectacle, tout en énergie, nous faisant grimper doucement aux rideaux, dans une scénographie épurée composée de miroirs, néons, et lumières très 80’s. On se croyait dans un club enfumé où pulsaient des basses profondes, des synthés pudiques, la voix-grigri du chanteur, où tout nous ramenait à nos souvenirs de vacances, à nos passions, à nos désirs de partir, de voir nos amis. Quelle douceur dans leurs gestes, et en même temps, quelle présence, quelle envie de mordre la scène ! On les sentait frissonner, et réellement prendre du plaisir, ça n’a échappé à personne et la salle était aux anges.

« J’ai pris ton corps nu, il avait un goût de melon. » Sari d’Orcino, L’oiseleur

Ce concert était comme un pays, une île. Chaque morceau devenait une escale, un bout de plage, une nuit sous les étoiles, un soupir languide, un souvenir coloré et un peu triste, une sarabande, une traversée de l’Océan Atlantique vers l’Amérique du Sud, un grand bouquet de camélias, le jus sucré d’un fruit dégoulinant sur une peau. Arrêtons le lyrisme : il ne serait qu’une pâle copie de ce grand moment amoureux et inspirant que nous avons vécu. Ce qui est certain, c’est que Feu ! Chatterton a tout compris : après une montée progressive, toute en aisance, nous voilà cueillis par un long moment méditatif avec l’Aube, puis le sexe et les vapeurs d’alcool reviennent de plus belles avec l’Ivresse, nous sommes chauds, et le spectacle ne fait qu’accélérer notre pouls jusqu’à la fin, célébrant l’amour, la fête, jusqu’à l’explosion de La Malinche qui vint clôturer le 1er rappel. Jouissif, donc.

Merci à Astérios Production pour ce beau moment passé avec les artistes.

Live report : Margot Ferrera

Photographie : Pauline Ferrera

 

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