Live reports | Ready For Prog? Festival : le jour final d'une troisième édition hors du temps

Si la soirée précédente n’avait pas fait salle comble malgré une affiche aux petits oignons, on ne peut pas en dire autant pour ce second jour du Ready For Prog? Festival. Ce samedi affichait sold out quelques jours auparavant, et c’est tant mieux (désolé pour celles et ceux qui n’ont pas pu venir cependant). Il faut dire que Leprous n’y est sans doute pas pour rien : leur côte de popularité a explosé ces deux dernières années, si bien qu’il est rare qu’il reste des places sur les soirées live où ils passent. Pour autant, les norvégiens n’étaient pas les seuls qui devaient retenir l’attention ce soir puisque le reste de l’affiche était tout aussi alléchant et réservait de bien belles surprises.

Conscience :

Le Ready For Prog? est l’occasion de représenter le metal progressif sous toutes ses formes, mais aussi et surtout sous toutes les nationalités. Ainsi, force est de constater que les français n’ont pas à rougir quant à leur appartenance au genre. Après Altesia et Mörglbl la veille, c’est Conscience qui vient prendre le relais afin de démontrer que dans l’hexagone aussi on sait jouer du prog ! Navigant sur un metal progressif influencé par des groupes tels que Evergrey ou Pain of Salvation, la formation défendra avec justesse son dernier album, In the Solace of Harm’s Way, sorti peu avant le confinement. Une fois de plus, le public est ravi. Comment pourrait-il en être autrement de toute manière ? La technique est irréprochable, le groupe fait preuve d’une bonne humeur significative et agrémentera son show d’une manière assez originale en proposant un medley regroupant Metallica, Dream Theater, Lady Gaga et LMFAO. Ultra Vomit n’a qu’à bien se tenir !

Poem :

Tout droit venu de Grèce, Poem a foulé pour la première fois ce soir la scène du Ready For Prog?, et plus particulièrement le sol de la ville Rose. Leur joie d’être présents ici semblait assez évidente au vu du sourire arboré par les membres du groupe. La musique proposée est variée, tantôt pêchue, tantôt mélodique, et même planante, faisant la part belle à la transmission d’émotions. L’ensemble est soutenu par un chanteur à la voix exceptionnelle, aussi à l’aise en chant clair qu’en saturé ! Bien évidemment comme il est de coutume pour le style, tous les musiciens sont irréprochables, le bassiste allant même jusqu’à finir le set sur un incroyable tapping de basse. Personnellement, j’y ai retrouvé un petit côté groovy rappelant Caligula’s Horse. Quoi qu’il en soit, Poem était un groupe à ne rater sous aucun prétexte ; une très belle découverte en ce qui me concerne !

Kadinja :

Bon, les belles mélodies et les émotions c’est bien joli, mais quand est-ce que ça tape ? C’est ce que vient nous rappeler Kadinja avec son entrée fracassante sur des riffs bien graves. Le prog classique c’est bien, mais si vous voulez vous défouler sur des pogos bien violents, rien de mieux que le djent ! Après un morceau d’intro à l’instrumental bien syncopé, le chanteur fait son entrée sur un titre de Korn, Falling Away From Me. Petite particularité ce soir : le vocaliste ici présent n’est pas un membre habituel du groupe mais un chanteur de session. En effet, le chanteur de Kadinja a quitté le groupe quelques jours auparavant. Pour autant, cette recrue éphémère se révèle être un excellent parti : totalement en phase avec l’esprit coreux du groupe, ce dernier se donne à fond en faisant preuve d’une énergie débordante. Une fois de plus, la maîtrise des musiciens est évidente et musicalement, le groupe envoie du lourd. Malgré de rares pogos (le progueux est un public timide), ça headbang sec dans la salle. Les influences telles que Periphery et Marilyn Manson sautent aux yeux, si bien que le quatuor reprendra même This is the New Shit de la star américaine pour clôturer son show. On peut dire que les parisiens ont assuré leur prestation, qui venait remplacer celle de Jack The Joker initialement prévue.

Leprous :

On ne va pas se leurrer, si le Ready For Prog? a fait salle comble sur ce deuxième jour, c’est bien grâce à Leprous. Fort de sept albums studio et d’une renommée à la croissance exponentielle depuis quelques deux ans, le groupe se trouve être pour beaucoup une porte d’entrée vers le monde du metal grâce à des albums fortement teintés d’éléments pop. Ainsi, la tension était palpable au sein du public pendant l’attente précédent le show.

Ce sont les deux premières notes de synthé de Running Low et l’arrivée sur scène d’Einar Solberg, seul, qui donnent le top départ. Le reste du groupe arrivera ensuite au compte goutte pour compléter le tableau. La scène est sombre et sobre, imposant une certaine classe modeste, à l’image du groupe. La voix d’Einar est tout bonnement sublime, comme à l’accoutumée, et les musiciens sont au top de leur forme malgré quelques problèmes de son un peu trop bas, en particulier sur la guitare de Tor Oddmund et les parties de scream d’Einar. Simen Børven aura droit à une intro en solo bien mise en avant sur Rewind, et une session de chant sur Out of Here. Robin Ognedal se fera quelque peu timide sur le flanc droit de la scène tandis qu’Einar sera plus bavard que jamais ! D’ordinaire particulièrement timide et peu communiquant, ce dernier prendra la parole à plusieurs reprises et parviendra à amuser le public avec des blagues durant les phases de vide entre deux chansons.
De fait, le retour aux concerts n’a pas été facile pour tout le monde puisque les synthés se montreront réticents à quelques reprises. Pour autant, le groupe ne se laisse pas démonter et profite de l’instant pour plaisanter avec le public. Ce dernier chantant en cœur sur plusieurs titres (Running Low, The Price, Below, From the Flame…), Einar ajoutera avec humour qu’il trouve toujours qu’il chante faux sur les versions live de Running Low, mais qu’il est rassuré de voir que nous chantons encore plus faux ! Baard Kolstad quant à lui reste fidèle à sa réputation en faisant preuve d’une maîtrise absolue de sa batterie. Il est toujours incroyable de le voir jouer avec tant d’aisance des structures si… destructurées ! Rewind, The Sky is Red et le court solo de batterie improvisé sur The Price seront les plus beaux moments pour admirer son talent.

Cette soirée est aussi l’occasion pour le groupe de jouer pour la première fois On Hold sur scène, qui n’avait pas été présenté lors des sessions live en ligne. À ce sujet, le groupe finira son set d’avant rappel avec Nighttime Disguise, titre coécrit avec les fans lors d’une séance live comme nous l’expliquera le groupe. Le concert sera clôturé sur The Sky is Red, morceau devenu emblématique tant il incorpore tout ce qui a fait le succès de Leprous.

En bref, ce concert était mémorable. Chose amusante, le dernier vrai live de Leprous avait eu lieu à Toulouse quelques jours avant le confinement, et cette date au ReadyForProg? était leur première post covid. Ainsi, le groupe nous avouera que Toulouse est un lieu bien spécial pour eux. L’ensemble de la salle était aux anges, tant dans le public que chez les artistes, et il est évident que ce retour aux concerts a marqué un moment de grâce pour tous. Enfin, le groupe descendra des loges en fin de soirée pour discuter avec les fans et signer quelques autographes. Une soirée parfaite en tous points !

Avec deux jours intenses de musique et d’émotions, le Ready For Prog? Festival signe une troisième édition magnifique, à l’ambiance bien particulière. Une sorte d’euphorie flottait dans les airs durant toute la durée des concerts, et c’est sans aucun doute que cette édition restera dans les mémoires. On a vraiment hâte de la prochaine !

En attendant la suite, vous pouvez les avancées du festival sur leur site internet, ou sur leur page Facebook. De plus, vous pouvez retrouver toutes nos interviews ici. Pour nos chroniques, ça se passe là.

Setlist Conscience :