A l’aube du nouveau single de Lucie Sue : Battlestation, nous avions eu la chance de la rencontrer lors d’une chaude matinée d’automne. Projets pour l’avenir, retour sur son premier album et teasing du prochain avaient été à l’ordre du jour au cours de cette interview fleuve que nous vous partageons !
Hellfest, manager et rock n’ roll
Pozzo Live : Salut Lucie ! Comment vas-tu ?
Lucie : Ça va très bien ! Je suis programmée au Hellfest ! On joue sur la Mainstage 1, le samedi, vers midi ! C’est la plus grosse scène, le meilleur jour. J’ouvre les hostilités du samedi, c’est super cool !
Pozzo Live : Tu dois être tellement contente !
Lucie : Quand mon manager me l’a annoncé… Limite, en fait, je trouvais ça normal… en mode « Ah cool ! »… Et après, j’ai réalisé « Attends, quoi? Whoa ! Arrêtez tout ! Mainstage 1? Le samedi ? ». Bon, j’avais déjà joué sur la MainStage 2 avec Steel Panther. Je connais déjà, mais là on y sera pour nous ! Avec toute la légitimité qui va avec !
Pozzo Live : Tu penses que ça a joué que tu sois montée sur scène avec Steel Panther en 2022?
Lucie : C’est sûr que j’ai gagné des points ce jour-là. Ce sont pleins de petits concours de circonstances, de petits miracles qui m’aident à avancer dans la vie.
Pozzo Live : D’ici là, vous avez des choses de prévu?
Lucie : Oui ! On est sur deux plans incroyables avec 2 super groupes, mais c’est pas encore signé, alors pour le moment, je préfère ne rien dire.
Pozzo Live : J’y pense mais tu reviens déjà de plusieurs dates de concerts donc tu dois être un peu crevée.
Lucie : Oui, j’arrête pas ! On est à fond pour monter une équipe solide. Donc il faut beaucoup de calls avec tous nos partenaires, préparer la stratégie pour les sorties. Et surtout, il faut que je sois super présente sur les réseaux sociaux pour faire monter l’algorithme : que je prépare des vidéos, des posts. Tout est important. Et tout cela en plus de s’occuper de mes enfants et de mon travail de tous les jours : je suis graphiste… Je n’ai pas le temps de relâcher la pression.
L’autre bonne nouvelle, c’est que j’ai signé avec l’ancien manager de Gojira, Richard Gamba.
Pozzo Live : Tu as signé ça quand ?
Lucie : On est en train de finir la rédaction du contrat mais il m’aide depuis cet été. Il m’a trouvé un super tourneur allemand, We Live, qui s’occupes de pleins de groupes incroyables. Il va s’occuper de ma tournée européenne et bosse avec des agents de pleins de pays.
Pozzo Live : C’est sûr que si les gens savent que tu vas au Hellfest, ça va ouvrir pas mal de portes.
Lucie : Ah beh oui, être au Hellfest c’est la meilleure carte de visite ! C’est un gage de qualité. Surtout la Mainstage 1 ! Grâce à Richard et au travail que j’ai fourni aussi, il y a tout qui bouge d’un coup et ça, c’est génial. Richard est trop fort et connait tout le monde !
Pozzo Live : C’est la visibilité qui fait tout maintenant.
Lucie : Bah ouais, tu peux être mauvais et faire de la musique de merde, mais si tu montres tes nichons ou que tu as pleins de followers, ça marche quand même ! Etre connu n’est pas un gage de qualité. Et ça, c’est le gros dilemme d’ailleurs : faut-il ou non montrer ses nichons? Je pourrais car j’ai tout le matos qu’il faut, mais je n’ai pas envie de tomber là dedans. Il y a pleins de nanas qui font de la guitare avec le décolleté bien en avant. Je pourrais et ça cartonnerait. Mais bon, ce n’est pas dans mes principes.
Pozzo Live : Vu qu’on vient sur un sujet féminin, depuis quelques temps au Hellfest, il y a toute une réflexion sur le More Women on Stage. En 2023, Il y avait eu Grandma’s Ashes qui avait lancé un signal en fin de concert sur la Valley.
Lucie : Oui, je m’en rappelle, j’étais là. Et elles ont raison. Je ne me souviens plus bien des chiffres exacts, mais elles avaient calculé que sur les 600 artistes se produisant sur scène, cette année-là, il n’y avait que 20 filles. On avait tous halluciné.
Pozzo Live : L’année dernière, j’avais justement compté et je ne sais pas si c’était fait exprès mais il y avait pour le coup plus de filles sur scène.
Lucie : C’est pareil pour l’Atabal. J’avais compté il y a un an ou deux et regardé les photos et c’était hallucinant.
Pozzo Live : Tu penses que c’est dû à quoi ? Une discrimination ?
Lucie : Pas vraiment une discrimination. C’est juste qu’on a toujours mis dans la tête des gens que le rock c’était fait pour les garçons. Enfin non, ce n’est pas fait POUR les garçons mais que c’est fait PAR les garçons. Du coup, les filles ne se sont jamais autorisées à en faire. C’est pareil pour le skateboard ou d’autres sports. De plus en plus de filles osent enfin s’y mettre, et montrent l’exemple, comme des pionnières. Moi aussi, je montre l’exemple en faisant de la musique. Cela viendra au fur et-à-mesure. Ca ne peut pas changer de suite. S’ils devaient programmer autant de groupes de filles que de mecs, ils ne pourraient pas, car il n’y en a pas. Mais il faut montrer l’exemple pour qu’un max de filles se disent qu’elles aussi sont capables de le faire.
Pozzo Live : Revenons à la scène en tant que tel ! Alors, ce concert à l’Atabal ?
Lucie : C’était trop bien. On a trop bien joué : c’était le feu ! Il y avait vraiment un super son ! Le groupe FFF était là sur les côtés de la scène et ils sont restés quatre ou cinq chansons avec le gros smile. Ils ont trop kiffé et sont même venus me le dire à la fin.
Pozzo Live : Si tu devais aller en tournée, quel serait le pays où tu rêverais d’aller ? Une ville en particulier ou un endroit ?
Lucie : Hum, en vrai, aucun en particulier. Quoi que, les Etats-Unis ! Le Canada aussi ! J’aimerais bien aller à Vancouver et faire les pays du Nord genre Scandinavie ! L’Australie aussi.
Pozzo Live : Mais si tu partais en tournée avec We Live, ça serait plutôt en Europe ?
Lucie : Oui ! Surtout l’Allemagne ! Ils adorent le rock et ils ont un public fou. J’en ai marre de jouer ma musique devant des gens qui sont mous, alors que je sais que ma musique est cool et qu’en Allemagne le public serait comme des dingues. Ils vont tout donner et ça va être génial. Le Japon aussi ! Ce sont des bons geeks du rock les japonais. Je sais qu’il y a des pays où ça va bouger et ça sera génial !
C’est drôle parce qu’en ce moment, dans ma vie, tout tourne autour de l’Allemagne. Le tourneur est allemand, j’ai des RP allemands, une RP radio aussi qui vit à Berlin, mon ex est allemand, mes plus gros clients en graphisme sont allemands. Tout me mène là-bas ! Alors allons-y. Dans tous les cas, ça marchera mieux qu’en France.
Pozzo Live : Ah oui, tu penses que la France n’aime pas le rock ?
Lucie : Quand tu vas en Allemagne, tu allumes la radio et c’est bourré de radios rock ! Je te parle de radios nationales, que tu captes dans la voiture. Aux Etats-Unis, c’est pareil. Ils te passent même du rock dans la rue ! A l’extérieur ! Si tu vas à l’aéroport à L.A., il y a des photos de Kiss, de Bruce Springsteen format XXL ! Dans l’aéroport !
Jamais tu ne verras ça à Paris… En France, la culture du rock n’est plus la même. Il n’y a plus une seule radio rock ! Ici, au Pays Basque on a la chance de capter Rock FM mais c’est espagnol. La France, c’est du mauvais hip hop, RnB, ou de la pop niaise de bobo parisien, que je ne supporte pas.
Pozzo Live : Est-ce que tu crois pas que ça prend de l’ampleur dans le commun des mortels? Il y a pleins de petits festivals qui sont en train de se développer. Mais je suis d’accord avec toi concernant les radios. Mais il y a quand même des gens comme Zegut qui essayent de faire des choses même si uniquement pendant une heure.
Lucie : Oui mais je suis incapable de te dire sur quelle radio est Zegut. A l’époque, quand j’ai découvert la musique grunge, ça passait sur Fun Radio. Quand je raconte ça à Enzo, notre guitariste de 24 ans, il ne me croit pas ! Alice In Chains ou Rage Against The Machine, ça passait à la radio.
Pozzo Live : C’est vrai qu’à l’époque quand Guns n’ Roses a sorti son single Chinese Democracy, ça passait sur les ondes. Bon à 23h… mais ça passait sur NRJ.
Lucie : Maintenant il n’y a plus ça. C’est d’ailleurs pour ça que mon premier album s’appelle To Sing In French. J’étais remontée à ce sujet. C’est à cause de la loi Toubon qui a imposé un quota de chanson en français sur les ondes.
Pozzo Live : Est-ce que tu penses que le français n’est pas une langue qui permet de faire du rock ?
Lucie : Le rock vient des Etats-Unis ou d’Angleterre, et à partir du moment où il y a eu cette loi, ça a viré vers la pop et le rap. C’est à cause de cette loi qu’on a perdu tout ca. Il y a du rock français mais j’ai vraiment du mal avec les paroles en français…
Qu’on nous empêche d’écouter de la musique anglaise juste à cause de cette loi, ça m’énerve. Je suis française, je paie mes impôts en France et je suis fière d’être française mais je ne vais pas passer sur la radio parce que je chante en anglais ? Et pourquoi ? Les gens me disent que c’est dommage de ne pas chanter en français vu que ça me sort des quotas. Mais tant pis, je fais ce que je veux ! Donc si la France ne veut pas de moi, je vais d’abord aller me faire connaître ailleurs et je reviendrai après !
Pozzo Live : Mais avec les JO, tu ne crois pas que ça va changer ?
Lucie : Ca peut ! J’étais trop fière de voir Gojira au JO ! La communauté métal est enfin été représenté auprès du grand public.
Pozzo Live : Et pour le coup, c’est local Gojira.
Lucie : Oui, on est presque voisins ! Mais eux ont cartonné à l’étranger AVANT de passer aux J.O.
Pozzo Live : C’est vrai, j’avais assisté à un de leur concert à l’époque de Godzilla mais ça n’avait pas forcément eu l’ampleur d’aujourd’hui. Après, il faut peut-être attendre que ça monte ça petit à petit.
Lucie : Certes mais je n’ai pas le temps de faire ça. Tu vois, j’ai 46 ans. Je sais qu’à un moment, je vais être ménopausée, avoir des rides et la peau qui pend donc je ne serais plus vendable. La plupart des gens jugent sur le physique et c’est nul mais c’est la réalité. Les vieux rockeurs, y en a pleins et on leur pardonne tout et surtout leurs rides. Mais t’en vois beaucoup des vieilles rockeuses qui assument leurs rides en remplissant des stades?
Pozzo Live : J’allais te citer Dolly Parton en exemple mais c’est très américain.
Lucie : Moi, j’allais te dire Madonna mais elle est complètement refaite donc est-ce que ça compte vraiment. La plus rockeuse que j’ai trouvé, c’est Tina Turner. C’est tout… Le reste ne fait pas du rock.
Dans le métal actuellement, il n’y a presque pas de place pour la femme musicienne. Ou la vraie fan. Il y a un énorme pourcentage de Rock Widows, ces filles objets qui s’habillent en harnais. Et ça sert à quoi un harnais ? A la soumission. Nous, on veut des meufs sur scène ! Qui jouent et pas seulement en potiche pour faire joli. Les seules filles qu’on voit sur scène sont soit chanteuses, bassistes. Le reste est très rare.
Pozzo Live : La Bassiste de Whitesnake !
Lucie : Oui, Dragonforce. Tanya O’Callaghan joue vraiment bien. Mais ça commence à changer. Il y a bien Zaza, la batteuse de Furies, qui défonce tout et on commence à voir des guitaristes.
Pozzo Live : Elle a un style, elle a la banane, elle est contente d’être là.
Lucie : Je le répète sans arrêt au reste du groupe, le sourire est hyper important. Le public doit voir que tu es content d’être là. Si tu tires la gueule non stp, c’est nul. J’avais vu Beck quand j’étais jeune en grande fan que j’étais. Il a tiré la gueule tout le concert, à la limite de nous insulter. Ca m’a soulé : du coup, maintenant, je l’aime moins.
Quand tu vas à un concert, t’as envie de vivre un moment exceptionnel, d’avoir une relation spéciale avec l’artiste. J’ai eu le déclic devant Iron Maiden, à me dire « Ca fait cinquante ans qu’ils jouent et c’est toujours le même kiff. » J’ai été subjugué parce que Bruce chante trop bien. Il a toujours la banane, ils font les cons sur scène et c’est du bonheur pour le public.
RETOUR VERS LE PASSE
Pozzo Live : Ton premier album, tu l’avais fait toute seule ?
Lucie : Oui, toute seule. Enfin sauf la batterie où j’ai demandé de l’aide. Il y a eu trois batteurs sur cet album. Pour le deuxième, c’est Mitch qui a tout fait. Enzo s’est collés aux guitares, même si je l’ai un peu aidé et j’ai surtout fait la basse. Mon frère a un studio à Paris et nous a également aidé. On a pu enregistrer chez lui et il s’est chargé de la direction artistique et des arrangements. C’était super !
Pozzo Live : Sur le premier album, tu as écrit Promises et Glorious, est-ce que ce sont des thèmes qui te paraissaient importants ?
Lucie : Tout ce que je raconte dans mes chansons ne sont que pures histoires vraies basées sur des faits réels. Je connais des groupes qui écrivent des paroles en ayant vu un reportage à la télé. Moi, ce n’est que du 100% vécu. Promises, c’est une chanson sur mon mariage et les promesses non tenues qui en découlent. Et Glorious, c’était « Comment se remettre de ce mariage écrasant, se reconstruire et devenir brillante à nouveau ».
Toutes les chansons ont une histoire. Et le prochain album, c’est pareil. Ca me parait important que ce soit personnel, c’est plus authentique. Je ne sais pas comment tu peux vendre une chanson sans l’avoir vécu.
Lucie : Tu sais pourquoi, je n’ai jamais composé avant ? J’ai toujours cru toute ma vie qu’on viendrait me chercher. Qu’il y aurait un miracle et que quelqu’un me dirait « Eh toi, tu vas devenir la chanteuse de mon nouveau projet ». Mais jamais de la vie, ça n’arrive ! En fait, c’est à moi de me sortir les doigts du cul ! Je m’imaginais ne pas être assez forte, ne pas mériter l’honneur de faire de la musique et d’oser composer.
Et un jour, j’étais à Picard, entendant la radio et sa musique pop. Je me disais « Mais ça, c’est nul ! Et pourquoi je ne suis pas à leur place ? C’est n’importe quoi ! ». Cependant, eux, ils se sont bougés et ont composé quelque chose. Donc j’ai bougé mes fesses et voilà !
Pozzo Live : Tu avais été membre de Furies en temps que bassiste et chanteuse. Comment les as-tu connu et a intégré le groupe ?
Lucie : On s’est rencontrés via les réseaux sociaux, sur Instagram quasiment en même temps. Zaza, la fondatrice et batteuse du groupe, cherchait une bassiste. Moi je cherchais une batteuse. Elle a donc été la toute première batteuse de Lucie Sue pour deux concerts. Quand à moi, j’ai été la bassiste de Furies pendant un an. Mais avec la distance, c’était trop à gérer. Ca demande du temps et beaucoup d’argent ! D’ailleurs, eux aussi sont programmés au Hellfest. Ils cherchent la bonne personne pour me remplacer d’ailleurs… Si ça dit à quelqu’un.
Pozzo Live : Et toi alors, pour tes musiciens ? Il y avait eu des annonces sur les réseaux sociaux mais concrètement, tu avais fait comment ?
Lucie : Laura, je l’ai vue sur une story d’un bar. Je m’étais dit « C’est qui cette bassiste ? Je la veux ! ». Pour Mitch, le batteur, j’ai mis une annonce sur un papier à la con à la salle de répétition. Et Enzo, le guitariste, on l’a trouvé plutôt facilement parce qu’il trainait toujours à l’Apérock Café.
Voilà, on a une super équipe, tous du coin, et on s’entend super bien. Ca se ressent sur scène d’ailleurs ! Notre seule envie, c’est être ensemble, faire des concerts et les couillons tout le temps.
Pozzo Live : C’est important si vous êtes tous sur la même longueur d’ondes pour ce qui est ambiance et tournées.
Lucie : C’est clair ! Notre tourneur européen a flashé sur nous et nous a dit « Ca ne suffit pas d’avoir de la super musique, il faut avoir de la prestance et vous, vous en avez. T’as une bonne gueule, un super look et une super dynamique ». J’étais toute contente.
Pozzo Live : Tu avais déjà un petit peu de contact dans le milieu ? Tu as l’air de connaître les gars de Gojira... Et d’autres personnes
Lucie : Non, je ne les connais pas ou peu. J’ai rencontré Mario par hasard dans un bar. On a un peu parlé, il est très gentil. Pour autant, je ne peux pas dire qu’on est amis. Mon fils me dit tout le temps que je connais tout le monde. Mais ce n’est pas vrai. Par contre, j’adore rencontrer les gens et m’intéresser vraiment à eux. Et pas que les musiciens mais bien tout le monde. Et comme je suis sympa, les gens m’aiment bien. Il faut s’avoir s’entourer des bonnes personnes : celles qui sont optimistes et joyeuses. Les néfastes, il faut les virer direct.
Pozzo Live : Dans un tout autre domaine, tu es d’Anglet ?
Lucie : Je suis lyonnaise. Il y a vingt ans, je suis venue travailler pour le magazine Trip surf. Je suis graphiste de métier et c’est ça qui me permet de payer mes impôts, la musique, bref tout. Après, j’ai monté mon propre magazine, Chicks. C’était un magazine de surf, skate et snowboard mais pour les filles. Ensuite, j’ai rencontré mon ex-mari, qui est styliste et on a monté un studio spécialisé dans le jean. On est partis vivre à Paris pendant sept ans. Mais on a divorcé et il a voulu retourner à Biarritz. J’étais bien à Paris parce qu’il y avait pleins de concerts, je sortais tout le temps.
Pozzo Live : C’est vrai que l’avantage de Paris, c’est que tu as tout à côté !
Lucie : Oui et puis j’aimais bien l’énergie et le dynamisme de la ville. Quand je suis revenue sur Biarritz, les circonstances ont été dures. Je divorçais et n’avais mes enfants qu’une semaine sur deux : c’était très bizarre. Je squattais chez des amis en attendant que les travaux chez moi soient finis.
Quand je suis partie de Biarritz en 2009, il ne s’y passait rien ! Le rythme de vie est super à la cool surtout par rapport à la capitale. Moi j’étais une pile. J’ai mis du temps à me refaire à ce nouveau rythme. Mais c’est devenu très sympa : il y a des resto partout et de supers concerts. Depuis, j’ai vu le fossé niveau rythme de vie quand je suis remontée à Paris pour les concerts avec Furies. Finalement, on est bien ici !
Pozzo Live : Tu es quand même contente d’être revenue ou…?
Lucie : Initialement, je suis revenue pour ne pas être séparée de mes mes enfants que j’aime plus que tout. Je ne voulais pas qu’ils soient écartelés entre le père à Biarritz et la mère à Paris. Ce qui m’a sauvé au début, c’est qu’à Biarritz, j’avais tous mes vrais potes. Les amis, c’est la vie ! Maintenant, je suis bien. J’ai une toute petite maison mais elle est trop chouette, je suis bien placée, tout est trop cool. Mes enfants font tout à pied, ils se débrouillent tous seuls. Après… si on me dit que je déménage à Palm Spring ou New York, je dirais oui !
Pozzo Live : Tu surfes ?
Lucie : J’ai surfé quand je bossais pour Trip Surf, les bureaux étaient juste en haut de la Côte des Basques. Dès qu’il y avait une pause, on allait surfer : c’était facile. Mais je me suis tellement fait mal ! Et j’aime trop la musique pour risquer une blessure qui m’empêcherait de jouer.
Pozzo Live : Donc niveau musique, tu t’entraînes tous les jours ?
Lucie : Clairement, non ! Je suis sur tous les fronts. Mon boulot de graphiste en freelance, la musique, les enfants… Mais là, il va falloir que je m’y mette tous les jours. Il va y avoir beaucoup de concerts donc je dois être prête et sereine sur scène.
Pozzo Live : Tu arrives à gérer tout cela ?
Lucie : De toute façon, je n’ai pas le choix. Je n’ai pas le droit à l’erreur.
Pozzo Live : Tu me parlais d’une convention à Munich…
Lucie : Oui, Bluezone, c’est mon plus gros client. C’est un salon international de denim qui a lieu à Munich, deux fois par an. Je gère leurs réseaux sociaux, la création de leurs visuels, leurs logos, la scénographie. Ainsi que quelques séminaires…
Pozzo Live : Et tu arrives à dormir et à manger ? Parce que ça fait beaucoup quand même.
Lucie : J’essaie. Mais écoute, pour le moment j’aime faire tout cela donc ça va. J’adore bosser avec Bluezone. Il y a toujours de supers missions très intéressantes. Même si je devenais superstar internationale, j’aimerais continuer à bosser avec eux. Après je me pose cette question : si je deviens célèbre, est-ce que ça sera toujours aussi fou ou est-ce que l’habitude s’installe comme pour le taff.
Pozzo Live : On dit toujours qu’il y a une traversée du miroir quand on devient célèbre…
Lucie : A voir. Il faudrait demander à François Berléand qui a toujours bossé dans la pub et qui a été propulsé acteur tout d’un coup. En ce qui me concerne, je suis musicienne depuis toujours et j’aurais pu cartonner dès le lycée. Mais j’ai choisi d’être graphiste. Est-ce que si j’avais eu un groupe dès le plus jeune âge, je me serais rendue compte de la chance que j’ai ? Est-ce que je me serais pas fait avoir par des vilaines personnes ?
Maintenant, grâce à mon expérience, je fais gaffe à tout. J’ai déjà été en justice plusieurs fois et je sais ce qu’il faut faire ou ne pas faire. C’est le bon moment pour faire de la musique parce que je suis mûre. Je ne pense pas finir droguée ou dépressive, comme ceux qui n’arrivent pas à gérer le succès.
Pozzo Live : Tu me disais que tu as toujours été musicienne donc quel a été le déclencheur pour lancer ta carrière musicale?
Lucie : Quand je ne faisais que du graphisme, je sentais au fond de moi ne pas être à ma place. Quelque part, il y avait une Lucie superstar en moi et il fallait que je la (re)trouve. Maintenant, j’ai l’impression que c’était le bon moment pour traverser la faille spatiotemporelle et retrouver la vie que j’aurais du avoir si j’avais choisi la musique plutôt que le graphisme.
Pozzo Live : Peut-être que c’était une parenthèse le temps d’obtenir la maturité dont tu nous parlais avant.
Lucie : Exactement. Si c’est arrivé, c’est que ça devait arriver. Je fais confiance au destin : Avant, quand j’étais dans la mauvaise file dans le supermarché ou l’autoroute, ça m’énervait. Aujourd’hui je sais que je suis là pour une raison, comme me protéger d’un accident. Parfois, je veux envoyer un message et le téléphone s’éteint. Pour moi, ça veut dire qu’il fallait pas que je l’envoie. J’écoute les signes de l’univers.
Pozzo Live : C’est peut-être comme ça que tu arrives à trouver les niches et à faire ta place. Initialement tu es violoncelliste?
Lucie : Mes parents sont musiciens. Mon père était prof de musique de chambre au Conservatoire de Lyon. Ma mère, claveciniste. J’ai commencé le violoncelle à quatre ans et comme on a tous suivi le cursus de musique dans ma famille, c’était en non stop : solfège, cours de déchiffrage, orchestre, chorale. . C’est comme Sport Etude mais ça s’appelle des horaires aménagés. Le matin, c’est école classique et aprèm, on bossait nos instruments. Je pensais que tout le monde faisait ça à l’école donc je ne me rendais pas compte que c’était exceptionnel.
Pozzo Live : Toute ta famille est dans la musique ?
Lucie : Oui ! On est quatre enfants. Mon petit frère qui a son studio d’enregistrement à Paris est aussi musicien et il est super fort ! Il joue dans pleins de groupes trop cools. Ma sœur est à Bruxelles, elle bosse pour la RTBF à mi-temps et fait de la musique à côté. Elle rentre d’une tournée au Canada d’ailleurs. Mon grand frère, lui, fait du music-hall. Il fait du cabaret mais pas ringard. C’est super stylé. Mon beau-frère, Stephane Degout, est baryton et voyage dans tous les opéras du monde entier. . Il défonce tout, il a été récompensé entre autres aux Victoires de la musique.
PROCHAIN ARRêt : battlestation
Pozzo Live : Et alors, cet album ?
Lucie : Le nouvel album s’appelle Battlestation. Ca parle des combats de la vie et du quotidien. Le premier single est éponyme. C’est un manifeste à propos des mecs qui font pas d’efforts pour te faire jouir au lit, qui se vident et s’endorment en mode terminé, bonsoir. Et toi, t’es abandonnée, là. Comme ça m’est arrivé et surement pas qu’à moi, j’en ai fait une chanson.
Pozzo Live : Est-ce que tu as une date de sortie de ton prochain album ?
Lucie : Oui, le premier single est sorti le 14 janvier. Et après on va sortir un single tous les mois, jusqu’à l’album qui sortira le 28 août.
Pozzo Live : Pour cet album, as-tu fait toutes les compos ou avez-vous mélangé les idées ?
Lucie : C’est moi qui ai tout écrit comme le premier. J’ai besoin de composer seule. Ca vient d’un coup, J’ai une espèce de motivation, j’écris une chanson et je la fais écouter au groupe. ils me répondent « Ouah, c’est trop bien, continue » et je continue.
Puis les autres viennent améliorer la base. Par exemple, le guitariste me dit « Eh, tu veux pas plutôt faire ça pour cette partie ou alors mettre cette pédale, parce que ça fait cet effet ». Ils apportent leur participation. Ca s’appelle l’arrangement.
Pozzo Live : Donc du coup, Battlestation, c’est pour les combats du quotidien ?
Lucie : Battlestation, c’est tous les combats de la vie. Sérieux ou moins sérieux. Des clins d’œil, des hommages, du respect. Battlestation, ça veut dire poste de combat. Mais c’est également une chanson de Winger que je trouve trop cool. Quand je l’ai écouté, j’ai trouvé ce mot si cool que j’ai su qu’il fallait que je fasse quelque chose avec ce mot.
Pozzo Live : Dernière question made in Pozzo : qui nous conseilles-tu d’interviewer après toi?
Lucie : Je sais que Jerry Cantrell a sorti un nouvel album I Want Blood fin octobre dernier et comme j’adore Alice in Chains, ce sera mon choix !
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