Disguise

par Motionless In White

8
sur 10

Souvent taxés d’être une version « emo teen » de Marilyn Manson, les américains de Motionless In White sont de ces groupes qui ont parfois (souvent) souffert de la comparaison avec un célèbre aîné. Un peu comme Airbourne est parfois taxé d’être un « AC/DC mais plus jeune » #raccourci Et pourtant, après bientôt quinze ans de carrière et un dernier album, Graveyard Shift, salué par la critique à sa sortie en 2017, Motionless In White prouve aujourd’hui qu’il a tout pour devenir un futur grand. Avec un style horror caractéristique, le quintet américain ressort de sa crypte pour nous livrer une nouvelle offrande diabolique : Disguise.

Motionless In White, c’est avant tout un groupe qui assume et revendique pleinement une identité forte, qu’elle soit visuelle ou musicale. S’épanouissant pleinement au milieu des tombes, des crânes et des créatures macabres, le groupe produit une musique atypique mêlant metalcore et metal industriel pour en faire un son aux tonalités à la fois envoutantes et entraînantes. Et par là on entend une intense envie de headbanger plutôt que de jouer aux sirènes #ariel

Et si le groupe a parfois été moqué voire carrément accusé de plagiat envers Marilyn Manson, il a toujours assumé et même joué sur cette ambiguïté. Oui, Motionless In White compte deux inspirations très fortes dans sa musique, avec Marilyn Manson et Korn, mais comme la plupart des groupes s’inspirent de leurs aînés, sans qu’ils en deviennent des plagiaires. Une inspiration en tout cas récompensée sur le précédent album Graveyard Shift par la participation d’un certain Jonathan Davis, mythique leader de…Korn, qui s’est invité aux côtés de Chris Motionless dans le morceau Necessary Evil. En espérant que cette reconnaissance apaise les critiques sur le sujet. Quoiqu’il en soit, ce nouvel opus s’inscrit pleinement dans cette thématique de l’acceptation de soi et de la revendication de son identité.

Ayant fait l’objet d’une présentation anticipée, le clip du premier titre, Disguise, avait été présenté fin avril. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe a d’entrée sorti l’artillerie lourde. Reprenant pleinement l’ambiance inquiétante de film d’horreur caractéristique du groupe, l’alternance de chant clair et de scream fonctionne parfaitement, tandis que les riffs bien bourrins s’accommodent très bien des notes électro. Chris Motionless étant toujours aussi bon dans son rôle de chanteur inquiétant et dérangé, l’ensemble détonne, qu’il s’agisse de la musique comme du visuel. Bordel, c’est vraiment bon !

Changement de style avec le deuxième titre, Headache, qui semble tout droit sorti d’un album de Korn avec un son très typé nu metal. Le son s’éloigne donc un peu de ce à quoi nous a habitué le quintet américain, pour un résultat qui n’est clairement pas le meilleur titre de l’album. Le groupe poursuivant dans le nu metal pour c0de, le troisième morceau, qui (re)met à l’honneur l’électro tout en s’orientant également vers le metal alternatif. Pour peu, on se croirait cette fois-ci embarqué (avec bonheur) aux débuts de Linkin Park, ce morceau rappelant étonnement certaines pistes de Hybrid Theory et Meteora, comme Numb. Le mariage des grattes, des beats électro et des platines associés au chant clair donne un superbe résultat qui n’aurait pas déplu au regretté Chester Bennington. Et juste pour ça, merci mille fois ! #sequenceemotion

Trêve de sentiments, avec Thoughts & Prayers, qui s’annonce comme une sacrée torgnole en live avec une batterie démente #doublepedale et des riffs bien vénères. Les fans de Slipknot y verront peut-être une ressemblance avec des morceaux de leur groupe fétiche, comme Negative One, et ce n’est pas étonnant quand l’on sait que la bande à Corey Taylor fait partie des inspirations majeures de celle de Chris Motionless. Après tant d’émotion et de nuques maltraitées, Legacy est l’occasion de temporiser un peu au travers d’un tempo lent et d’un moment de calme qui permettra à tout le monde de reprendre ses esprits et ses forces. Plutôt appréciable.

Faisant suite à Undead Ahead, sorti en 2010 sur l’album Creatures, Undead Ahead 2 – merci captain Obvious ! – n’en est pas moins assez différente de son aînée. Certes l’ambiance de film d’horreur est toujours présente, mais l’ensemble semble plus décousu. On a un peu de mal à suivre ce titre sombre et saccadé comportant de nombreux breakdowns. Heureusement, un nouveau moment de répit s’offre à nous avec Holding On To Smoke, seconde « balade » de l’album, puis Another Life, dont les tonalités mélancoliques apportent un peu de profondeur à ce Disguise. Et l’on apprécie. Surtout que derrière, on repart de plus belle avec Broadcasting From Beyond assez typé Marilyn Manson  – j’ai dit « typé », pas « copié » – dont les gros riffs devraient bien rendre en live #pogos

Dans tout album ou presque, il y a un moment ou un morceau un peu WTF. C’est le cas ici avec Brand New Numb. Attention, « WTF » ne signifie pas forcément « nul ». Et dans le cas présent, cela signifie même « carrément cool », car même si le style se démarque radicalement du reste de l’album, l’ambiance plus rock apporte une touche de peps et de fraîcheur vraiment sympa. Disguise se conclut finalement en douceur avec Catharsis, un titre un peu nostalgique mais qui convient bien pour clore ce chapitre du groupe.

Oui, cet album, comme tous ceux du groupe, fait tantôt penser au nu metal de Korn ou Slipknot, tantôt au metal industriel de Marilyn Manson ou Rob Zombie. On se croit même parfois dans du Linkin Park ! Mais c’est ce qui fait la richesse de la musique de Motionless In White, et de la musique en général. Le résultat n’en est souvent que meilleur, et c’est le cas de cet opus. Tout n’est pas parfait, certes. On pourrait regretter quelques titres trop fouillis, agençant parfois trop de sonorités différentes, mais l’ensemble est quand même franchement agréable, confirmant que Motionless In White a tout pour devenir une référence du metal industriel, du metalcore, du nu metal, du reggae…ou même d’un mix des trois, le tout servi par une esthétique atypique et de qualité. C’est aussi pour cela qu’on aime. Motionless In White ose, et ça marche. On en redemande déjà

Review par Clément Tournier.

Motionless In White sera de passage en France le 5 décembre 2019, au Trabendo (Paris).

Album sorti le 7 juin, disponible ici et dans les points de ventes habituels.

Retrouvez l’interview ici !

Disguise

par Motionless In White

8
sur 10

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