Empath

par Devin Townsend

9
sur 10

Depuis deux ans, Devin Townsend travaille seul sur un gros projet, et il est enfin venu le moment de le dévoiler. Mais que vaut Empath ?

Après avoir sorti Transcendence qu’on a malheureusement un peu vite oublié, Devin Townsend a séparé son groupe, le Devin Townsend Project, et a décidé de travailler seul avec moins de contrainte. Par la même occasion le génie musical aurait apparemment eu une crise existentielle et de sombres pensées, comme il l’explique régulièrement en interview depuis quelques temps. Or de cette crise existentielle a découlé un album. Et quel album ! Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps : Empath est un véritable monument. Si Transendence était un des albums les moins expérimentaux du génie canadien, Empath est probablement son plus expérimental depuis très longtemps !

En témoigne le début de l’album. L’instrumentale Castaway est d’un calme olympien, quasi musique des îles sur la fin, avant d’enchaîner sur le premier béhémoth, le géant, un des mastodontes de cet album : le single Genesis. Même si le thème n’est pas clair en regardant seulement le clip (que vous trouverez à la fin de cet article), ce morceau parle de suicide. Ou plutôt de ne pas se suicider. La genèse, la renaissance, plutôt que d’abandonner. Un morceau à tiroirs avec 5 changements de style au moins, des blast beats, des chats, du disco, de l’orchestration, une vache… Wow ! Cet album commence très fort, c’est le moins qu’on puisse dire ! Et pourtant, ce n’est que le début ! Mais un bon début fait en général la différence entre un bon album et un chef d’œuvre.

On reste dans le grandiose avec le massif Spirits Will Collide, troisième single de l’album. On a le droit à des chœurs et à une voix relativement clean de Devin Townsend, le morceau dégage une impression de sérénité, les paroles sont encourageantes, on sent le progrès dans l’esprit de Devin Townsend. Le positif et le négatif se font la guerre dans cet album, et le côté positif prend le dessus sur ce morceau globalement positif, encourageant et massif. Les singles s’enchaînent car vient ensuite le très éclectique voire aléatoire Evermore (le clip avec le chat pour ceux qui l’ont vu). C’est peut-être le seul titre que je n’ai pas trop apprécié justement à cause de ce rythme un peu trop syncopé et à la signature rythmique définitivement étrange. Sprite vient ensuite, avec une intro enfantine qui fait penser à un début de conte, à nouveau la signature rythmique intrigue, mais le ressenti est très différent d’Evermore, et est plus calme.

Le calme de Sprite le présageait, la tempête arrive. Le très violent Hear Me vient enchaîner, avec un son qui fait résolument penser aux débuts de Devin Townsend avec Strapping Young Lad, projet beaucoup plus violent que les albums « solo » de Devin. La vision dans les paroles est très noire, et s’éclaircit sur la fin, la partie instrumentale s’inspirant grandement du black metal et du death metal. On retrouve par ailleurs un invité surprise sur ce morceau : Chad Kroeger de Nickelback screame sur le refrain ! Globalement le morceau est très bien produit et n’est jamais brouillon, malgré la violence du son, on n’en attendait pas moins de Devin Townsend.

Retour ensuite au calme contemplatif avec Why ?, sorte de musique d’attraction Disney, qui pour moi est LE coup de cœur total de cet album. Devin montre à nouveau son talent pour l’orchestration et démontre la perfection technique de sa voix, qui n’a pas à rougir devant les chanteurs d’opéra. On arrive enfin à la deuxième moitié de l’album, la plus longue, mais aussi la plus dense. Borderlands est un morceau résolument prog de 11 minutes, commençant comme une musique de jeu vidéo avec un son de guitare étrange, un ukulele et une partie voix positive. On croirait entendre Les Claypool sur la partie « gotta have a good good life », d’ailleurs. Le morceau évolue beaucoup mais reste globalement très positif et fun, et c’est je pense un des meilleurs morceaux de l’album. Malgré sa longueur, Borderlands ne lasse jamais ! Que ce soit les riffs originaux, les samples de voix limite comiques, ou les saxophones jazz en fond, le morceau surprend à chaque tournant ! Il enchaîne avec les chœurs qu’on pouvait entendre en intro de Genesis, qui se fondent dans l’instrumental Requiem, qui nous fait fortement penser à la musique de John Williams. On jurerait entendre la bande son d’un film de Steven Spielberg !

Enfin, Singularity, morceau prog à tiroirs, vient clore cet album. Au travers de 6 mouvements, ce combat intérieur de Devin Townsend vient faire penser tour à tour à Pink Floyd, Rush et Megadeth ! L’album se conclut par un « if you can’t shine for you, shine for me », qui est en quelques sortes la conclusion de la crise identitaire de cet album.

Vous l’aurez compris, cet album est un véritable monument, très difficile à aborder par moments, très bien composé tout du long. Devin Townsend nous livre là un de ces meilleurs albums, et nous avons très hâte de le voir cet automne à la Salle Pleyel (plus d’infos sur le concert dans notre article le concernant). Un grand album en tout cas, qu’on est pas prêt d’oublier !

Review par Valentin Sappy.

L’album est en vente ici et dans les points de vente habituels.

Empath

par Devin Townsend

9
sur 10

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