Reviews | Fletcher - Would You Still Love Me If You Really Knew Me?

Would You Still Love Me If You Really Knew Me?

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sur 10

Tout juste un an après la sortie de son album précédent, In Search Of the Antidote, Fletcher est de retour avec un nouvel opus : Would You Still Love Me If You Really Knew Me?

Avec ce nouvel album sorti ce vendredi 18 juillet, Fletcher nous transporte dans une nouvelle ère. Si on qualifiait déjà l’album précédent de plus mature et plus personnel, celui-ci est un cran au dessus ! Fletcher en a fini de chanter uniquement à propos de ses relations amoureuses (même si elle s’y épanche encore). Ici, la chanteuse dévoile un album plus que personnel, et évoque les problématiques de l’industrie musicales, l’évolution de son caractère, de sa sexualité.

Moins de Fletcher, plus de Cari

Sur Would You Still Love Me If You Really Knew Me?, Fletcher est plus elle-même qu’elle ne l’a jamais été. La chanteuse dévoile une version beaucoup plus douce et plus apaisée d’elle-même. On ressent cette douceur dès les premières notes de l’album avec Party qui ouvre le bal avec ses notes de piano. Cela ne fait aucun doute : c’est l’album du changement. Ce n’est pas forcément ce qu’on attend de Fletcher, et c’est là tout le principe. Avec cet album, Fletcher fait enfin ce qu’elle veut, et pas ce que l’on attend d’elle. (« I’m sorry I can’t always be the time of your life / I’d love to let you love me ’cause I’m that kind of whore / Who needed the attention I don’t need anymore / It’s not that kind of party« ).

Cette idée est également très présente sur Chaos. Plus acoustique et sur un ton beaucoup plus mélancolique, la chanteuse met une distance entre son passé et son présent, indiquant une fois de plus à ses auditeurs qu’elle a changé et n’est plus celle que l’on pense. Chaos et drama ont longtemps été des termes qui ont défini la réputation de Fletcher, qui tient enfin à s’en éloigner et à se défaire de cette image. « I’m all over the stories, the bullshit I enabled / I thought my life would be a little more stable / Make it stop I’m tired of the chaos« .

Ce type de confession se retrouve également sur The Arsonist, l’un des meilleurs titres de l’album avec son rythme et sa mélodie qui montent en pression à la fin du titre ! « Now that I’m older, I can’t afford / To blow up my life every time I get bored / I’m passing the torch, I’m tired« .

En fin d’album, on retrouve All of the Women, un morceau beaucoup plus pop et plus joyeux que le reste de l’œuvre. Toujours dans une optique d’introspection, Fletcher indique que bien qu’elle ait changé, elle ne renie aucune partie d’elle-même et aime et accepte toutes les versions d’elle-même qu’elle a été.

Fletcher et l’industrie musicale

Au delà d’une grande réflexion sur elle-même, l’autre sujet principal de Would You Still Love Me If You Really Knew Me? est le lien entre Fletcher et l’industrie musicale, domaine dans lequel elle évolue depuis dix ans maintenant. La chanteuse confie avoir toujours rêvé d’être une pop star. La question qui semble résonner en elle sur cet album est surtout la suivante : à quel prix ?

Cette thématique est introduite dès le second morceau de l’album, qui sort du lot très rapidement : Hi, Everyone Leave Please. A travers ce morceau touchant et plus que personnel, Fletcher expose l’industrie de la musique, ses contradictions, et injustices. La chanteuse fait part de ses frustrations dès les premiers mots. (« I sold out Radio City, but I’m not on the radio »), et la tension qu’elle ressent face à la compétition constante (« Kinda bruises my ego watchin’ the other pop girls skyrocket to the moon« ). A propos de cette chanson, sur son compte Instagram, la chanteuse confie : « C’est une chanson qui résonnait en moi depuis longtemps. C’est un appel à la liberté. A l’espace ». De façon encore plus émouvante et intense, Fletcher évoque surtout le sentiment de n’être jamais assez, de ne jamais suffire dans ce domaine, menant les artistes vers un burn-out presque inévitable. « I know it sounds like I’m jaded /But I just think that it’s stpid / That we put humans on pedestals and expect them not to lose it« .

Fletcher pousse cette réflexion sur Don’t Tempt me… où elle se questionne presque sur la suite de sa carrière et si cela vaut la peine de continuer à poursuivre ce rêve qui l’a toujours animée. Avec une mélodie menée par une guitare toute douce, Congratulations! en fin d’album évoque la sensation de vide dans sa carrière. (« Remember when it felt good raising hell? / Yeah we had a good time / Now I don’t have that fire« ).

Would You Still Love Me If You Really Knew Me?

Mais finalement, ce que cet album pose, c’est une question, de Fletcher à ses fans : Would You Still Love Me If You Really Knew Me?. Une question qui semble pertinente après que son public se soit quelque peu déchainé sur les réseaux sociaux après la sortie de Boy, le premier single de l’album. Depuis son début de carrière il y a une dizaine d’années, Fletcher a toujours écrit des morceaux sur les femmes, et ses relations avec elles. Bien que l’artiste ait toujours déclaré être queer, le morceau Boy où elle confesse avoir embrassé un homme et en être tombée amoureuse a remué son public et créé une déferlante de commentaires presque accusateurs sur les réseaux sociaux de l’artiste. Suite à cela, Fletcher déclare : « Je serai queer jusqu’à la fin de ma vie. Peu importe où j’en suis, peu importe qui j’embrasse, ça ne changera jamais« . Voilà pourquoi Fletcher se questionne avec le titre de cet opus, et son dernier morceau Would You Still Love Me?. Ce dernier se conclue, sur fond de piano, par un discours parlé où Fletcher laisse place au flux de ses pensées. Son public l’aimerait-il toujours autant en connaissant tout d’elle, et si elle n’était finalement pas l’exacte image qu’elle a renvoyé jusqu’à présent ? Serait-t-elle toujours aimée si elle arrêtait la musique demain? A t-elle finalement besoin d’avoir réponse à ces questions pour être pleinement heureuse? (« Would I still love me even if you don’t? / Will I be okay never knowing the answer to that ?« ).

Ce qu’il faut retenir de Would You Still Love Me If You Really Knew Me?

Pour Fletcher, la musique a toujours été un échappatoire, et ses morceaux ont toujours été autobiographiques. Mais avec cet album, la chanteuse est plus honnête que jamais, et nous montre une version sans filtre de sa vulnérabilité. Would You Still Love Me If You Really Knew Me? explore ses relations compliquées, avec son métier, avec ses amours, et avec elle-même et ses choix. Bien que la sortie de ce nouvel opus soit rapprochée du précédent, il semblerait que Fletcher déverse des années de réflexion dans ces 11 titres tous aussi profonds et honnêtes les uns que les autres. On délaisse les rythmes plus effrénés et les guitares pour une production plus douce, qui traduit toute la déstabilisation ressentie par la chanteuse. Fletcher décrit cet album comme « à la fois une blessure ouverture, et un acte de libération ». C’est une nouvelle facette que l’on découvre, et en tous cas pour notre part, bien évidemment qu’on l’aime toujours !