Killection

par Lordi

7
sur 10

Lordi aime surprendre son public et faire dans le varié. Et notamment, varier la qualité de ses albums, puisque de manière régulière depuis 2002, environ un album sur deux est bon, et l’autre franchement oubliable. Le dernier opus en date, Sexorcism, faisait partie de la deuxième catégorie. Logiquement, on s’attendait donc à ce que Killection redresse le niveau. Défi relevé ?

Le groupe s’est mis d’entrée la pression, en nous proposant un concept album assez original. Imaginons que le groupe aie commencé sa carrière dans les années 70, et célèbre aujourd’hui ses 50 ans de carrière en sortant une compilation de ses meilleurs titres. Challenge ardu, mais challenge accepted !

La traditionnelle SCG (numérotée 10 cette fois) entame l’album comme d’habitude. Et cette fois, Mr Lordi s’invente en présentateur de radio diffusant l’album. Ça nous met dans l’ambiance tout de suite, même si on zappera bien vite dès la 2e écoute cette piste (et les trois autres qui parsèment l’album) qui n’apporte franchement pas grand-chose et qui s’étire un peu en longueur.

Horror for Hire ouvre l’album avec la sonorité Hard Rock 80s typique du groupe. Pas très original, mais la sauce prend bien : les claviers sont bien dosés, le refrain assez catchy (même s’il ne reste pas dans la tête comme un Who’s Your Daddy ou Would You Love a Monsterman ?), ça démarre plutôt pas mal. Mais Lordi nous a vendu du rêve avec la promesse de sauts dans le temps et les styles, on attend avec impatience de voir la suite !

Shake the baby silent, le single de l’album, enchaîne sur un style un peu plus indus, avec un rythme rapide et un bon gros riff qui va revenir sur tout le long du morceau. On retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de Lordi, avec un refrain qui reste vite (et longtemps…) dans la tête.

Changement de style pour les deux pistes suivantes, qui nous propulsent dans les 70s, à mi-chemin entre funk et disco. Il y a des claviers, des cuivres, notamment un chouette solo de saxo sur Like a Bee to the Honey. On sent lourdement l’influence de Kiss, référence assumée de Tommi Petteri Putaansuu.  Et c’est bien normal : l’auteur n’est autre que Paul Stanley, qui l’avait composé il y a une trentaine d’années et n’en avait rien fait. Il est pas beau le cadeau ?

C’est d’ailleurs ce qui caractérise à mon sens cet opus : un hommage aux influences qui ont marqué le chanteur-compositeur, entre Michael Jackson (dont le rire de Thriller est repris sur Like a Bee to the Honey), Motörhead, dont on sent l’empreinte sur Blow My Fuse, ou même des pastiches de AC/DC et Judas Priest en fond de l’intro.

Apollyon reste dans l’ambiance disco, avec des claviers que n’aurait pas reniés Abba, même si le rendu d’ensemble reste un peu longuet (5’11 quand-même). Après un faux break radio, Blow my Fuse nous emmène sur un bon gros rock qui semble avoir été écrit autour de la ligne de basse, avant que I Dug a Hole in the Yard for You vienne flirter du côté… du power glam (les envolées lyriques de tenors en moins). Le refrain est encore une fois accrocheur, c’est du bon Lordi efficace.

Il faut bien une erreur sur un album, et c’est à Zombimbo que revient l’honneur. Titre disco encore une fois, mais sans la « patte » de Lordi, c’est mou, c’est long, c’est clairement raté. Heureusement, Up to No Good revient sur du metal 80s, avec une guitare d’introduction et des riffs durant les couplets qui rappellent furieusement Judas Priest. On a envie de taper du pied, ouf, on se sent mieux.

Un troisième interlude inutile plus tard, et les trois dernier titres suivent la même lignée : mélange de pop, de heavy/power metal, de claviers, de pop (oui, encore). Mention spéciale pour Evil, qui redonne un peu plus d’énergie à l’album. Quel dommage de finir sur une QUATRIEME SCG, alors que Scream Demon aurait pu faire un bon titre de finish.

Que penser de l’album après quelques écoutes ? Le pari est audacieux, et dans les grandes lignes, réussi. Les différents titres sont variés et sentent la retrospective. C’est du bon Lordi, même si on n’atteint pas le niveau de l’excellent The Arockalipse. Il faut aimer l’ambiance 70s qui est distillée ici jusqu’à l’overdose, mais on a des riffs entraînants, quelques bons refrains qui restent dans la tête, des paroles décalées et tendancieuses qui font la marque de fabrique du groupe, une petite pointe d’humour. Le gros raté reste clairement Zombimbo, tout à fait oubliable, et les interludes radiophoniques qui insistent trop lourdement sur le côté « hey, tu as vu, on est à la radio en fait ! LOL ! ». Un bon opus dans l’ensemble, le groupe garde le rythme du 1 sur 2 !

Du bon Lordi avec des longueurs !

Review par Vincent Girard-Reydet.

Killection

par Lordi

7
sur 10

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