V

par Vald

6
sur 10

2022 voit enfin le retour solo de Vald avec la sortie de son quatrième album, V !

Pourtant, depuis Ce monde est cruel en 2019, Vald est loin d’avoir chômé. En 2019, il devient indépendant et crée son propre label, Echelon Records. Sous cette nouvelle structure, il sort Echelon Vol. 1 (2019) et Echelon Vol. 2  (2021) qui avaient pour but de donner de la visibilité à des rappeurs moins connus. L’album commun avec Heuss l’Enfoiré, Horizon Vertical, a également été une belle surprise de 2020. Cela n’a néanmoins pas empêché son public d’être impatient, voire de critiquer sa nouvelle direction.

Vald était donc attendu au tournant lorsqu’il a annoncé que son nouveau projet solo, V, serait disponible le 4 février 2022. En guise de teaser, Vald a sorti le clip Le Retour du V regroupant cinq chansons inédites, avant de lâcher Annunaki, le premier extrait de son album. De quoi nous mettre l’eau à la bouche !

Vald a d’autant plus attisé la curiosité de ses fans en annonçant les artistes qui sont en featuring sur cet album : nous retrouvons Orelsan, Hamza et son acolyte Suikon Blaze AD. Niveau production, Seezy reste le principal maître de cérémonie, mais Zeg-P ou Danny Synthé ont également collaboré avec Vald pour quelques morceaux.

Alors, qu’en est-il ? L’album V permet-il de confirmer que Vald reste un des maîtres de ce rap jeu actuel ?

Une entrée à la hauteur

J’en attendais beaucoup du premier morceau, étant habituée à ce que le rappeur démarre ses projets avec panache. Avec Pandémie, le V ne nous déçoit pas. Il commence par une interpolation du discours d’Emmanuel Macron – « nous sommes en guerre » – et nous offre des paroles incisives ainsi que des voix et des flow variés. Vald a une certaine facilité à tourner la société en ridicule et il excelle toujours sur ces thématiques. Seul petit bémol : l’instru n’est pas très convaincante.

Vald continue avec un deuxième morceau assez court, Le faux le fer, qui s’écoute facilement mais qui n’apporte rien de particulier à l’album. Sur un nouvel album nous emmène ensuite derrière les coulisses de la vie d’auto-entrepreneur :

Un max, on expliquerait comment perdre cinq cents mille euros
Avec l’Accor Hotel Arena complet
J’sais c’que c’est quand on dit : « Rêver, ça n’a pas de prix »
Ouais, c’est pour les mêmes raisons qu’ils ont mis autant pour mes deux prochaines distrib’

Vald adopte ainsi un nouvel angle d’écriture dans l’album V et nous explique les côtés moins « glamour » de l’artiste indépendant. On ressent également une véritable sincérité de sa part : le titre est réussi.

Le prochain morceau, Un mot, est agréable pour les oreilles avec son rythme doux et sa petite guitare, mais n’apporte rien de plus. Ce qui nous permet donc de nous prendre une véritable claque à l’écoute du featuring avec Orelsan. En effet, Peon est une véritable démonstration de rap de la part des deux artistes. Leurs deux voix autotunées se complètent parfaitement et le couplet d’Orelsan est absolument monstrueux !

Le ventre mou de l’album

Malheureusement, à partir du sixième morceau, l’album se met à faiblir. Avec Papoose, Vald aurait pu nous montrer l’étendue de sa technique et de sa culture. Pour rappel, Papoose fait partie d’une génération sacrifiée de rappeurs new yorkais et il est notamment reconnu pour ses excellentes mixtapes. Vald a réalisé la première partie d’un de ses concerts et je m’attendais donc à un morceau sérieux voire un peu old school, mais l’instrumentale lui donne un côté beaucoup trop enfantin.

Je ressens rien ne change pas la donne notamment à cause d’une autotune peu pertinente et d’une prod qui s’éparpille. Nous continuons avec Rappeur conscient, un titre qui s’écoute mieux mais qui ne marque pas non plus l’esprit. Nous sommes à la moitié de l’album V et l’inspiration de Vald semble s’épuiser.

On avait espéré du très lourd pour ce qui suit : Maudit avec en featuring Hamza. Le morceau s’apprécie sans problème et Hamza est toujours aussi mélodieux. Mais quelque chose manque, comme si les deux artistes n’avaient pas cherché à se dépasser.

Si j’ai aimé entendre Vald poser sur une instru un peu plus originale dans Regarde-toi, je pense que le potentiel du morceau ne se développera – du moins pour mes oreilles – qu’au fil des réécoutes.

Un changement d’esthétique : une fin qui regagne de l’intérêt

Le 11ème morceau, Qui écoute ?, apporte un vent frais, ou plutôt obscur au projet. On remercie Hellboy pour cette instru sombre sur laquelle Vald excelle : les 20 dernières secondes sont absolument incroyables. Le V montre ici qu’il maîtrise totalement son art.

Pas deux fois nous maintient dans ce même univers noir et mélancolique. La prod de Sirius, menée par des belles notes de piano, nous ensorcèle et le rappeur nous balance des paroles percutantes. L’enchaînement est réussi et on sent que l’album V prend une tournure plus brute, qui convient bien mieux à Vald.

Nous retrouvons ensuite Anunnaki, le premier single de V. Le titre est plutôt sympa à écouter et ressort d’autant mieux dans la continuité du projet.

Avec le morceau suivant, le rappeur d’Aulnay-sous-Bois réalise une vraie masterclass. Alors qu’il rap son premier couplet avec efficacité, il propose un refrain chantant qui nous étonne au début, mais qui se révèle assez émouvant. Laisse tomber est un des meilleurs morceaux de l’album, où Vald s’exprime avec une certaine honnêteté et sensibilité. On comprend ici que le rappeur arrive à un nouveau tournant dans sa carrière.

Enfin, Vald termine son album V (la version sans bonus) par un feat avec son acolyte Suikon Blaze AD. J’ai été surprise que le morceau soit également chanté, étant habituée à plus de kickage lorsque les deux artistes collaborent. Mais Happy End porte bien son nom et nous amène tranquillement à la fin de l’album.

Conclusion

On peut dire que V, ce quatrième album de Vald, est globalement un bon album. On y retrouve des flows variés, des changements de voix ainsi que des belles collaborations. Pourtant, j’ai trouvé que Vald est resté dans sa zone de confort, notamment lorsqu’on sait le niveau monstrueux dont il est capable. On peut en partie blâmer les instru de Seezy qui deviennent redondantes et on se demande si leur recette ne commence pas à s’essouffler. Car là où Vald brille, c’est lorsqu’il fait face à de la nouveauté : on pense notamment aux prods de Hellboy qui lui ont permis de réaliser d’excellents morceaux.

On attend donc de lui qu’il continue d’évoluer et de montrer l’étendue de ses talents. Vald sera d’ailleurs présent sur des festivals dès juillet 2022 et fera une tournée française : ce sera l’occasion idéale de voir ce que l’album V vaut en live ! Connaissant l’énergie du V, on s’attend déjà à quelque chose d’exceptionnel.

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V

par Vald

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