Tu bosses dans la musique, tu reçois des communiqués, tu relances des interviews, tu négocies des créneaux… Et à un moment, tu te poses la question : les attachés de presse sont-ils au service des journalistes, ou l’inverse ? Spoiler : c’est plus compliqué que ça.
Une relation de dépendance mutuelle
Dans l’idéal, l’attaché de presse est là pour faciliter le travail du journaliste. Il transmet l’info, organise les interviews, envoie les visuels, propose des angles. Il est censé être au service de la presse, comme un pont entre l’artiste et le média.
Mais dans la réalité, les rôles s’entremêlent. Le journaliste dépend souvent de l’attaché pour accéder à l’artiste, au label, à la production. Sans lui, pas d’interview, pas de citation, parfois même pas d’album en avant-première. Et l’attaché, lui, dépend du journaliste pour faire exister son info. C’est un jeu d’équilibre, parfois bancal.

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Quand la promo dicte le tempo
Les attachés de presse ne sont pas juste des messagers. Ce sont des stratèges. Ils gèrent les timings, les exclus, les embargos. Ils orientent les sujets, filtrent les demandes, et parfois, imposent des conditions. Et derrière eux, il y a les labels, les productions, les managers, et bien sûr, les artistes.
Un label peut décider qu’un média n’est pas “prioritaire”. Une production peut refuser une accréditation sans explication. Un artiste peut annuler une interview à la dernière minute. Et l’attaché de presse, dans tout ça, doit jongler entre les exigences de ses clients et celles des journalistes.
Résultat ? Le journaliste peut se retrouver à écrire ce qu’on attend de lui, plutôt que ce qu’il aurait voulu creuser. Par manque de temps, par pression, ou par habitude. Et parfois, il devient un simple relais de la stratégie promo.

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Le journaliste, entre liberté et compromis
Mais attention : le journaliste n’est pas qu’un exécutant. Il a une carte à jouer. Il peut refuser un sujet trop formaté, poser les vraies questions, choisir de ne pas publier. Il peut aussi créer une relation de confiance avec l’attaché, pour obtenir des infos plus riches, des accès privilégiés, des angles originaux.
Les meilleurs attachés savent que la presse ne se manipule pas, elle se respecte. Et les meilleurs journalistes savent que la promo peut être un tremplin, pas une prison. C’est là que la relation devient saine : quand chacun connaît son rôle, ses limites, et ses forces.
Et les artistes dans tout ça ?
Les artistes, eux, sont souvent pris entre deux feux. Certains veulent parler librement, d’autres préfèrent se protéger derrière leur équipe. Certains jouent le jeu de la promo, d’autres le fuient. Et parfois, c’est le journaliste qui devient leur confident, leur miroir, leur passeur.
Mais pour que cette rencontre ait lieu, il faut que l’attaché de presse joue le jeu. Qu’il ne verrouille pas tout. Qu’il ne transforme pas l’artiste en produit. Et qu’il accepte que la presse, parfois, pose des questions qui dérangent.
Clin d’œil à ceux qui bossent dans l’ombre
Et puis, il y a tous ces attachés de presse de l’ombre, ceux avec qui on bosse au quotidien. Ceux qui répondent à nos mails à minuit, qui nous trouvent un créneau improbable pour une interview, qui nous envoient les albums avant tout le monde, qui nous font confiance. Ceux qui savent que la musique, c’est aussi une histoire de passion, de respect et de transmission.
À vous, les discrets, les efficaces, les passionnés : merci. Sans vous, on n’écrirait pas la moitié de ce qu’on publie. Et on le ferait avec beaucoup moins de plaisir.
Attachés de presse & journalistes, c’est une relation complexe, mouvante, parfois tendue, souvent passionnante. Elle peut être un levier ou un piège. Mais elle ne fonctionne que si chacun reste fidèle à sa mission : informer, transmettre, raconter. Et surtout, ne jamais oublier que derrière les mails, les relances et les plannings, il y a des humains. Des passionnés. Des voix qui veulent se faire entendre.
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