Live reports | L'envol d'Alcest à Rennes !

Nous avons eu la chance d’apprécier le premier concert d’Alcest de leur nouvelle tournée Les Chants de l’Aurore – European tour 2025 à Rennes ce mardi 7 Octobre ! L’occasion d’aller applaudir le duo pionnier du Blackgaze sur la scène de l’Antipode, accompagné du groupe Bruit ≤ en renfort.

Bruit ≤

Nous entrons dans la salle de l’Antipode de Rennes et sommes accueillis par une panoplie de matériel sur scène. Trois racks de pédales d’effet, un violoncelle, un clavier, un violon, guitare, basse et batterie, le tout surplombés d’un immense drap blanc en fond de scène. Le public est perplexe mais impatient de découvrir Bruit ≤, quatuor Toulousain de post-rock expérimental. Leur particularité est de ne pas utiliser les plateformes de streaming moderne et ils le revendiquent ! Respect.

Lorsque la musique démarre, c’est un véritable mur de son fourni par le trio habituel batterie/guitare/basse mais également par un violoncelle dans notre cas ! Les lumières stroboscopiques décuplent nos sens déjà agréablement sur-stimulés par l’univers de Bruit ≤.

Après ce déferlement, un dialogue démarre, nous informant que « Tout est bruit » avant de nous entraîner dans une ballade douce, quasi acoustique dans le but de nous remettre de nos émotions peut-être ? Raté ! Une nouvelle explosion nous submerge, un barrage émotionnel dense, intense. Les musiciens sont possédés sur scène, en transe. On a même cru apercevoir des larmes.

Le concert se poursuit et des images sont diffusées en continu en fond de scène afin d’accentuer les propos de ces chansons sans paroles. Il s’agit d’une vraie expérience cinématographique, me rappelant le travail d’HYPNO5E. Un paysage de cauchemar urbain défile en fond, oppressant, malgré des images aériennes tentant de nous offrir une vision de grandeur dans tout ce béton.

L’enfer de l’Intelligence Artificielle nous est expliqué au travers d’un court-métrage, montrant les limites de ce modèle par rapport à l’intelligence émotionnelle humaine lorsque l’IA doit nous décrire ce qu’est la Vie, l’Amour ou encore la Mort. Une apparition (voire un jumpscare) de Mark Zuckerberg nous maintient fermement ancré dans le discours anti-technologique du groupe.

L’apparition d’un archet sur guitare électrique afin d’apporter de longues notes éthérées me fait penser au groupe Islandais Sigur Rós. Mention spéciale au batteur de Bruit ≤, son endurance est incroyable avec des rythmes rapides sur de sacré longues périodes, rappelant parfois des styles électro.

Le concert est haletant, le dernier morceau The Machine Is Burning est drainant avec un finish sur un passage instrumental au violoncelle plein d’espoir sur des images défilant en arrière-plan d’apocalypse. La délivrance nous est permise au travers d’une porte qui s’ouvre, sans destination connue, loin de cet enfer diffusé sur l’écran.

Setlist

Ephemeral
Progress / Regress
Industry
Data
Techno-Slavery/Vandalism
The Machine Is Burning

Alcest

Le duo pionnier du Blackgaze, fondé en 2000 et que nous suivons depuis plus de 10 ans nous ravissent en réalisant leur première date de leur tournée Les Chants de l’Aurore – European tour 2025 à Rennes ce 7 octobre !

Changement radical de scène avec le départ de Bruit ≤ : de grands drapés blancs ressemblants à du lin cachent encore pour le moment la scénographie d’Alcest. Cette dernière se révèle enfin à nous, fraîche et naturelle : des plantes, des lumières à même le sol et de moelleux tapis écrus sur le devant de scène. En arrière de scène, la batterie est surélevée et surplombée d’un gigantesque rond suspendu, telle une lune pleine. En dessous s’observent deux statues de grues, oiseaux emblématiques de ce dernier album Les Chants de l’Aurore (2024), que l’on retrouve également dessinées sur la grosse caisse de la batterie de Winterhalter.

Le public est calme mais bouillonne d’impatience. J’entends tout autour de moi des dialogues décrivant les concerts passés d’Alcest ou de l’excitation ténue d’enfin pouvoir voir le groupe en live après de nombreuses années passées à écouter leurs albums.

Lorsque la salle est finalement plongée dans le noir, les silhouettes des 4 membres se découpent dans la pénombre avant que surgissent les premières notes de l’introduction de leur dernier album : Komorebi. Une ouverture parfaite et joyeuse pour accueillir le public Rennais de ce soir.

Neige profite de l’interlude pour nous saluer, chanteur multi-instrumentiste à la tête du projet depuis sa création et toujours aussi réservé sur scène. Son attitude parle toujours autant à son public : pleine de générosité non feinte, à nous partager sans limite son univers, sans jamais rien attendre en retour.

Après l’introduction, voici venir les deux morceaux suivants du dernier album : L’Envol et Améthyste. Le ton de cet album semble bien plus joyeux que le reste de leur discographie, ce qui n’empêche pas Neige de nous régaler de son chant crié, émotionnellement chargé et déchirant. En total opposé, sa voix claire est toujours aussi douce, mélodique, dansante.

Je remarque que Neige semble plus serein et ouvert que lors des concerts que j’ai pu voir par le passé : il se déplace plus librement lors des chansons, danse, retrouve ses bandmates au centre de la scène comme s’ils se faisaient un petit boeuf et on observe également pas mal de regards complices entre eux. Je remarque que Zero, en plus de son rôle de guitariste, soutient Neige avec des parties chantées solides.

Le reste du concert permet aux fans de toutes les époques de trouver leur compte, les deux chansons suivantes sont issues de Spiritual instinct (2019), que nous avions découvert en exclusivité au cours du Red bull Music Festival Major Arcana en 2019 ! Ces musiques tapent dur, Winterhalter déclenchant de vrais coups de feu à la caisse claire comme à son habitude !

Un rugissement de plaisir du public se déclenche, lorsque Kodama est annoncée : il s’agit d’une des chansons préférées des fans, que je ne voyais plus beaucoup en setlist depuis 2023 !

Les applaudissements durent une bonne minute afin de rappeler Alcest sur scène et ils nous le rendront bien. Une chanson devenue rare puisque dernièrement jouée en 2019 nous est offerte comme récompense : Eclosion de l’album Kodama (2016). Je suis personnellement ravi, cette chanson est puissante, percée des cris désespérants de Neige, adoucis par le backing vocal clair de Zero avant un final instrumental empli de sérénité.

Autre Temps sera le grand final de cette soirée, morceau qui fut pour de très nombreux fans la porte d’entrée à l’univers d’Alcest (moi y compris !). L’émotion dans le public est palpable, la ballade se termine sur les notes enjouées et amenant aux aventures, aux voyages, comme nous qui allons devoir quitter ce concert bien trop rapidement encore…

En conclusion

Une soirée absolument fabuleuse, chargée en émotions qu’il s’agisse de découvertes comme Bruit ≤ (dont Neige nous avoue être fan) ou d’univers conquis tels qu’Alcest.

Bruit ≤ nous aura révolté contre cette technologie avançant trop vite, corrompant notre humanité et notre libre-arbitre. Courez sur leur Bandcamp pour vous familiariser à leur univers.

Alcest nous aura réconcilié avec la beauté des choses naturelles, spirituelles, de l’au-delà, théoriques, pratiques, simples, compliquées, etc. Nous vous avons vus de nouveau et nous nous reverrons encore !