Nous avons échangé avec Dave Brenner, guitariste de Theory of a Deadman. Il nous a parlé de leur récent album Dinosaur.

Pozzo Live : Vous sortez votre huitième album Dinosaur. Quand avez-vous commencé à l’écrire ? Avez-vous dû modifier vos habitudes d’enregistrement avec les chamboulements que le monde a connu ?

Dave Brenner : Vers la fin de 2020 nous avons un peu tourné et en 2021 nous discutions de nouvelles chansons et des délais. Comme vous le dîtes le monde à changer. Nous nous sommes comme fait voler notre dernier cycle d’album. Nous avions sorti notre dernier album en janvier 2020, puis avons organisé une tournée. Mais le en mars 2020 tout s’est arrêté. Cela nous a un peu bousculé, les choses avaient vraiment changées.

Nous sommes allés en Suède où nous avons enregistré la première moitié de l’album là-bas. Dans ce magnifique studio où ABBA avait enregistré un tas de leurs grands succès. Nous utilisions cette belle grande salle pour enregistrer toute la batterie, beaucoup de pistes de guitare. Ensuite nous sommes allés à Londres en Angleterre et avons terminés les trois dernières semaines dans le même studio où nous avions fait les albums précédents. Tout le monde se sentait vraiment très bien. Tout était vraiment « normal ». Comme quand nous étions en Suède personne ne portait de masque, tout le monde se promenait en plein soleil. De venir d’Amérique où nous nous sentions enfermés et arriver en Suède c’était une sensation très rafraichissante. C’était un très bon espace pour créer un album.

Pozzo Live : Vous avez presque « sauté les problèmes ». Vous avez écrit le précédent album avant la pandémie et ce nouveau sort un peu après. Même si effectivement beaucoup de choses ont changés entre temps.

Dave Brenner : Oui, Tyler est en quelque sorte notre auteur-compositeur principal, et nous vivons tous dans des villes différentes. Nous faisons des disques comme celui-ci depuis longtemps, Tyler nous envoi ses premières idées et nous commentons et travaillons sur des idées que nous nous envoyons les uns les autres. Nous pouvions continuer à le faire sans aucun problème, mais c’était vraiment étrange. Nous étions tous confrontés au changement, nous étions devenus habitués à pouvoir simplement partir en tournée et livrer notre musique aux gens. C’est quelque chose avec lequel nous avons appris à vivre et puis le fait que ça disparaisse c’était vraiment difficile.

Je pense que nous avons réalisé d’une certaine manière que nous étions juste des hommes. Nous avions vraiment une belle vie, nous étions là à jouer de la musique pour gagner notre vie juste faire notre truc et d’un coup nous sommes tous bloqués à la maison.

Je ne sais pas si c’était une période étrange mais je pense que cela a alimenté à bien des égards ce désir d’y revenir et de se connecter à nouveau avec nos fans et nos amis d’autres groupes. Nous avions besoin d’alimenter cette musique qui fait tourner le sang dans nos veines.

Pozzo Live : C’est un album composé de 10 chansons. Avez-vous épuré les résultats des sessions d’écriture ? Ou bien étiez-vous satisfait du résultat au bout de ces 10 morceaux ?

Dave Brenner : Nous avons enregistré plus de 10 morceaux, nous avions en fait toujours l’intention d’en enregistrer plus. Tout ce que nous jugeons qui soit assez bon pour l’enregistrement. Ensuite nous avons en quelque sorte dépouillé les choses avant d’entrer en studio et décidé lesquelles nous voulions vraiment enregistrer. Je pense que nous avons enregistré peut-être 14 chansons. Mais quand nous avions fini et que nous avions eu cette collection de 14 chansons, nous avions voulu mettre un peu d’ordre et donner un peu de sens à tout ça. Il y avait quelques chansons qui n’étaient pas mauvaises, mais qui ne correspondaient pas au reste et de ce que nous voulions vraiment faire pour cet album.

Donc nous avons ces chansons enregistrées et je pense qu’elles verront probablement le jour plus tard, car il y a en fait du très bon matériel. Mais quand vous regardez votre album et vous voulez que ça ait vraiment du sens et que ça coule correctement il faut faire des choix. Nous avons vraiment discuté et discuté et nous en sommes arrivés aux 10 chansons que nous pensions tous être celles qui ont rendu Dinosaur complet.

Pozzo Live : Pourquoi Dinosaur ? Est-ce une passion d’enfance jamais assouvie ?

Dave Brenner : Ce qui est drôle, c’est que j’ai un fils qui a six ans maintenant qui avait quatre ans quand nous avons commencé à travailler sur ce disque. Et c’était un féru de dinosaures, il aimait tellement les dinosaures. Je disais à Tyler, tout le temps il me corrige « C’est un ptéranodon et il est comme ça, c’est un ptérodactyle … ». J’ai réalisé que c’était tellement intéressant comment les enfants aiment les dinosaures. Un peu comme les voitures pour les adultes. Nous en parlions avec Tyler, et ça a commencé avec la chanson intitulée Dinosaur. Et quand nous avons essayé de mettre ce disque ensemble et d’essayer de comprendre comment nous allions réellement appeler le disque, il y avait quelque chose qui nous rappelait sans cesse ce terme Dinosaur. Nous avions ce ressenti d’un « disque monstre » et ça s’est en quelque sorte prêté à ce que nous faisions. Nous faisons du Rift rock en jouant beaucoup de guitares lourdes électriques, et le terme dinosaure tournait dans mon esprit. Nous avons essayé de trouver un autre nom qui serait plus intelligent, mais parfois ce qui a du sens ce sont les choses les plus simples. Et ça semblait coller parfaitement. Nos managers l’ont adoré et s’est passé vraiment simplement. Donc oui un titre basique mais vraiment efficace.

Nous avons un nom de groupe long, Theory of a Deadman, donc nous avons envisagé de ne pas exagérer comme la longueur des noms d’albums. Nous essayons de ne pas de faire lire les gens pendant 30 minutes juste pour savoir ce qui est en train d’être joué [rires].

Pozzo Live : L’album possède une sympathique reprise de la chanson Just The Two Of Us de Bill Withers et Grover Washington, Jr. Qui a eu l’idée de cette reprise ? Chanson qui a d’ailleurs été déjà reprise plusieurs fois.

Dave Brenner : Et bien cela vient de Tyler. Il conduisait juste dans sa voiture et a commencé à chanter, c’était peut-être même un truc tiktok où il y avait « Just The Two of Us ». Tyler a commencé à chanter ces paroles alternatives. Et ça sonnait comme une chanson classique de Theory of a Deadman. Nous écrivons des chansons de rupture et après toute la pandémie, cela semblait vraiment avoir touché une corde, je pense que beaucoup de gens que vous connaissez ont soudainement perdu leur capacité à quitter leurs maisons. Et ils ont passé tellement de temps avec leurs proches qu’ils finissent par être à bout tout le temps et c’était cette perspective différente sur une chanson que les gens connaissent si bien. Dès que j’ai entendu sa version j’ai pensé que les paroles étaient vraiment intelligentes et puis vous avez ce crochet incroyable que tout le monde connaît déjà, c’était donc une sorte d’évidence. Nous l’avons joué en live ces deux dernières semaines et c’est vraiment marrant de voir les fans réagir car ils connaissent déjà tous la chanson.

Pozzo Live : C’est une très belle version et elle ne semble pas être à part de l’album. Elle s’intègre assez bien au reste.

Dave Brenner : C’était l’une des chansons avec lesquelles nous avons le plus lutté en studio pour essayer de la faire comme nous l’imaginions et comme nous la voulions. Je pense qu’il a eu des moments où nous avons trop réfléchi et nous l’avons pris dans le mauvais sens. Mais nous sommes revenus sur nos pas et nous avons trouvé la manière qu’il fallait qu’elle soit. J’en suis content car elle respecte beaucoup la chanson originale et sonne comme une chanson de Theory of a Deadman.

Pozzo Live : Je pose énormément cette question, mais je trouve intéressant d’avoir différents avis. Vous avez déjà sorti 3 singles, pour l’instant, en amont de votre album. Est-ce que vous pensez que les plateformes de streaming poussent vers la fin du format album ?

Dave Brenner : Je pense que cela pourrait à un moment donné. Je ne pense pas que ce soit vraiment proche mais c’est intéressant. C’est quand des choses comme ça se produisent, vous avez l’impression que les gens qui ne veulent pas que cela se produise. Ils font un retour en arrière et vous le voyez d’une manière étrange. Comme les disques vinyles qui reviennent et qu’ils ont juste leur plus grande année de ventes depuis les années 70 ou quelque chose comme ça. Et je pense qu’il y a ce groupe de personnes qui voudront toujours avoir des objets physiques et j’adore ça parce que vous savez en tant que fan de musique qui a grandi avec les disques vinyles de mes parents que j’avais l’habitude de parcourir, j’aime les regarder, j’aime les sentir . Et je pense qu’il y a encore ces gens qui veulent entendre le crépitement d’un disque lorsqu’il tourne, ou monter dans leur voiture et parcourir leur collection de CDs. Je ne sais pas s’il disparaîtra un jour complètement.

 Je pense qu’il y a juste beaucoup de gens, même des jeunes enfants en grandissant, ils sont toujours un groupe de personnes qui se diront « hé tu sais ce que j’aime ? Les trucs old-school. Je veux écouter de la musique comme mes parents écoutaient ». Je ne sais pas si cela l’éliminera totalement, mais c’est effrayant de voir jusqu’où c’est déjà, comme les CD qui appartiennent presque au passé. C’est l’utilisation de la musique nos jours qui évolue, la façon dont les gens absorbent la musique. C’est intéressant, j’ai presque l’impression que ça ressemble à un retour aux années 50 et 60, c’était comme un magasin de singles. Les gens sortaient une chanson avec la face B, puis partaient en tournée et la défendaient. Il est difficile de prédire ce qui va se passer, et nous sommes dans le métier depuis si longtemps maintenant. Mais tu ne peux pas changer l’élan les gens qui achètent et écoutent ta musique et viennent à tes concerts je veux dire ce sont eux qui décident.

Mais je ne peux tout simplement pas imaginer que ça partira un jour parce que j’aime toujours acheter des disques. J’aime toujours les ouvrir et les mettre sur mon tourne-disque à la maison et les écouter. Montrer à mes enfants que la musique mérite son outil, c’est bien d’écouter toutes les chansons d’un album en 45 minutes. Vous n’avez pas besoin de changer tout le temps, vous pouvez prendre un disque et lui donner son temps, je pense que c’est bien.

Pozzo Live : Parlons un peu concerts. J’aimerais savoir comment se réfléchit la création d’une setlist. Difficilement j’imagine, vous voulez mettre des morceaux récents, mais devez laisser aussi des hits.

Dave Brenner : C’est vrai qu’on joue plus de nouveaux morceaux dans notre set en ce moment que nous ne l’avons fait depuis longtemps avec les albums passés. Nous avons ajouté trois chansons du nouvel album dans notre set en ce moment, et c’est seulement un set de 70 minutes. Mais c’est cool parce que nous avons des chansons qui ont déjà été prépubliées et pour que les gens puissent les écouter, les entendre et puissent les connaître. Nous avions vu avec RX [Medicate], qui était une chanson d’il y a quelques disques. Nous avons gagné de jeunes fans qui ne nous connaissaient pas forcément avant et qui étaient des fans de RX.

Ensuite vous devez également jouer les chansons rythmées pour les fans qui sont des fans depuis toujours, et qui veulent entendre les hits. Donc pour nous, il s’agit d’obtenir un bon mélange. Nous aimons jouer les chansons que les gens veulent entendre et monter un spectacle qui a des hauts et des bas qui peut emmener les gens dans un petit voyage. Donc c’est délicat, nous devons vraiment y aller avec nos tripes après avoir joué des chansons et vu les réactions de ce qui marche et ce qui ne marche pas.

Pozzo Live : Est-ce que vous vous permettez de changer quelques morceaux tous les soirs pour permettre de jouer un peu plus de morceaux sur la tournée au total ?

Dave Brenner : C’est très rare, parce-que nous avons toute une configuration avec notre éclairage et tout ce qui va avec. Nous aimons un peu essayer de vraiment créer un bon spectacle. Prenez le show lors de la tournée sur laquelle nous sommes en ce moment, la tournée Rock Resurrection avec Skillet et Saint Asonia, nous l’avons en fait un peu changé. C’était amusant parce-que nous ne le faisons pas comme habituellement, nous sommes dans une position différente. Certaines fois nous fermons la soirée, certaines fois nous sommes avant Skillet et donc nous mélangeons les choses et essayons de voir ce qui fonctionne. L’objectif est également d’essayer de nous faire de nouveaux fans, de nous présenter aux fans de Skillet et Saint Asonia.

Je pense que les temps ont changé, que les gens veulent en avoir pour leur argent et s’ils veulent pour venir à un concert, ils ne veulent pas nécessairement voir un seul groupe. Et ils veulent voir des groupes dont ils n’ont jamais entendu parler pendant la soirée. Nous avons vraiment travaillé pour essayer de mettre en place ce package de groupe que les gens apprécieraient. Vous ne savez jamais comment cela va fonctionner, et comment le mélange de fans va se faire. Mais je pense que c’est l’une des meilleures tournées auxquelles nous avons participé. Nous adorerons tourner avec Skillet et Saint Asonia. C’est un ensemble de très bons groupes et d’êtres humains. Toute l’équipe s’entend bien et chaque soir, nous offrons une très bonne soirée de divertissement pour des milliers de personnes.

Pozzo Live : Est-ce que vous avez une passion, un hobbie en dehors de la musique ?

Dave Brenner : J’en ai quelques-unes. J’adore le hockey sur glace, je suis un grand fan de hockey, même si je n’ai pas beaucoup joué ces derniers temps, mais j’avais l’habitude de jouer un peu. Et j’ai un terrain en Alabama où j’habite. J’aime vraiment être sur mon tracteur pendant que je suis sur le terrain, c’est le genre de chose qui m’occupe pendant mon temps libre.

Pozzo Live : Si vous deviez dire quelque chose au vous d’il y a 15 ans qu’est-ce que ce serait ?

Dave Brenner : Je dirais « jeune Dave, il est important que vous vous en teniez à votre instinct. Cela ne vous égarera pas ». Si je regarde en arrière, les regrets que je pourrais avoir c’est d’être allé l’encontre de notre instinct. « Lorsque tu as ce nœud dans l’estomac et que tu ne sens pas ce qui se passe crois en ton instinct, jeune Dave, fais lui confiance. »

Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?

Dave Brenner : Que diriez-vous d’Alice in Chains, mon groupe préféré. Dites que je vous ai envoyé et ça ne devrait pas poser de problème ils vous donneront une heure complète de leur temps je vous le garantit [rires]

Merci à Dave Brenner pour son temps, ainsi qu’à Warner Music

Interview réalisée le 03 mars 2023 par Zoom.

Retrouvez la chronique de Dinosaur.

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