Imparfait nous parle de Telema

Le groupe Imparfait a sorti son premier album Telema le 20 mai dernier. Pozzo Live est parti à la rencontre des membres : Prisca (chanteuse), Bruno (bassiste) et Léo (batteur).

Vous venez de passer le week-end au festival More Women On Stage à Paris où vous avez joué aussi, comment ça s’est passé ?

Prisca : Très très bien, c’était vraiment super ! L’ambiance était super cool et l’équipe aussi, on a vraiment apprécié jouer là bas. On s’en remet doucement. On était aussi dans le public pendant que les autres groupes jouaient et on s’est fait brusquer, le public était vraiment dingue.

Comment s’est passée l’organisation de ce festival ?

Prisca : J’ai été contactée par Sacha Rosenberg de la radio Rock&Folk. En me disant que Lola Frichet et lui organisaient un festival et ils ont pensé à nous. Honnêtement, j’ai juste demandé aux autres s’ils étaient disponibles et j’ai dit oui tout de suite. Ce qui est cool c’est que ça nous a fait découvrir aussi pas mal de groupes, même si on connaît un peu la scène émergente, on ne connaît pas tout, c’est un des très bon points de ce festival.

Bruno : On y était samedi soir aussi pour voir des amis jouer, dont Karoline Rose du groupe SUN avec qui on va bientôt jouer. J’ai discuté avec Lola, très satisfaite du festival, qui a vraiment envie de faire évoluer tout ça, avec les masterclass, les intervenantes. Nous on a envie d’aider sur ce festival, donc à voir ce qu’il se passera ou non l’année prochaine.

Aujourd’hui, on sent cette envie de mettre en avant les femmes sur la scène rock/métal et de montrer qu’elles sont aussi capables de faire du bruit. Prisca, qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?

Prisca : J’avais envie d’exprimer des choses un peu différentes de ce que j’avais l’habitude de faire avant. Avec Imparfait, on est une équipe, chacun a envie d’échanger et de s’exprimer. Quand on a commencé avec Bruno, on avait envie de partager des choses personnelles ou plus générales. Mais c’est la curiosité musicale qui m’anime avant tout.

A l’instar des grands groupes de rock où le chanteur est une sorte de leader, pour Imparfait, c’est l’union votre force. Chacun a sa place pour faire partager ses envies musicales. 

Léo : Oui, mais les vieux groupes ont toujours travaillé ensemble aussi seulement, l’image du groupe était représentée par le chanteur. Pour nous, ce n’est pas une revendication, c’est arrivé parce que chacun a trouvé sa place. J’ai travaillé dans plusieurs groupes avant Imparfait et en arrivant, ça m’a tout de suite parlé car c’est exactement ce que musicalement je recherchais.

Bruno : Quand Léo est arrivé, il a tout de suite apporté sa personnalité. Imparfait c’est un groupe à quatre, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice, peu importe le sujet et on avance de cette façon.

On ressent un travail d’équipe sur votre album, il est riche en influences parce que vous avez aussi chacun vos influences propres. C’est un album auto-produit, avez-vous mis longtemps à le produire ?

Léo : Disons qu’il y a eu plusieurs étapes. On a eu l’écriture, la production et la post-production, c’est ce qui a mis le plus de temps d’ailleurs. On est perfectionniste donc on a aussi retravaillé pas mal de choses pendant cette phase de post-production.

Bruno : Comme tu le disais, on a beaucoup d’influences différentes, on a des parcours différents, on vient chacun d’univers musicaux différents, même si on a des choses en commun. Une fois que l’album a été composé, il a été question de trouver une production qui permette de lisser tout ça aussi, parce que les morceaux sont différents. Donc on a fait un travail collectif dessus aussi.

Prisca : On a beaucoup pris de temps sur la tracklist !

Bruno : Oui on a dû écouter l’album au moins 300 fois avant de trouver le bon ordre. [Rires]

Vous vouliez créer une histoire ?

Bruno : Oui c’est ça, on voulait créer une histoire.

Prisca : Puis il y a eu des interludes qui sont arrivées en chemin.

Bruno : Exactement, sur lequel Léo a pris le lead d’ailleurs, parce qu’il avait des idées à ce niveau là et on voulait le laisser proposer des choses. Comme on le dit, il faut prendre 42 minutes et 24 secondes, et se poser pour l’écouter. C’est un voyage, il se fait d’une traite. Mais on a vraiment voulu créer une histoire de la première à la dernière seconde. Si on entre vraiment dedans, on se rend compte qu’il y a des choses qui sont au début de l’album, qui reviennent à la fin, et inversement. C’est tout une évolution.

Justement, dans ces interludes on sent qu’il se passe des choses. Qu’est ce que vous avez eu envie de retranscrire dans Telema ?

Léo : J’ai cherché avant tout à créer un lien entre les morceaux mais aussi à ce que ça pouvait évoquer. Il y a pleins de choses cachées, des morceaux d’histoires qui servent de liant avec les autres morceaux, les paroles etc. Mais on laisse aussi une porte ouverte pour créer sa propre histoire et y trouver un sens. Je parle en terme de design sonore surtout.

Prisca : Je rejoins Léo. Je mets des petites choses dans les textes et leur demande leurs avis aussi pour savoir ce qu’il en pense. Mais j’aime bien voir comment les autres interprètent les textes, dans ce sens on peut dire que les textes ne m’appartiennent plus, ce n’est plus ma théorie. L’ordre de la setlist est musicale mais il est aussi textuel. Il y a une suite dans les textes, il y a des références dans les morceaux, tout se suit un peu dans l’album. Mais ce n’est pas une histoire fixe, ça reste assez ouvert. J’ai mis beaucoup de personnel dans tous les textes. Ça peut être une histoire précise qui m’est arrivée, comme le titre Mangemort. A l’époque, il y a eu cette histoire autour de George Floyd, ça m’a inspiré car ça m’a rappelé des choses au niveau de l’abus de pouvoir que j’avais pu constater personnellement. Mais le texte reste quand même ouvert sur ce moment, sur cette expérience. Il y a aussi une chanson qui parle d’amour, alors que je n’en parle pas beaucoup, c’est Panique.

Il y a aussi ce côté mystique que vous cultivez aussi bien dans l’album que dans les vidéos et sur scène également. Entre les interludes, les titres de l’album comme Rituel ou Incantation, tous les symboles marqués etc. C’est un univers qui a été voulu ou il s’est créé spontanément ?

Prisca : Oui c’est un peu voulu, au niveau des textes et les titres ont été choisis dans ce sens là. Rituel, Incantation, Thérapie, vont dans ce sens là. La musique en elle-même de façon générale est mystique. On a tous un rapport particulier à la musique, ça accompagne tellement de choses dans la vie. Personnellement, ça me réveille des choses un peu étranges. Quand je repense à notre dernier concert, j’étais vraiment partie ailleurs. [Rires] J’utilise aussi beaucoup de symboles, comme la tête d’alien. Ça représente beaucoup dans l’univers commun mais ça représente quelque chose d’inconnu et d’ailleurs surtout. Parfois, la musique peut nous permettre d’aller plus profond en soi ou vraiment partir ailleurs.

Pour le coup, Telema est vraiment un OVNI. 

Bruno : C’est pas la première fois qu’on le dit. Mais pour l’histoire ce terme n’est pas toujours un terme positif, parce que les médias aiment mettre les artistes dans des cases. Comme les Nova Twins, au début elles ont mis du temps à se faire accepter sur leur propre territoire. Maintenant, elles sont idolatrées mais parce qu’elles ne rentraient pas dans une case, ça les a renforcées dans l’idée qu’elles devaient continuer dans cette voie et s’affranchir des codes du milieu. C’est aussi devenu un OVNI ce groupe maintenant, tout le monde se les arrache, alors on se dit qu’on peut le faire aussi.

Léo : Même en termes de création, c’est important de faire évoluer son art, parce que sinon on fait que recopier ce qui a déjà été fait avant et ce n’est pas intéressant.

Prisca : On fait ce qui nous fait plaisir surtout. Je pense aussi que nous on peut pas faire autrement, je crois que c’est surtout ça. Rien qu’avec nos différents parcours, je ne viens pas du rock et du métal à la base. J’ai découvert ça plus tard donc j’ai un rapport à ce style qui n’est pas le même que Bruno par exemple qui a grandi avec. On a tous des approches, des influences et des façons d’écouter de la musique différentes ce qui fait qu’on est obligé de sonner de cette façon aujourd’hui.

Justement, je trouve que vous avez une vraie singularité dans votre musique. Je pense à Shaka Ponk, vous vous en rapprochez un peu dans ce style musical qui mélange les genres, les personnalités et qui produisent des choses folles eux-mêmes. Quand on voit leur parcours, on ne peut qu’espérer qu’il se passe la même chose pour vous, alors cette singularité c’est une force.

Prisca : ça nous fait très plaisir ! J’ai connu Shaka Ponk à l’époque quand j’étais dans un groupe et que les autres membres étaient fans, je ne connaissais pas du tout mais je me souviens que c’était un gros tourbillon. Pour le coup, tout le monde se ruait dessus en se disant que c’était fou ce que le groupe faisait. C’était aussi un OVNI sur la scène rock française. Je respecte beaucoup le cheminement du groupe, ils se sont accrochés à leur vision musicale,  artistique et l’ont poussé jusqu’au bout. Ils ont réussi à embarquer des gens dans leur délire.

Vous me parliez de Nova Twins tout à l’heure, on sait qu’elles aiment choisir les groupes qui leur ressemblent ou qui ont le même parcours qu’elles. Comment s’est passée la rencontre ?

Bruno : Sacha Rosenberg est venu un jour, il était déjà un grand fan de Nova Twins. Il a dit que l’album était dingue et qu’elles passaient en tournée en France, notamment à Paris au Nouveau Casino. Je lui avais dit que ça serait tellement un rêve de jouer avec elles. Alors il me dit de tenter et d’envoyer un mail. Chose qu’on a faite, mais on a pas eu de réponse tout de suite, alors on a laissé tomber. Puis, quelques mois après, on reçoit un message de la production, qui nous dit que c’est génial ce qu’on fait et qu’on est les bienvenus pour jouer avec elles au Nouveau Casino. Ensuite, le manager nous a contacté, pour nous inviter à venir sur les autres dates de la tournée.

Prisca : Mais avant ça, la validation est passée par les Nova Twins, car elles font attention aux projets qu’elles placent en première partie. On était en stress, on priait pour que ça leur plaise vraiment. Et ça a marché !

Avez-vous d’autres projets en cours, un clip par exemple ?

Prisca : On ne sait pas encore quand ça sortira mais on réfléchit à un cinquième clip pour clôturer cette sortie d’album. Mais on a plein d’idées. A côté on a aussi notre label, Telema Record, on a encore beaucoup de questionnement parce qu’on vient de le lancer. C’est déjà un gros projet à faire. On doit encore ajuster des choses pour le moment. Alors pour le clip on va prendre notre temps, même si ça ne se fait pas tellement de sortir un clip très tard après la sortie de l’album. On a surtout envie de faire quelque chose qu’on aime et où on est tous d’accord. Il y a pas mal de choses en cours sur lesquelles on est en pleine réflexion.

Bruno : Oui et la composition a aussi repris doucement. Quand on voit l’accueil que Telema a reçu, on a de très bons retours et ça nous donne envie de créer de nouvelles choses.

Qu’avez vous prévu cet été ?

Bruno : On retourne en Belgique, on est à Neufchateau le 26 juin. Il y aura aussi une date à Genève pour la fête de la musique, le 24 juin là-bas en plein milieu de la ville. Aussi à Savigny le Temple, le 2 juillet pour la Lodex Party, ça va être vraiment chouette, il va y avoir pleins de groupes cool. On sera à la Rochelle, pour les Francoff, le 14 juillet et aussi au Festival Rock’n’Beer à Bretignolles-sur-Mer, le 30 juillet.

Prisca : On sera aussi à Guéret pour le Festival des Nuits d’Été, le 9 juillet !

Bruno : Ensuite on reprend en septembre et octobre, on a quelques dates avec Ausgang notamment et puis il y a la Release Party de l’album qui aura lieu le 20 octobre au Petit Bain à Paris. C’est le début du Telema Tour !

Dernière petite question, à la fin d’une interview on demande quel groupe ou artiste vous aimeriez que l’on rencontre après vous. Une recommandation ?

Prisca : Ah ! C’est possible d’avoir Deftones ?

Bruno : Je pense à Karoline Rose du groupe SUN. Elle sera ravie de pouvoir discuter de son travail.

Prisca : Surtout qu’elle sera présente lors de notre Release Party à Paris !

Retrouvez la review de l’album Telema !

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