Après une release party plus que réussie à La Boule Noire (la salle était pleine à craquer !), nous avons retrouvé INNOCNT le lendemain pour discuter de son premier EP, de son processus de création et de comment il se définit en tant qu’artiste.
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, est-ce que tu pourrais te présenter ?
Je m’appelle INNOCNT, je suis auteur-compositeur-interprète. Je fais de la soul mélangé avec du rock, avec des influences r’n’b. Et je viens de sortir mon premier EP, Six, qui parle d’une relation qui a duré six ans. Chaque chanson dans cet EP est une manière différente de dire à quelqu’un de rester.
Félicitations pour ta release party à la Boule Noire, c’était incroyable. Comment ça s’est passé pour toi ?
C’était incroyable. Déjà, c’était ma plus grande salle. En fait, il y avait plein de choses qui étaient nouvelles. C’était la première fois que j’avais un ingé son. Aussi la guitariste qui nous a rejoint, Nagui. C’était la première fois qu’on jouait avec lui. La salle était remplie, je m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde. La Boule Noire m’a envoyé tellement d’amour et j’ai envie de faire ça toute ma vie.

INNOCNT lors de sa release party à la Boule Noire
En parlant du concert, je voulais revenir sur l’alchimie incroyable que tu as avec tes musiciens. Comment vous vous êtes rencontrés ?
Simon, c’est le batteur et Soet, c’est le bassiste. Je les ai rencontrés il y a un an, on se connaissait pas du tout. Je connaissais vite fait Simon. Il m’a présenté Soet et on a commencé à monter un trio pour une date dans un bar à Bruxelles, le Belga. On a juste accroché de fou, on a passé tellement de temps ensemble. Ces mecs sont fous ! (rires)
En fait, avoir Nagui m’avait fait peur au départ, parce que j’aime pas trop les variables. Quand je dis les variables, c’est qu’on a commencé à répéter avec Nagui lundi dernier. Moi, c’est une variable qui me faisait stresser. Ça a été assez intense pendant trois jours. Mais on s’est trop bien entendu, en plus Nagui a une puissance scénique, il a une force de proposition incroyable, il est très fort. En fait, le truc qui a été compliqué entre nous deux, parce qu’on apprenait à se connaître aussi, c’était d’arriver à faire en sorte que nos univers se complètent. De faire en sorte qu’on soit un groupe. S’il y a un truc dans mes concerts que j’adore, c’est qu’il y a d’office un moment où tu te dis : mais ce musicien est incroyable !

Soet, le bassiste d’INNOCNT
Toujours sur le concert d’hier, j’ai remarqué que tu avais une présence scénique incroyable. Comment tu t’es entraîné ?
C’est assez marrant mais avant de monter sur scène, j’ai toujours ce stress. Et je me dis toujours avant de monter sur scène :
Je suis le fils d’un chanteur. Si je suis pas censé être sur scène, alors je sais pas qui est censé être sur scène.
Je suis sur scène depuis que je suis né. Donc c’est pour me déstresser avant de monter, en me disant que c’est là où je suis à ma place. Après, tout ce qui se passe sur scène se passe sur scène.
Ce qui m’a aidé, c’est voir mon père quand j’étais petit. J’ai fait pas mal de théâtre, j’ai fait de la comédie musicale aussi. Et regarder beaucoup de vidéos Youtube et copier les gens. Un concert à la Michael Jackson, des concerts à la Bruno Mars… J’adore les concerts de Bruno Mars, j’adore les regarder sur Youtube car je l’ai jamais vu sur scène. Parce qu’il y a des moments où il prend la guitare, des moments où il danse, des pauses, des moments où il parle. En fait, ce côté showman, j’adore le regarder, je regarde ça depuis que je suis gamin. Et je copie, j’essaie de copier le mieux que je peux (rires).
Comment tu as fait pour sélectionner seulement six chansons pour cet EP ?
Toutes les chansons qui sont sur l’EP, à la seconde où j’ai fini de les écrire, j’ai su que j’avais besoin qu’elles sortent. Ça, c’est très perso, mais pour qu’une chanson soit vraiment finie, elle doit sortir. La musique, c’est fait pour être partagé. Quand j’écris une chanson, c’est un message que je dois dire à quelqu’un. En tout cas, ces six chansons, c’est vraiment ma première prise de parole. Et c’est vraiment quelque chose que je voulais absolument dire, sinon elles ne seraient pas sur l’EP.

Six, le premier EP d’INNOCNT
Ton EP commence avec le titre « Haliens (voices inside my head)« . Est-ce que tu peux m’expliquer ce que sont les Haliens ?
C’est une personnification des voix dans ma tête. Toutes les chansons représentent un sentiment différent, là je suis énervé. Je suis énervé contre la personne, mais je suis surtout très énervé contre moi-même. Et je suis indécis. C’est comme s’il y avait ces différentes voix qui, à chaque fois, essayaient de prendre les commandes. À un moment, je dis à la personne : c’est bon, je me barre, c’est fini. Et la phrase d’après c’est : ‘maybe we should start again’. C’est quelqu’un qui est complètement indécis, mais à la fois énervé.
« Sober » s’ensuit, qui est le titre le plus émouvant de l’EP. Est-ce que tu peux nous en parler ?
J’ai écrit « Sober » après la perte de ma meilleure amie. Qui était aussi une grande amie à Elliot (ndlr : ami d’INNOCNT qui était présent lors du concert). Et c’était la première fois que je chantais cette chanson devant quelqu’un qui était aussi amie avec elle. Elliot était au premier rang. Et je te jure, je sais pas si on le voit sur les vidéos, mais à un moment je fermais les yeux. Je voulais pas le regarder parce que je savais que j’aurais pas pu finir la chanson.
Comment t’as fait pour enchaîner après cette chanson ?
C’était dur. Sur le moment, j’ai juste suivi la basse, la batterie, et vraiment ce groove. C’est un peu comme quand t’es en pleurs et tu danses en même temps. Tu suis la musique, t’es pas bien mais t’es quand même en train de danser.
Tu as interprété des sons qui ne sont pas sortis et qui ont super bien marché avec le public. Est-ce qu’on pourra les écouter bientôt ?
Ces deux dernières années, j’ai commencé à écrire des nouvelles chansons. Et « Can I Call You Tomorrow », je l’ai écrite il y a exactement un an d’ailleurs. Moi, quand j’écris une chanson, j’y touche plus. Et c’est une des premières fois où je la teste en live. Je me suis dit : let’s go. Et « Simone » justement, je l’ai écrite il y a un peu plus longtemps. Ce sont des chansons qui vont être d’office sur le nouvel EP. Ce sont d’autres histoires que j’ai envie de raconter.
Ta liste d’influences est très longue et variée, mais est-ce qu’il y a des artistes qui t’ont marqué récemment ?
Quelqu’un du Royaume-Uni : Lola Young. Je l’ai découverte avec « Messy » parce que c’est énorme en ce moment. J’ai écouté tout son dernier album, vraiment je le saigne, même encore maintenant. Je pense que ma chanson préférée, c’est « Intrusive Thoughts ». J’aime beaucoup Luke Combes, il est énorme aux Etats-Unis. C’était justement mon premier artiste sur Spotify Wrapped. J’adore Jessie Reyez, s’il y a vraiment une collaboration que j’aimerais faire ce serait avec Jessie Reyez.

Jessie Reyez, LA collaboration rêvée d’INNOCNT (et on lui souhaite !). Crédits photo : Havard Jorstad
Quelle est la chanson qui représente le mieux ton EP ?
« Sober », parce qu’elle me représente moi. Elle représente ma vulnérabilité à l’état pur, mon côté brut.
« Sober » c’est la première chanson de ma vie où je me suis dit : là, je suis un artiste.
Je l’avais écrite et quelques mois plus tard, je l’ai réécoutée et j’ai fondu en larmes dans la rue, en train de marcher. Ce qui m’avait vraiment touché, c’était le fait que c’était la première fois où j’avais réussi à mettre toute l’émotion que je ressentais à ce moment-là dans une chanson qui était capable de me faire ressentir cette émotion. À ce moment, j’étais un artiste. Parce que je me suis vu-moi-même.
Premier EP, release party qui a été incroyable… On reste un peu sur notre faim. C’est quoi tes prochaines actualités ?
J’ai envie de revenir à une phase créative : écrire et tourner des clips, j’ai jamais encore tourné. Il y a deux choses que j’ai envie de faire ces six prochains mois : écrire et tourner.
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