INTERVIEW LUDO DE hilight tribe : REPERKUSOUND 2023

Durant la 18ème édition du Reperkusound, nous avons pu avoir le très solaire Ludo de Hilight Tribe en interview ! Chanteur et percussionniste du groupe Hilight Tribe, on parle de leur nouvel album Luminescence et de leurs autres projets !

Est-ce que tu peux te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas ?

Bonjour, moi c’est Ludo de Hilight Tribe, je suis percussionniste et chanteur avec le groupe depuis le début de sa création.

Vous avez récemment sorti votre album. Luminescence, est-ce que tu peux m’en parler ?

Ludo : Avec plaisir. Justement, on avait hâte de sortir Luminescence parce que c’est toute une palette de couleurs sonores qu’on va proposer, pour créer un voyage complémentaire, allant d’une chanson à l’autre. Il y a différentes cultures qui se rencontrent. Et surtout, ça nous permet aussi de vraiment matérialiser un album qui sera en 2 volumes. Dans une époque où la manière de consommer la musique se fait beaucoup comme ça. On a voulu faire six chansons et ensuite sept chansons qui, on l’espère, vont sortir dans quelques mois.

Donc le volume 1 et volume 2 vont faire un gros album Luminescence. Vous remarquerez que la pochette, c’est un personnage divisé en 2 et dans le volume 2, ça sera l’autre moitié de ce personnage. Et dans le vinyle final, il y aura le personnage dans son intégralité. Ça représente un peu l’assemblement de toutes ces chansons qui nous ont inspirés.

J’ai vu que normalement, vous aviez 25 sons. Comment est-ce que vous avez fait la sélection des 6 et 7 sons ?

Ludo : Ah, c’est très intéressant ! On avait tellement de chansons et en même temps, on ne pouvait pas tout mettre dans cet album, donc il fallait vraiment réfléchir. C’est quoi le centre névralgique de Hilight Tribe, et comment le matérialiser sous forme de disque ? Et c’est quoi les morceaux qui nous touchent vraiment au fond du cœur ? Et, c’est effectivement Africa Folika, très important quand même, qui est une alternative à l’Inde qu’on a beaucoup visitée et qui nous permet aussi de montrer notre amour pour la musique mandingue, malienne en général. Plutôt ouest africain, qui va honorer la musique des griots qui nous a tellement appris de choses depuis le début.

Et en parlant de culture, est-ce que vous avez prévu d’autres projets vers d’autres cultures, d’autres pays prochainement ?

Ludo : Alors, dans le volume 2 justement, d’un coup, on se met à faire du blues au Mississippi, avec la musique du blues en ternaire, qui va très bien avec notre rythme de Hilight. dom ta dom ta, dom ta. C’est top, super dansant ! Je m’emploie à faire du synthé guitare sur scène, en question-réponse avec mon collègue Greg, qui lui prend la guitare blues. Et puis ensuite, d’un coup, on quitte le Mississippi et on va à Cuba.

Influencé par les cours que j’ai pris avec Agostin Chinchilla qui est un maître de bata. Et donc il m’a transmis, de ce que je me rappelle parce que ma mémoire est mauvaise ; son enseignement de la musique sacrée afro-cubaine, liée à la santeria, et surtout lié aux Orishas, les Divinités qui viennent initialement du Nigeria. Mais les divinités Yoruba. Et donc on pense à Yemayá, la déesse de la mer ou Elegba, le petit-enfant qui ouvre tous les chemins et toutes les portes. Toutes ces divinités, toute cette influence se retrouvent dans cette chanson afro-cubaine, qui sera dans le volume 2. Et dans Desert Hood, d’un coup, on va dans le désert et Greg, il sort le moud, cet instrument tellement représentatif de la culture du Moyen-Orient et Afrique du Nord jusqu’en Egypte. Ça va très loin en Turquie.

Je ne sais pas si ça va en Iran, mais en tout cas voilà d’un coup, moi, je suis à la Darbouka, on s’emploie, avec mon pote percussionniste, avoir 2 darboukas questions-réponses. Et puis on essaie de faire venir le vent, l’esprit du désert dans cette musique. Et on voulait la jouer ce soir, mais on nous a donné un timing assez serré. Mais vous allez l’entendre dans le volume 2. Et puis bien sûr, il y aura de la musique indienne, y aura de la musique du monde entier et des rencontres avec des DJ qui vont nous donner leurs sonorités. Et nous, on va jouer et interpréter tout ça avec nos instruments.

tu parles de DJ, et justement, vous avez accepté que Vini Vici, remix Free Tibet et vous avez dit vouloir faire un show ensemble. Il est aussi aux Reperkusound…. Est-ce qu’on va avoir une petite surprise ce soir ?

Ludo: C’est une super bonne question. Pour être très honnête avec vous, le monde des DJ, et même avec tout l’amour que j’ai pour mes potes DJ que j’apprécie énormément, c’est un monde où ils sont programmés de manière souvent individuelle. Ils sont tous seuls quand ils partent de chez eux, à l’aéroport, dans l’avion, tout seul dans le bus, pour aller au festival ou dans le taxi. Ils sont tous seuls. Aux loges tout seul, ils bouffent tout seul. Ils sont sur scène tout seuls, ils vont à l’hôtel tout seuls et rentrent dans leur avion et chez eux tout seuls.

Nous, on fait tout en Tribe. Tout ce que je vous ai décrit, on le fait à plein, alors c’est peut-être chaotique et on doit l’organiser, on s’est habitué avec les années à organiser notre vie comme ça. Ça va de la paye, à tout ce qu’on essaie de faire, c’est en collectif, c’est jamais parfait, mais en tout cas, on fait tout ce qu’on peut pour améliorer le résultat chaque jour.

Pourquoi je vous dis ça ? Parce que pour faire un live avec les Vini Vici, il a vraiment fallu qu’il nous invite le 18 mai à l’Olympia. Et là, effectivement, on va pouvoir faire un live tous ensemble, ils seront pas tout seuls, on va les accompagner aussi sur certains morceaux, de manière périodique sur leur live. Hop, on repart pour leur laisser faire les autres morceaux dans lesquels on ne participe pas. Et en 2e partie, on jouera le concert à Hilight Tribe dans son intégralité.

 

Tu parles beaucoup de collectif, de groupes. Quelles sont les valeurs, les émotions que vous essayez de faire passer à travers vos morceaux ?

Ludo: Alors nous, on met tous nos efforts pour passer un message universel adressé à toutes les générations, tous les peuples du monde, on cherche les valeurs universelles qui pourraient marcher pour tous les peuples du monde. Ça peut être la respiration, ça peut être s’asseoir autour d’un feu, ça peut être les étoiles le soir avec de la musique, des chants. Et aussi à tous les niveaux, qu’est-ce qui est universel, au-delà des religions, au-delà des croyances, qu’est ce qui marche pour nous tous ? Le sourire, la musique, la danse. Et dans la mesure du possible, c’est essayer d’apprendre le plus qu’on peut des langues et des traditions qui ne sont pas les nôtres, ou du moins toujours essayer d’ouvrir les yeux sur ce qu’on peut apprendre ailleurs. Ça peut être un enregistrement pour ce qu’on fait dans notre quotidien.

Et étant donné la variété de cultures d’influence, etc. Est-ce que le processus créatif quand vous faites des morceaux est le même ?

Ludo: C’est une très bonne question. À l’origine, moi, j’ai commencé en tant qu’ado. Je chantais de la musique psychédélique rock californienne et c’était souvent une guitare et un orgue. Et la batterie et la basse. Et on faisait des petites expéditions musicales. Très légère mais bon, on revenait quand même à un style très californien sur toutes les chansons. Et à partir du moment où on a fait avec Hilight, on était tellement passionné de musique du monde qu’on était obligé de se faire plaisir. Et à travers chaque chanson, traduire ses émotions qu’on a ressenties. Dès le premier album, il y a un morceau qui s’appelle Radio Deli et c’était cette aventure, cette passion pour l’Inde. Et puis ensuite, se sont développés encore d’autres passions. Le pays qu’on a le plus visité reste l’Inde.

Pourquoi ? 

Ludo: C’est marrant d’abord, je pense que quand on est jeune zicos, percussionnistes, guitaristes comme on l’était avec Greg. Qu’on a envie de vivre à la fois la contre-culture de Goa, avec toute la musique électronique et les DJ qui jouaient à l’époque, mais aussi découvrir le pays découvrir les Tibétains, les Rajasthan, mais les différentes religions de l’Inde, qu’elles soient hindoues, musulmanes, jahil, bouddhiste, chrétienne même.

Et l’Inde, c’était le pays où on avait les moyens de vivre pendant des jours, et des jours, et des jours. Et monter dans des trains, des bus, rencontrer des gens, vivre avec des potes, gravir l’Himalaya, c’est extraordinaire. Je le souhaite à tous, c’est extraordinaire de tomber sur un petit temple. Il y a le petit Sadhu qui vous invite à boire un chaï, à côté de son feu, c’est exceptionnel. On monte une agence de voyage. Allez, c’est parti, on part tous ensemble ! *rire*

Vous avez quand même maintenant une bonne carrière derrière vous, quels sont pour toi les plus gros enseignements qui vous ont permis d’avancer ?

Ludo: Ah, c’est très intéressant. Le premier enseignement, on a essayé de faire du folk et du World Music avec des didjeridoos et des percus devant un public électro, et on s’est pris des tomates et des oignons. Et d’un coup, on a appelé nos collègues bassistes et batteurs de Hilight. Donc Richnou et Seb. Et dès qu’ils ont commencé à faire leur *pan palam palam, palalam* et nous on a rajouté cette fois-ci, effectivement les mêmes instruments, le didgeridoo, les percus, les chants, et tout ça. Et là, c’était Hilight tribe.

Une dernière question qu’on aime bien poser chez Pozzo Live…

Oui, je suis toujours vierge, mais bon, j’assume *rire*

*rire* Si tu devais nous conseiller une personne à interviewer dans le festival Reperkusound qui est-ce que ça serait ?

Ludo: J’ai une préférence pour Grayssoker, Clément. Il est tellement frais et tellement spontané avec un talent quand même technique à l’accordéon. Ou des fois, on le voit en train de sauter, on entend la musique, mais quand même. Techniquement, il faut le faire quoi. C’est extrêmement technique et mon cher collègue Rudy, qui est juste à côté aussi, Zalem. Ils nous entendent et vont croire que je fayote. *rire* Qui a quand même à travers toutes ces années su innover dans cet instrument qui est si ancestral, qui est le didgeridoo et en même temps nous amener des rythmes tout à fait avant-garde et en relation avec ce qu’on entend aujourd’hui. Mais je trouve que la sonorité du didgeridoo respecte toujours ce côté sacré et cette ancestralité qui reste dans nos cœurs et qui nous guide même dans les plus modernes des époques.

Merci beaucoup Ludo ! 

Merci à toi, t’es un amour. On apprécie énormément votre intérêt pour le groupe, ça fait très plaisir. 

 

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