Le groupe Story Untold s’apprêtait à jouer au Supersonic le vendredi 16 mai 2025. C’était l’occasion pour nous de discuter avec le chanteur Janick Thibault et le batteur Jonathan Landry.

Pozzo Live : Ravi de vous revoir en France. Toute première tournée seuls en tête d’affiche et c’est en Europe. Quelle surprise !

Janick : Oui, effectivement, mais écoute c’est ici que ça fonctionne. Et puis les gens ont l’air de triper, comme on dit en bon québécois. On adore ça, l’Europe,  ça ne va pas être la dernière.

Jonathan : On reviendra, c’est sûr !  C’est même pas encore fini, mais on a déjà hâte de revenir.

Pozzo Live : Votre passage à Paris se fait au Supersonic, une salle qui donne des concerts gratuits. C’était une volonté de faire ça à Paris ? 

Janick : Je dirais qu’on voulait revenir à Paris. On ne savait juste pas exactement comment on allait faire le concert. Et puis on a eu l’opportunité de pouvoir… on avait deux options, en fait. Soit de donner un concert payant, ou sinon un autre gratuit. Finalement on a choisi l’option gratuit, parce qu’on s’est dit,  si on a la chance de pouvoir faire ça et que le monde vienne nous voir c’est parfait.

Jonathan : Le but de cette tournée là, c’est vraiment de faire connaître le groupe encore plus. On n’est pas au niveau qu’on cherche, donc on veut donner aux gens la chance de venir nous voir. Les tickets sont pas chers. Là, on avait la chance d’un show gratuit, on a dit « Let’s go! ».

Discussion avec Janick et Jonathan de Story Untold (2)

Pozzo Live : En plus cette salle a un public d’habitués qui viennent juste passer la soirée et découvrir des groupes, sans savoir qui joue le soir. 

Janick : C’est vraiment une bonne idée. Faudrait qu’on ait ce genre de salle à Montréal !

Pozzo Live : Vous dites que votre musique n’a jamais aussi bien marché que depuis que vous êtes indépendants. Ce doit être une certaine fierté ? 

Janick : Quand on regarde les chansons qui ont le plus d’écoutes sur les sites de streaming, il y en a seulement une qui était avec la compagnie de disques. Sinon, toutes les autres, c’est des chansons qu’on a faites par nous-mêmes. C’est sûr que selon moi, c’est une fierté parce qu’il y a vraiment personne dans le processus à part nous. Moi, Jonathan et notre producteur, c’est nous qui composons de A à Z. Il n’y a personne d’autre d’inclus dans l’équation.

Jonathan : Moi ce dont je suis vraiment fier, c’est que quand on est parti de la maison de disques, on leur a proposé un single. Le single, ils nous ont dit qu’ils ne l’aimaient pas vraiment. Mais il a maintenant presque 5 millions d’écoutes. Et on a réussi à avoir Kellin Quinn sur le single. Des fois c’est comme : « est-ce qu’ils ont vraiment toujours raison? ». Pas certain.

Janick : C’est pour ça que parfois, c’est vraiment bien de faire confiance à notre instinct. De ne pas tout le temps se fier aux autres. Je pense que c’est bon parfois de prendre d’autres personnes, de ne pas se refermer. Mais il faut savoir s’écouter aussi.

Jonathan : Parfois, si tu crois en ton produit, si tu crois en ta musique, si tu crois en ce que tu fais, et que tu crois que tes chansons sont bonnes, même si parfois il y a des gens qui ne sont pas sûrs, et toi, tu es vraiment convaincu, pousse ! Nous on l’a fait et ça a marché.

Pozzo Live : Comment vous organisez vous pour créer de la musique ? Vous notez des trucs chacun dans votre coin ? Vous vous faites des sessions d’écriture ? Est-ce que vous vous imposez un rythme d’écriture ?

Janick : Avant, je prenais la guitare acoustique, j’arrivais avec une mélodie vocale, puis à partir de là, on bâtissait. Mais depuis environ deux ans, on s’assoit les deux ensemble. Parfois c’est lui qui arrive avec un beat de drum, puis moi je trouve une mélodie de guitare ou de piano synthétiseur par-dessus ça. Je pense qu’il n’y a pas juste une formule, il y en a plusieurs. Autant parfois ça va être moi de mon côté qui arrive avec une idée de mélodie, des fois des mémos audio. Parfois c’est lui, ou même tous les deux on part de zéro, puis on décide à partir d’un tempo.

Jonathan : Je pense qu’on utilise toutes les façons. Il y en a qui utilisent une seule recette, je pense qu’on les utilise toutes pour vraiment que ce soit différent. Et puis pas que ce soit toujours le même genre de chansons, le même genre de concepts.

Janick : C’est ce qui fonctionne pour nous, cela ne va peut-être pas fonctionner pour quelqu’un d’autre, mais c’est notre façon de faire.

Pozzo Live : Êtes vous toujours obligé d’avoir un travail à côté ou bien réussissez vous à vivre de votre musique ?

Janick : En fait, on serait pas obligé si on pouvait avoir un OnlyFans, les deux [rire général]. On n’arrête pas d’en parler depuis le début de la tournée, on se pose vraiment la question, on devrait peut-être commencer à faire ça. Cela pourrait nous donner de l’argent sur la route pendant qu’on n’est pas à nos vrais travails [rires].

Mais oui, tous les deux on travaille. Moi je travaille dans ce qui s’appelle la société des alcools du Québec. Je vends des bouteilles de vin à des clients, mais moi je bois pas. Je vends de l’alcool, mais je bois pas d’alcool, ça donne une idée à quel point mes conseils parfois laissent un peu à désirer.

Jonathan : Moi de mon côté, je travaille pour un homme d’affaires. Je suis comme un homme à tout faire. Ma seule condition quand j’ai proposé de travailler pour lui, c’était que je puisse faire tout ce qui est en lien avec ma musique, partir en tournée, si j’ai des journées de studio, et que quand j’ai besoin, je prends congé. J’avais déjà essayé de travailler dans une usine ou des choses comme ça, mais c’était impossible de prendre congé. Quand j’ai trouvé cette opportunité là je l’ai saisie.

Parce qu’on est à un niveau entre deux. Soit tu ne fais pas d’argent, ça ne marche pas vraiment bien, soit que tu es au milieu et il y a vraiment du bon potentiel, mais tu ne fais pas assez d’argent encore pour payer ta maison, tout ce qui est en lien avec la vie, ou soit que tu es à l’autre niveau et que tu fais vraiment, vraiment, vraiment de l’argent et que tout roule bien. Nous on est dans ce milieu. Et c’est ça qui est compliqué, c’est de réussir à passer au prochain niveau.

Janick : On aimerait ça que ce soit le job principal de faire de la musique, mais pour le moment, on n’est pas encore tout à fait rendu là.

Jonathan : Mais on y croit que ça va arriver, on ne lâche pas.

Pozzo Live : Au fil des années le line-up à évolué. Vous n’êtes plus que deux officiellement, trois sur scène. Est-ce que vous avez trouvé une stabilité et cette configuration vous convient ? 

Janick : Moi, je trouve que c’est mieux comme ça, même qu’on pensait enlever un membre du groupe bientôt. Pour que je sois juste tout seul [rire de Jonathan]. Mais non, sans niaiser c’est plus simple comme ça. Plus il y a de gens dans l’équation, plus que c’est compliqué. Parce qu’il faut plaire à tout le monde. Après on est encore en bons termes avec tout le monde qui était dans le groupe avant. Ils sont tous partis pour des raisons personnelles, chacun de leur côté. Mais c’est moins de bagages, moins de stocks sur la scène.

Jonathan : Tout est vraiment plus simple à gérer. Au début, quand les autres membres sont partis, ça a été une surprise. On était stressé. Mais on continue, on fonce à deux. Quand on s’est rendu compte de comment c’était devenu simple, tout était moins compliqué. La création de chansons, t’as deux idées au lieu de parfois quatre, cinq. Parfois ça porte à confusion. On n’est pas d’accord, ça ne marche pas. On s’est vraiment rendu compte que c’était la meilleure chose qui aurait pu arriver au groupe.

Pozzo Live : Janick, il y a un moment tu as ouvertement parlé de problèmes musculaires ou nerveux au niveau de tes mains. Comment est-ce que ça va aujourd’hui ? Est-ce que ça t’affecte pour jouer de la musique ? 

Janick : Ça ne va pas mieux, mais je pense que dans la vie, il y a deux options. Soit que tu apprends à vivre avec ce que tu as ou sinon tu t’effondres. Je pourrais m’acharner tout le temps, être en train de chialer et dire que ça ne va pas bien ou que j’ai mal. Sauf qu’à un moment donné, je ne veux pas parler trop longtemps non plus. Mais à force d’aller voir des spécialistes, des médecins et que c’est tout le temps le même verdict, je peux faire quoi à partir de là ? C’est plutôt ça que je me dis.

Je suis retourné en voir un il y a peut-être un mois. Je suis maintenant sur une liste d’attente pour des études. S’il y a des avancées scientifiques, ils peuvent m’appeler pour faire des tests sur moi, voir si ça peut donner quelque chose de différent. Mais à partir de là je ne peux pas être chez moi, être assis et faire  « bon j’ai mal, qu’est-ce que je fais? ».  J’aime mieux juste continuer jusqu’à temps que je ne sois plus capable, parce que je ne peux pas faire autrement.

Oui, c’est encore là, je ne sais pas si ça progresse. J’ai l’impression que ça reste un peu stagnant depuis quelques années, mais ça reste que c’est inconfortable de la même façon. Mais j’adore la musique, je vais toujours continuer de faire de la musique d’une façon ou d’une autre. Je ne peux pas faire autrement. C’est de la résilience, c’est juste de continuer.

Pozzo Live : Dans quel endroit ou pays du monde vous n’avez jamais joué et rêveriez d’aller ? 

Jonathan : Il y avait la Grèce qu’on nous avait proposé, ça aurait été vraiment intéressant. Finalement, je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché, mais en tout cas ce serait le fun. La Grèce ou l’Italie, je ne sais pas de ton côté.

Janick : Oui, pour les vacances, se baigner. On aimerait aller dans un pays où on peut se baigner [Rires].

Pozzo Live : En France c’est possible, mais pas à Paris.

Janick : Oui, c’est ça, il faudrait aller dans le sud. Ou alors Martinique ce serait le fun. Mais sinon il y a tellement d’endroits. Le Japon, ça pourrait être vraiment cool. On voit des fois des vidéos des groupes qui vont jouer là-bas et ça a l’air d’être assez intense. Je pense que dans n’importe quel pays où que les groupes ne vont pas souvent. Amérique du Sud, Mexique, Brésil, des endroits comme ça, c’est juste que logistiquement parlant, c’est plus compliqué. Mais je ne pense pas que j’ai un endroit de rêve à aller. Je voudrais juste tous les faire. Même l’Australie aussi.

Jonathan : Même n’importe quel endroit que le public est là et qu’ils sont réceptifs et qu’ils aiment ce qu’on fait. Je pense que ce serait cool.

Janick :  C’est vraiment ça . Tant qu’il y a du monde ça fait notre bonheur.

Pozzo Live : Si vous deviez dire quelque chose au vous d’il y a 10 ans, qu’est-ce que ce serait ? 

Jonathan : Moi, première affaire, apprendre mieux l’anglais. Deuxième affaire. Je pense que j’aurais mis encore plus d’énergie. Parfois tu te dis que ça va marcher, et ça va marcher, mais il faut que tu travailles plus pour que ça arrive. Je pense que ce serait ça.

Janick :  Il y a beaucoup de choses que je regrette. Il y en a que je regrette moins. Je suis quand même content d’avoir eu le parcours que j’ai eu. Parce que là où je suis en ce moment, c’est grâce à tout ce que j’ai vécu. Comme il dit c’est sûr qu’il y a des journées ou des soirées qui auraient pu être mises dans la musique et à la place de ça, elles ont été perdues pour des choses qui ne sont pas importantes. Je pense que ce serait plus de me dire que ce que les gens pensent et ce que les gens attendent de toi, on s’en fout.

L’important, c’est ce que toi tu veux faire. Fais-le pour toi, pas pour les autres. Moi, c’est vraiment ça. Quand on regarde l’image complète, il y a beaucoup de choses que j’ai l’impression d’avoir faites pour les autres. Si j’avais juste fait les choses pour moi, ça aurait été un peu différent que ce que c’est en ce moment. Mais d’un autre côté, je ne suis pas malheureux d’être là où je suis. Je pense que tous les deux, on est exactement là où on devrait être. C’est sûr qu’avec du recul, il y a plein d’affaires que tu aimerais changer, mais que tu ne peux juste pas.

Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?

Janick :  C’est sûr que j’aime toujours les entrevues avec Bring Me The Horizon. Je trouve que le chanteur, il a tout le temps quelque chose d’intéressant à dire par rapport à ses chansons.

Jonathan : Moi, personnellement, je suis trop fan de Blink, donc je dirais Blink. Si j’oublie que je suis trop fan de Blink, je vais essayer de trouver quelqu’un d’autre. C’est une bonne question.
Georges Saint-Pierre, ça pourrait être drôle. Georges Saint-Pierre, le combattant UFC [Rire de Janick]

Merci à Janick et à Jonathan pour le temps qu’ils nous ont accordé. 

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