Lors de leur(s) passage(s) remarqué(s) et remarquable(s) à Rennes et Bordeaux, nous avons eu la chance de réaliser une Interview des Tambours du Bronx. Une discussion passionnante avec des artistes et humains passionnants. On espère qu’elle retiendra votre attention et que vous prendrez autant de plaisir à la lire que nous en avons eu à la faire. (Ce qui suit est un habile montage des deux échanges)

Qui a fait le premier pas ? Les tambours vers divers groupes de metal français ou les groupes qui sont venus aux tambours ?

Franky : C’est moi qui ai fait le premier pas, en commandant un DVD des Tambours sur leur boutique en ligne. Les tambours devaient connaitre mon nom et ont glissé un mot dans ma commande « si tu te fais chier avec Dagoba on t’embauche ». Tout est parti de là, j’étais fan des tambours et deux mois après cet achat les tambours jouait à Marseille, ce fut l’occasion de faire leurs connaissances.

Ils m’ont proposé de faire un remix métal sur le titre « Human Smile ». J’ai envoyé la maquette et tout est parti de là.

Dom : On a toujours été des rockeurs voire des metalleux, on n’a jamais été un groupe juste de percussions traditionnel.

Will : Dans les tambours il n’y a pas spécialement de batteur, il y’a beaucoup de bassistes, guitaristes et chanteurs. Jouer sur un tambour est très différent de la batterie.

Sur le site des Tambours il est indiqué « Plus qu’un groupe, des individualités sans pareil s’affrontent, s’accordent, s’unissent et se confrontent pour donner un sens à l’expression. » Comment se gère ses individualités dans le quotidien du groupe ?

Dom : On est bien obligé de s’adapter.

Luc : Tout le monde a le droit à la parole.

Franky : Moi qui ai l’expérience d’un groupe à 4 ou 6 personnes, là j’ai plus l’impression d’être dans une colonie tu peux délirer avec Luc sur les 4L ou les pornos, avec Will on va discuter sur les dernières bières sorties, tu n’as pas le temps de t’ennuyer et tout le monde joue le rôle d’un médiateur. Sur la route ça fait troupe et le temps passe plus rapidement tu n’as pas le temps de t’ennuyer.

Un tambour fait deux représentations : 3 paires de mailloches 
par show ? Une idée du coût engendré depuis le début ? Vous êtes 
vraisemblablement les musiciens qui avez les dépenses et le turnover 
d’instruments le plus remarquable au monde, qu’est-ce que vous 
faites pour protéger la planète au jour le jour ? 

Dom : Bonjour Vianney, sache tout d’abord que ton N°1 (première question posée lors de l’interview à Rennes, ndlr) me donne le vertige ! Bon, je m’y mets… Enfin j’essaye. Si on part sur une quarantaine de shows par an depuis 32 ans et 2 concerts par bidon (d’un prix moyen de 20€), en prenant 12 bidons (toujours en moyenne) par concert, j’obtiens un coût d’environ 150000€. ça fait réfléchir. Et je n’ai pas les mailloches dans le calcul. Il faut tout de même savoir qu’on nous a déjà donné des bidons, même si on les achète maintenant depuis de nombreuses années et que le nombre de bidons sur scène est variable (ça dépend du show, de la période et donc du nombre de musiciens). Certains bidons font parfois plus que 2 concerts. Les mailloches brisées, tout dépend de la dureté du bidon, de la solidité du bois, et de « l’enthousiasme » du musicien. En gros, il est très difficile de faire un vrai calcul. Mais il est vrai qu’on en a passé pas mal. Maintenant, sur le plan écologique, que dire… Nos bidons sont recyclés et à la fin de leur vie, ils sont soient offerts aux fans (qui en font alors ce qu’ils veulent, souvent un meuble ou un barbecue une fois qu’ils ont réalisé que ça prend beaucoup trop de place) soient compactés pour être recyclés à nouveau. Les mailloches usées finissent généralement chez nos fans. (Ou en barbecue, toujours, désolé pour la fixette, ça doit venir du soleil). Je dirais que nous n’avons pas de plan pour sauver la planète mais que nous vivons depuis toujours à la campagne. Nous somme nombreux à faire notre jardin, certains sont même retournés à l’état sauvage (cf Luc). On essaye d’être responsables à notre échelle. Et je ne pense pas d’ailleurs que notre échelle (c’est-à-dire les gens « d’en bas » ou « ceux qui ne sont rien ») change grand chose au final tant que les gros pollueurs pourront continuer, eux, en toute impunité. Vaste sujet…

Une idée du nombre de tambours cassés en 30 ans ?  Et de 
mailloches ? (on peut lire respectivement 16 000 et 140 000 sur internet) 

Dom : Oups, il faut revoir mon calcul ci-dessus. Difficile à dire, je dirais peut-être un peu moins…

Vous martyrisez des bidons et des mailloches… est-ce que vous 
avez besoin de ça pour éviter de taper sur des gens ? 

Dom : C’est un exutoire c’est sûr. Même si nous ne sommes pas des gens violents. C’est sûr que sur scène, toute rage ressort en une sorte de transe commune et nous porte jusqu’au bout (du concert). ça aide également certainement à appréhender certains aspects de la vie.

Est-ce que vous avez vraiment des problèmes des TMS aux membres 
supérieurs comme on peut l’entendre. Si oui, ça vous a déjà 
empêché de vous produire ? 

Dom c’est lui !

Dom : Oui, nous avons tous eu à un moment ou à un autre différents problème articulaires ou musculaires (quand ce n’est pas carrément une blessure liée à une mailloche reçue dans l’œil ou dans le nez, par exemple… Souvenir…). ça ne nous a jamais empêché de nous produire. On compense, en se faisant mal ailleurs, on prend sur nous, on se soigne comme on peut. Physiquement c’est très dur pendant 1h30, on le sait tous dès qu’on commence à jouer sur un bidon. Mais les autres aspects sont tellement plaisants : vivre de sa passion, pas vraiment de routine, etc. Et cette « transe » dont je te parlais prend vite le pas sur la douleur. Dès qu’on voit le public accrocher, crier, danser, sourire, tout est oublié de notre côté et il ne reste que l’envie de jouer !

Et combien de personnes depuis le début ? (130 je crois environ) Vous êtes restés en contact avec toutes ces personnes ? 

Dom : Impossible de rester en contact. Certains ont voulu tourner la page en quittant le groupe, d’autres sont toujours en bon terme. Le chiffre est également difficile à vérifier. Pour un groupe d’une quinzaine de personnes (encore une moyenne) et une existence de 32 ans, le turnover n’est pas si énorme. Il est tout à fait possible qu’on en soit arrivé à ce chiffre.

Un pays ou vous souhaiteriez jouer ? (vu le nombre pays déjà 
à votre actif !!) 

Dom : Plein. On a joué presque partout mais le monde est vaste et il y a encore pas mal de terres qui nous sont inconnues. Étonnamment nous n’avons encore jamais joué au Canada, j’en rêve. Nous n’avons toujours pas fait le Japon, j’en rêve aussi. Nous avons souvent parlé de la Russie mais ça ne s’est jamais fait, et nous n’avons jamais mis les pieds en Australie. Il reste aussi pas mal de pays à faire en Amérique du Sud…

Vous avez fait des featuring avec les plus grands noms de la 
musique dans le monde. Vous avez une limite ? des gens avec qui vous 
refuseriez de jouer ? (Vianney* ? Jul’ ? Patrick Sébastien ?) 

Dom : Que dire… Oui nous avons quelques limites. Je ne connais pas Vianney (suis-je un extra-terrestre) ? Jul’ j’avoue qu’il m’a donné une suée le jour où je l’ai découvert… Pour faire un feat, nous ce qui nous importe le plus c’est que ça colle humainement. Ensuite que le projet musical soit intéressant, et qu’on ai le temps ou les moyen de le faire. En dehors de ça, pas trop de limites…

Deux événements majeurs dans votre carrière : Jean Paul Goude 
au tout début et Sepultura en 2011. Ce sont deux dates qui vous 
marquent ? il y en a d’autres ? Un show qui ressort en particulier 
dans votre carrière ? 

Dom : Jean Paul Goude est l’événement qui a lancé le groupe, oui c’est incontournable. Sepultura c’est plus que 2011, et certes, ça a été marquant mais ce ne sont pas les 2 seuls. Il y en a tellement d’autres… Ouvrir pour Robert Plant et  Jimmy Page, créer un spectacle avec Jaz Coleman (nous ne sommes malheureusement pas arrivés au bout), ouvrir aux vieilles charrues avec les Frères Morvan, être invités à un festival au Brésil (bien avant Sepultura) par Gilberto Gil, une tournée extraordinaire en Chine, et tant d’autres qui ne me viennent pas à l’esprit tout de suite, sans compter ce que je n’ai pas vécu moi-même…

Aujourd’hui, vous avez plus de 1200 concerts à votre actif, 
tout autour du monde avec ou en première parties d’artistes 
incroyables… Tout le monde déjà entendu parler/connait les TDB mais 
pourtant vous n’êtes pas ultra médiatisés… Comment ça se fait ? 

Dom : Bonne question. Probablement plusieurs facteurs : il y a eu le « c’est bon on connait »… Le fait certainement que l’on reste très DIY et à la campagne… Le tournant Réseaux sociaux qu’on a un peu raté… Autre ?

Plus de 1200 concerts en 30 ans soit une moyenne de 4 à 5 
concerts par mois depuis 30 ans… si on compte les répétitions et les 
déplacements… vous avez une vie à côté ? Combien d’entre vous 
ont gardé une activité professionnelle à côté ? 

Dom : Oui nous avons une vie de famille, et du temps pour elle. Nous n’avons juste pas une vie très « régulière ». Mais nous avons certainement la chance d’avoir beaucoup plus de temps à consacrer à notre famille que la plupart des gens. On peut être absents 3 ou 4 jours et être totalement présents pendant les 15 suivants par exemple…

Franky, Comment on sent à jouer de la batterie au milieu d’un 
show de percussions ? Comment on arrive à se détacher du volume 
ambiant pour entendre la batterie ?

(Réponse de Franky évidemment) : C’est une expérience vraiment géniale !

Je me sens poussé par une horde de guerriers en transe qui défonce tout sur son passage, c’est une sensation extraordinaire et un régal de se laisser entraîner dans cette furie tribale ! Je me sens au service des Tambours et mes parties de batterie sont là pour compléter , ajouter de la puissance à leur rythmiques et leur apporter une base solide .

Et Franky, bien-sûr !!

Je me régale à jouer de façon minimaliste et ce que je souhaite par dessus tout c’est que ma grosse caisse et ma caisse claire donnent envie au plus grand nombre de secouer la tête , taper du pied et frapper dans les mains. Mon rêle est de rendre plus catchy et impactant des rythmes de bidons pour en faire des titres Métal.

Effectivement, ce n’est pas une mince affaire de faire ressortir tout ça, je remercie nos ingés-son pour leur travail autant en live que Studio (Félicitations à HK de Vamacara Studio qui a fait un boulot remarquable sur notre album Weapons of mass percussion, ça sonne puissant et précis ! Chapeau).

De mon côté, j’essaie de frapper le plus fort possible, ça parait bête dit comme ça mais pas du tout, surtout pour donner une caisse claire très tranchante qui facilitera son rimshot claquant et perçant dans le mix, de même pour la grosse caisse (même si je suis aidé par un trigger qui ajoute un sample bien puissant à ma grosse caisse naturelle) , c’est très efficace.

De toute façon, il est impossible de retenir sa frappe avec les Tambours, ce serait inadapté et même hors sujet.

Nous voyons pendant vos représentations que le son est un véritable « chaos », comment se sont déroulés l’écriture des lyrics et la composition pour le rendu ne soit pas chaotique justement ?

Franky : En studio tu peux faire beaucoup de choses, j’ai travaillé sur une piste stéréo de bidon afin de me repérer et je me faisais un mix metal afin de maquetter.

En répète il est vrai qu’il est très difficile de maîtriser le volume des tambours, je félicite par encore Vamacara d’avoir fait un son aussi bon. Même en live il y’a beaucoup d’informations qui t’arrivent dans la tête et il faut avoir des techniciens très performant pour arriver à tout faire sonner « gros ».

Will : Un bidon ça sonne très fort ! Le fait de rajouter avec deux guitaristes, un bassiste, un batteur un voir deux chanteurs et un clavier, déjà un groupe de quatre cela n’est pas évident. Les techniciens ont fait un très bon travail.

Dom : Tout le monde a fait l’effort de ne pas en faire trop pour respecter cette unité et ne pas génerer un certains chaos.

Franky : Je me régale à jouer minimaliste afin de rendre service aux tambours.

Dom : La composition est aussi essentielle pour éviter que ce ne soit trop chargé. Si tout le monde ne rajoute trop cela devient ingérable.

Luc : Même moi pour faire bien, je pose les mailloches et je frappe dans les mains (rire).

Will : On essaye d’être ensemble afin que sorte un gros son.

Franky : Ce serait de mauvais goûts que la batterie charge que les guitares chargent que la basse chargent.

Luc : Les éléphants d’Afrique aussi chargent… (rire).

Selon vous qu’est-ce que le public vient chercher en se rendant à un show metal des Tambours du Bronx ?

Will c’est celui-là…

Will : Boire des bières ?! (rire). C’est un mélange de musique et de performance sur scène, on a un public qui va de 4 à 90 ans, qui est très diversifié et pas forcément habitué au metal.

Franky ; J’allais voir les tambours pour le visuel, j’ai d’ailleurs commandé le DVD afin de m’inspirer des mouvements des tambours qui n’est pas commun dans le jeu de batterie.

Dom : Ça déborde d’énergie.

Franky : Ils viennent pour Luc aussi ! (rire)

Dom : Nous on a l’habitude d’un public plus statique dans nos concerts là où Franky a l’habitude d’un public plus expressif et démonstratif. Si tu as un clap poli à la fin d’une heure et demie, ce n’est pas ce que l’on préfère.

Question locale : Vous êtes déjà passé plusieurs fois par la Bretagne (vieilles Charrues, etc.) Est-ce que c’est une région qui se démarque pour vous (ambiance 
festive, culturelle et musicale) ? 

Dom : Oui. Oui, oui, et oui. (On aime bien quoi). Il fallait développer ? (rire). A titre personnel, c’est un des endroits où je trouve le contact facile avec le public et j’aime ça.

Et surtout comment on passe de Sepultura aux frères Morvan ? 

Dom : Difficilement. Sur le plan musical. Humainement, nous nous sommes tout de suite entendus. Musicalement, c’était une autre paire de manche. Nous n’avons pas cette culture de la musique bretonne, donc on avait du mal à comprendre ce que jouaient les Frères Morvan et c’était réciproque ! Mais, au final, tout le monde avait cette envie de passer un bon moment ensemble et c’est ce qui s’est produit.

Ça c’est Luc, mathématiquement, c’est celui qui reste… LE Luc.

Est-ce que vous avez des anecdotes à raconter sur la tournée actuelle ou sur l’ensemble de l’histoire des tambours ?

Luc : Il y’a longtemps Emmanuel Macron avait candidaté pour les tambours mais il ne s’était pas présenté à l’audition.

Franky : Moi j’ai réalisé un rêve de gosse c’était le concert en featuring avec Sepultura au Motocultor, c’était également la première fois que je jouais au tambour, c’est par ailleurs très différent de la batterie.

Dom : Pour la petite anecdote, ce qui m’a vraiment touché c’est notre première à Paris, ou tout le monde même les plus anciens des tambours, tout le monde avait le trac, même Sepultura avait le trac, personne ne savait comment cela allait se passer…

Et pour finir, Est-ce que vous aimeriez vous produire au Hellfest ? Si 
oui, qu’est-ce qui fait qu’on ne vous y a pas encore vu ?

Dom : Tu ne m’auras rien épargné. Bien sûr, on adorerait jouer au Hellfest. On aime le métal, les groupes de métal, on fait même du métal maintenant. Après avoir joué sur de très grosses scènes métal à l’étranger, nous serions fiers de nous produire à la maison, sur une scène aussi prestigieuse.

Pozzo Live : A bon entendeur, si quelqu’un chez Hellfest Prod nous lit… Nous aussi on adorerait les y voir 🤟

30 ans de carrière, j’imagine que toutes les questions possibles vous 
ont déjà été posées alors soyez indulgents 😉 

Dom : J’ai beau être indulgent, tu m’as quand-même donné du fil à retordre 😉

Merci infiniment pour votre temps et votre chaleur humaine. A très bientôt les Tambours et les autres !

* Vianney : HDLR, c’est comme ndlr mais avec humour… parce que l’auteur de la question s’appelle Vianney quoi.. enfin vous avez compris… bref.

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