A l’occasion de leur concert dimanche dernier, nous sommes allés à la rencontre de JB Brubaker, guitariste de August Burns Red, au Cabaret Sauvage à Paris. Il nous livre dans cet interview son opinion honnête et sincère sur le nouvel album de August Burns Red nommé Death Below. Cet album sera disponible le 24 mars 2023 sur toutes les plateformes, mais vous pouvez déjà le précommander ici.

Bonjour JB, Comment ça va aujourd’hui ?

Très bien, merci. Nous sommes allés dîner dans un petit bistrot à vingt minutes à pied d’ici. Mais quand nous sommes arrivés, la cuisine n’était pas encore ouverte, je n’ai donc pris qu’un apéritif. Mais je vais bien !

Vous êtes de retour en tournée en Europe, avez-vous pris le temps de visiter un peu entre les concerts ?

Oui, la dernière fois que nous étions en tournée européenne remonte à 2019. Nous sommes venus à Paris plusieurs fois car nous avons fait de nombreuses tournées en Europe depuis 2008. J’ai donc eu l’occasion de venir à Paris mais je n’ai pas eu la chance de visiter à chaque fois. Aujourd’hui par exemple je n’ai pas pu le faire. J’ai déjà pas mal visité la ville dans le passé, mais je suis sûr qu’il me reste encore beaucoup à explorer.

Vous avez un nouvel album qui sort en mars et qui s’appelle Death Below. Comment vous sentez-vous par rapport à ce nouvel opus ?

Je suis très enthousiaste à ce sujet. Nous y avons beaucoup travaillé pendant la pandémie. Tu sais, tous les groupes disent qu’ils aiment leur dernier album le plus. Je n’ai pas ressenti cela après la sortie de notre précédent album Guardians. Je l’aimais mais je ne l’aimais pas comme je voulais l’aimer. Alors que j’adore vraiment Death Below. J’en suis extrêmement fier et j’ai hâte que les gens l’entendent.

Je dois admettre que j’ai vraiment adoré cet album aussi. Personnellement, je trouve que c’est votre meilleur jusqu’à présent !

Tu as pu l’écouter ? Trop cool ! Nous n’avons pas eu beaucoup de retours de qui que ce soit en dehors du groupe et de la maison de disques. Tu es la première personne que je rencontre qui a écouté le disque. Alors merci beaucoup pour ton retour !

J’ai aussi remarqué en écoutant l’album que toutes les chansons se suivaient tellement bien qu’on a l’impression qu’elles forment les pièces d’un seul et même morceau. Est-ce que c’était l’effet recherché ou est-ce juste une heureuse coïncidence ?

En effet, nous avons fait de notre mieux pour que les transitions soient imperceptibles d’une chanson à l’autre. Il y a quelques endroits où la transition n’est pas aussi fluide que nous l’avions espéré lorsque nous avons commencé. En fait, l’idée originale derrière Death Below vient de Dustin, notre bassiste, et moi-même. Nous avons travaillé ensemble sur des chansons et nous voulions écrire un EP à l’origine. C’est au fur et à mesure que nous avancions dans le processus, que nous nous sommes dit que cela allait devenir un album complet. D’ailleurs, les 6 premières chansons de l’album sont en fait les 6 premières chansons que nous avons écrites avec Dustin dans cet ordre précis. C’est pour cette raison qu’elles s’enchaînent parfaitement, parce que nous les avons écrites en premier.

Ensuite, nous avons pris un peu de temps et avons fait l’enregistrement de Leveler et de tout ce qu’on a sorti pour le 10ème anniversaire de cet album. Puis nous avons recommencé à écrire pour Death Below. Nous avons juste écrit les chansons sans penser à comment les faire transitionner de l’une à l’autre avec la même fluidité que les 6 premières. Donc, la deuxième moitié de l’album n’a pas le même effet. Nous avons fait de notre mieux, mais ça ne se suit pas aussi bien.

Vous avez sorti votre premier single de Death Below appelé Ancestry avec Jesse de Killswitch engage. Vous étiez en tournée ensemble plus tôt cette année en Amérique du Nord, avez-vous écrit cette chanson pendant votre tournée ?

Non, mais nous nous sommes rapprochés de Jesse pendant cette tournée et notre chanteur Jake et Jesse sont devenus amis. D’ailleurs, ce n’est pas juste pour moi de le dire sans demander d’abord à Jesse, mais j’ai le sentiment que si nous n’avions pas tourné ensemble, la collaboration n’aurait pas eu lieu . Parce que nous n’avions pas vraiment de relation avec lui auparavant. Jake et Jesse partagent les mêmes idées, ils se soucient beaucoup des gens et traitent les gens équitablement. Ils aiment tout le monde quoi qu’il arrive et partagent ce mantra ensemble. Alors vu qu’ils s’entendaient bien, nous avons demandé à Jesse s’il voulait faire partie d’Ancestry, et il a gracieusement accepté et il était aussi content d’être sur le clip.

En parlant d’Ancestry, avez-vous regardé les vidéos de réaction à votre single? L’accueil est très positif et beaucoup disent que c’est là le vrai Metalcore.

Non je n’en ai pas vu, mais c’est sympa ! Vous savez, nous aurons 20 ans l’année prochaine! Le Metal en tant que son, en tant que genre, sonne un peu différemment aujourd’hui du genre de Metal que nous avons commencé à jouer et que je suppose nous jouons encore à ce jour. Donc c’est presque comme si nous étions un groupe de metalcore rétro maintenant, tu vois ? Ce n’est pas ce que les jeunes groupes jouent vraiment en ce moment.

Vous êtes fidèle à votre son depuis le début, mais en même temps, vous continuez à vous réinventer à chaque album. Comment faites-vous ?

Eh bien, je suis content que tu penses cela, mais je ne sais pas si tout le monde serait d’accord avec toi. J’ai l’impression que la plainte la plus courante que je lis est que toutes les chansons d’August Burns Red sonnent pareil. Moi, étant très proche de la musique, je suis d’accord avec toi, car je pense que chaque album a son propre thème ou sensation.

Ta question, je suppose, était de savoir comment on fait ça. Je ne sais pas, nous nous sommes toujours retrouvés pour créer de la musique. C’est notre objectif en tant que groupe depuis aussi longtemps que nous sommes un groupe. Je peux dire que Death Below a été écrit pendant une période très sombre dans le monde et dans nos vies où il y avait beaucoup d’incertitudes. Donc nous écrivions depuis un endroit plus sombre, je pense. Je voulais écrire un album plus obscur, plus métal, je veux dire qu’il n’y a pas autant de chansons « joyeuses » qu’il y en avait sur les précédents albums d’August Burns Red. Tu vois la chanson intitulée Lighthouse sur Guardians, il n’y a définitivement rien qui ressemble à ça sur Death Below. Mais je suis vraiment très fier de ce que rend Death Below et j’aime la sensation sombre de l’album.

La structure et le rythme de vos chansons sont toujours aussi complexes avec une technicité sans précédent. Y a-t-il un cerveau derrière votre processus créatif ou est-ce un travail d’équipe ?

À ce stade, Dustin et moi sommes en quelque sorte les cerveaux derrière les chansons. Il y a une collaboration dans le chant et les paroles. Nous travaillons dur ensemble sur ce genre de choses. Sur ce nouvel album, il y a des paroles de 4 membres différents du groupe et nous travaillons beacoup ensemble sur les motifs et d’autres choses aussi.

Tout ce processus est très collaboratif. Et tu sais, nous nous échangeons beaucoup d’idées, en particulier Dustin et moi en ce qui concerne les chansons, leurs structures et le partage de parties et de riffs les uns avec les autres. Je suppose que nous avons toujours eu une approche assez linéaire pour écrire les chansons d’August Burns Red. Ce n’est pas une structure couplet refrain, couplet refrain, pont refrain. Je ne veux pas nous appeler du Metal progressif parce que je pense que ce serait un peu injuste pour tous les groupes qui jouent du Metal progressif. Mais nos structures sont généralement assez progressives je trouve.

Est-ce qu’avec le temps cela devient plus facile d’écrire des paroles profondes et personnelles ?

Je pense que c’est personnel à chaque individu qui écrit. J’ai seulement écrit les paroles du morceau d’ouverture et de la première chanson. Et cette chanson ne parle pas de mon émotion personnelle, elle raconte une histoire.

Mais je sais que Jake a écrit quelques chansons d’un endroit extrêmement personnel sur cet album et Ancestry en est un parfait exemple. Je n’ai pas l’impression que ce soit à moi de partager le sens le plus profond de cette chanson. Je sais de quoi il s’agit, mais je laisserai Jake partager ça tout seul quand il sera à l’aise de le faire.

Mais pour autant, que cela devienne plus facile avec le temps, je ne sais pas, je suppose que cela dépend du sujet. Certaines choses ne sont jamais faciles à aborder.

Vos couvertures d’album sont toujours si spéciales. Comment trouvez-vous les idées artistiques ?

Notre batteur Matt Greiner a probablement été le plus influent sur les pochettes de nos albums et la discographie artistique dans son ensemble. Néanmoins, cette dernière couverture d’album, j’ai trouvé l’artiste qui l’a faite. Il fait des œuvres d’art folles. Je suis désolé je ne peux pas vous dire son nom car il m’est difficile à prononcer. Notre producteur a partagé son compte avec moi sur Instagram, alors je l’ai contacté parce que j’adorais son travail. Mais il m’a répondu qu’il était désolé qu’il ne pouvait pas car il était trop occupé. Le gars fait des illustrations pour Netflix et Disney et d’autres gros trucs, donc il fait des choses beaucoup plus grandes que nous.

Mais j’ai parcouru sa page et j’ai trouvé ce que deviendra plus tard l’illustration de Death Below. Alors je lui ai demandé, voudriez-vous nous vendre cette illustration ? Et il a accepté et c’est comme ça que ça s’est passé. C’est un mec cool, il est resté en contact avec nous et m’a envoyé un message, lorsque le premier single et la pochette de l’album sont sortis, pour nous féliciter. Il devait venir nous voir jouer au Royaume-Uni il y a un mois mais malheureusement ça n’a pas marché car il avait des obligations familiales. Mais c’est un artiste incroyable.

Nous avons beaucoup cherché à Pozzo-Live et avons trouvé l’artiste et l’illustration en question ici.

Vous jouerez ce soir avec Bury Tomorrow. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

En fait, nous avons le même agent. Nous avons déjà joué ensemble dans des festivals il y a quelques années, mais nous n’étions pas très proches les uns des autres sur le plan personnel auparavant. C’est en 2019 que nous avons convenu de faire une tournée ensemble. Cette tournée actuelle était initialement prévue pour fin 2020, mais elle a été repoussée jusqu’à maintenant à cause de la pandémie. Donc, c’est notre agent qui nous a réunis.

En parlant de festivals, vous avez été au Hellfest, le plus grand festival de Metal en France, en 2009, 2012 et 2016. Reviendrez-vous l’année prochaine ?

C’est tellement triste ! Nous étions censés jouer là-bas l’été dernier, mais nous avons dû annuler toute notre tournée de festivals parce que nous ne pouvions tout simplement pas nous permettre de la faire. Cela nous rend tristes et je suis triste même d’en parler en ce moment mais le coût du transport et tout ça était exorbitant et nous ne pouvions tout simplement pas faire en sorte que cela fonctionne. Alors oui, nous serions ravis de revenir au Hellfest s’il nous invite.

Vous avez fait plusieurs reprises vraiment amusantes. En 2020, vous nous avez offert un album de Noël. Aurons-nous un spécial Noël cette année ?

Tu sais quoi, c’est drôle parce que nous avons fait un single de Noël chaque année depuis 2007 et nous avons fait un album et un EP de Noël aussi. Mais je suis triste de dire que c’est la première année où nous n’avons pas de nouvelle chanson pour Noël. C’est parce que nous avons consacré tant de temps et d’efforts sur Death Below dont nous venons de sortir le premier single. Donc, pas de nouvelle musique de Noël cette année, mais nous prévoyons de reprendre la tradition l’année prochaine.

Vous avez repris de nombreux artistes, Mariah Carey, Britney Spears et System of a Down. Selon vous, lequel a le plus influencé votre musique ?

Je dirais System of a Down plus que Mariah Carey. Je n’aime pas notre reprise de Britney Spears, je pense que ça craint, on ne jouera jamais ça. Même si je sais que c’est une chanson populaire sur Spotify et autre, mais je n’aime pas la production dessus. D’ailleurs, je n’aime pas la reprise de Miley Cyrus non plus. Mais si les gens découvrent notre groupe avec ces chansons, tant mieux, c’est génial. Mais je ne veux pas qu’on se souvienne de moi par ça. Par contre j’aime vraiment la reprise que nous avons fait de System of a Down. Je les aime beaucoup comme groupe et d’ailleurs nous ouvrons avec Chop Suey! ce soir.

Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous étiez sur cette même scène ? C’était en 2015, qu’est-ce qui a changé depuis ?

Oui lors de notre tournée Asking Alexandria. Mais la salle a l’air si différente maintenant elle a été remodelée. Déjà les membres du groupe sont les mêmes depuis 2006. Mais ce qui a changé depuis 2015, c’est que j’ai un fils de 5 ans, donc je suis papa maintenant. Notre autre guitariste Brent a eu une fille et notre batteur s’est marié récemment. Mais en vérité, peu de choses ont changé pour nous en tant que groupe.

Nous écrivons toujours des albums et tournons de la même manière qu’en 2015. Nous sommes vraiment des frères, nous avons traversé beaucoup de choses ensemble et les relations sont un peu plus fluides maintenant. Il y avait bien sûr des conflits quand nous étions plus jeunes et que nous cherchions notre chemin à travers tout ça. Et maintenant, nous comprenons comment chacun fonctionne et l’humeur de chacun. Nous savons quand laisser tomber et quand parler des choses. Et nous avons une assez bonne relation, je pense, surtout pour un groupe qui est ensemble depuis aussi longtemps que nous.

Y a-t-il quelque chose que vous voudriez dire à la version de 16 ans de vous-même ?

Je me dirais probablement de commencer à jouer de la guitare parce que je n’en jouais pas encore. J’ai commencé quand j’avais 18 ans donc j’aurais aimé commencer un peu plus tôt. Mais je suis vraiment content de la façon dont les choses se sont déroulées, alors peut-être que si j’avais commencé à jouer plus tôt, les choses ne se seraient pas terminées comme elles l’ont fait. Je pense que tout arrive pour une raison.

JB, tu es toujours sur scène avec des tongs ? Pourquoi ?

Ça a commencé en 2005 ou 2006 quand on était assez jeune. Brent et Dustin le faisaient aussi et c’est juste quelque chose que j’ai continué à faire. Maintenant c’est un peu mon truc et je sens que je suis obligé de le faire sinon les gens diront « oh tu ne portes pas tes tongs ce soir ! ». C’est confortable pour moi mais je me demande quels seront les effets à long terme sur ma voûte plantaire. Voilà, c’est juste cette petite chose idiote qui fait partie de notre spectacle maintenant.

As-tu d’autres messages pour vos fans français ?

Nous sommes tellement reconnaissants d’avoir pu jouer ici en France pendant aussi longtemps. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de groupes avec qui nous parlons qui disent qu’il est difficile pour eux de faire venir des gens à leurs concerts en France. Personnellement, je n’ai jamais ressenti ça avec August Burns Red, j’ai l’impression qu’on a toujours été très soutenus par les fans français. Nous avons toujours eu de bons concerts à Paris et nous avons joué dans tant de villes à travers la France au fil des années. Nous sommes donc reconnaissants pour le soutien depuis si longtemps et nous avons hâte de partager notre nouvel album Death Below avec vous et espérons que vous l’aimerez autant que nous.

Dernière question, sorte de question signature de Pozzo-live. Pourriez-vous penser à un groupe que vous nous recommanderiez d’interviewer ensuite ?

Oh intéressant ! Je pense que vous devriez interviewer nos amis Silverstein. C’est un peu un groupe post-hardcore/Emo original. Ce sont de très bons amis à nous de Toronto, au Canada. Et je sais qu’ils seront en tournée en Europe. Des mecs formidables et des amis à nous avec qui nous tournons beaucoup.

 

Interview réalisé par Douâe AYACH pour Pozzo-Live lors d’une rencontre avec JB Brubaker au Cabaret Sauvage le 20/11/2022.

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