Après une année rude, où nous voyagions uniquement entre le salon et la cuisine, il était temps de prendre une bouffée d’air frais avec le dernier album de Synapson. Cet enregistrement qui nous permet de voyager en Afrique ou encore en Amérique du Sud sans même mettre un pied dehors, est un indispensable pour commencer cette année 2021. Alexandre, connu grâce aux titres Djon Maya ou encore All in you, a accepté de nous accorder une interview afin de pouvoir parler de l’évolution du groupe, de leur projet en cours, ainsi que de leurs souvenirs.

Pozzo Live : Salut Alexandre, comment vas-tu et comment vis-tu le confinement ?

Écoutes, ça va très très bien. Pour être honnête, le confinement, malgré la difficulté que cette période peu évidente a pu provoquer chez certains, nous a été bénéfique. De notre côté il y a moins de concert, enfin, il n’y en a pas moins il n’y en a plus du tout. C’est un manque que l’on ressent, mais au-delà de ça on a pu se confiner au studio. On était plus dans une phase de création, puisque nous ne pouvions pas faire de tournée.

Ça ne nous a pas trop empêché de remplir les objectifs qu’on s’était fixé, à savoir terminer cet album, bosser sur d’autres projets que l’on produit, faire nos remix, et travailler sur notre petite émission quotidienne. Dans celle-ci, on partageait un petit bout de notre collection de vinyle en direct sur YouTube durant le premier confinement. Durant le deuxième on en a fait tous les samedis au lieu de quotidiennement. Nous avons également fait ce que l’on appelle des boxons TV, là pour le coup c’était des petites interviews de 10minutes… Donc ce confinement nous a inspiré pour créer notre propre média, notre propre moyen de diffusion, de musique pure ou d’interview, en plus de produire.

Pozzo Live : Le domaine de l’électro est assez varié… Comment qualifierais-tu le style de Synapson ?

C’est une question à laquelle j’ai du mal à répondre en général, car l’électro, de nos jours peut tout et rien dire. Quand on parle de musique électronique dans le style musical on retrouve de tout. On va trouver du David Guetta, Woodkid, etc…

Une fois une personne nous a interviewé et a utilisé le terme d’éclectronique, un mélange entre éclectique et électronique. Finalement ça nous semble plutôt pas mal. On a toujours voulu apporter une note d’acoustique à notre musique malgré l’électronique, avec de la guitare, de la cithare, du oud, du piano etc… Donc éclectronique est un terme qui nous semble juste.

Pozzo Live : Paul et toi êtes amis depuis l’enfance… Comment avez-vous eu l’idée de faire un duo musical ?

On se connaît depuis plus de 20 ans, on se voyait chaque année, le temps de quelques semaines à Biarritz, car nos parents prenaient congé là-bas. Le reste de l’année on ne se voyait pas car Paul était de Castres, et moi de Paris.

D’année en année on parlait beaucoup musique, même si on écoutait des choses très différentes. Paul était d’une culture plutôt Hip Hop, Rap et Électronique (comme DJ Shadow), plus expérimentale, moins évidente. Moi je venais d’une culture plutôt jazz, avec Sony Rolling, Billie Holiday, et j’écoutais beaucoup de House grâce à mon père. En en parlant tous les ans, on s’était dit « pourquoi ne pas tenter l’expérience quand on se retrouvera dans la même ville ? ».
Paul est arrivé à Paris il y a 10 ans, et quelques jours après ses premiers pieds à Paris, on a acheté nos instruments de musique. C’est comme ça qu’on a commencé à en faire.

Pozzo Live : Comment se sont déroulés vos débuts, et comment avez-vous réagi face à l’essor de Synapson ?

Nos débuts se sont bien passés malgré ce que peut dire notre fiche Wikipédia qui dit que « par manque de succès le groupe a failli se séparer à plusieurs reprises » (rire). C’est complètement faux, on a eu une fois un sujet de discorde, et depuis, rien !

D’une relation d’amitié à une relation pro c’est totalement différent. C’est une nouvelle approche, une nouvelle relation qui se créer, même si on se connaît depuis 20 ans. C’est au-delà d’aller boire des coups, aller dans des bars et boites, de se voir que pour les bonnes choses… Une relation professionnelle, c’est totalement autre chose.

On a appris à connaître les défauts de l’un, de l’autre, ses qualités, et c’est ce qui fait que l’on n’a pas eu de disputes. Et je pense que c’est aussi pour ça que l’essor de Synapson, qui s’est fait avec notre musique Djon Maya, s’est bien passé. On a toujours eu l’impression que l’on avait notre petite notoriété, que l’on avait notre communauté qui a grandi petit à petit et on ne l’a pas senti exploser.

Ce titre nous a fait connaître au grand public, mais on avait tellement des fondations solides dans notre relation et notre communauté, que je n’ai pas eu ce sentiment de m’être envolé. Ça nous a permis de garder les pieds sur terre, et de continuer à faire ce que l’on aime sans se prendre la tête.

À la découverte de Global Musique volume 1…

Pozzo Live : Vous avez sorti dernièrement l’album global musique volume 1, qui nous emmène voyager en ce deuxième confinement, peux tu nous en parler un peu ?

Oui tout à fait ! Alors cet album…je pense que la pochette est le meilleur reflet de ce que l’on a voulu refléter de celui-ci…

On a voulu repartir à l’essence de Synapson, qui était de s’inspirer de musique du monde entier. Ainsi on a collaboré avec des artistes venant de partout, en y rajoutant une touche à la « Synapson ».

On n’a pas l’impression d’avoir cette touche… Mais les gens disent qu’on a notre « pate » et qu’on nous reconnaît ainsi, donc ça nous fait plaisir. En y ajoutant une pate électronique, nous sommes partis musicalement au Mali avec Oumou Sangaré, au Sénégal avec Lass, au Brésil avec Flavia Coelho, en Afrique du Sud avec Bongesiwe, en France avec Tim Dup… Enfin voilà, il y a plein d’artiste.

Le volume 1 et quand même accès sur l’Afrique et l’Amérique du sud. Avec le contexte actuel, voyager est compliqué. On a envie de voyager encore plus et de pouvoir partir sur d’autres continent musicalement. Aujourd’hui on a des moyens de partage concernant la musique assez impressionnants… Donc on a voulu faire voyager les gens autant que nous on voyage quand on joue.

Pozzo Live : Comment avez-vous eu l’idée de faire ces featurings, et avez-vous des featurings coup de cœur ?

Cette question est très compliquée… Car chacun des featurings que nous avons fait était une expérience unique, je pense notamment à Blick Bassy. J’étais extrêmement fier de l’avoir dans l’album.

Alors je dirais… Pfiou… J’ai adoré bosser avec Flavia Coelho, c’est une copine en plus, et je trouve que, mon dieu, elle a un grand talent.
On a vécu des moments très forts avec la chanson Yise aussi, de Bongeziwe. Le texte parle de son père, c’est très personnel. On a eu la chance de parler avec lui c’était la première fois qu’il faisait ça. Son texte est vraiment très touchant. On le voyait derrière le micro en studio, il se mettait à genoux par moments, c’était très fort.
Je pense que j’ai pris une des plus grandes gifles en studio avec Oumou Sangaré. Au-delà de toute l’admiration que j’ai pour cette femme, pour sa carrière, sa musique, quand elle est rentrée dans le studio il y a eu une sorte d’aura qui s’est installée. Une aura avec tout ce qu’elle incarne sans forcément parler… c’était vraiment impressionnant.

Maintenant, je vais peut-être être influencé par le contexte actuel, mais si je devais retenir un morceau, je retiendrais Toujours avec Tim Dup et Lass, simplement car c’est un morceau de confinement. J’ai fait cette instru à notre quatrième jour de studio. Paul et moi ne travaillons pas ensemble, on a chacun notre studio. Quand j’ai fait cette maquette j’ai tout de suite pensé à Tim Dup. L’instrumental est assez solaire, et je voulais quelque chose de profond dans le texte. Tim Dup, qui est un ami, est pour moi l’une des plus belles plumes françaises. J’adore son écriture, et sur scène il est bluffant, donc je voulais absolument qu’il la fasse.

Pour la petite anecdote, quand je l’ai eu au téléphone, il m’a dit qu’il était parti faire les vendanges, je lui ai dit « ah, dis-moi que tu as pris tes micros ? » il m’a répondu « oui oui t’inquiète », et on a reçu sa première proposition que l’on a automatiquement adoré. C’est ce que j’aime chez les artistes avec qui on bosse, à chaque fois on ne leur dit rien, on leur laisse le champ libre. À chaque fois ils se placent parfaitement, ils comprennent à coup sur ce qu’on a voulu retranscrire dans notre musique, ça marche trop bien quoi. Et pour les refrains donc, on a pensé à Lass, qui a une voix absolument magnifique.
Puisque cette musique s’est faite à distance, c’est celle-ci que je retiendrais étant donné le contexte actuel.

Pozzo Live : Grâce à ce deuxième confinement, est-ce qu’un Global Musique Volume 2 verra le jour prochainement ?

Complètement ! On est déjà dessus, on a déjà des maquettes, et on a déjà travaillé avec des artistes… Naturellement je ne vais pas les citer pour garder la surprise et faire vivre le volume 1, mais c’est en cours. On va essayer de voyager du côté de l’Asie, car c’est une culture musicale qu’on ne connaît que trop peu. Donc on aimerait beaucoup la découvrir.

Les confidences d’Alexandre de Synapson concernant ses plus beaux souvenirs

Pozzo Live : Plutôt Fakear ou Bakermat pour un futur feat ?

Alors celle là je ne m’y attendais pas du tout ! (rire) Euh, écoute, je vais te parler de deux anecdotes…
J’ai beaucoup de respect pour Fakear, je suis l’un des premiers à l’avoir écouté. Je me souviens d’un de ses premiers morceaux et de l’avoir croisé en festival. C’était l’occasion pour lui en parler, c’est un morceau qu’il a samplé de Chopin (mais je ne suis pas sur) qui s’appelle Hip Hop Homework. Je ne sais même pas si on peut toujours le retrouver car il date d’il y a 8 ans. J’ai retrouvé cette musique dans un film, avec Virginie Efira. Quand je suis retombée dessus je me suis dit « oh mais c’est incroyable, c’est Fakear ! » et j’en avais reparlé avec lui, je lui avais dit que je l’avais adoré. J’adore son travail.

Autrement, quand on a commencé à sortir des sons en indépendant, on a voulu faire une première soirée au Social à l’époque (qui maintenant s’appelle le Sacré). C’était un club mythique à Paris où on a beaucoup de souvenir. On avait décidé de faire ça dans la petite salle du Social, car on n’était pas sûr de la remplir et on voulait choisir quelqu’un pour mixer avec nous.

Notre premier producteur (que je salue) nous avait parlé d’un mec qu’il avait écouté sur Soundcloud à l’époque. Il nous avait dit qu’il était cool, qu’il n’avait jamais fait de date en Europe et donc qu’on pourrait lui proposer, ce qu’on a fait.
Et en fait, on a blindé la salle. En une matinée c’était plein… Donc on est passé à la grande salle… Ça s’est rempli en deux jours. On s’est retrouvé dans une situation où le club était plein à 23 heure. Il y avait déjà du monde qui faisait la queue à 22H30, et il restait 2000 personnes dehors !

Je me souviens qu’il y avait un club en face, et les videurs de celle-ci avaient pris des photos et vidéos se demandant ce qu’il se passait. En fait, le mec qu’on avait choisi en première partie, c’était Bakermat, c’était sa toute première date en Europe ! Donc pour le côté nostalgique, je le choisirai. Cette histoire est assez folle.

Pozzo Live : As-tu des souvenirs de scène particulier de Synapson à nous partager ?

Je vais en partager 3 avec toi, deux dont je parle souvent et un qui est le dernier en date.

Le premier c’est Garorock, on les remercie d’ailleurs de nous avoir fait confiance la première fois. Je la retiens, car c’est la première fois que l’on jouait devant près de 30 000 personnes, et on a joué après Muse ! un sacré monstre, une machine, un groupe impressionnant. Ce sont des musiciens de fous qui ont une carrière dont beaucoup de gens rêvent !

Je les trouve d’une certaine simplicité. Bon ce n’est pas comme-ci on s’était mis des claques dans le dos et qu’on avait partagé beaucoup de choses… Mais une simple chose par exemple, c’est que beaucoup d’artiste, quand tu joues sur la même scène qu’eux, ne te permettent pas d’aller brancher tes instruments car ils sont en train de jouer. Muse pas du tout, on a pu être sur le côté de scène, les voir… Et le fait de jouer après eux c’était dingue.

Je me souviens que le programmateur nous avait dit de nous dépêcher de jouer après eux pour ne pas que les gens ne partent. On était un groupe émergent, c’était de la découverte pour les spectateurs. Donc on a joué direct après, et on est ressorti de là avec des étoiles dans les yeux.

L’Olympia aussi est un gros souvenir. Pas très original, mais comme tout artistes, voir les lettres rouges de notre nom sur la devanture est émouvant. Puis, jouer dans cette salle mythique où tout le monde est passé, c’est extraordinaire.

Et le dernier en date c’est le Caribana festival, vous pouvez retrouver le live sur notre chaine YouTube. On a adoré cette scène, il y avait quelque chose d’électrique, une ambiance de fou.

Il m’arrive parfois de regarder le live à nouveau et je me reprends des claques. Je suis nostalgique, j’ai presque la larme à l’œil car j’ai qu’une hâte c’est de remonter sur scène (rire). Mais, c’était un super souvenir.

Pozzo Live : C’est le moment découverte ! Si tu avais un ou plusieurs artistes à nous conseiller d’interviewer, lesquels seraient-ce ?

Alors je vais te parler de ceux qui m’entourent de près pour commencer, non pas car ce sont des amis, mais simplement car ils ont du talent.
Je commencerai avec Sirius Trema, un très bon guitariste qui a aussi un groove dans sa voix, sa propre identité. Je suis fan de sa musique.

Tessa B, on la connaît depuis quelques années maintenant, et, honnêtement, c’était une des premières grosses claques que j’ai prises. Je ne sais pas l’âge qu’elle avait quand elle a fait ses premières dates avec nous, mais elle avait une maturité dans sa voix, une technique folle. Elle est capable de tout faire, tous les styles, c’est une bête de scène. Elle avait une aisance, une prestance, elle dégage quelque chose de fort. Et elle a un projet perso qui lui correspond parfaitement.
Je pourrais parler de Chambord aussi, qui fait de très belle chose dans son style.

Après dans les artistes que j’écoute beaucoup, je dirais Ours Samplus. C’est un groupe français qui est un peu dans la même approche musicale que nous je trouve, un peu plus hip hop. Je les écoute depuis très longtemps. Ils viennent toujours trouver des samples ou des éléments acoustiques, et je trouve ça vraiment bien. Ils ont une façon de faire de la musique qui est élégante, groovie, ainsi qu’émouvante, c’est très fort.

Pozzo Live : Je te remercie pour cette interview Alexandre, c’était un plaisir, toutes mes félicitations pour le dernier album, et bon courage pour le prochain !

Eh bien plaisir partagé, merci beaucoup, j’espère qu’on aura l’occasion de se croiser sur une date quand on reprendra. Merci encore pour cette interview.

Alexandre et Paul, nostalgique du plaisir de pouvoir jouer sur scène, nous ont invité à les retrouver le 19 janvier. Effectivement, le groupe s’appropriant la scène de l’Apollo à Paris, nous accorda un concert en direct. Synapson nous a également annoncé un concert à ne pas louper le 29 octobre 2021.

Il faudra être patient face à l’épidémie toujours actuelle, mais le groupe nous donne l’espoir de les retrouver le plus rapidement possible. En attendant, vous pourrez patienter en retrouvant le concert du 19 janvier sur la chaîne Youtube du duo, et en retrouvant prochainement notre live report.

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