Fin septembre nous avons pu discuter avec les français de Uneven Structure à propos de leur nouvel album, le très varié et très bon Paragon. Nous avons aussi évoqué leur succès hors hexagone et on leur a demandé s’ils étaient plutôt chocolatine ou pain au chocolat. Bonne lecture !

PL : Pour ceux qui nous lisent et ne vous connaissent pas, pourriez-vous nous présenter Uneven Structure ?

Arnaud Verrier (batterie) : On va dire qu’on est un groupe de rock parce qu’on a pas envie d’aller trop loin dans la classification. On a eu plein d’étiquettes, et nous ce qu’on a envie de faire c’est du rock plus qu’autre chose. Ça reste mon opinion, je sais pas si les gars convergent avec moi ?

Igor Omodei (guitare) : Ouais, du rock, metal, metal prog, on est un peu dans tout ça, dans tous ces styles.

PL : Votre nouvel album Paragon est sorti le 18 octobre et dedans vous parlez de la théorie des archétypes de Karl Jung. Quelle est l’histoire que vous racontez avec ces douze personnages ?

Igor : Alors l’idée en fait c’était d’avoir une sorte de plan d’attaque avec les douze archétypes de Jung pour pouvoir développer ensuite des personnalités différentes, des personnalités humaines, de volonté humaine.

Arnaud : Sachant qu’on a tous une part de ces archétypes en nous et qu’on a tous un de ces archétypes qui parfois, selon les personnes, ont certains aspect qui sont plus exacerbés. Je pense que là dessus en écrivant les textes, je pense que nous en les lisant puis en les interprétant avec la musique, on a eu pas mal de moments de réflexion où on pouvait voir à quel point on se retrouvait en chacun de ces archétypes. Donc c’est à la fois autant une étude sur l’extérieur qu’une espèce d’introspection sur nos propres personnalités, puis pour ce qui est de la musique, on a juste fait la seule chose qu’on sait faire, j’imagine. Du rock !

PL : Comment vous est venue l’idée de ce thème ?

Igor : Euh… C’est une très bonne question ! Comment ça nous est venu ? A la base Matthieu voulait développer un bestiaire, de l’univers de Februus avec 12 personnages différents qui venaient de cet univers qu’on avait développé pour Februus et La Partition. A partir de là Matthieu a continué à un peu étoffer sa recherche et a fini par tomber sur ces archétypes de Jung. Et les archétypes de Jung étaient justement très intéressants à exploiter, à développer et à utiliser et tordre. Voir ce qu’on pouvait leur faire dire et voir jusqu’où on pouvait les étendre pour montrer que ces archétypes ne sont pas hermétiques mais sont l’ensemble d’un tout.

PL : Comment compose-t-on un morceau sur l’esprit humain ?

Arnaud : Eh bien ça s’est plus passé dans l’autre sens. C’est à dire qu’on a d’abord écrit la musique puis ensuite Matthieu a vu dans la musique quelles émotions, quelles couleurs, quelles textures correspondaient le mieux aux personnages qu’il avait envie de développer. Et voilà, c’est là que l’association Igor et Matthieu fonctionne à merveille c’est qu’ils arrivent à se comprendre sans forcément toujours communiquer, avec cet espèce d’osmose qui passe par la musique et qui est vraiment évidente et super fluide.

Igor : Ouais voilà, de base j’avais écrit six morceaux, sans avoir défini le thème des archétypes, sans avoir une base musicale on va dire, savoir vers où on allait musicalement. A partir de là, Matthieu a commencé à poser son chant dessus et à surtout nommer chacun des titres qu’on avait. J’ai écrit trois morceaux de plus en regardant les archétypes restants qui étaient les plus à même de représenter un morceau, puis on a terminé sur trois interludes, trois sessions instrumentales pour boucler le concept.

PL : Comment s’est fait le choix de la pochette de l’album ?

Igor : Il n’y a pas vraiment eu un choix en fait. Je m’étais occupé de la pochette, du coup, et c’est venu un peu tout seul. Je m’amusais avec des textures, de base je n’étais pas trop dans l’optique de faire la pochette au moment où je l’ai faite, et j’ai eu à un moment ce fond coloré qui est ressorti en faisant de la recherche. Puis j’ai été vraiment attiré par le choix de la couleur, par la texture. Il y avait quelque chose qui vraiment me plaisait dedans. Et du coup après deux-trois allers retours j’ai décidé d’ajouter ce tout petit rectangle noir qui est au milieu. L’idée au final c’était que la pochette ne raconte pas une histoire, elle ne montre pas quelque chose. Elle essaie de faire ressentir quelque chose. J’ai passé pas mal de temps à regarder cette pochette, et quand je me concentre sur ce rectangle noir, l’effet que ça me fait c’est que je me retrouve absorbé par cette zone noire, autant que j’en oublie tout ce qu’il y a autour. Et cette sensation que j’avais, cette sensation d’auto hypnose à regarder m’avait paru assez forte, donc on a décidé de rester là-dessus puisque ça représentait bien aussi l’album, le processus de composition de l’album et les thèmes évoqués. On a vraiment ce focus, vraiment, sur créer une partie d’un tout et une possibilité d’oublier tout ce qu’il y a autour.

PL : Vous avez aussi sorti cet été deux clips. Pour Outlaw et Innocent. Pourriez-vous nous expliquer le processus de création pour ces clips ?

Igor : Alors les deux clips ont eu un process très différent. Dans les deux cas ils ont été tournée et produits en interne dans le groupe. Pour Innocent on a écrit un scénario en mai ou en juin, je ne sais plus. On a écrit un scénario qui très défini, chaque section du scénario était définie sur la conception du morceau. Une fois ce scénario fait, on a commencé à faire un petit casting pour trouver du monde, les acteurs qu’il fallait, un peu recherché autour de nous les lieux qu’il nous fallait pour mettre en scène cette histoire et oui du coup on a fini par tourner ça en occitanie sur plusieurs lieux qui nous tiennent à cœur en fait. Par exemple la maison où on a tourné pour Innocent, c’est la maison de la mère de Matthieu, c’est une maison où on a été pour enregistrer le chant et composer. C’est un endroit qui a beaucoup d’histoire pour nous, quoi. On a un peu choisi tous les lieux de cette manière. Ce sont des lieux qu’on connaît. On les connaît vraiment bien, et je pense qu’on s’est tous déjà projetés de tourner un clip dans chacun de ces lieux. Pour Outlaw c’était plus une approche esthétique ou symbolique on va dire. On voulait quelque chose de moins narratif. On voulait comme pour la pochette s’éloigner du narratif pour être plus dans quelque chose de…

Arnaud : D’esthétique et de très suggestif. Sur le contenu textuel d’Outlaw y a une histoire d’excès dans tous les sens, de tirer les excès et les vices d’un homme qui déraille complètement et on a essayé de tourner ça de façon esthétique et très très très suggestive, et on est super contents du résultat, de ce rouge qui apporte une espèce de tension et une espèce de sensualité aussi et on est vraiment très très contents du résultat, on a eu de très bons retours. Il semblerait qu’on ait fait mouche.

PL : Vous avez aussi sorti une vidéo de cours de guitare pour jouer Outlaw, est-ce que c’est important pour vous de partager ça avec vos fans ?

Igor : Oui, en fait Outlaw en particulier est assez intéressant parce que j’utilise des techniques de pitch shifting à la gratte que j’ai allègrement emprunté à Tom Morello. Je voulais juste mettre ça en avant et montrer avec une tablature pour que les gens puissent l’apprendre et pas se casser la tête sur comment ça a été fait, comment ça a été joué. Juste être clair sur comment a été fait le morceau et comment il est joué. C’est un peu pour le kiff, mais ça me fait toujours plaisir de montrer et partager ça parce que je suis vraiment content de ce que j’ai fait à la guitare sur ce morceau.

PL : Vous tournez beaucoup en Europe notamment en Allemagne, mais assez peu en France pour un groupe français. Comment est-ce que vous expliquez cette réussite à l’international ?

Igor : Ca date des touts débuts du groupe en fait. On était plus un groupe qui a évolué et qui s’est fait connaître sur internet avant de tourner, la scène à laquelle on appartenait à l’époque commençait à avoir un vrai engouement en Angleterre en particulier, au Royaume Uni, qui a fait que en soi le groupe a été connu via les réseaux sociaux, via ces communautés au Royaume Uni. On avait pas spécialement d’accroche en France vu qu’en fait nous-mêmes en tant que personnes on faisait pas vraiment partie d’une scène locale, d’une ville. On était juste des personnes qui composions dans notre coin, pour nous. Entre nous. Je pense que ça, ça a joué sur le fait qu’on a mis beaucoup de temps à revenir jouer en France.

Arnaud : C’est un de nos principaux points de focus sur ce prochain cycle d’album, c’est vraiment de rendre la pareille à nous soutiens français. Donc au cours des deux prochaines années, ils vont pouvoir s’attendre à plein de visites de notre part. Dans chaque endroit où on pourra se rendre, et un peu redonner tout ce qu’ils nous ont donné pendant toutes ces années.

PL : Qu’est-ce qu’on peut attendre en tournée avec Uneven Structure ?

Igor : Des cris et des riffs (rire).

Arnaud : Une scène et une production plus affinées que jamais, on va essayer de sortir un peu de notre zone de confort de la scène metal prog pour aller visiter des horizons un peu plus divers. On espère pouvoir rendre visite aussi à tous les pays où il y a des gens qui nous attendent mais dans lesquels on a jamais pu encore aller. Et puis voilà, on espère vraiment pouvoir se produire aussi souvent que possible dans des scènes, dans des endroits aussi divers que possible et pouvoir passer du temps avec autant de fans que possible.

PL : Du coup qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?

Igor : C’est une bonne question !

Arnaud : Musicalement ou…

PL : Musicalement ou en général, dans la vie. 

Arnaud : Je pense que déjà sur ce cycle album on a retrouvé entre nous une certaine énergie. Le cycle de La Partition nous a appris beaucoup de leçon sur ce qu’il fallait faire, ce qu’il ne fallait pas faire et sur ce qu’on voulait faire et ce qu’on ne voulait pas faire. Et c’est ça qui a fait qu’on a été si rapides à sortir ce nouvel album, c’est qu’on a juste voulu très vite mettre ces leçons en application. Et le fait de retrouver cette énergie et de retrouver cette cohésion entre nous et d’avoir eu cette fluidité sur ce nouveau cycle, c’est une grande source d’inspiration, ça nous donne envie d’en faire plus et de le faire mieux. Et après musicalement je pense que les gars peuvent répondre individuellement parce que…

Igor : Musicalement c’est un peu dur à dire parce que ça fait 10 ans qu’on est ensemble, qu’on compose pour ce groupe, on a eu une influence au début qui a défini ce qu’on voulait faire pour ce groupe. Je pense que depuis le temps on a digéré ces influences et on est passés un peu en roue libre. Sur ce cycle Paragon, il n’y a pas eu de groupe où je me suis dit « j’aimerais bien faire pareil, j’aimerais bien choper des idées là dedans ». J’ai écouté plein de trucs qui étaient super cool, hein, qui m’ont vraiment plu, mais quand je compose pour Uneven Structure maintenant je suis plus à m’inspirer d’un événement de la vie, de choses auxquelles Matthieu réfléchit, de choses auxquelles je réfléchis. Ouais de pensées, de nos pensées et de nos expériences que de musique en soi.

PL : Avec quel artiste aimeriez-vous collaborer, tourner ou bosser ?

Igor : Trent Reznor ça serait top. Ça serait complètement fou pour nous de pouvoir faire des sons avec lui, des synthés avec lui dans un studio. Voir ce qu’on peut en ressortir, ça serait vraiment ouf. Après, ça va pas arriver tout de suite, mais ouais, Trent Reznor. Björk ça pourrait être super marrant aussi, on tape haut quoi, mais on est curieux de voir ce que ça donnerait avec ces gens.

PL : Quel groupe ou artiste aimeriez-vous qu’on interviewe ensuite ?

Arnaud : Alors attends parce que c’est une drôle de question, ça ! Est-ce que vous avez déjà fait Henri Dès ?

PL : Ouais on a déjà fait Henri Dès (à venir bientôt dans nos pages, ndlr) !

Arnaud : Merde ! (rire) Bah tu nous vois sans voix ! Vous devriez peut-être interviewer les gars de Rendezvous Point, si ça a pas déjà été fait. C’est un groupe qui inclut le batteur de Leprous, on a déjà fait des dates avec eux en Hollande la semaine dernière et on a vraiment beaucoup aimé ce qu’ils ont fait, et je pense que si on pouvait les voir dans nos contrées françaises ce serait bénéfique ! Je compte sur toi, hein !

PL : Enfin plutôt team pain au chocolat ou chocolatine ?

Igor : Alors on va couper l’interview !

Arnaud : On a des nordistes et des sudistes, tu vas nous faire entrer dans un conflit pas possible ! Je suis picard et je suis team pain au chocolat évidemment !

Igor : Non en fait on est tous pain au chocolat autour de la table !

Arnaud : Par contre faudra lancer le débat sur les patates rôties parce que là on est dans un vrai conflit.

PL : Merci beaucoup pour cette interview et à bientôt !

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