Nous avons rencontré Youv Dee, jeune artiste ultra prometteur qui n’a pas fini de faire parler de lui. D’abord rappeur, il évolue maintenant dans le punk rock où il peut s’épanouir pleinement !

 

Pozzo Live : Comment ça va après ces trois derniers jours de concert ?

Youv Dee : Ça va, en vrai. En forme (rires). Oui, ça va, ça se déroule bien. De base on a commencé avant que les nouveaux morceaux sortent donc c’était un peu… stressant de voir comment le public allait réagir. Mais franchement, on s’y est vite fait. On aurait dit que les sons étaient déjà sortis. Et là depuis que c’est sorti, c’est encore mieux. Donc oui cool, je suis content.

Pozzo Live : Y a un bon accueil du nouvel album ?

Youv Dee : Franchement, grave. Et c’est assez surprenant que les gens se prennent autant au jeu. Même si j’y croyais quand même un peu. Je suis super content que ça réagisse bien. Ça permet aux plus jeunes de découvrir le monde des concerts. Ça leur donne envie d’aller creuser et je reçois pleins de messages de gens contents. On me dit « grâce à toi j’ai découvert des vieux groupes » ou « j’ai commencé la guitare », lancer un peu des vocations quoi. C’est trop drôle.

Pozzo Live : Ça m’a beaucoup impressionné dans les commentaires sous les vidéos des clips. Malgré ce changement de style, à quel point les gens sont bienveillants. Les gens disaient « J’aime peut-être moins ce que tu fais maintenant mais je te soutiens dans ce que tu fais ». C’est un truc de malade. Habituellement on voit plutôt l’inverse.

Youv Dee : Après, il y a eu une petite partie de lynchage mais bon, c’est normal. Mais personne ne pouvait s’imaginer à quel point ce serait différent, même si on avait essayé de préparer le terrain, notamment dans les paroles. Quand je disais que je ne savais pas si je faisais du rock ou du Metallica, avec des gros colliers à pics ou des New Rock. C’était une manière d’indiquer le truc. J’avais mis des guitares électriques dans mes prods même si les sons n’étaient pas toujours adaptés. Donc, je me dis que ça a du en préparer certains dans ce choix évident vu qu’ils me considéraient déjà comme un emo rockeur/trap métal. J’essayais d’indiquer que cela allait arriver.

Pozzo Live : C’est quelque chose qui en France est assez novateur. Aux Etats-Unis, ça s’est beaucoup développé notamment avec Lil Peep ou XXXTentation. En France, cela ne prenait pas du tout. Quelques groupes ont essayé de faire un mix des deux, type Train Fantôme qui ont essayé de mixer rap et rock.

Youv Dee : C’est assez récent aussi de voir des collectifs comme Train. On essaie de faire en sorte que le public s’ouvre à ça. De plus en plus vont pouvoir émerger. Il y a de plus en plus de trap métal. Il fallait d’abord montrer qu’on existe. Dire qu’on est uni, vu le peu qu’on est en France, c’est un bien grand mot. Mais bon c’est toujours d’imposer des trucs nouveaux en France. Ici la culture rock, soit ce sont des groupes vieux que j’ai à citer comme exemple, soit ils chantent en anglais. Je ne trouvais pas ce que je voulais.

Pozzo Live : Pour cette tournée, tu joues quand même des anciennes chansons ou tu te concentres sur ce nouvel album ?

Youv Dee : Non, on joue toujours des anciennes chansons mais revisitées. C’est l’avantage d’avoir un rock band, on peut jouer ce qu’on veut. Par exemple, on reprend une instru de Nirvana sur laquelle on pose un de mes anciens textes, c’est trop cool !

Pozzo Live : Comment as-tu composé cet album ? Tu fais des morceaux tout seul chez toi ? Ou avec le groupe directement ?

Youv Dee : Ça dépend. On avait fait des tests de composer des trucs en groupe au début. Avec les musiciens que j’avais sur les concerts de l’an dernier. Après, on a pas poussé tant que ça les morceaux. Il y a eu le process de travailler avec PProd au studio. J’arrivais déjà avec des idées. On prend la guitare, on commence à créer. J’essaie de trouver mes toplines, mes mélos, des premières idées pour le texte. Après pour les sons que j’ai fait avec Stuts et Majeur-Mineur, ils m’avaient suggéré les prods comme dans « Sad Boys »  et « Mal de toi ». Et il y a certains morceaux comme « Ma Belle » ou « Longtime » où je vais avoir l’idée par exemple dans la douche, des paroles ou des mélodies. Après je prends ma guitare et je fais une maquette dégueu. Puis comme j’ai déjà le son, j’ai qu’à prendre un guitariste qui gère plus, pour pousser un peu le délire. J’étais content de me dire « Ah tiens, j’ai des sons que j’ai fais tout seul dans ma chambre ». Ça me fait plaisir. Ça me donne tellement de liberté, au-delà d’écrire ou de faire une prod. Ça prend 5 minutes de prendre une guitare et de voir ce qui pourrait matcher. Je comprends les personnes qui écrivent jusque comme ça maintenant.

Pozzo Live : Du coup, ce sont des sons que tu as plutôt composé récemment ? Pas des choses que tu avais dans le tiroir.

Youv Dee : J’avoue que ça dépend. Par exemple, pour l’intro, hier j’ai mis un truc sur Insta où j’avais les cheveux bleus, donc ça doit faire au moins un an… Peut-être un an et demi. Et puis de fil en aiguille, entre les petits moments pendant la tournée au calme, le projet doit avoir un an, un an et demi… Sachant qu’en même temps, j’avais des sessions avec d’autres gens comme Garry de Montréal, j’ai fait « Suis-Moi », « Fallait Pas », « Spéciale ». J’avais des moods en tête. Par exemple, je me butais sur Foo Fighters quand j’écrivais « Suis-Moi », du post-punk russe pour « Fallait Pas » et « Spéciale ».

Pozzo Live : C’est fou de voir que chaque son à une ambiance vraiment différente. Ça ne se suit pas. Souvent les albums de pop punk, c’est un peu le cas.

Youv Dee : C’est souvent avec le punk. Moi, c’est ce qui me dérangeait. Même si je les aime évidemment. Mais sur un projet comme Machine Gun Kelly ou Mod Sun, souvent quand c’est punk, c’est punk. Il y a quand même le son avec Oli Sykes, il dénote un peu. Mais c’est très punk, punk, dans l’imagerie comme dans la musique. Et je n’ai pas envie de m’enfermer dans ça. J’avais déjà fait « A quoi ça sert » et « YEAH » qui étaient un peu plus japan punk. Mais j’ai voulu en plus rajouter mes inspis grunge, nu metal, post. J’essaie de faire un petit patchwork mais en tentant de moins éparpiller qu’avant. J’essaie d’être cohérent sans être redondant. Même dans la manière de faire, comme dans « A quoi ça sert » où ça criait beaucoup, « Longtime » et « Ma Belle », c’est du punk calme. J’essaie de trouver des petites variantes…

Pozzo Live : Comme tu en parlais : j’ai remarqué en regardant les réseaux que Oli Sykes te suivait sur Insta. Est-ce que ça te plairait une collab’ avec lui ? C’est peut-être déjà dans les bacs ?

Youv Dee : Oui ça serait un objectif. Ce n’est pas encore fait mais j’y travaille. D’où aussi l’intérêt de pouvoir en montrer plus, de sortir des morceaux. Si je n’ai pas de quoi présenter… Avec le projet, j’ai plus de légitimité à vouloir espérer bosser avec ce génie. Mais je kifferais oui.

Pozzo Live : Surtout qu’il a vraiment cette volonté de faire des collab avec des artistes de pleins de pays différents. Il a fait avec IC3PEAK qui sont russes, Sigrid qui est norvégienne.

Youv Dee : En plus, ils font leur festival et tout.

Pozzo Live : Et puis, toi en plus, tu as déjà fait des sons en collab, des feats aussi, avec Trippie Redd notamment, donc je suppose que ça te fait kiffer de faire des sons avec d’autres gens aussi.

Youv Dee : Quand on me demande, j’ai plus envie d’aller bosser avec des étrangers. Y a tout un paquet d’artistes avec lesquels j’adorerais bosser, tu imagines bien. Je l’inclus dans la liste.

Pozzo Live : Et l’album est sorti que sur CD, est-ce que tu penses à une sortie sur vinyle ?

Youv Dee : Oui le vinyle, on le sort un mois après, à la période du Bataclan. On voulait pour la sortie de l’album mais on n’a pas pu l’avoir à temps. Il faut de l’avance sur tout mais sur le vinyle encore plus… Donc dans un mois j’espère. Ça divise un peu les ventes de ne mettre que du CD. Et puis j’ai hâte de voir le vinyle car on a un petit concept pour la cover et tout. (ndlr : à acheter ici)

Pozzo Live : Hâte de voir ça. On change complètement de sujet mais comment ça va ta jambe ?

Youv Dee : Mieux ! Je garde des trucs, j’ai encore un peu mal surtout avec le concert de Bordeaux hier. Mais ça va, je ne suis pas cassé. C’est juste pas pratique niveau concert. Il faut se canaliser, mais au moins ça me donner des leçons. Désolé, je passe du coq à l’âne mais avant pendant les concerts, je sautais partout. Là, je ne peux plus trop me le permettre vu l’intensité du show. J’essaie de rester un peu plus devant mon pied de micro. Je dois faire attention. Mais ça m’aide à gérer, c’est un mal pour un bien.

Pozzo Live : Oui, c’est vrai que si c’est pour t’exploser à chaque fois que tu fais un truc.

Youv Dee : Oui, on ne se rend pas compte mais on se laisse emporter par la musique et on a envie de sauter partout. Tu vis 2 minutes intenses et tu finis, t’es essoufflé.

Pozzo Live : Il y a pleins d’artistes comme ça. Comme Shaka Ponk, tu les vois en début de tournée, c’est le meilleur show de ta vie, tu les vois en fin de tournée, ils sont crevés par l’intensité des shows.

Youv Dee : J’aurais trop kiffé les voir en concert. Faudrait que j’aille les voir l’an prochain, on les croisera surement en festival.

Pozzo Live : T’as des fests de prévu ?

Youv Dee : Je ne sais pas trop ce qu’on a. Faudrait que je demande. Là , on a déjà annoncé le début de la tournée. Mais oui, ça doit être cool. L’an dernier, on avait croisé Sum41, The Offspring, … Y avait Mathieu Chedid, tu sais, ça fait kiffer ce genre de gros show.

Pozzo Live : Et après, est-ce qu’un jour, on pourra imaginer Youv Dee au Hellfest ?

Youv Dee : En vrai, ouais. J’ai trop hâte de venir qu’on me jette des tomates et tout (rires).

Pozzo Live : C’est pas que un public de gros bourrins. Y a aussi des gens un minimum sympa (rires).

Youv Dee : Non mais je sais que ça se passerait trop bien surtout depuis qu’on fait ça. On a toujours eu l’approbation de ces grands messieurs barbus effrayants, tu sais, tous les techniciens et tout en  concert. Moi, j’attends grave le moment où on va pouvoir aller là-bas. Mais ouais ça serait le kiff de se confronter au niveau 100. Là, ça y est. Une fois que tu as passé ce test, y a plus rien à dire. Je suis encore vu comme un newcomer, comme un poseur quoi.

Pozzo Live : Et on continue de t’embêter avec ça ou ça s’est vraiment calmé ?

Youv Dee : Non, ça va mais je verrais toujours deux-trois commentaires du style « Ah ! Ce riff n’est pas assez incroyable » ou alors parce que je connais pas tous les classiques. Mais j’ai mes classiques à moi, même s’ils sont plus récents. Chacun a sa temporalité. C’est comme je disais tout à l’heure, s’il y a des petits qui découvrent le rock grâce à Youv Dee, c’est pas interdit d’écouter juste parce qu’ils ont commencé par un ex-rappeur. Puis y a rien de plus rock qu’être je-m’en-foutiste et de faire évoluer la culture.

Pozzo Live : C’est la volonté de faire ce que tu as envie.

Youv Dee : Bah ouais, c’est juste qu’au lieu de faire ça dans ton garage, et pas le sortir, moi je le sors.

Youv Dee remarque le sweat Bring Me The Horizon de Hugo, le journaliste.

Youv Dee : Oh c’est un sweat Bring Me ? J’aimerais tellement les voir ! J’ai un live légendaire en tête, celui du Royal Albert Hall. Ça c’est un but dans la vie, avant d’avoir 50 ans et d’être chef d’orchestre, allez dans les 20 ans qui nous restent je veux faire un show symphonique comme ça. Big orchestre, ohlala la dinguerie.

Pozzo Live : Mais en plus, ça se démocratise de plus en plus dans tout style de musique et pas que le rock.

Youv Dee : Je pense qu’il faut que ça se mérite un peu mais ouais. Et là je pourrai me dire que je suis content. J’ai vraiment accompli un truc.

Pozzo Live : Dans le genre, tu as Architects, qui ont réenregistré For Those That Wish To Exist avec un orchestre symphonique dans les studios de Abbey Roads, qui ont accueillis notamment les Beatles. Du coup, tu as l’album normal et la version symphonique.

Youv Dee : Ça doit être fou c’est clair !

Pozzo Live : Dernière question, qui devrions-nous interviewer ensuite ?

Youv Dee : Je vous dirais de faire une interview de Assy. Il a ses projets qui arrivent aussi donc ça peut-être intéressant !

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