Résumé du festival Hellfest 2018 – Jour 3. Live Report et photographies de Aure Briand-Lyard, Christophe Mielot et Charles Pozzo Di Borgo

Hellfest Live Report : Jour 3

Asking Alexandria

En plein après-midi brûlant, le jeune groupe de metalcore britannique délivre une prestation décevante sur la Mainstage, manquant cruellement de peps et de substance. Danny Worsnop, vocaliste et frontman, peine à émerger et enchaîne les tubes mous et ressemblants, assez fades. L’ennui gagne la fosse, faute à un chant ennuyeux, parsemé de growls certes maitrisés mais qui ne détonnent pas.

 

Le registre se fait parfois pop, plus mélodieux, évoquant la trempe d’Enter Shikari sans l’égaler. Le final sur Alone in a Room reste toutefois très bien reçu par un public déjà fan, et moins bien par les autres… Asking Alexandria s’envisage comme le son d’une nouvelle génération (très jeune). Une génération en proie aux découvertes musicales actuelles foisonnantes de nouvelles références. ET une génération pour qui le metal ne rime plus obligatoirement avec les pionniers du genre.

Zeal and Ardor

Zeal and Ardor c’est LE groupe qui monte comme le prouve cette Valley extrêmement dense ! Un concept audacieux et original qui mélange metal extrême et chants negro spiritual, porté avec conviction par le maitre à penser du groupe Manuel Gagneux (chant / guitare). L’homme est véritablement possédé par sa musique et c’est la douleur du peuple noir, esclave des champs de coton, qui s’exprime à travers lui. On ressent le negro spiritual qu’il a si bien intégré. La musique révèle toute sa puissance en live. L’expérience est intense et le public ne s’y trompe pas. Les 45min du set file comme le vent et nous laisse hagards. Une très belle performance de ce groupe à suivre.

Batushka

Lorsque Batuska prend possession de la Temple, la messe noire commence. Rien ne manque, présentation de l’icone, encens, cierges… le seul regret est que l’office ait lieu de jour. Batushka n’a publié jusqu’à présent qu’une seule liturgie et défend cet album depuis des mois sur les routes avec toujours autant de conviction. Là encore l’expérience est totale, musique, prestence des musiciens (dont on ne sait toujours rien et qui ont le visage masqué), mise en scène. Le son est très bon et permet d’apprécier pleinement le jeu intense des guitares, le chant grégorien, les hurlements typiquement black metal. La recette est toujours la même mais elle fonctionne toujours aussi bien.

Iced Earth

Le lineup musclé d’Iced Earth débarque de Floride, ville-berceau du groupe, pour envahir la Mainstage d’un heavy metal épique. En piste depuis plus de trente ans, les gaillards savent ce qu’ils font, sans pour autant connaître la même fulgurance que d’autres. La faute à une carrière en dents de scie, victime d’une trajectoire hasardeuse, ainsi qu’à un manque de tubes punchy qui les empêchent de se distinguer du lot… Iced Earth n’en reste pas moins grandiose, alignant performance hors-pair et maîtrise vocale tout en finesse.

 

Au chant, Stu Block officie avec brio d’une voix claire, suite au départ de Matt Barlow jugé difficilement remplaçable par les fans. Hyper mélodiques, nombreux sont les tubes évoquant les débuts de Maiden. Tel un ersatz s’alignant entre power et thrash metal. Jon Schaffer, au coeur du groupe depuis ses débuts, martèle chaque tube de ses riffs acérés. Seven Headed Whore, Dystopia… Les meilleurs morceaux s’enchaînent avec une hargne sans répit !

 

Shinedown

Un des moments attendus du Hellfest 2018 – jour 3 était Shinedown. Le groupe de hard rock américain est plutôt rare en France (dernière apparition au Hellfest…2016). Et il vient au Hellfest dans le cadre de la tournée de son nouvel album « Attention Attention ».

Le groupe est en grande forme, et met l’ambiance dès leur entrée sur scène.

Ils commencent fort avec Sound Of Madness. L’une des chanson les plus jouées en concert est Simple Man, chanson que j’affectionne tout particulièrement. Setlist de festival cependant, ils n’ont pas eu l’occasion de l’interpréter.

Pendant Cut The Cord, Brent descend même nous saluer (photographes) dans la fosse et nous remercie de notre présence ! Du jamais vu ! Le public est conquis, et Shinedown aussi puisque le groupe sera de retour sur la capitale le 9 Novembre prochain au Cabaret sauvage !

Setlist:

  1. Sound of Madness
  2. Cut the Cord
  3. Unity
  4. Enemies
  5. Second Chance
  6. Diamond Eyes (Boom-Lay Boom-Lay Boom)
  7. Devil

 

Accept

Tel un interlude divertissant, Accept entre en scène sous un soleil de plomb pour une heure de spectacle total. Groupe très eighties dans l’allure et le son, les gaillards en envoient plein les mirettes, avec un sérieux somme toute relatif ! Les clichés jouissifs sont au rendez-vous, alternant entre références bikers et kitsch.

 

Leadé par Mark Tornillo au chant, Accept s’inscrit dans la pure tradition hard FM et ravira à coup sûr les fans de Europe et Scorpions. Au programme du set, un enchaînement de tubes agressifs et très speed, aux refrains incisifs et aux paroles engagées. Leur tube Balls To The Wall engendre une réaction unanime dans la fosse sans fin du Hellfest, soudain poing levé sur une mélodie scandée sans hésitation.

 

Arch Enemy

Arch Enemy, ou la découverte d’un spectacle impressionnant pour les néophytes de l’audience. S’agissant d’un groupe ayant gagné sa notoriété grâce à la prestation vocale atypique de la chanteuse, une des seules femmes à réaliser du death growl, une vague de stupéfaction s’abat sur le public non aguerri, alors que l’engouement gagne les connaisseurs. Le résultat ? Une prouesse technique, musicalement intrigante, mais difficilement audible pour les oreilles en manque d’habitude des musiques les plus extrêmes…

 

Alissa White-Gluz, ravissante vocaliste canadienne aux boucles indigo, semble sortie d’un monde parallèle. Son chant guttural, maîtrisé et profond, s’accompagne d’une performance scénique impressionnante. Alissa et ses musiciens n’hésitent pas à se rapprocher des jets de flammes presque continus, entourés d’une fumée aux airs de brume mystique. Dépaysant ! Et certainement le Valhalla des amateurs de death metal mélodique très agressif.

 

Megadeth

On ne présente plus le groupe phare de L.A, membre du Big Four du thrash américain aux côtés de Metallica, Slayer, et Anthrax. Megadeth, toujours emblématique, foule le sol du Hellfest en atteignant une fois de plus des sommets musicaux. C’est avant tout un groupe de revanche : Dave Mustaine, le black horse de Metallica, viré pour mauvaise conduite, ne s’est pas laissé faire. Aujourd’hui, c’est James Hetfield qui n’a qu’à bien se tenir !

 

Megadeth débarque telle une valeur sûre, l’un de ces groupes-piliers qui ne laisse jamais place à la déception. Dave, statique, se réfugiant sous sa crinière, reste fidèle à lui-même. Le guitar hero semble ailleurs, comme isolé dans un monde dont lui seul aurait la clé. La setlist est tout aussi emblématique que le personnage : l’excellent Dystopia côtoie le chaleureux A tout le monde, (en français, plaît-il !) et le mythologique Symphony of Destruction. Les mastodontes du thrash se volatilisent trop vite, ne laissant derrière eux que les souvenirs de ce live difficile à oublier.

 

L’avis de Christophe:

Megadeth prend la Mainstage 01 d’assaut avec « Rattlehead » et des gros problèmes de son ! Ça commence mal ! Heureusement c’est vite oublié avec un « Hangar 18 » rageur. Dave Mustaine dédicacera la chanson « My Last Words » à Vinnie Paul décédé la veille. Puis après un duel de guitares avec Kiko Loureiro sur « Take no prisoners », il invite Michael Amott. Celui-ci venait de finir avec Arch Enemy, pour rejoindre le groupe sur « Symphony of Destruction ». On a alors juste 3 extraordinaires shredders sur scène !! Le reste du show est sans grande surprise et se conclut par Holy wars … the punishment due comme d’habitude. On aura oscillé entre les belles surprises et les moments où le groupe semble plus sur pilotage automatique mais ça reste du bon Megadeth auquel on aura eu le droit aujourd’hui.

Alice In Chains

Alice In Chains, trop rare dans l’Hexagone, foule le sol français le temps d’un set-hommage à toute la période grunge dont le groupe est issu. Extraordinaire dès son apparition, la formation porte bien le titre d’héritière des vestiges laissés par Nirvana et Chris Cornell. Une heure durant, le set vibre d’une énergie cathartique dès les premières notes ambiantes, comme venues tout droit de Seattle.

 

Jerry Cantrell, fondateur du groupe et instigateur d’une énergie singulière, mène la danse à la guitare. Impossible de ne pas penser aux débuts d’Alice In Chains, qui a su se relever de ses cendres après l’overdose de Layne Staley en 2002. D’où les morceaux sombres, évoquant tous la même « descente aux enfers », comme le décrivait si bien Layne. Chapeau bas au nouveau chanteur, WIlliam DuVall, qui assure une relève difficile à assumer. Les morceaux se succèdent avec fluidité. Un son dense, pesant, presque immatériel, comme porteurs de fragments de l’âme de Staley. La mélodie lancinante du mythique Nutshell et le final sur Rooster laissent pensif, évoquant plus que jamais le dark age des nineties.

 

Nightwish 

Les finlandais de Nightwish clôturent le festival avec maestria, confirmant leur place inégalable de plus grand groupe de metal symphonique. Ne pouvant susciter qu’un engouement intense chez son public fidèle, le groupe se caractérise par un univers marqué d’une aura fantastique et poétique. C’est au milieu de volutes de fumée que Floor Jansen fait une entrée impérieuse. Et elle n’a rien à envier à l’emblématique Tarja dont elle empreinte les codes : Cheveux de jais, tenue noire aux réminiscences goth, et timbre de voix digne du conservatoire !

La sculpturale chanteuse incarne chaque mélodie dans une maîtrise parfaite, fendant la scène telle une impératrice tout en lancer de crinière et bottes de cuir très vamp. Elle est épaulée par nul autre que Marco Hietala, bassiste aux airs druidiques présent depuis 2002 avec l’album « Century Child ». Ce dernier prête sa voix pour un duo impeccable et mythique sur I Wish I Had An Angel. Quant à Tuomas Holopainen, claviériste, pionnier et fondateur du groupe, il reste en retrait dans une maîtrise totale d’un show dont il tient les rênes avec prouesse depuis plus de vingt ans.

Quelle frustration de n’être face à Nightwish qu’une heure durant, mais quelle extase de les entendre rejouer des chansons si cultes que Nemo ou Amaranth ! Peu de place aux nouvelles compositions tout aussi excellentes. Cependant, les perles récentes Elan et I Want My Tears Back enflamment littéralement une fosse subjuguée.

 

Un grand merci à Replica Promotion.

Vous trouverez toutes les photos de ce Hellfest 2018 – Jour 3 ici ! Et pour découvrir les jour 2 et jour 1, c’est ici.

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