Quand on parle de Rammstein, on pense souvent aux concerts réputés spectaculaires du groupe. Après la déception du dernier album, pourtant attendu depuis une décennie, il faut bien reconnaître que le concert d’hier soir à la Paris La Défense Arena était donc extrêmement attendu. Et autant vous le dire tout de suite, cette fois, Rammstein n’a pas failli à sa réputation, en remettant les choses au clair : le groupe allemand est toujours une référence mondiale en matière de live ! Ca va chauffer !


Ce serait un euphémisme de dire que le dernier album m’a assez déçu. Car après dix ans d’une absence interminable, surtout pour des « ultras » de Rammstein comme moi, l’attente était devenue aussi grande que celle d’un gamin avant Noël. C’est donc avec une profonde joie mais aussi, pour la première fois, avec une certaine appréhension que j’entrais hier soir dans cette Arena de Paris La Défense, d’ordinaire réservée à une autre de mes passions : le rugby #Racing92

On dit souvent, et ce quel que soit le domaine ou le contexte, que « la première impression est souvent la bonne ». Et autant le dire tout de suite, en voyant apparaître puis grandir l’immense scène au fur et à mesure que je me frayais un chemin vers elle, je n’ai pu décrocher qu’un mot : « whao » #claquedanslagueule L’impression de grandeur et de puissance est incroyable, devant cette scène aux allures industrielles dont la silhouette rappelle d’ailleurs étrangement la pochette de Völkerball. L’ensemble donne l’impression de se trouver au pied d’un building à l’apparence de l’Empire State Building et à l’ambiance martiale du discours du General Hux devant le Premier Ordre, dans Star Wars : Le Réveil de la Force #geek Les couleurs rouge et noir #JeanneMas couplées aux multiples jeux de lumières rendent l’ensemble absolument magnifique, même si comme souvent avec Rammstein, d’éternelles mauvaises langues y ont vu ou y verront une référence à une autre ambiance, celle-ci bien réelle et bien plus sombre, à savoir celle du IIIème Reich.

Après une première partie pleinement dans le thème de la soirée assurée par le duo de pianistes françaises Jatekok #cocorico les lumières s’éteignent lentement tandis que monte une énorme clameur de la fosse et des tribunes pleines à craquer.
Apparaissent alors ceux que tout le monde attend, un par un, en commençant par Christoph Schneider derrière sa batterie surplombant la scène. Sortant les uns après les autres d’une rampe aménagée dans la scène, c’est bien entendu Till Lindemann qui apparaît le dernier aux yeux d’une foule déjà déchaînée. C’est alors parti pour près de deux heures de bonheur absolu, que rien ne pourra entamer, ni la fatigue d’une semaine de travail post-Hellfest, ni la chaleur qui commence à envahir l’enceinte pourtant climatisée.

Comme depuis le début de la tournée, c’est à Was Ich Liebe que revient l’honneur d’ouvrir le bal. Pas forcément le morceau le plus approprié pour débuter, d’après moi, mais l’essentiel est ailleurs : je suis à un concert de Rammstein, et plus d’une vingtaine de titres sont à venir, alors je ne boude pas mon plaisir !
D’autant que les choses sérieuses commencent juste après, avec Links 2 3 4 ! C’est à voir le public se déchaîner qu’on mesure l’attente et l’engouement croissants que suscite Rammstein. Partout les gens sautent, chantent, beuglent ou secouent la tête en cadence, qu’ils soient seuls ou en groupes, jeunes ou vieux, fans de la première heure ou plus récents. Loin de calmer les choses, le groupe enchaîne alors sur Tattoo, l’un des meilleurs morceaux du récent Rammstein, plongeant encore plus la salle dans une frénésie musicale dès les premières notes de ce riff particulièrement entraînant !

Vient ensuite un joli bond dans le temps avec Sehnsucht, sorti en…1997, il y a 22 ans ! Certains dans la salle n’était même pas nés, Jacques Chirac venait d’être élu président, et la France n’avait même pas encore soulevé la Coupe du Monde #Zizou #Et1et2et3-0 C’est dire si ça remonte ! Résonne alors dans l’Aréna les chants lyriques annonçant Zeig Dich, également tirée du dernier opus, avant que quelques notes mélancoliques reconnaissables en mille – pour un fan de Rammstein – ne surgissent de la scène tapie dans l’obscurité. Mein Herz Brennt est là, et c’est toujours aussi magique à écouter.

Ce n’est un secret pour personne, je ne suis pas fan du dernier album, à l’exception de Deutschland. Alors quand apparaît sur scène Till poussant un énorme landau métallique annonçant Puppe, je suis vraiment sceptique. C’était sans compter, comme toujours, sur le sens de la mise en scène de Rammstein. L’ambiance inquiétante et dérangeante mise en place, notamment par la caméra frontale du frontman allemand qui retranscris sur l’écran géant une image verdâtre et saccadée digne des meilleurs films et jeux vidéos d’horreur, fonctionne parfaitement. Le nourrisson maléfique qui apparaît en images de synthèse très réalistes dans le berceau n’est pas loin de vous faire froid dans le dos, surtout lorsqu’il crache une nuée de mouches – matérialisée par des millions de morceaux de crêpe noire – qui s’abattent sur le public. Magnifique !

Après un nouveau saut – encore plus loin – dans le passé avec Heirate Mich, sorti sur Herzeleid en 1995, c’est Diamant qui apporte le premier moment de calme à ce concert, tandis que la salle s’illumine de milliers de lueurs de briquets et de flash de téléphones.
C’est alors qu’à l’instar de Ausländer, qui était le moment WTF de l’album Rammstein, intervient un véritable moment de surprise tout aussi WTF. Richard Kruspe apparaît en effet seul derrière des platines sur une plateforme qui s’élèvent dans les cieux de l’Arena, balançant un remix electro de Deutschland au public médusé mais visiblement conquis. Sur scène, le reste du groupe s’agitent dans des combinaisons lumineuses qui rappellent celles du film Tron, assurant un spectacle fascinant. Et ce n’était rien en comparé du véritable Deutschland qui arrive ensuite, dans une Arena reprenant l’ambiance du clip, notamment au moyen de lasers rouges qui donnent une aura étrange mais fascinante à celle-ci. Je n’imagine même pas cette chansons dans les stades allemands, lorsque retentissent les « Deutschland ! ».

Après un Radio qui bien qu’entraînent ne m’emballera pas plus que cela, c’est tout l’inverse avec le morceau qui suit : Mein Teil ! Comme ils en ont pris l’habitude sur ce morceau depuis longtemps, Flake et Till – ce dernier déguisé en boucher –  assurent le show avec l’énorme chaudron dans lequel le claviériste se cache lorsque son chanteur lui balance une langue de feu de plus en plus grosse à mesure qu’il change d’appareil, passant du petit lance-flammes portatif au massif lance-flammes lourd, puis même, et c’est une nouveauté, au canon lance-flamme dont le fût balance une énorme déflagration digne de Dracaufeu – ou d’Apocalypse Now, selon vos références – sur le claviériste harnaché comme un volcanologue ! C’est toujours aussi génial à voir !

L’enchaînement de classiques qui suit, avec Du Hast puis Sonne, termine d’achever une foule qui n’en peut déjà plus de bonheur avant un nouveau moment d’émotion sur Ohne Dich, qui vient lui conclure la setlist principale du concert. Quelle claque ! Et dire que ce n’est pas fini, puisque après une à deux minutes de silence dans l’obscurité, le groupe réapparaît sur une plateforme au milieu de la fosse pour jouer une version acoustique et surtout classique – au piano – d’Engel. Un vrai moment de communion entre le groupe et son public.

Et là où l’on voit que Rammstein est l’un des meilleurs groupes en live du monde, c’est que chaque détail est pensé, réfléchis et travaillé. Isolés au milieu d’une mer de bras s’agitant pour les acclamer, c’est en…radeau pneumatique que les membres gagnent deux par deux la scène, pour y jouer…Ausländer. Intelligent, et surtout magnifique de voir le groupe naviguer sur un océan de fans en rappelant le clip de la chanson. Quelques notes viennent alors déchaîner un peu plus la foule, si c’était possible, tandis que Till enchaîne les pirouettes sur scène avec son arc qui déclenche une énorme vague de flammes et d’explosions dans la salle. Au diable la canicule ! C’est l’heure de Du Riechst So Gut !

Disparaissant avant de réapparaître grimés à la mode des années 30, Richard Kruspe apparaissant notamment dans un fantasque manteau de plumes blanches, le groupe entame Pussy pendant que Till chevauche sont désormais habituel canon à mousse en forme de b…enfin vous avez compris, pour arroser la foule de son s…vous avez compris aussi, clôturant ce premier rappel. Dans la fosse, comme sûrement dans les tribunes, tout le monde semble épuisé mais en redemande pourtant encore ! Ce à quoi le groupe consent, en revenant quelques minutes plus tard pour proposer ton titre éponyme, Rammstein.

Le moment est venu pour le groupe de tirer sa révérence après presque deux heures de show, mais Rammstein étant Rammstein, cela se fera sur un dernier grand moment, avec Ich Will. Jetant ses dernières forces dans cette bataille aussi éreintante que fantastique, le public semble ne faire qu’un en sautant au rythme de ce titre désormais iconique du groupe. Mais toutes les bonnes choses ont une faim, et l’heure est venue de dire au revoir à ce groupe qui nous fait tant rêver depuis des années et qui continuera à la faire à n’en pas douter pendant encore longtemps. Rammstein est peut-être aujourd’hui l’un des meilleurs groupes de métal au monde, particulièrement en live, et vient de démontrer une nouvelle fois pourquoi. Rammstein est beau, Rammstein est grand. Rammstein…über alles !

Setlist :

Was ich liebeLinks 2-3-4
Tattoo
Sehnsucht
Zeig dich
Mein Herz brennt
Puppe
Heirate mich
Diamant
Deutschland
Radio
Mein Teil
Du hast
Sonne
Ohne dich

Rappel 1 : 
Engel 
Ausländer
Du riechst so gut
Pussy

Rappel 2 : 
Rammstein
Ich will

Rammstein sera de nouveau en concert à la Paris La Défense Arena ce soir, avant de poursuivre son tour d’Europe. Le groupe a déjà annoncé une prochaine date en France, le 09 juillet 2020 au Groupama Stadium de Lyon. Les places seront en vente à partir du 05 juillet 2019, à 11h00, dans les espaces de vente habituels. RDV est pris, chez Pozzo Live ! 

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