Pour son édition 2019, le Motocultor a affronté vents et marées pour mener l’édition à bien, et c’est avec une programmation haute en couleur qu’il a fait face aux éléments. Alors, prêts au récit du Motocultor le plus boueux de ces dernières années ?

Après avoir fait mon sac et roulé une petite heure depuis Lorient (et m’être perdu aux alentours de Saint-Nolff), j’arrive relativement tard pour cette première journée de Motocultor. En effet, l’intégralité du public du festival semble avoir décidé de faire la queue au même moment à l’entrée du festival. Une heure et demi à piétiner plus tard, j’installe enfin ma tente sur le nouveau camping du Motocultor, qui est cette année beaucoup plus grand que d’habitude et permet beaucoup plus de respirer que les années précédente. On est donc sur un très bon point ! Cette première journée étant un « bonus » celtique dans le festival de metal breton, une scène a été installée sur le camping. Autre nouveauté à signaler, l’espace restauration du camping permet de manger des pizzas jusqu’à très tard, ce qui est un autre bon point vu le programme chargé du festival en général. Mais trêve de bavardage, il est l’heure d’aller constater les nouveautés sur le site !

En entrant on est directement face à une première nouveauté, l’entrée a bougé pour agrandir le site, et est aussi beaucoup plus proche de l’entrée du camping (qui a aussi été sensiblement rapprochée de celle du festival). Le temps de trajet de la tente aux scènes se voit donc fortement réduit, entre 5 et 10 minutes suffiront pour aller d’une tente moyennement éloignée à la Dave Mustage, scène principale du festival. On a aussi le droit cette année à un système de carte cashless, avec une carte magnifique d’un côté et avec un logo 86 de l’autre côté. Car la bière officielle du festival est dorénavant la 86, vendue relativement chère sur les bars. Autre attention particulière au détail, le village des artisans avec son espace médiéval ce jeudi et ses boutiques d’artisans et divers food trucks est vraiment plaisant (notamment son stand restaurant japonais auquel j’ai été plusieurs fois). Un beau geste du festival qui se veut visiblement devenir un peu plus qu’une kermesse metal à l’avenir, ce que j’apprécie. Une sculpture en métal est d’ailleurs maintenant exposée sur le site du festival, preuve de la volonté de se rapprocher un peu du Hellfest. Dernière grosse nouveauté, la Suppositor Stage devient beaucoup plus grosse, ça fait clairement plus sérieux que les années précédentes (malgré son nom). Mais il est déjà l’heure d’entamer les concerts ! Même chose que pour le Hellfest, on va vous faciliter la tâche et résumer brièvement tous ceux que j’ai vus !

Jeudi 15 août

  • Corvus Corax : Super ambiance pour ce premier concert du festival. La musique néo-médiévale énergique des allemands de Corvus Corax a su conquérir le public par ses éléments metal, et leur bonne humeur communicative lance clairement bien la journée !
  • Stille Volk : Beaucoup plus calmes que Corvus Corax, Stille Volk ne m’emporteront malheureusement pas dans leur univers malgré une musique indéniablement belle. UN moment sympathique mais je ne reste pas très longtemps et vais visiter le village des artisans.
  • Alan Stivell : Très bonne surprise de la part du breton de l’étape. Son concert rock et énergique remportera la sympathie du public de métalleux qui entonnera le Tri Martolod à tue tête ! On ne peut dire que bravo !
  • Excalibur : Le concert le plus long de cette édition du Motocultor sera très impressionnant, avec une scène en forme d’épée et un nombre impressionnant de musiciens, le concert sera grand, mais difficile de tenir les trois heures de ce show si on n’était pas 100% réceptif au spectacle. Dommage.
  • Eluveitie : Avec un line up désormais stable de neuf musiciens, Eluveitie joueront un set hyper énergique avec une setlist très efficace mettant leur dernier album, Ategnatos, à l’honneur. Bel échange avec le public et magnifique concert des suisses, en faisant le meilleur de la journée. On ne peut qu’applaudir ! Vous pourrez retrouver ici l’interview qu’ils nous ont donnée quelques heures avant de monter sur scène.

Vendredi 16 août

  • Mars Red Sky : Rien de mieux pour commencer le matin que le stoner planant des français de Mars Red Sky. Le groupe jouera un concert vraiment cool, interagissant pas mal avec le public entre les morceaux (ils feront même une vanne sur le fait que ça « manque de licornes arc-en-ciel »), en bref : un très bon concert pour commencer la journée !
  • Mustasch : On reste sur la Dave Mustage pour assister au concert metal n’ roll des excellents Mustasch. Le chanteur, sorte de fils caché de François Damiens et Freddy Mercury est complètement fou sur scène et joue constamment avec le sourire, jetant du Jack Daniels sur les premiers rangs. Un très bon concert dont on ressort avec le sourire ! Bravo !

  • Au-Dessus : On a pas souvent l’occasion d’entendre un son aussi limpide que sur ce concert de black metal. L’ambiance sur scène est propre au « black à capuche » et est donc assez statique, mais le black sombre et mélodieux d’Au-Dessus convainc.
  • Iron Reagan : Il est temps d’aller voir un des concerts que j’attends le plus ce vendredi. Iron Reagan, c’est la grosse patate thrash qui enchaîne 40 morceaux en 50 minutes ! Avec des membres de Municipal Waste, ANS et Darkest Hour, ce supergroupe crossover fait s’enchaîner les slammeurs et on assiste là à une déferlante d’énergie. Ils ne joueront, sur ce set de 40 morceaux, qu’une seule reprise : l’excellent A Skull Full Of Maggots de Cannibal Corpse. Gros coup de cœur aussi pour Fuck The Neighbours ! Un des meilleurs moments de ce vendredi ! Interview complètement barrée à venir très bientôt dans nos pages !
  • Tribulation : Je découvre ce groupe un peu par hasard, et leur black metal gothique me fait clairement planer. Le scène est magnifique avec ses références à Nosferatu et le guitariste androgyne, Jonathan Hultén, danse comme un possédé tout en jouant parfaitement. Ma plus belle découverte du festival.
  • Hypocrisy : Le death metal mélodique du groupe est efficace, et la scène magnifique, mais le show un peu statique ne me convaincra pas totalement. Bon concert cependant.
  • Magma : Le concert ultra étrange mais un peu fou décontenance un peu les festivaliers curieux, qui sont nombreux sous le chapiteau de la Massey Ferguscène, car le déluge a commencé et a déjà arrêté le concert de Gaahl’s Wyrd en plein milieu, innondant la scène.
  • NOFX : Le show de la tête d’affiche du jour sera vraiment fun, mais surtout pour le groupe qui s’amusera entre autres à emmurer son guitariste « mexicain ». Le groupe fait plus de conneries sur scène que de morceaux bien joués, mais le fun convainc la plupart de la foule.

  • Watain : 30 minutes de retard, je pars m’abriter sous la Dave Mustage !
  • Turbonegro : Les norvégiens de Turbonegro jouent un set un peu statique mais clairement sympa, notamment grâce aux très efficaces singles de leur dernier album. Hurry Up And Die en première ligne. Ils reprendront les Beastie Boys et Alice Cooper, mais ne me convaincront pas totalement, car seuls Happy Tom et Anthony Madsen-Sylvester bougent sur scène.

Samedi 17 août

  • Cancer Bats : Premier show de la journée pour moi et clairement un des meilleurs. Le concert explosif et puissant des canadiens réveillerait les morts. Leur reprise des Beastie Boys est magistrale, tout comme le magique Lucifer’s Rocking Chair. Cancer Bats nous sortent là un excellent concert et on a très très hâte de les revoir ! Interview à venir très bientôt dans nos pages !
  • Fange : Un concert de brutal death avec un chanteur complètement taré, mais pas forcément dans le bon sens du terme. Complètement bourré, le chanteur maltraite ses musiciens qui risquent de ne pas rester très longtemps. Too Brutal Death Metal ?
  • Freak Kitchen : Mattias IA Eklundh et sa bande mettent tout le monde d’accord avec un concert ultra efficace et énergique. Et le tout avec le sourire !
  • Night Flight Orchestra : Le deuxième groupe du chanteur de Soilwork, qui a joué la veille sur la Dave Mustage, change totalement du style habituel du chanteur et joue là un set inattendu, kitsch mais brillamment exécuté ! On est presque sur du disco metal, et on dit oui !
  • Sólstafir : Les islandais de Sólstafir sont ce soir très en forme et jouent un set aussi envoûtant que d’habitude mais aussi avec des morceaux plus énergiques, qui rendent l’expérience encore plus positive. On dit aussi oui !
  • Dopethrone : les québecois envoûtent leur public avec leur sludge teinté de death metal. On est surpris de voir la présence de Julie Unfortunate qui n’était pas dans le droupe lors du dernier passage de Dopethrone, en 2015. Cependant elle apporte une puissance indéniable au groupe, qui n’en est que plus efficace !
  • Trust : Le groupe vieillissant essaie de rattraper son manque d’énergie en incorporant des danseuses. Le concert ne casse à nouveau pas des briques, mais le public du Motocultor ne boude pas son plaisir devant Antisocial.
  • Eyehategod : Sous le déluge, le concert bourrin et fun du groupe de sludge permet d’oublier la boue et fait sourire même ceux qui ne sont pas à l’abri sous le chapiteau. Un très bon moment !
  • Korpiklaani : Ce soir, concert exceptionnel de Korpiklaani ! Le groupe joue sur une scène décorée aux couleurs de leur dernier album, Kulkija. En effet, on jurerait le décor de la pochette ! Et dans ce décor, un Jonne Järvelä royal ! Très en forme, le chanteur saute partout et fait le bonheur du public breton qui en redemande ! Tuomas Rounakari, violoniste du groupe, n’est pas en reste non plus et à eux deux on sent qu’ils peuvent emmener Korpiklaani encore plus haut dans les années à venir, car le set de ce soir est juste le meilleur du samedi ! Bravo !
  • Anathema : Après l’énergie de Korpiklaani j’ai fait le choix de calmer le jeu avec Anathema. Le concert gothique hors du temps du groupe anglais charmera tout le monde, et on voit que les courageux qui sont restés sous la pluie jusque là son tous ravis. Un écran en fond de scène et des musiciens sobres et calmes, parfois ça fait du bien !

Dimanche 18 août

  • Get The Shot : Pour entamer cette journée après avoir remballé tout le matériel, les québecois de Get The Shot (en interview ici) nous réservent un set hardcore bourrin et ultra énergique. Ils auront le droit au plus gros circle pit du festival, et le groupe, souriant, remporte l’adhésion de la plupart du public. Un discours anti-extrême droite du chanteur Jean-Philippe Lagacé mettra les choses au clair, et sera très bien accueilli par la plupart du public. Un très bon set qui entame fort cette première journée.
  • Hate : Les black métalleux polonais de Hate nous réservent un set surprenament très mélodique, plutôt proche du black death de leurs compatriotes Behemoth. Le groupe est maquillé sur scène et le bassiste, qui ressemble étrangement à Michael Myers, est très inquiétant. Malheureusement notre interview avec eux fut annulée, mais ce n’est que partie remise !
  • Henri Dès & Ze Grands Gamins : L’OVNI de ce Motocultor 2019 sera aussi le concert le mieux accueilli de ces quatre jours ! l’ambiance et dingue et tous les métalleux chantent à tue tête La Petite Charlotte ou Les Bêtises à L’école. Côté performance, c’est un Henri Dès calme mais amusé que l’on voit sur scène pour un concert punk rock à la sauce Henri Dès. Et le Wall Of Dès a eu lieu !
  • Ihsahn : On passe aux choses sérieuses, c’est un enchaînement de choix qui se prépare. Ihsahn, chanteur du groupe légendaire de black metal Emperor, vient ce soir nous jouer son nouvel album solo, Amr. C’est à un set situé entre prog et black metal que l’on a le droit, et tout est brillamment exécuté ! Ihsahn reste une valeur sûre, et son attitude envers le public est très positive et sympathique. En bref, un très bon concert et on a très hâte de revoir Ihsahn !

  • Avatar : Groupe résolument le plus attendu de ce dimanche, Avatar a envie d’en découdre ! Après un accident sur la route la veille ils ont dû annuler une date, et pour cette dernière date française de la tournée Avatar Country, ils ont décidé de tout donner. Tous les hits y passent de Paint Me Red à Bloody Angel, et tout le groupe est à fond dedans, notamment l’excellent batteur John Alfredsson qui m’a littéralement bluffé par son jeu de scène. Avatar c’est cette tête d’affiche en devenir qu’on ne se lasse pas de voir et revoir, et qui surprend toujours. Bravo !
  • Sacred Reich : Je me place au premier rang après Avatar pour voir les légende du thrash metal. Après avoir interviewé Phil Rind l’après midi, j’avais très très hâte d’enfin le voir sur scène. Et je n’ai pas du tout été déçu ! Les nouveaux titres d’Awakening (en review ici) sont ultra efficaces en live et force est de constater que le Motocultor y réagit parfaitement ! Le public poussera très peu et ce concert sera assez calme, mais l’énergie du groupe sur scène et la setlist ultra efficace en font un des moments les plus forts de cette édition, et on retournera voir Sacred Reich cet automne sur les routes de France !
  • Napalm Death : Dernier concert pour moi de cette édition, Napalm Death ne m’ont absolument pas déçu. Avec un son frôlant la perfection, le groupe de grind anglais met tout le monde d’accord. Barney Greenway clashera d’ailleurs gentiment son pote Florida Frank d’Hatebreed, assis sur le bord de scène. Un bon moment pour terminer ce festival sur une bonne impression !

Un festival inoubliable mais pouvant s’améliorer

En conclusion, cette édition du Motocultor aura été inoubliable pour tout le monde, que ce soit pour la météo la plus catastrophique qui m’ait été donnée de voir pour un festival ou pour la programmation de très bonne qualité. il est à noter que le Motocultor a su bien gérer la pluie côté festivalier avec beaucoup de paille et de sciure pour éviter la boue, mais aussi grâce aux chapiteaux de la Dave Mustage et de la Massey Ferguscène. Il lui reste cependant quelques progrès à faire. Le prix de la bière 86 sur le festival en a énervé plus d’un. Et nous n’oublions surtout pas la colère des bénévoles, notamment de la restauration, qui ont dû travailler dans la boue et avec un repas par tranche de 4h de travail. Les bénévoles sont le coeur du Motocultor et il faudra à l’avenir peut-être les chouchouter un peu plus pour ne pas voir le bar numéro 3 fermer dès le vendredi par exemple. Par ailleurs, les nouveautés au niveau du village des artisans, du camping et de l’entrée sont vraiment bienvenues, et prouvent la volonté du Motocultor d’avancer et de rendre l’expérience du festivalier toujours meilleure. On ne peut que les encourager à suivre cette voie, mais aussi à tenir compte de leurs bénévoles en parallèle.

 

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