Dimanche 10 juillet avait lieu la journée de clôture du festival Pause Guitare, implanté à Albi. Le site a l’habitude de recevoir chaque année de grosses pointures du monde de la musique et tente de faire la part belle à tous les styles de musique. On pourra citer de manière non exhaustive des artistes tels que Orelsan, Catherine Ringer, Iggy Pop ou encore NTM qui ont pu fouler la scène au cours des différentes éditions.

Cette année, l’équipe de Pause Guitare a décidé de proposer des journées à thème. Le dimanche en particulier, serait consacré à la scène metal. Alain Navarro, le directeur artistique du festival, avouait d’ailleurs dans une interview qu’il avait toujours voulu organiser une journée placée sous le signe des musiques extrêmes, et c’est aujourd’hui chose faite ! Malheureusement, les recettes n’ont pas atteint les niveaux espérés puisque 5000 places supplémentaires auraient été nécessaires pour rentabiliser les investissements. Cela dit, ce léger manque de public a été une bénédiction pour le reste des festivaliers. En effet, contrairement à d’autres éditions précédentes, la circulation se faisait aisément, l’attente aux stands de boissons et de nourriture était courte et malgré la chaleur étouffante l’air était bien plus respirable. De plus, l’affiche proposée pour ce dimanche 10 juillet était particulièrement attirante pour tous les fans de metal puisque quatre groupes se produisaient : Employed to Serve, Alien Weaponry, Zeal & Ardor, et la fierté française du genre que sont Gojira ! Retour sur cette journée mémorable.

Employed to Serve :

Il est 18h30 en ce dimanche 10 juillet à Pause Guitare lorsque le premier groupe de la soirée entre en scène devant un public peu nombreux mais qui va rapidement se rassembler au fil du set. D’entrée de jeu, des riffs puissants et une chanteuse qui growl à s’en arracher les poumons. Le ton est donné, Employed to Serve n’est pas ici pour trier les lentilles. Le quintet anglais oscille entre un death metal puissant et mélodique et un hardcore bien bourrin. Le groupe semble heureux d’être avec nous ce soir :  Sammy Urwin, le guitariste et second vocaliste du groupe motive le public en l’incitant à participer.

Il me semble aussi important de souligner le fait que Justine Jones officie comme chanteuse principale. En effet, le milieu du metal est connu pour être particulièrement masculin et plus le style musical est violent, plus les femmes s’y font rares sur scène.  Fort heureusement, les mentalités tendent à changer !

Quoi qu’il en soit, malgré la lourde tâche qu’il incombait à Employed to Serve d’ouvrir les festivités en ce dernier jour de festival, le groupe a assuré un set très énergique qui a su chauffer la foule !

 

Alien Weaponry :

Après un quart d’heure d’attente, un Haka résonne sur le site de Pause Guitare. Les organisateurs nous auraient-ils concocté un match de rugby surprise ? Que nenni ! Il s’agit d’Alien Weaponry, un groupe aux membres ultra tatoués qui vient immédiatement poser les bases quant à leurs origines. En effet, ce trio de trois petits jeunes nous vient tout droit de la Nouvelle-Zélande et eux non plus n’ont pas traversé la moitié du monde pour venir nous réciter des poèmes. Navigant sur un groove metal aux influences de tech death expérimental, le groupe va retourner la fosse pendant un peu moins d’une heure. Les lignes de basse ainsi que les grimaces de Tūranga Morgan-Edmonds, couplées aux gros blasts et rythmes asynchrones de batterie proposés par Henry de Jong vont rapidement rassembler la foule éparpillée aux quatre coins du sites.

Visuellement, la scène est sobre : il n’y a aucun décor si ce n’est le nom du groupe affiché en arrière-plan, et les trois musiciens torse nu (excepté le batteur qui arbore un magnifique t-shirt de The Black Dahlia Murder). Cependant, le trio en lui-même a une prestance telle que le moindre élément ajouté aurait semblé déplacé. Tous ces tatouages n’y sont pas pour rien…

Là aussi une belle découverte qui n’a pas laissé le public de marbre au vu du nombre de pogos et de circle pits qui auront lieu dans la fosse.

 

Zeal & Ardor :

Au vu du grand nombre de groupes de metal existants, il est aujourd’hui de plus en plus difficile de proposer des compositions innovantes. Heureusement, il arrive que certains ovnis voient le jour, et  Zeal & Ardor en fait partie. L’origine du groupe suisse est assez amusante puisque Manuel Gagneux, le chanteur, guitariste, compositeur et fondateur avait posté un message sur un forum en demandant aux internautes de lui proposer deux styles de musique qu’il devrait fusionner. Résultat, Zeal & Ardor est né du croisement entre black metal et negro spiritual (un style de musique chanté par les esclaves noirs américains, qui donnera plus tard naissance au gospel).

Le groupe se compose donc de six membres dont deux choristes. Tous sont alignés sur le devant de la scène afin de rappeler tant visuellement que musicalement leurs influences gospel. Mais leur musique ne se résume pas pour autant qu’au croisement de ces deux styles. On retrouve aussi des parties électroniques, de la soul et du folk rock. J’ai personnellement immédiatement pensé à une sorte de Kaleo version metal.

Ainsi, le chant est bien sûr particulièrement mis en avant. Pour autant, l’instrumentation se veut très versatile et accompagne magnifiquement le cortège de voix pour une heure de pur bonheur auditif. Une fois de plus, le public semble ravi : si les pogos ne sont pas légion (le style ne s’y prête pas de toute façon), la foule s’est massivement rapprochée de la scène afin de ne pas perdre une miette du concert !

 

Gojira : 

La nuit est désormais tombée et les festivaliers qui ont eu 45min pour manger après Zeal & Ardor sont dans l’expectative de ce final tant attendu du dimanche 10 juillet de Pause Guitare. Tout à coup, l’écran géant s’allume et laisse apparaître un décompte de 180 secondes (les plus fins matheux d’entre vous auront compris qu’il s’agit aussi de 3 minutes), laissant aux auditeurs le temps de se rapprocher de la scène. Les quatre membres entrent ensuite en débutant le live avec Born For One Thing, le titre d’ouverture de leur dernier album, Fortitude. On le sait maintenant, les prestations de Gojira sont ultra rodées, d’une technique et d’une sobriété glaciale collant parfaitement à leur musique. Ce concert ne fera pas exception. Voir le quatuor jouer est toujours un réel plaisir, et chacun des membres semble tout aussi heureux d’être avec nous ce soir.

Les riffs de guitare distordus si caractéristiques de Jo et Christian résonnent sur le site de Pratgraussals, et le combo Jean-Michel et Mario vient nous faire vibrer au travers des grosses enceintes situées de part et d’autres de la scène. Mario est d’ailleurs époustouflant de maîtrise et totalement déchainé, martelant avec puissance et précision ses fûts. De quoi faire faire pâlir le moindre batteur novice !

Malgré une scène sombre décorée d’un unique écran géant, des explosions de confettis pleuvront sur le public à plusieurs reprises, notamment sur Stranded et The Gift of Guilt. Dommage de ne pas avoir eu droit à des flammes, même si vu la chaleur pesante ce n’était peut-être pas si mal… Enfin, la majorité des animations défilant sur l’écran en fond auront en commun de rester sur des tons froids, avec majoritairement du noir et du blanc, même si un jeu de lumières bleues viendront donner l’impression d’assister à un live sous-marin durant l’indispensable Flying Whales. Juste une exception à ceci, Another World aura droit à son clip ultra coloré pour notre plus grand plaisir.

Pour conclure, ce show final du 10 juillet de Pause Guitare était absolument magistral et Gojira prouve une fois de plus qu’ils sont les maîtres incontestés du death metal en France. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque que c’est durant cet ultime concert qu’il a été le plus communicatif et le plus généreux en pogos et circle pits !

 

Pour suivre les avancées et prochaines programmations du Festival, rendez-vous sur leur site internet. En attendant la prochaine édition, vous pouvez aussi retrouver toutes nos interviews ici. Pour nos chroniques, ça se passe .

Ci-dessous l’ensemble des setlists du dimanche 10 juillet de Pause Guitare (sauf pour Employed to Serve, désolé les amis).

 

Setlist Alien Weaponry :

  1. Raupatu
  2. Holding My Breath
  3. Tangaroa
  4. Kai Whatu
  5. Ahi Ka
  6. Rū Ana Te Whenua
  7. Kai Tangata

Setlist Zeal & Ardor :

  1. Intro
  2. Church Burns
  3. Götterdämmerung
  4. Ship on Fire
  5. Row Row
  6. Blood in the River
  7. Gravedigger’s Chant
  8. Run
  9. We Can’t Be Found
  10. Trust No One
  11. Death to the Holy
  12. Don’t You Dare
  13. Devil Is Fine
  14. J-M-B
  15. Feed the Machine
  16. I Caught You
  17. Baphomet

Setlist Gojira :

  1. Born for One Thing
  2. Space Time
  3. Backbone
  4. Stranded
  5. Flying Whales
  6. The Cell
  7. Love
  8. Hold On
  9. Grind
  10. Silvera
  11. Another World
  12. L’enfant sauvage
  13. The Chant
  14. The Gift of Guilt
  15. New Found
  16. Amazonia

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