Ce mercredi 23 Janvier, le Bikini, situé à Toulouse, recevait une pointure du rock progressif en la personne de Steven Wilson, leader charismatique du groupe Porcupine Tree! Un concert qui s’annonçait dantesque, de part le répertoire très éclectique et riche de Porcupine Tree et de sa carrière solo, et qui ne nous a aucunement déçu, bien au contraire.

La première partie était assurée par Paul Draper. Une formation un peu plus modeste pour débuter la soirée, composée d’une femme a la guitare électrique, et de Paul Draper a la guitare acoustique et au chant. Sans dire un mot, le premier morceau commence et le public parait déjà conquis! Un mélange de shoegaze, de folk rock, et de pas mal de choses a vrai dire! La guitare électrique, boostée par de la reverb et du delay poussés au max, nous livre des mélodies entêtantes alors que la guitare acoustique, elle, plaque des accords de manière répétitive et assez sèche. Le tout donne un ensemble très planant, me faisant penser par moment à du shoegaze, comme dit précédemment. Le premier morceau se termine sous les applaudissements. Paul blague avec le public à propos de la ville de Toulouse, et notamment de son nouvel avion Beluga : « quel est l’intérêt d’avoir agrandi l’avant de l’avion, alors qu’il n’y a de toute façon que deux personnes? », le public à l’air de bien apprécier son humour! Le concert continue sous les applaudissements et se termine rapidement: 20 minutes seulement pour 4 morceaux… Personnellement, j’aurai apprécié un ou deux morceaux de plus, mais bon, la pièce maîtresse de la soirée était plus alléchante!

Le changement de scène se fait assez rapidement, il n’y avait pas beaucoup de choses à enlever. Petit détail amusant, une des personnes du staff passe l’aspirateur sur scène! Rien de bien fou mais qui en fera rire plus d’un dans le public, moi y compris! Un espèce de filet se dresse devant la scène, et suscite des interrogations… Nous en saurons plus bientôt! Soudain, la salle s’assombrit et un film est projeté sur le-dit filet : il s’agissait en fait d’un écran!! Le film est assez bordélique, il s’appelle « Truth » (vérité, en anglais) et nous montre des images fortes avec un mot clé écrit dessus, comme par exemple une photo de famille à la plage avec écrit « family ». Au fur et a mesure que la vidéo avance, une basse vrombissante s’installe en fond sonore et devient de plus en plus forte. Les images et les mots sont tous mélangés, notre photo de famille se retrouve accolée du mot « fake » (faux, en anglais), les images chocs sont associées avec des mots complètement opposés, le rythme s’accélère quand tout à coup… Steven Wilson entre en scène!!

Et il attaque fort pour la première, avec le titre « Nowhere Now« . On est instantanément propulsé dans son univers. Un morceau particulièrement beau dans sa composition, pas prog pour un sou mais avec une mélodie très efficace qui reste en tête. Le public est conquis dès les premières notes du refrain. Steven enchaîne directement avec le morceau « Pariah« , issu du dernier album « To The Bone« . Dans ce morceau, une voix de femme est présente sur le refrain, celle de Ninet Tayeb, ici jouée sur une bande son pré-enregistrée. Une vidéo d’elle quand elle chante ce refrain est projetée sur l’écran en premier plan. Sur l’écran en fond de scène, un jeu de couleur rend cette scène particulièrement belle.

Première phase de discussion avec le public, le filet-écran de devant est retiré, et Steven nous promet près de 3h de concert! Wow! Le public s’en réjouit et applaudit de plus belle! Il nous raconte qu’il y a quelques mois, il a donné 2 concerts à Tokyo au Japon, et que les japonais ont cette capacité incroyable à ne pas taper dans les mains en rythme par rapport au morceau… Tout en étant eux même ensemble, dans leur décalage!!! Le public est hilare et Wilson en joue, en relançant deux trois blagues bien venues sur la capacité d’un public à taper dans les mains. Il va même jusqu’à nous donner une mission: pour le prochain morceau nous devront essayer d’être le plus hors-tempo possible afin de déstabiliser son batteur. Il parait qu’aucun public n’a jamais réussi a le faire flancher, et Wilson le taquine en nous disant qu’il souhaite le virer depuis longtemps mais qu’il est trop doué à la batterie pour ça, il attend donc juste sa première erreur pour sauter sur l’occasion!

Le troisième morceau commence donc, il s’agit d’un medley entre « Home Invasion » et « Regret #9« . L’introduction est trèèès prog! On pourrait limite qualifier ça de djent, pour les plus tatillons. Le morceau est très bien mené, et Wilson est à la basse. C’est d’ailleurs très drôle de le voir, lui et tous ses musiciens, taper dans les mains complètement à côté du temps, pour déstabiliser le batteur!! Le public se prête au jeu, et ça devient rapidement un joyeux bordel, alors que le batteur, lui, n’a pas l’air prêt à se planter: il dirige ce morceau d’une main de fer! Steven abandonne sa basse pour passer à la guitare, le morceau se déroule, prêt de 10 minutes tout de même, assez jazzy, avec des plans monstrueux à la batterie: breaks, mesures asymétriques, décalages, bref, c’est le (premier) quart d’heure de gloire du batteur, qui s’éclate derrière ses fûts! Sur l’écran du fond, un film représentant une femme dans de nombreux lieux vient ajouter une petite touche visuelle a ce morceau déjà très impressionnant musicalement.

Arrive le premier morceau de Porcupine Tree, « The Creator Has a Mastertape« . Le public reconnait directement et montre son enthousiasme! Un morceau très rock et prog. On pourra souligner la beauté des jeux de couleurs, entre les lumières et l’écran du fond, qui rendent la scène très belle et harmonieuse. Une réussite en tout point! S’en suit le morceau « Refuge« . Après une magnifique introduction piano voix, où Steven joue lui-même des claviers, il repasse a la guitare. Ce morceau est très planant, et ce côté reposant est accentué par la vidéo de vague diffusée sur l’écran du fond. Steven joue beaucoup avec ses musiciens, puisqu’il s’amuse entre autre à étouffer les cymbales du batteur pendant que celui-ci joue: on peut voir une véritable complicité dans le groupe!

Deuxième phase de discussion avec le public. Cette fois ci, Steven nous parle de guitare électrique. Il déplore le fait qu’aujourd’hui, beaucoup de musiciens soient dans la démonstration de vitesse et de technique, selon lui, on perd le côté musical et agréable de la musique. Il trouve dommage que de moins en moins de musiques dites « mainstream » utilisent des guitares électriques. Il parle également des grands guitaristes connus, comme Jimi Hendrix ou David Gilmour, et confesse qu’il n’a jamais compris comment ils faisaient pour ne pas regarder leur guitare pendant les solos. C’est pour ça que pour le morceau suivant, il ne regardera pas sa guitare pendant son solo, et ce même s’il se trompe de frette et que ça foire! Il nous a prévenu : « ne vous réjouissez pas trop vite, ça peut très vite dégénérer cette histoire ». Le public rigole beaucoup, et Wilson lance le prochain morceau : « The Same Asylum As Before« . Sans surprise, il réussira son solo sans soucis, et sera acclamé par le public! L’écran du fond rajoute une fois de plus une touche visuelle qui est très appréciable.

Steven repart derrière ses claviers en fond de scène alors que commence le morceau « Ancestral« . Le début du morceau est très calme, des claviers et de la voix, à peine, mais s’intensifie au fur et à mesure. Après un solo de guitare du guitariste, Steven récupère lui aussi sa guitare. S’en suit un passage à sept temps, où le batteur s’en donne à cœur joie! Tout le groupe s’amuse d’ailleurs à taper des mains hors du temps, comme précédemment, afin de le déstabiliser… En vain, une fois de plus! Le morceau va crescendo, sur une partie basse batterie dantesque! Des solos de partout, des breaks, le guitariste rejoint tout ce remue-ménage et bientôt, tout le groupe! Une accélération très rock nous amène de manière brutale à un pont très calme. Steven est allongé sur le sol, l’ambiance est planante au possible, tout est calme… Quand tout à coup, tout accélère une autre fois, dans un style très rock, à la limite du metal. L’ingénieur aux lumières s’éclate aussi, tous les projecteurs s’allument, s’éteignent, tournent… Le groupe fait monter le tempo et la virtuosité, enchaînant break et solo: c’est incroyable! Le morceau se termine d’un coup de manière presque abrupte, près d’un quart d’heure après son commencement, et Wilson annonce une pause de 15 minutes pour que le groupe se repose. Un final en apothéose après une heure de musique!!

De retour sur scène après l’entracte, seul, le batteur joue du shaker. Le public crie et applaudit: il s’agit d’un deuxième morceau de Porcupine Tree: « Arriving Somewhere but Not Here« . L’écran en fond diffuse une vidéo de ville accélérée. Virage métal au milieu du morceau, on peut apercevoir quelques cornes du diable qui se lèvent, des têtes qui bougent, des cheveux qui volent, et un Wilson en forme olympique sur scène! Un morceau de prêt de 15 minutes, tout de même!

Troisième phase de discussion avec le public, sur cette fois le prochain morceau « Permanating« . Un morceau résolument pop, qui ne dépasse pas les 3 minutes comme, je cite, « tous les morceaux de pop« . Steven veut que nous dansions et que nous nous lâchions sur ce morceau. Il blague d’ailleurs sur le fait qu’habituellement, les metalleux, « avec leur t-shirt Opeth ou Pantera« , se lâchent et dansent bien plus que les fans de rock progressif, qu’il tacle en disant : « ils sont la, les bras croisés, et te regardent en disant que jamais de leur vie ils n’ont eu à bouger pendant un concert, et que c’est une aberration!« . Le public est une fois de plus hilare et joue le jeu: la fosse entière danse tout le long du morceau. Un énorme travail aux lumières rend la scène encore plus agréable, avec des spots multicolores qui donnent une ambiance très pop et joyeuse! J’ai d’ailleurs pris la photo en haut de l’article durant ce titre.

Pendant que le fameux filet-écran est réinstallé, le morceau « Song of I » commence. Un début très rythmique, calme, avec juste la basse et la batterie. Une silhouette de femme, qui danse, est projetée sur l’écran. Plus tard dans le morceau, la silhouette sera multipliée afin de donner un côté hypnotisant: 6-8 femmes en hologramme rouge qui font exactement la même chorégraphie. La guitare entre, jouée avec un archet de violon, les synthés aussi, et donnent au morceau une ambiance planante mais quand même lourde, pesante. Le son est saturé, très rock, presque metal, mais l’utilisation de nappes aux synthés et de l’archet donne cette sensation de flottement. Un morceau mené avec brio, une fois de plus.

S’en suit un troisième morceau de Porcupine Tree, « Lazarus« . Un morceau calme, assez mélancolique. Steven joue de la guitare acoustique. Un film sur la vie, avec des images de bébés, d’enfants, d’ados (peut-être de Steven lui-même?) est projeté en devant de scène, accentuant le côté nostalgique de la chanson. Le groupe continue avec le titre « Detonation« , un morceau d’une dizaine de minutes, se terminant par une partie très rythmique, très « carré », presque robotique. Des vidéos de personnes marchant et dansant de manière très saccadée, tels des robots, viennent accentuer cet aspect de la musique. Steven lui aussi adopte une gestuelle robotique et saccadée pour ne faire qu’un avec la musique.

Le morceau suivant, « Vermillioncore« , commence alors que Wilson est aux claviers, couvert par un masque noir sans expression. La guitare entre, des motifs de jets de peintures sont projetés sur les 2 écrans, à l’avant et à l’arrière de la scène. Steven ôte son masque et reprend sa guitare, avant un final en grande pompe: du gros son très rock, super énergique, qui clôture ce morceau de la meilleure des façons. Ils enchaînent directement avec un quatrième morceau de Porcupine Tree, « Sleep Together« , qui me fait énormément penser à Tool dans sa composition et dans l’ambiance installée. Ce sera le dernier de cette seconde partie. Le morceau est basé sur un ostinato entêtant, envoûtant, qu’on n’arrive pas à se sortir de la tête. Les couplets sont très planants et les refrains sont violents et agressifs. La transition entre les deux se fait toujours de manière abrupte. De telle sorte qu’on ne les voit pas venir, et qu’à chaque fois, on se reprend une bonne baffe par la puissance du son et la lourdeur que dégagent ces refrains. La fin est tout aussi puissante, violente, et termine de nous en mettre plein la tête, clôturant cette seconde partie magistralement.

C’est l’heure du rappel. Le public crie, en redemande, applaudit, et Wilson revient seul sur scène avec un ampli guitare tout petit, type ampli d’artiste de rue. Il blague car le public crie des titres de chansons, en disant: « Toute façon, je m’en fiche, je vais pas changer ma setlist maintenant! Donc vous pouvez continuer ça ne changera rien!« . Il jouera dans cette configuration le morceau « Even Less« , morceau dont il est très fier, nous dit-il, car il sonne toujours aussi bien juste avec la guitare et la voix, et qu’il n’a pas besoin d’un groupe complet pour en retranscrire l’émotion. S’en suit le morceau « Blackfield » de son projet Blackfield (issu de l’album… « Blackfield« , oui!), un morceau acoustique et calme, pour laisser un peu respirer le public avant les morceaux finaux.

Quatrième et dernière phase de discussion avec le public, pour la présentation des musiciens. Comme à son habitude, Steven enchaîne les blagues. Par exemple, en stoppant les acclamations du public lors de la présentation du batteur en nous disant : « ça suffit, c’est beaucoup trop pour lui, déjà qu’il a un ego surdimensionné« , ou encore en présentant son bassiste en disant qu’il fallait bien une fille dans le groupe, alors qu’il s’agit bien d’un homme à la basse! Le public et les musiciens rigolent beaucoup, et une fois de plus on voit la complicité entre eux. Il enchaînera enfin en présentant les 2 prochains (et derniers) morceaux. Deux morceaux bien dépressifs, comme il le dit en rigolant, pour que « vous rentriez tristes chez vous« ! Le premier morceau est un morceau déprimant mais avec une mélodie catchy qui reste en tête, Wilson nous demandera de déprimer « mais avec le sourire« , sinon il risque de mal le prendre! Le dernier morceau lui, sera juste déprimant, sans aucuns aspects positifs, « pour bien finir la soirée« . Même dans l’annonce de ses morceaux, il a beaucoup d’humour et fait l’unanimité au vu des rires dans le public!!

Le premier morceau, comme beaucoup l’avaient deviné, est évidemment « The Sound of Muzak« , cinquième et dernier morceau de Porcupine Tree pour cette soirée. Un morceau prog à souhait, envoûtant, et surtout très connu, vu le nombre de personnes qui chantent dans le public! Pour le dernier refrain, Wilson arrêtera même de chanter afin de nous laisser chanter à sa place, et ça fonctionne!

Le concert se clôturera sur le morceau « The Raven That Refused to Sing« , un morceau très poétique, dont le clip sera diffusé sur l’écran du fond. Un clip tout aussi poétique et triste, racontant l’histoire d’un vieil homme seul, dont la sœur est décédée quand ils étaient jeunes, rongé par la solitude, qui voudrait que le corbeau qu’il a capturé chante, pour lui redonner du baume au cœur. C’est un morceau très calme, grandiose, fort, et on peut distinguer les larmes de nombreuses personnes dans le public, émus par la beauté de la chanson et de son magnifique clip. Un final absolument merveilleux, émouvant, beau… Bref, un véritable chef d’oeuvre sur tout la ligne, et une clôture de concert en apothéose!!!

En conclusion, je ne peux que vous encourager à aller voir Steven Wilson s’il passe par chez vous. C’était un concert grandiose, sur tous les points. D’un point de vue visuel, avec 2 écrans et des jeux de lumières impressionnant, on en prend pleins les yeux. D’un point de vue musical, les morceaux sont exécutés à la perfection, de manière virtuose, et le choix de la setlist permet de réaliser à quel point Steven Wilson est un artiste aux multiples facettes, allant du métal à la pop sans aucunes difficultés, passant des synthés à la guitare, et surtout sans que sa voix n’éprouve le moindre problème! Enfin, c’est une personne agréable, qui blague tout le temps avec son public et ses musiciens, avec un sacré sens de l’humour. Comme annoncé, le concert a duré près de 3h! Chapeau bas! On sent qu’il est ému à la fin du concert, et qu’il aime ce qu’il fait, vraiment. Je n’ai pas les mots pour vous dire à quel point vous devez aller le voir, j’ai pris une claque énorme durant ce concert, et je n’hésiterai pas à y retourner encore. Vraiment, merci Steven de nous livrer de tels shows, impeccables!

Setlist :

  1. Nowhere Now
  2. Pariah
  3. Home Invasion
  4. Regret #9
  5. The Creator Has a Mastertape
  6. Refuge
  7. The Same Asylum as Before
  8. Ancestral
  9. Arriving Somewhere but Not Here
  10. Permanating
  11. Song of I
  12. Lazarus
  13. Detonation
  14. Vermillioncore
  15. Sleep Together
  16. Even Less
  17. Blackfield
  18. The Sound of Muzak
  19. The Raven That Refusing to Sing

 

Et pour ceux qui en voudraient encore plus, je vous conseille d’écouter son album live au Royal Albert Hall de Londres: la setlist est quasiment identique à celle décrite lors du concert à Toulouse! Du miel pour les oreilles!!

 

Live Report réalisé par Hugo FERRER

Vous allez aimer !