Zaho de Sagazan s’est produite à l’Auditorium de Lyon ce samedi 3 mai 2025. Accompagnée par l’Orchestre national de Lyon, dirigé par Dylan Corlay, elle a offert une version symphonique de son premier album.

Introspection

C’est une véritable histoire que Zaho de Sagazan nous a livré samedi soir à l’auditorium de Lyon. La chanteuse à la voix grave et envoutante nous laisse entrer dans sa tête et nous confie toutes ses peurs et ses doutes.

Le concert débute par une introduction orchestrale, puis le rideau noir s’ouvre. Il laisse entrevoir un immense écran blanc devant lequel Zaho apparaît, vêtue d’une somptueuse tenue blanche et fluide. Elle arbore une coiffure digne de la princesse Leïa. Le public, séduit, découvre son premier titre, « Aspiration ».

S’ensuivent des tableaux sur l’amour, dans lesquels la chanteuse confesse être amoureuse de tous « les garçons ». Plusieurs thèmes sont abordés : la difficulté à s’engager, la peur d’un amour non réciproque, ou encore cet « amour qui fait tomber les cheveux ». Tout le public se laisse emporter par l’histoire de l’artiste, qui murmure ses confessions à leur oreille avant de crier sa détresse. Ses prouesses vocales suscitent d’intenses émotions.

Puis, elle se livre encore davantage, dans un moment intimiste, seule au piano, en interprétant avec délicatesse la magnifique chanson « Dis-moi que tu m’aimes ».

L’orchestre retrouve toute sa puissance pour les titres qui vont suivre. Zaho en vient à nous parler de son « corps » qu’elle a tendance à oublier et même parfois à détester.

Elle déploie ensuite toute sa rage à travers « La fontaine de sang » et « Tristesse », avant de s’effondrer, étendue de tout son long sur la scène.

La chanteuse se relève et entame une dernière partie, dans laquelle elle est rejointe de son ami Tom Odell pour interpréter « Old Friend ». Puis elle interprétera « Dernier voyage », « la symphonie des éclairs » et « envol » qui mèneront à 3 standing ovations. Elle à réussi son pari d’embarquer avec elle son public dans cette histoire à la fois bouleversante et belle.

 Je ferai danser les gens au rythme de mes pleurs
La tourmente de mes chants viendra réchauffer les cœurs
Réchauffer mon cœur

Mise en scène et orchestration

La prestation de ce samedi 3 mai a été intégralement filmée et sera diffusée à l’automne prochain sur Arte.

Un immense travail d’arrangement et d’orchestration a été réalisé par Romain Allender et Rémy Galichet. Les chansons du premier album de Zaho de Sagazan ont été entièrement réorchestrées pour apporter une nouvelle dimension à ce chef-d’œuvre électronique. Toute la palette sonore de l’orchestre a été exploitée avec finesse, des cordes aux percussions, en passant par les cuivres.

L’univers électronique reste bien présent grâce aux Ondes Martenot, un instrument du début du XXe siècle doté d’un clavier et d’un ruban permettant de réaliser des glissandi. Son timbre atypique, diffusé à travers des haut-parleurs évoque « des voix venues d’ailleurs ».

Sous la direction de Dylan Corlay, l’orchestre trouve un équilibre parfait entre musique électronique, musique actuelle et musique symphonique.  Lui qui cultive l’art des rencontres, il parvient à maîtriser ce mélange de styles avec brio.

Un petit clin d’œil à Vivaldi a été réalisé au début de la chanson « Dernier voyage » avec un sublime solo du premier violon.

La mise en scène occupe elle aussi une place importante dans cette représentation. Lors de la chanson « Mon corps », un jeu habile d’ombres met en lumière les paroles de l’artiste.

Les lumières sont franches et colorées. Toute la scène devient rouge vif sur la chanson « la Fontaine de sang », instaurant une atmosphère angoissante, renforcée par les effets stroboscopiques.

Enfin, la chanteuse dotée d’une présence magnétique, se déplace avec des mouvements amples et élégants qui lui confèrent une étrange allure à l’aura presque mystique. Le choix de sa coiffure et de sa robe au tissu vaporeux se révèle tout à fait pertinent avec les jeux de lumières.

Tous les éléments étaient réunis pour nous transporter dans l’univers de cette artiste incomparable, qui maîtrise son œuvre sous tous les aspects. Plusieurs publics se sont retrouvés (des amateurs de musique classique, d’électronique, mais aussi de chansons actuelles) et ont vibré ensemble au son de la voix profonde de la musicienne.

Vous avez aimé cet article ? Retrouvez nos autres reports en cliquant ici.

Vous allez aimer !