Emerald Seas

par Seven Spires

9
sur 10

Il est de ces albums qu’on découvre au hasard d’une sortie, qu’on écoute sans trop connaître le groupe ni savoir à quoi s’attendre, et qui vous envoient une grosse baffe en pleine figure. Emerald Seas, de Seven Spires, est de cette famille. Le métal symphonique n’est pas mon genre de prédilection, mais je n’avais pas eu un coup de coeur comme ça depuis les premiers albums de Sonata Arctica ! Sorti le 14 février 2020, cet album nous emmène dans un voyage musical tout en maîtrise et en poésie.

Solveig, le premier album du quatuor américain, était un concept-album racontant l’histoire d’une âme damnée tombée sous le charme d’un démon. Leur 2e opus Emeral Seas reprend le concept, mais en tant que prequel plutôt que comme une suite. La chanteuse Adrienne Cowan, auteure des paroles, nous livre ici l’histoire d’un capitaine cherchant la vie éternelle. Les différents titres explorent ses mésaventures, jusqu’à sa disparition, et entremêlent romances aventureuses, moments plus tristes, et touches d’espoir. Et c’est la grande force de Seven Spires : ils n’ont pas peur de mélanger les genres. De composante principale symphonique, ils explorent également le speed metal, le melodic death, le power metal et même un peu de black metal. La musique est au service de la pièce de théâtre que nous proposent les paroles, chaque piste ayant sa propre personalité, avec une grande recherche sur l’ambiance. Au final, l’album est parsemé de petits moments de grâce, tout en offrant une grande cohérence d’ensemble.

Si les paroles et l’histoire sont au cœur de l’album (dans la même veine que ce que fait Benighted, dans un genre très éloigné), la musique offre une impression magistrale. Évacuons tout de suite le gros défaut de l’album : ce son de cordes sur-travaillé, qui ne déparerait sur la bande-son d’un jeu vidéo. C’est le plus caractéristique sur Igne Defendit et Emerald Seas : on se croirait dans Soul Calibur 3 après un combat dantesque. A vouloir être magistrale, la production tire trop sur les cordes, jusqu’à parfois noyer l’énergie d’un morceau. Je trouve que Sascha Paeth s’est ici un peu perdu, bien que l’ensemble reste quand même d’une rare efficacité. On retrouve d’ailleurs des sonorités proches de Kamelot, dont Sascha est également le producteur et Adrienne une fan assumée. C’est par exemple très perceptible sur Succumb, tant dans l’orchestration que dans le style de chant.

Si les violons tirent l’album vers le bas, deux choses en revanche le tirent vers le haut. C’est tout d’abord les riffs de guitare de Jack Kosto. Dignes des meilleurs plans de power metal ou de symphonic metal, ils parsèment tout l’album et renforcent la cohérence d’ensemble au travers des morceaux. Ils viennent soit lancer un titre avec énergie (comme sur Ghost of a Dream, Every Crest et Succumb), ou au contraire le finir en beauté après une montée en puissance (par exemple sur No Words Exchanged, Unmapped Darkness, ou The Trouble with Eternal Life). Les guitares rythmiques ne sont pas en reste, notamment sur les morceaux plus sombres comme l’excellent Drowner of Worlds (un de mes coups de coeur sur l’album) ou Fearless. De teintes black metal symphonique, ces morceaux sont accompagnés par une rythmique grasse et lourde, bien servie par les doubless grosse-caisse de Chris Dovas.

L’autre grande force de l’album, et de Seven Spires en général, c’est l’incroyable précision des quatres musiciens. Tous formés au célèbre BBerklee College of Music de Boston, où ils se sont rencontrés, ils font preuve d’une efficacité millimétrique. C’est beau, c’est propre – presque trop pour un amateur de punk et thrash comme moi – et ça sert admirablement bien le style du groupe. Mention tout à fait spéciale au grand talent de Adrienne Cowan, qui enchaîne les growls, les screams et le chant clair avec une belle aisance, et réussit par ses arrangements à alterner les styles musicaux sans que cela choque. Elle a une tessiture assez impressionnante (flirtant avec les aigus d’une Floor Janzen), et on sent une vraie progression dans sa maîtrise vocale par rapport au premier album crowdfundé Solveig. Elle regrettait d’ailleurs déjà en 2018 de ne pas avoir pu réenregistrer l’album pour lui faire profiter de leurs progrès techniques engrangés au fil d’une longue tournée. Sur Emerald Seas, elle arrive aussi bien à livrer une interprétation délicate et retenue sur les ballades (écoutez donc Silvery Moon), comme à balancer la purée sur les morceaux plus intenses comme Drowner of Worlds.

Pour conclure, Emerald Seas est mon grand coup de coeur de ce début 2020. Il ravira les fans de symphonic et speed metal. C’est un album qui se découvre, dont on apprécie toutes les subtilités après plusieurs écoutes. Seven Spires est promis à un avenir brillant s’ils continuent dans cette voie!

Line-up:

  • Adrienne Cowan – Chant + Claviers
  • Jack Kosto – Guitare
  • Peter de Reyna – Basse
  • Chris Dovas – Batterie

Tracklist:
1. Igne Defendit
2. Ghost Of A Dream
3. No Words Exchanged
4. Every Crest
5. Unmapped Darkness
6. Succumb
7. Drowner Of Worlds
8. Silvery Moon
9. Bury You
10. Fearless
11. With Love From The Other Side
12. The Trouble With Eternal Life
13. Emerald Seas

Emerald Seas

par Seven Spires

9
sur 10

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