Visite en profondeur de Ouverture : l’éclatant premier chapitre de SPORE

Ouverture, premier album de Spore, l’un des fleurons de nos amis de Floral Records, vient tout juste de paraître alors que j’écris ces lignes. L’offrande était attendue de longue date par une communauté bien solide rapidement formée autour du groupe.

L’occasion de se pencher sur ce premier opus pour une visite en profondeur de l’univers singulier créé par le quintette. Un album qui se décline en digital, mais aussi aux formats vinyle et CD avec un artwork soigné signé Romain Ceccaldi.

Ouverture d’un monde fleuri

Nous y sommes enfin. L’aventure Spore qui avait débuté par une esquisse intitulée « Floral » et présentée lors de la création du label Floral Records. Une esquisse née de la collaboration de Louise et Tristan de CEYLON, Matteo et Léo de Princesse Näpalm et Aurélien Aka Ponce sur la plateforme de diffusion Twitch. Ce morceau, aujourd’hui placé en clôture d’album, a offert aux oreilles des curieux une porte d’entrée vers un monde d’Alternative Pop à la patte artistique marquée, atypique et bénéficiant déjà d’une production soignée.

L’album Ouverture s’ouvre sur le titre éponyme par un paysage sonore qui m’évoque une sorte de lever de soleil figuratif sur un paysage riche en diversité. D’abord minimaliste dans son approche, le morceau prend le temps de nous présenter les instruments un à un, à commencer par les cordes vocales de Louise, puis en s’enrichissant petit à petit du reste de l’instrumentarium en laissant la place à chacun de se présenter au travers d’un riff au moins.

Et après avoir pris le temps de se présenter, Spore accélère le pas avec un titre à l’ambiance pressante et au titre évocateur « La Course Folle » qui développe le penchant Rock du groupe avec plus de vigueur, flirtant même avec le Metal sur l’outro. S’ensuit un « De le Dire » qui prend son temps avec une esthétique musicale plus épurée qui laisse une place centrale à la ligne de basse qui accompagne la voix dans ses déclamations harmonisées tantôt par des chœurs, tantôt par une guitare éthérée.

Spore – Ouverture

1. Ouverture
2. La course folle 
3. De le dire
4. Cette ville
5. Libre
6. J'extériorise
7. Mode action
8. La référence
9. Debout debout
10. Floral

Un premier album particulièrement mature

Vous l’aurez compris ci-dessus par la description des trois premiers titres, nous ne sommes pas ici dans une éternelle variation de la même esthétique. Spore insuffle dans chaque titre une étincelle de vie qui prend une forme unique à chaque composition. Que ce soit par un tempo hâtif ou posé, par une richesse instrumentale qui n’a pas peur de s’épurer, par une distorsion tantôt mesurée, tantôt poussée à ses retranchements…

Les mécanismes de variation sont multiples, qu’ils soient à la source du son _ c’est-à-dire par la variété de jeu des musiciens _ ou dans le traitement du son par l’absence ou l’usage intensif d’effets _ j’en veux pour preuve le titre « Cette Ville » et les cordes vocales de Louise, qui, en trois minutes chrono, explore une multitude de subterfuges tels que l’harmonisation des voix, les réverbérations utilisées à plusieurs niveaux, le travail d’effet de la voix sur la fin du morceau, où les paroles s’effacent pour exploiter le souffle comme son.

Une essence rock comme socle solide de l’esthétique de Spore

« J’extériorise », sixième titre de l’album en est un témoin parfait, si les emprunts musicaux sont multiples dans l’influence de Spore, le Rock est la fondation. La structure basse puissante, guitare distordue, et batterie qui marque le temps avec précision reste une recette développée à de multiples reprises dans l’album.

D’ailleurs nous entrons avec ce titre dans la seconde partie d’album plus radicale dans l’approche : avec les titres « La référence » et « Debout Debout » (traitant des priorités vitales d’un félidé : réveiller son humain pour obtenir de quoi sustenter son estomac), les concessions sont oubliées pour offrir des titres percutants, efficaces, comme un uppercut direct à nos tympans.

Cette seconde partie d’album, laissera l’auditeur terminer son écoute par « Floral » précédemment présenté dans cet article. L’album aura toute sa place sur votre chaîne Hi-fi pour vous offrir une visite de vos voisins en cas de rotation excessive du bouton de volume. On sent aussi une volonté de transcription live avec des riffs écrits pour offrir au public un climax dans la puissance lors des sets live (élément qui s’est d’ailleurs vérifié lors de leur concert de Tours, dont le live report est à lire ici).

Un album sans défaut ?

Ouverture lance la carrière musicale de Spore avec la manière : une production soignée, une richesse compositionnelle qui offre une écoute sans redondance, un univers musical bien construit et une patte artistique marquée.

Un album qui a été enregistré en home studio et qui est ensuite passé dans les mains de Thibault Chaumont (Carpenter Brut, Jabberwocky, Feldup…) pour le mixage et le mastering.

Après, il y a ce qu’on peut « juger » avec objectivité : la production technique globale qui est de très belle facture ici avec un son brut, une couleur musicale qui laisse respirer l’instrument sans le noyer sous des tonnes d’effet (sauf lorsque ça fait partie de la volonté compositionnelle). La richesse des compositions : si vous en êtes ici dans l’article, c’est que vous avez sûrement lu le reste et vous savez que ce point est déjà validé.

Alors que reste-t-il ? Il y a tout ce qui entoure indirectement l’album : les positions du groupe qui se veut d’une inclusivité totale, attentif en concert au bien-être de ses spectateurs, attentif sur la boutique du label aux plus démunis en proposant des tarifs réduits aux personnes en difficulté financière…

Et après, il y a le subjectif : Ouverture est un album de caractère. Une personnalité musicale marquée et l’envie de sortir des musiques qui plaisent d’abord au quintette avant d’être proposées au monde. Votre taux d’appréciation de l’album dépendra donc de vos affinités avec un Rock qui tantôt s’adoucit, tantôt est empli de fureur, et qui s’entoure de multiples artifices pour gagner sa richesse, extrait des multiples influences des musiciens.

En tout cas ici, on adore.

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