Nul n’est prophète en son pays. Voila une locution qui ne convient guère à August Burns Red. Les Coreux Américains trouvent dans le pays de l’Oncle Sam un écho bien plus intense qu’en Europe, parent pauvre du style susmensionné, ou seul Parkway Drive et ses shows pyrotechniques semble trouver un public. Et c’ est dommage car ils ont beaucoup à offrir tant humainement que musicalement.

La sortie de leur nouveau bébé, Guardians, dont vous pouvez lire la chronique ici, assortie d’un sublime clip pour Defender, ainsi que le strict confinement observé dans nos pays respectifs, nous offre l’opportunité d’un bel entretien avec Matt Greiner, talentueux batteur du groupe, et certainement l’un des meilleurs de sa génération.

Pozzo Live : Salut Matt ! Comment vas tu ?

Matt Greiner : Je vais très bien! En fait, comme tu peux voir, je jouais de la batterie (son drumset est derrière lui lors de l’interview vidéo). Je m’entraîne, et je met du contenu sur mon site web, pour que je puisse apprendre aux gens à jouer les parties de batterie d’ August Burns Red (ABR).

PL : Vous sortez tout juste d’une tournée célébrant les 10 ans de l’album Constellations. Avec le recul, est-ce plus fun que de faire la promotion d’un nouvel album ?

M : C’est une forme de plaisir différente. J’adore qu’on joue les morceaux dans l’ordre de notre choix. C’est fun aussi de jouer un album du début à sa fin, mais pas surprenant pour les fans. En tour, habituellement, ils ne savent pas quel titre arrivera ensuite, alors que la, aucune surprise. Mais c’était une expérience unique, car on a fait une vidéo du tour, une tournée géniale, et faire ça lorsque ce n’est pas un album tour, c’est différent oui. On a eu beaucoup de plaisir, c’était un bon moment.

PL : Phantom Anthem a été très bien reçu par la critique (avec notamment une nomination aux Grammy’s 2018), comment situez vous Guardians par rapport à lui dans votre discographie ?

M : Je pense que nous allons beaucoup nous amuser avec cet album. Mon rêve numéro 1 est d’aller aux Grammy’s pour la chanson Defender, ou Paramount, ou même une chanson comme Lightouse. C’est le public qui choisira. Defender est une chanson qui m’est très spéciale, elle parle de mon père en fait, et ce serait très spécial d’être nominé et de l’emmener au Grammy’s.

Je pense que les gens en général aiment vraiment Guardians, je pense que la réponse des fans est très bonne, et cela nous rend très heureux parce que nous avons travaillé dur sur l’album pendant longtemps. Nous sommes fiers que les gens l’aiment.

PL : Auront nous l’honneur de vous recevoir en France pour une tournée en tête d’affiche ?

M : Oui ! Nous serons de retour en France en 2019, nous revenons en Europe en Juin (annulée pour cause de coronavirus) et nous ne reviendrons pas de suite en Europe, évidemment, parce que le coronavirus est là.

Mais nous reviendrons! Nous nous rendons compte que cela prendra un certain temps aux gens pour sortir du confinement, on a une tournée à mener aux Etats Unis, mais nous y retournerons et reviendrons en France quand le temps sera venu, crois moi !

PL : Comprenez vous que vous soyez moins populaires en Europe qu’ aux Etats Unis ?

M : (Rires) Oui, c’est vrai. On travaille dur pour gagner de la popularité en Europe. Mais il est temps, nous venons en Europe 1 ou 2 fois par an en général, et nous sommes heureux de venir ici, et ravis de jouer pour nos fans, nous aimons nos fans Européens !

Nous avons une solide fanbase ici, ils sont très fidèles. Nous n’en avons pas beaucoup, comme aux USA, mais c’est cool. C’est aussi pour ça que nous tournons, afin que nous puissions avoir plus de fans.

PL : J’ai appris que vous aviez collaboré comme jamais sur Guardians. Penses tu que cela peut amener une lumière différente à la musique d’ ABR ?

M : Je pense que nous travaillons ensemble, nous avons toujours travaillé ensemble en fait. Plutôt bien d’ailleurs. Nous avons très bien travaillé ensemble sur Guardians. Et une partie de la raison pour laquelle c’est possible est parce que nous avons commencé en tant qu’amis et que quand vous débutez ensemble, vous êtes « physiquement mariés »les uns aux autres d’une certaine façon. Donc vous vous battez et vous vous chamaillez, vous travaillez à travers vos différences. Puis nous avons travaillé sur ces différences. Nous nous respectons vraiment maintenant. Vous pouvez le voir dans la façon dont nous avons travaillé ensemble sur Guardians.

Donc, j’ai écris les paroles pour Defender, Paramount, Three Fountains et Lighthouse, et Brent a travaillé sur les paroles d’autres chansons, et a ensuite fait avec Jake un travail génial pour hurler les paroles avec une justesse simplement incroyable. Il savait même déjà quoi faire de cela, il contrôle dans l’effort. Je veux te dire, c’est un groupe avec les meilleurs mecs du monde ! Les meilleurs membres du monde entier !

PL : A ce jour, Guardians semble être l’album le plus brutal dans sa globalité, non ?

M : Je ne sais pas… Tu sais, Messengers est, je pense, probablement plus martial, brut, que Guardians. Mais il contient bien des morceaux durs, comme Bloodletter, un des titres les plus durs qu’on ai jamais fait. C’est une chanson « heavy », très « heavy » même.

PL : J’ai lu que Defender était une chanson qui t’es très personnelle. Tu nous en dis plus ?

M : Defender est une chanson qui m’est effectivement très personnelle, et la raison, c’est que je l’ai écrite en hommage à mon père. J’ai eu des moments difficiles dans ma vie à un moment, et mon père m’a aidé. Il était en colère car j’étais blessé par certaines personnes, et quand j’ai su qu’il était en colère car il m’aimait, cela m’a affecté positivement.

J’ai écrit Defender car nous pouvons tous avoir besoin de quelqu’un comme mon père pour nous protéger, et bien nous défendre dans un moment comme ça.

PL : Bloodletter et Three Fountains sont 2 chansons remarquables, dans 2 styles différents !

M : Merci. On a travaillé dur !

PL : Sur Lighthouse, en revanche, vous vous êtes essayé au chant clair ?

M : Nous essayons de le faire par ci, par la, mais sur cette chanson, nous l’avons fait bien plus que d’habitude. Cette chanson est un peu différente pour nous… Elle est plus abordable, plus « mainstream », que la plupart de nos autres morceaux. On a essayé un truc différent, et Jake a abattu un travail phénoménal sur cette piste.

PL : Vos textes sont une fois encore très positifs, une marque de fabrique. Pensez vous un jour revoir votre copie et offrir un album plus sombre ?

M : Il y a des chansons plutôt sombres sur l’album. Je pense qu’il m’est difficile d’écrire des paroles sombres… J’ai des écrits très positifs car c’est ainsi que je vois le monde, c’est ainsi que je traite les gens et que j’aime les gens. Brent a écrit la plupart des textes plus sombres, comme Bloodletter. Ce sont des paroles dures… Mais je ne pense pas qu’on puisse proposer tout un album super sombre, non. Ce n’est pas nous.

PL : Penses tu que musique et religion puissent faire bon ménage ?

M : Je ne pense pas qu’ils doivent. La musique est une chose puissante. Ca peut être très utile pour quelqu’un, de l’espoir par exemple, ça peut être du fun pour quelqu’un d’autre, ou encore une expérience plus sombre encore… Cela dépend de ton état d’esprit et de tes émotions.

En tout cas, les paroles que j’écris sont tournées vers ma foi, et ce en quoi je crois. La contribution que j’ apporte est religieuse certes, mais je n’ai pas la prétention de connaître le chemin. Vous en faites ce que vous voulez. Certains vont y voir le bien, d’autres le mal. Certains verront juste du divertissement! Et je pense qu’on peut encore l’interpréter différemment !

PL : Quels artistes appréciez vous actuellement ?

M : On était en tournée avec Killswitch Engage et Light The Torch. Je les ai donc pas mal écouté. On prépare un tour avec pas mal de shows, par conférences téléphoniques, car les gars ont dû rentrer à la maison, à cause du Coronavirus. Mais c’est OK, on est safe et on est heureux de préparer la tournée en tête d’affiche dans l’année.

PL : Quel est ton titre d’ABR préféré ?

M : J’ai envie de dire Defender, car c’est une chanson très personnelle. Un choix logique.

PL : Quels sont les chansons les plus dures à jouer ?

M : Dans les nouveaux morceaux, Defender, Paramount, Bloodletter et Bones, de loin.

PL : A ton avis, ai-je oublié de te poser une question ?

M : Aucune, tu as fait du bon boulot ! (Rires)

PL : Qui devrions nous interviewer après vous ?

M : Les gars de Light The Torch font du bon boulot.

PL : Merci à toi. Restes en sécurité !

M : Merci, toi aussi sois prudent. A bientôt. Dieu te protège.

Un grand merci à Fearless Records et Replica Promotions sans qui cet entretien n’aurait pas eu lieu.

Page officielle du groupe, pour acheter l’album.

Chaîne YouTube du groupe.

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