Carthagods présente The Monster In Me, nouvel opus des tenaces Tunisiens, fruit de collaborations multiples.

Et que ce fût dur d’accéder à la galette en France, pays ou Carthagods semble absent depuis toujours. Malgré une belle côte dans le reste de l’Europe. Mais après une longue bataille, le groupe à trouvé outre Rhin un label à la mesure de son talent : Metalville Records.

L’occasion pour Pozzo Live d’en savoir plus sur le groupe, son passé et son avenir, ainsi que sur sa vision du metal Tunisien. Entretien via Skype avec Tarak Ben Sassi, brillant guitariste du groupe.

The Monster In Me

Pozzo Live : Salut Tarak! Comment vas tu?

Tarak : Ça va très bien merci. On gère comme on peut (c’est aussi le déconfinement en Tunisie).

Pozzo Live : Pas trop de projets contrariés avec l’actualité?

Tarak : Non pas vraiment. On a pu avancer sur l’écriture du nouvel album, puisqu’on a que ça à faire! (rires) On est resté chez nous, donc on avance un peu, chacun de chez soi. Avec cette période de confinement, nous avons fini 3 nouveaux titres. On a pas mal avancé, donc ça a quand même eu ses avantages.

Pozzo Live : Sacrés soucis avec la distribution de The Monster In Me?

Tarak : On a eu des soucis avec le label qui devait distribuer l’album qui s’est tout simplement éclipsé, et a quitté le territoire. Mais on a pu heureusement trouver un nouveau deal avec Metalville, pour cet album. Ils vont nous le distribuer.

Pozzo Live : Une chance de vous voir enfin en France bientôt?

Tarak : Je ne sais pas. On a rien de concret en France à ce jour. On a des plans en Italie et en Suède, c’est tout. Notre tour de Février a été annulé (tournée Française organisée par Metal In Veins). Rien d’autre pour le moment.

Pozzo Live : Parlons un peu de Carthagods. Vous l’avez créé en 1996 avec Zack (Aymen Ben Hamed, batterie) il me semble. A l’époque, comment aviez vous été accueilli en Tunisie?

Tarak : Oui. C’était un groupe de gamins qui jouaient des reprises, du Metallica etc… On a commencé à composer seulement en 2004. Les années 90, c’était du fun.

A l’époque en Tunisie, le metal était très communautaire comme tu peux l’imaginer. C’était surtout des concerts de Fac. Il n’y avait rien, pas d’internet chez nous. Donc pas de tablature. On se débrouillait à l’oreille. Pas de salle de repet’…. Mais ça avait son charme quand même.

Pozzo Live : Après 2 splits et aucun album, une formation stable semble enfin s’être constituée. Avec le recul, comment vois tu le passé?

Tarak : Le gros split que nous avons vécu est du au décès de notre guitariste de l’époque. La plupart des membres ont fait une remise question. Mais plus tard, Zack et moi avons relancé le groupe, qui depuis a fait son chemin.

Pozzo Live : Depuis vous avez partagé l’affiche avec des groupes références, incluant Slayer, Judas Priest ou Dark Tranquillity pour ne citer qu’eux. Malgré tout, vous restez somme toute assez confidentiel en France. Trouves tu ça juste?

Tarak : Juste ou pas, ce n’est pas moi de juger… Peut être que notre musique n’est pas aimée en France (rires)! On a déjà joué en France, avec Acyl, au Club à Paris il y a environ 3 ans (3 décembre 2016 exactement). On a eu un bel accueil, le public a aimé. Depuis pas vraiment l’invitation, quelques mails pour savoir nos disponibilités, mais c’est tout. Rien de concret. Je ne sais pas, peut être as t’on mal communiqué en France…

Après un album éponyme, Carthagods, en 2015, vient The Monster In Me en 2019. C’est une référence directe à Pablo Picasso, non?

Tarak : Absolument! C’est un rideau de scène (visible à Toulouse) de Pablo Picasso. Illustrant la dépouille du minotaure en costume d’arlequin. C’est surtout pour le clip en fait. On a recréé les personnages, faisant notamment allusion au dieu faucon et au minotaure. Car nous interprétons souvent ces moments dans nos mélodies et parties instrumentales. On a trouvé que le tableau inspirait le dégoût, la souffrance et la mélancolie. Ça illustre bien notre musique. Le clip à été tourné à l’envers. Mehdi (Khema), notre chanteur a du apprendre les paroles à l’envers. Très difficile.

Pozzo Live : De nombreuses guest figurent sur vos albums, Ron Thal Bumblefoot (ex Guns N’ Roses), Mikael Stanne ( Dark Tranquillity) ou Mark Jansen (Mayan, Epica) notamment. Il semblerait que vos relations avec la scène actuelle soit excellentes?

Tarak : En fait nous avons une autre activité en parallèle de Carthagods, c’est de faire évoluer la scène metal en Tunisie. Et nous sommes derrière 90% des projets metal internationaux du pays.

Donc depuis 2006, on a ramené de nombreux groupes, dont Epica. D’ailleurs si tu demandes a Mark son meilleur concert, il te dira celui de 2006 en Tunisie. Il était sous le choc de voir tous les fans ici! On a une relation spéciale avec eux. Ils nous ont invités à leur show chez eux à Utrecht. Mais aussi avec Mayan.

Pozzo Live : Je suis fan de Dark Tranquillity et j’ai appris que Niklas ( Sundin, guitariste) a réalisé l’artwork de l’album, san sparler du featuring avec Mikael (Stanne) sur Whispers From The Wicked. Comment en êtes vous venus à collaborer ainsi? 

Tarak : Comme avec Mark. Nous avons de grands liens avec le groupe, depuis qu’on les a fait jouer ici en Tunisie. C’était d’ailleurs un grand concert, 4000 personnes! On a gardé contact, car le groupe a été choqué de constater a quel point ils étaient aimés ici!

Lors de notre notre show release ( pour la sortie de l’album) Mikael était avec nous sur scène pour chanter Whispers From The Wicked. Et une reprise de Dark Tranquillity aussi. Puis Martin (Henriksson, ex Dark Tranquillity) venait en vacances en Tunisie, pour t’expliquer le lien. On les a fait revenir dans un petit club en Tunisie, 500 personnes dans une salle pour 300! Ça s’appelait le Plug. On avait monté un concept la bas après la révolution de jasmin, Carthagods et un guest.

On aura ramené Max Cavalera, Bumblefoot, Paul DiAnno, Tim Owens, etc… Tu imagines, regarder Dark Tranquillity et boire une bière en Tunisie, c’était inimaginable avant la révolution!

Pozzo Live : Après vous avoir beaucoup écouté, j’en conclus que je suis incapable de vous catégoriser! J’entends du Heavy Metal traditionnel, du power, du prog, du sympho… Bref, vous êtes des touche à tout! Avez vous un processus de création?

Tarak : Justement, on à pas vraiment de processus de création. C’est pas comme ça qu’on fonctionne. Disons plutôt qu’on fait un truc, peu importe le style, si on aime on garde, sinon on jette. Point. Donc si c’est prog, melodique ou peu importe, si c’est cool on garde.

Pozzo Live : Tout simplement! Sinon sur The Rebirth II, j’ai vu beaucoup de points communs avec le travail de composition de Tuomas Holopainen (Nightwish). Est ce voulu?

Tarak : Bah merci. Ça fait plaisir ! C’est un grand compositeur. L’orchestration a été faite par un claviériste Américain, Vikram Shankar (Redemption). Il a aussi fait de l’orchestration pour Evergrey. Il est pote avec notre guitariste Timo ( Somers, Delain). Donc il a enregistré tous les claviers de l’album. On ne savait pas trop comment il serait accueilli car c’est un titre peu metal. Mais maintenant on le met comme intro et outro de nos shows live.

Pozzo Live : Quel regard portes tu sur la scène metal Tunisienne actuelle ?

Tarak : Il y a une émergence de talents, il y a de très très bons groupes, même si certains ont arrêté pour les conditions dont je t’ai parlé plus tôt. On a de tout, du sympho (Cartagena), du folk avec Ymyrgar, la tendance actuelle est au metal oriental, avec notamment Myrath que tu connais sûrement, Nawather aussi. On a de tout, de black du death du doom….

Le problème pour la majorité des groupes c’est de trouver une motivation. Ymyrgar, le groupe de folk, par exemple, ils ont trouvé un tourneur, donc ils ont la motivation. Mais les autres se limitent à 2 ou 3 concerts par an. Sinon pour l’Europe, il faut que quelqu’un t’invite. Après s’en vient le problème des visas… Si tu veut remplir la salle faut jouer avec un groupe connu, c’est pas évident qu’il t’accepte. Il nous manque des métiers comme tourneur ou manager, ça manque beaucoup.

Pozzo Live : La voix de Mahdi (Khema) est extraordinaire. Tu connais ses influences ?

Tarak : Oui bien sûr, Ronny James Dio ( Dio, Black Sabbath), David Coverdale ( Whitesnake), et plus jeune Jørn Lande (Jorn, Ayreon, Avantasia et bien d’autres). Il est fan de Kamelot… Et plein d’autres.

Pozzo Live : Si tu avais le pouvoir de revenir en arrière, voudrais tu réécrire l’histoire de Carthagods ?

Tarak : Ben en fait, avec tous les faux pas qu’on a fait, je dirais non. On a eu pleins de revers, avant la révolution on a eu beaucoup de bâtons dans les roues, des concerts annulés, des pertes, mais on regrette rien. Maintenant on a pleins d’artistes a l’international qui nous aident. Sûrement que si on s’était dit « On s’occupe que de Carthagods » on se serait moins soucié de la scène locale Tunisienne, peut être qu’on ne serait pas la aujourd’hui. On a une fan,base un peu partout, je me dis que ces amitiés créées avec eux nous ont beaucoup aidées. On fait des fautes, regarde notre label Tunisien qui nous lâche, non, on regrette rien.

Pozzo Live : Qui penses tu que nous devrions interviewer après toi?

Tarak : Mark Jansen d’Epica, mais pour parler de Mayan. Sinon pour la Tunisie, Ymyrgar.

Un grand Merci à Carthagods, particulièrement à Tarak pour son infinie gentillesse.

La page Facebook de Carthagods, pour ne rien louper de leur actu.

La chronique de l’album The Monster In Me.

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