Lors de la Magnifique Society 2023, nous avons eu la chance d’interviewer EARTHGANG, le duo d’Atlanta. Nous avons notamment discuté de leur dernier album, GHETTO GODS, sorti l’année dernière. Mais nous avons également parlé d’Atlanta, de leur rapport à la spiritualité… et de leur prochain projet !

Parlons directement du dernier album que vous avez sorti, GHETTO GODS. Je voulais revenir sur le titre. J’ai lu que c’était une référence aux gens d’Atlanta qui connaissaient beaucoup de galères mais qui arrivaient tout de même à inspirer et aider les gens. Est-ce que vous aspirez vous-mêmes à devenir des « Ghetto Gods » ?

Olu : Je ne m’attribuerai pas nécessairement ce titre. Mais je pense que c’est un processus qui consiste à trouver qui tu es vraiment, ce que tu aimes, en quoi tu es doué et comment tu peux rendre la vie meilleure. Dans ce sens-là, tu trouves ta propre divinité dans ta manière d’aborder la vie. On voyage beaucoup et beaucoup de personnes sont venues nous voir pour nous dire qu’elles adoraient l’album et que ça les inspirait lorsqu’elles traversaient des moments difficiles. Ils pourraient dire qu’on est des « ghetto gods » mais ce qui importe réellement, c’est la manière dont tu abordes la vie et comment tu vois les choses.

EarthGang: Ghetto Gods Album Review | Pitchfork

La couverture de GHETTO GODS, le dernier album d’EARTHGANG

En parlant d’Atlanta, cette ville est un centre créatif extrêmement actif. Comment vous expliquez ce niveau si haut de créativité ?

WowGr8 : C’est comme si tu te retrouvais à une réunion de famille, un endroit où tout le monde cuisine ensemble ou bien où tout le monde prend le temps de chanter, de danser. Un peu comme dans Soul Train, où tout le monde fait la queue et fait sa petite danse. Ça se passe comme ça à Atlanta, il y a beaucoup de gens dans la communauté qui te demandent de montrer ce que tu peux faire. C’est très encourageant d’être face à ce genre d’attitude.

Olu : Oui, cette liberté encourage l’expression de soi-même. Avec GHETTO GODS, il n’est pas question d’être d’une façon ou d’une autre, il s’agit d’être vraiment toi-même. À Atlanta, la créativité est florissante parce que les gens encouragent les autres à être eux-mêmes et à découvrir qui ils sont réellement. On sait que le style, la musique ou les goûts de chacun sont différents, mais cela rajoute au bonheur global de la ville.

Je voudrais revenir sur les paroles de deux morceaux. Le premier est « WATERBOYZ », où vous parlez du futur que vous voudriez léguer à votre descendance. Le deuxième est « AMERICAN HORROR STORY », où vous parlez de briser les malédictions générationnelles. Vous pensez souvent au monde et à l’art que vous laissez derrière vous ?

Olu : Oui, je dirais assez souvent. Tu y penses de temps à autre mais tu veux revenir au moment présent, c’est la chose la plus importante. Si tu vas en vacances, peut-être que tu auras un moment de réflexion et tu penses à ce que tu veux faire de ton futur. Mais la plupart du temps, tu veux être dans le moment présent parce que c’est là où se trouve la joie de ton existence. Tu ne peux pas te soucier de ce qui est venu avant toi ou de ce qui viendra après. Tu veux utiliser le temps que tu as et être sûr que tu te sentes bien et que tu fasses ce que tu aimes.

Et dans “GHETTO GODS”, il y a un moment où vous dites : “I do not chase, I just attract”. Est-ce que vous pensez avoir manifesté tout ce qui vous arrive aujourd’hui dans votre carrière ?

WowGr8: Oui, dans le sens où on fait tout ce qui est possible pour obtenir ce qu’on veut. On travaille constamment et on l’a vraiment manifesté.

Parce qu’au final, vous vous connaissez depuis le lycée ! À ce moment, est-ce que vous visualisiez déjà une vie où vous seriez en tournée, où vous créeriez des albums et obtiendrez de la reconnaissance ?

WowGr8 : Oui, je visualise beaucoup de choses ! Par exemple je peux visualiser quelqu’un qui se trouve quelque part dans la rue et qui écoute nos albums. Je visualise bien au-delà et on doit continuer.

Votre album est ponctué par des petits skits. Quelle est l’histoire que vous vouliez raconter avec ces interludes ?  

Olu : Honnêtement, on voulait amener les gens dans la vie quotidienne d’Atlanta. La personne derrière ces interludes est DC Young Fly, dédicace à lui. Il était au lycée avec nous et il faisait toujours des blagues, il avait toujours des ennuis parce qu’il était lui-même et qu’il faisait rire les gens.

WowGr8 : Et maintenant il a un comedy show qui est numéro 1 sur Netflix. Ça s’appelle 85 South.

Olu : On voulait l’applaudir parce qu’il est lui-même. Et on voulait amener les gens dans le monde dans lequel on a grandi, avec notre jargon et notre façon de parler. DC était la meilleure personne pour ça.

85 South Show Live | Altria Theater | Official Website

85 South, le comedy show par DC Young Fly, la personne qui se cache derrière les skits d’EARTHGANG

Le dernier morceau de l’album dont je voulais parler est “POWER”. Comment est née cette collaboration avec Cee Lo Green ? J’ai lu qu’il avait écouté tout l’album et avait choisi lui-même ce morceau. Et c’est votre producteur exécutif, KP, qui l’a amené. Est-ce que vous pourriez m’en dire plus ?

WowGr8: KP voulait l’inclure parce que c’est un vétéran et quelqu’un de très important pour la culture d’Atlanta. Il est là depuis TLC, Outkast qui sont parmi les plus grands que notre ville a eus. En plus, c’est un DJ donc on voulait l’amener dans notre projet. Il a aimé la musique dès la première écoute et il a dit « Je dois être sur celle-là ». Il veut être sur cette chanson ? Alors on lui donne ! (rires) Et c’est sans doute mon rappeur préféré que j’ai amené dans nos projets, ce qui est assez fou à dire à voix haute. Mais je l’écoute depuis que je suis petit. Mon père, mes cousins jouaient sa musique quand j’étais jeune. Je me rappelle quand j’étais au lycée et que je l’écoutais. L’avoir sur une de nos chansons, en train de vraiment rapper, c’est fou.

J’ai vu un commentaire sur un de vos TikTok où vous disiez que l’album s’inspirait plus ou moins du Truman Show. Mirrorland s’inspirait aussi de The Wiz. Pour le prochain, est-ce qu’il y aura aussi une reference cinématographique ?  

WowGr8: Il y a une énorme référence et on verra qui la comprendra. On l’a parsemé tout le long du projet et c’est un projet qu’on va livrer de façons tellement différentes. Tu vois, ces émissions de cuisine où ils préparent une version déconstruite d’un plat ? C’est un peu la version déconstruite d’un album.

Olu: Le premier single s’intitule « R.I.P. Human Art » et ça sort en juillet. Pour ce titre, on s’est beaucoup inspiré de comment nous, en tant qu’êtres humains, gérons et explorons le processus de l’intelligence artificielle. Et comment la technologie affecte notre créativité, notre énergie, la manière dont on passe du temps dans ce monde.

Unleash Your Creative Rebellion at RIP Human Art: Where Music and Graffiti Collide! | Georgia Destination | NewsBreak Original

R.I.P. Human Art, le prochain single d’EARTHGANG

WowGr8: Je dirais que c’est presque symbiotique. La technologie a besoin de nous et nous avons besoin d’elle. C’est fou la manière dont c’est arrivé. On s’inquiète des robots mais d’une certaine manière, ils sont nous.

Olu: Et ce n’est pas seulement en ligne, on a eu beaucoup de conversations avec des créateurs, des écrivains… On a entendu des choses comme « La IA ou ChatGPT peut faire mon travail à ma place”. Elle peut créer un film en cinq minutes alors qu’une personne aurait besoin de deux ou trois ans. Et les gens se demandent si c’est vraiment de l’art. C’est quelque chose d’énorme qui est dans les esprits de tout le monde en ce moment.

WowGr8 : On voulait explorer ce concept et s’en moquer. Aux Etats-Unis, la communauté noire est forte pour prendre quelque chose qui inquiète les gens et le rendre marrant. On s’en amuse et je suis excité pour ce prochain album.

À part le concept, est-ce qu’il y a autre chose que vous pouvez nous teaser pour ce prochain album ?

Olu : Esthétiquement, c’est different de GHETTO GODS, comme GHETTO GODS était different de Mirrorland.

WowGr8 : Il y a un different type de sons et de mondes qu’on a essayé d’explorer.

Olu : On l’a enregistré pendant six ou sept mois. C’est beau, c’est honnête et c’est différent.

En parlant de nouveaux sons, vous avez sorti récemment une collaboration avec Snakehips et Daya. Ce n’est pas votre première fois avec Snakehips d’ailleurs, vous avez fait le titre “Run It Up” que j’ai joué en boucle pendant très longtemps. Je me demandais si vous comptiez utiliser plus d’instrumentales électroniques dans des prochains sons ou projets ?

Olu: Oui !   

WowGr8: C’est sûr ! Pour nous, c’est un endroit facile où on peut jouer et créer. L’énergie nous inspire et on s’y sent bien.

Olu: Snakehips est définitivement l’un des mecs qu’on adore et on adore sa musique, donc on aime créer avec lui. On pourrait même sortir un EP commun et voir ce qui se passe.

Est-ce qu’il y a un autre artiste avec qui vous rêveriez de collaborer ?

Olu : J’adorerais faire un son avec Teezo Touchdown.

WowGr8 : Teezo est incroyable. Je ferais bien une chanson avec SZA.

Olu : Ce serait beau. Amaarae, c’est lourd. Tems aussi, j’adore la texture de sa voix.

WowGr8 : Et The Alchemist !

Olu : Ouais, dédicace à The Alchemist.

WowGr8 : J’essaye de faire quelque chose avec lui depuis le début de ma carrière !

Pour finir, voici notre question signature : quel artiste vous nous recommandez d’interviewer ?

WowGr8 et Olu: Teezo !

WowGr8: C’est un gars marrant.

Olu: Ça te plaira, il est lourd.

CONCLUSION

Merci à Olu et WowGr8 d’EARTHGANG de nous avoir accordé ce temps juste avant leur concert ! Concernant leur actualité, le duo compte sortir « R.I.P. Human Art » dès demain : on a déjà droit à une petite vidéo teaser pour nous mettre l’eau à la bouche. On attend donc la suite avec impatience.

Si vous souhaitez rester à jour sur l’actualité musicale, venez jeter un oeil à nos chroniques et interviews.

Aucun produit trouvé.

Vous allez aimer !