Nous nous sommes entretenus avec Jesse Haddad le batteur de Spheres. A l’occasion de la sortie de leur album Helios, nous avons échangé sur les nouveautés du groupe.

Pozzo Live : Vous sortez votre deuxième album. C’est un peu la question du moment, mais est-ce que la crise sanitaire à modifié votre planning, votre façon de travailler ? 

Jesse Haddad : Je ne pense pas que cela ait modifié la façon de créer. Cela a plutôt changé le groupe, on a eu un changement de line-up, chacun à fait ses choix. Ce qui a fait que Clémence, Olivier et moi on a rejoint le groupe en 2021. Mais je pense que l’on aurait composé cet album de la même façon, pris le même temps et le même investissement, même hors pandémie.

Pozzo Live : Comment avez-vous travaillé sur l’album ?

Jesse Haddad : On a commencé à aborder le texte de l’album avant de faire quelques dates et cela s’est concrétisé après. Nous avions fait une date à Vitry, dans une salle associative qui s’appelle le Sub’. Nous avions fait une petite tournée de 3 jours. Sur 2 jours nous avons joué avec Breaking The Bank au Café Français à Vesoul puis à Dijon, et enfin une date seule. C’est après ces dates-là que l’on s’est posé sur l’album.

Pozzo Live : Qu’est-ce qui vous a inspiré cet album, d’une manière générale ? Des artistes, des univers, …

Jesse Haddad : Déjà dans l’idéologie des textes de l’album ce qui nous inspire c’est vraiment la science-fiction, l’aspect dystopique, intergalactique. Cela influe sur le noms des albums. Le premier s’appelle IONO et celui-là s’appelle HELIOS. Ce qui est donc en rapport avec les couches atmosphériques qui entourent la terre. Il y a une couche qui s’appelle Iono je crois et la deuxième c’est Helios. Le but c’était en fait de faire un voyage qui part de plus en plus dans l’intergalactique.
[Ndlr : La ionosphère est la couche atmosphérique externe de la Terre et l’Héliosphère est la couche atmosphérique du Soleil dans laquelle se trouve tout le système solaire. Il y a donc effectivement un ordre de grandeur plus important, s’ouvrant vers l’espace.]

Après les groupes qui nous influencent c’est les groupes de prog’ comme Mastodon, Opeth, Gojira ou Devin Townsend. C’est des influences générales pour tout le groupe. Après mes influences plus personnelles je ne suis pas quelqu’un qui vient directement de la scène métal. J’ai joué du métal pour la première fois avec « un groupe » quand j’avais 15-16 ans. Avant ça j’ai grandi dans un contexte musical très polyvalent. Cela allait de la soul à la funk, par le jazz ou des morceaux cubains et même du rock. C’était vraiment très éclectique.

Le métal m’a tapé à l’oreille vers 15-16 ans. C’est un pote allemand qui était fan de métal dès son plus jeune âge, de Rammstein, Slipknot, qui m’a fait rentrer là-dedans. Il m’a fait prendre conscience que ce style me ressemblait un petit peu. Dans le sens où tu vois j’ai plus beaucoup de cheveux (rires), j’ai un regard un petit peu « méchant » on va dire. Je reflète quelque chose d’un peu … atypique on va dire, et cette musique est aussi atypique. Et comme cette musique je suis tout le contraire de ce que les gens extérieurs peuvent penser. Je peux paraitre brut de décoffrage avec mon accoutrement, mais je suis un mec qu’aime faire la fête, rigoler et un peu extraverti. Cette musique me représente bien, c’est pour ça que j’y attache beaucoup d’importance aujourd’hui et que j’en joue.

Pozzo Live : Qu’est-ce que tu chantonnes honteusement sous la douche ? 

Jesse Haddad : Honteusement ? J’assume tout ce que je chante (rires). Mais ça peut passer d’un truc de métal à de la variété française. De Françoise Hardy à Claude François. Je n’ai pas de frontière.

Pozzo Live : Qui est le plus procrastinateur en studio ? 

Jesse Haddad : Il n’y a pas trop de « je m’en foutiste » dans ce groupe. On est tous engagé et à fond dans ce qu’on fait. Il n’y a jamais eu personne qui s’est dit « bof j’ai pas envie, on voit demain ».
Hors groupe ça peut m’arriver de dire « oh ça fait chier on verra demain », mais en général j’aime quand même bien faire les choses tout de suite et comme ça c’est réglé. Mieux vaut faire aujourd’hui ce que tu peux reporter à demain.

Pozzo Live : Pour les plus pro de nos lecteurs est-ce que tu peux nous donner ton setup  ? 

Jesse Haddad : J’ai un kit de base que j’ai remanié à ma sauce. J’ai un pote qui m’a donné une batterie d’une marque assez vieille, moyenne gamme on va dire, Asama percussion, pour les fûts en tous cas. J’ai rajouté un fût de WHD,  une marque de distributeur internet, qui est un tom de 18″. L’autre tom de 18″ est l’originel de la batterie.
J’ai rajouté aussi un tom de 8″ de la série Export de chez Pearl.

Concernant les cymbales j’ai un 14″ de la marque Zultan, la série Dark Matter. J’ai deux crash plus une crash Ozone, une cymbale avec des trous dedans ce qui rajoute un peu plus de résonnance dans le son. Deux de la marque Stagg et deux de la marque Velvet qui est une vieille marque qui ne se fait même plus je crois.
J’ai deux china de 16″, une ride de 20″ de la marque Stagg.

Ensuite j’ai une caisse claire de la marque LP qui sonne du tonnerre et la grosse caisse est celle d’origine de chez Asame.

Ma vision de la batterie c’est qu’il n’y a pas besoin d’avoir des très grandes marques qui coutent super cher quand tu sais que t’as des trucs d’un bon rapport qualité/prix qui sonnent au même échelon. C’est pas parce-que t’as une batterie à  4 000€ parce-qu’elle s’appelle telle marque ou telle marque qu’elle va mieux sonner qu’une autre que tu vas façonner toi-même.

Pozzo Live : Vous avez fait le choix de chanter en anglais avec Spheres. Est-ce par « simplicité internationale »  ? On note cependant le joli jeu de mots avec le titre « Take me higher, ailleurs » sur Helios.

Jesse Haddad : (Rires) Non je pense que Joe compose ses textes en anglais car c’est une langue qui colle plus à notre contexte. La science-fiction c’est plus américain, anglais. Ce n’est pas de la production française, même si je ne crache pas sur les productions françaises il y en a des très bien.
Après oui du côté international il y a une diction dans l’anglais que je trouve plus enjolivée, plus enrobée, que le français qui est très tranchant. Un peu comme l’allemand. Ce ne sont pas des langues qui sont moches, mais elles sont moins enjolivées. Plus tranchantes et moins enrobées.

Pozzo Live : Nous parlions de l’univers science-fiction de Helios, qui se ressent sur la pochette. D’où vous est venue cette pochette justement ? 

Jesse Haddad : En fait pour les deux pochettes on a bossé avec Julien Grelet que Joe connait bien. C’est un mec qui dessine ses artworks et fait ses modifications sur un logiciel numérique. Mais c’est une base plastique en fait. Ce qui nous intéresse vraiment chez lui c’est qu’il utilise l’art plastique. Et par rapport à l’art numérique, même si ça ne me déplait pas, il y a un côté très honnête. Quand tu fais une fresque il y a des défauts dont tu peux te servir pour embellir le projet. C’est ce qui créé le concret pour moi, qui est honnête. Alors que pour le numérique il y a un côté déjà façonné je trouve.
Je pense que c’est ça qui nous a convaincus d’aller travailler avec lui. Egalement lorsqu’on lui a proposé de travailler sur l’artwork d’Hélios on lui a donné très peu d’indications. On lui a juste dit que le concept tournait autour de la dystopie et de l’intergalactique, ce côté très astronomique, post-apocalyptique. On lui a aussi juste envoyé les maquettes des morceaux de l’album. Il nous a sorti un truc qui nous a complètement subjugués parce-que ça collait à ce qu’on voulait. C’était fou. La seule modification qu’on lui a demandé c’était pour ajouter les quatre embryons autour, sinon c’est la même.

Pozzo Live : Tu parlais de trois dates que vous avez faites avant de vous pencher sur la création de l’album. J’imagine que vous êtes impatients de remonter et de défendre cet album ? Des dates de prévues ?

Jesse Haddad : Le 23 septembre on va faire un showcase au Dr Feelgood [74 rue de la roquette à Paris]  où on va jouer tout l’album pour sa sortie. Il y aura également une diffusion de l’album dans le bar.
La vraie grosse date où on va faire la fête c’est le 28 octobre, la release party. On va partager la scène avec Synapse et Àlfheim, des groupes parisiens. Ensuite nous avons également une date le 1er octobre à Liège en Belgique. Puis il y a d’autres dates dont en est en train de discuter qui ne sont pas encore actées. Mais il est question de faire une tournée en Belgique, en Allemagne et en Suisse. Rien n’est acté, mais on fait tout pour.

Pozzo Live : Dernière question. Quel groupe ou artiste tu conseillerais à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?

Jesse Haddad : J’ai rien contre les grosses têtes d’affiche, mais j’ai envie de donner une visibilité à des groupes qui ne sont pas assez dans la lumière pour moi. J’ai envie de citer un groupe qui s’appelle Fractal Universe, un groupe de death metal agressif. C’est pas les seuls, mais ce groupe me fascine parce-qu’ils ont une telle précision, un tel engagement qu’il mérite vraiment plus de visibilité.

Interview réalisée par Gaël à Paris le 13 septembre 2022

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