Nombreux sont ceux qui pensent bien connaître Julien Cassarino, et ce grâce à ses divers projets musicaux tels que Psykup, Rufus Bellefleur, Simone Choule ou Manimal

Des groupes aux registres aussi variés que les goûts cinématographiques du garçon. Autant musicalement qu’en terme de 7ème art, il refuse d’être enfermé dans une case.

L’artiste est intéressant, le cinéphile fascinant de passion et d’implication dans son art. Voyez vous-même.

Julien

 

Pozzo Live : Salut Julien, ça roule ?

Julien Cassarino : Ça va ouais. Confinement actif.

Pozzo Live : Déjà félicitation pour le nouveau site Psykup ! Bel outil.

Julien Cassarino : Bah ouais merci. C’est Jouch, notre graphiste, qui bosse avec nous depuis le 3ème album. Il est responsable aussi de notre merch. On est sur la même longueur d’onde ; c’est un vieil ami. Il comprend vite le délire.

PL : Peux-tu te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Julien : Bah écoutes je suis membre fondateur de Psykup depuis mes 15 ans. J’en ai quasi 42. Chanteur guitariste et compositeur. J’ai pas mal d’autres projets à côté, j’ai été chanteur de Manimal, de Simone Choule, de Rufus Bellefleur, je fais pas mal de funk et de jazz aussi, de soul, je suis aussi coach vocal et critique de cinéma dans L’écran Fantastique. Quand je peux caler tout ça. Content d’avoir la chance de vivre de mes passions. Même si en ce moment c’est pas évident.

PL : Sinon comme tu viens de les citer je rebondis, un peu d’actu à prévoir chez Manimal ou Rufus ?

Julien : C’est en suspens. C’est des amis, avec des vies compliquées. Que des potes qui bossent aux aussi sur d’autres trucs. Psykup marche fort et on s’y concentre. On a repris en 2014. On était chez Jerkov à l’époque, on est revenu sur un show anniversaire du label, et une tournée de reformation. Et la totale. C’est bien reparti. Albums, tournées, etc… Les gens étaient vachement présents. C’était cool. D’ailleurs les réactions vis à vis du nouvel album sont positives.

PL : Dans Rufus Bellefleur notamment, on ressent énormément l’aspect visuel de la composition. Est-ce que tu as besoin de te projeter visuellement dans ta musique ?

Julien : Oui carrément. Vu que le cinéma est clairement mon autre passion, j’ai toujours des images dans la tête quand j’écris. D’ailleurs souvent quand j’écris j’écoutes assez peu de musique. Avec Psykup j’écris entre 2 films, j’ai toujours des images dans la tête.

Idem chez Rufus ou bien que j’étais co-auteur, le compositeur Youssef, comme moi, était lui aussi cinéphile, on discutais pas mal de références ciné. Pareil avec Simone Choule qui est une référence directe à un film de Roman Polanski. Idem avec Manimal ou j’ai fait un album entier avec que des titres de film. C’est lié à ce que je fais. Donc ça va toujours revenir.

PL : Comment t’est venue cette passion dévorante pour le cinéma ?

Julien : Ça vient de mon père. Un grand cinéphile. Il m’a initié très jeune, car il était collectionneur de K7 Vidéo, et on regardait beaucoup de cinéclub, beaucoup de vieux films.

Puis il m’a branché sur tout ce qui était films des années 50′, 60′, 70′, on a regardé beaucoup de classiques, dès très jeune, grand cinéma classique ou Italien. Visconti, John Ford ou de grands auteurs comme Elia Kazan. Quand j’avais 8/10ans j’avais déjà vu beaucoup de trucs que j’étais pas censé voir, et ça a augmenté à l’adolescence.

PL : As-tu des genres de prédilection ?

Julien : Je suis très très ouvert. J’aime le cinéma de genre, ça vient de mon adolescence. C’est une autre façon d’aborder. J’adore aussi le cinéma ancien, Français d’avant et d’après-guerre, le cinéma Italien, je suis très fan, le cinéma US des années 50/60. J’ai environ 6000 films matérialisés. J’essaye de garder la curiosité que j’ai, lire les filmographies etc… Beaucoup de films ont été des déclics pour moi dans ma vie personnelle.

PL : Qui est selon toi le réalisateur qui a le plus renouvelé son genre ?

Julien : A une époque, John Carpenter (The Thing, New York 1997, Halloween) savait super bien le faire, c’était quelqu’un qui m’a fasciné en tapant dans pas mal de sous genre, et c’était un compositeur aussi, et c’est rare. La fin de carrière est assez dégueu, il n’a plus envie et le dit ouvertement. Je l’ai vu en concert et on sent qu’il s’éclate plus à faire ça qu’a réaliser des films apparemment. Ça lui convient mieux sur ces vieux jours.

Après je trouve très intéressant des mecs comme Steven Spielberg, capable de faire des films comme La Couleur Pourpre ou Munich, et Jurassic Park. C’est des choses incroyables. Tiens regardes Ready Player One, le mec est encore à la pointe de son sujet. C’est un des derniers héritiers de gens qui savaient tout faire, comme John Frankenheimer ou Sidney Lumet, un de mes réalisateurs fétiche. Des gens qui savaient se renouveler sans être ostentatoires. D’ailleurs je suis plus pour la politique des anciens auteurs qui s’adaptait à leur sujet et non l’inverse.

D’ailleurs Spielberg, quand on dit que ce n’est pas un auteur, ça me fait marrer. Du moment que tu fais de l’argent, tu n’es plus un auteur. Il a inventé le blockbuster involontairement avec Les dents de la Mer. Et s’il y a bien un film qui est un film d’auteur, c’est celui-là.

PL : Et quel est l’acteur ou l’actrice qui a marqué sa génération ?

Julien : J’étais très marqué par Al Pacino. L’un des premiers acteurs qui a vraiment attiré mon attention plus jeune. De par cette sorte d’intensité. C’est l’héritier des Brando, Nicholson… Mais il y a eu un souffle différent, et c’est d’ailleurs un des seuls qui a continué à avoir des grands rôles encore aujourd’hui…

Puis c’est quelqu’un qui a eu des rôles qui m’ont marqué, que ce soit Un après-midi de Chien, ou L’ Impasse… Des rôles comme L’Epouvantail, ou j’ai été fasciné. Mais il y a des mecs de la génération d’après qui m’ont impressionné aussi, comme Christian Bale, ou Matthew McConaughey, qui ont cette intensité, cette force et cette versatilité dans le choix des rôles. Mais Al Pacino reste mon préféré.

PL : Si tu devais nous livrer 3 films méconnus injustement. A voir absolument.

Julien : Ah ben ça j’en ai pas mal… Y’a des films dont on ne parle pas assez et ou le grand public n’a pas eu accès. Déjà pour commencer j’ai un film qui me vient de suite, c’est Seconds (John Frankenheimer, 1966), L’opération Diabolique en Français. Avec Rock Hudson. Je le conseille vivement. Ça remet les idées en place sur pas mal de choses.

Puis y’a aussi Le Locataire (Roman Polanski, 1976) avec Isabelle Adjani. Quand on parle de Polanski on cite toujours Le Bal des Vampires, mais il y a aussi celui-là. Il a mis du temps à être édité en France. D’ailleurs mon groupe Simone Choule s’inspire directement de ce film, car il s’agit de la femme qui s’est suicidé au début.

Ensuite et pour finir, un film de Sidney Lumet, qui est assez rare, qui s’appelle Daniel (1983) avec Timothy Hutton dans un très grand rôle, et Amanda Plummer. Il n’est pas édité en France. A la fois très politique et très psychologique. Film assez méconnu dans la carrière de Lumet. Voilà 3 films à découvrir avec 3 grands réalisateurs.

PL : Selon toi qu’est ce qui constitue le parallèle entre musique et cinéma ?

Julien : Bah c’est la célébration de l’imaginaire. On pousse vraiment les gens à aller plus loin, à visualiser, à voyager de chez soi, s’évader et creuser en soi même. Certains ne veulent pas se mettre en danger, mais parfois c’est bien de s’y confronter. Et l’assumer. C’est parmi les bons moments de la vie et cela peut apporter un supplément psychologique.

Mais le cinéma et la musique de maintenant, je les trouve souvent trop convenus, la créativité n’est pas encouragée car non financée. Quand tu veux créer quelque chose d’original tu n’es plus suivi car ça ne sera pas rentable. C’est pour ça qu’on est restés indépendant, car on ne nous impose rien. On est de tout façon pas prêts à vendre notre cul, ou alors contre une énoooorme mallette de billets, et elle est pas là (rires)… Donc on est sur autre chose. On sort notre album dans une période peu propice mais on y va car le message à faire passer est actuel. C’est maintenant.

PL : Si je te dis Sam Raimi ça t’évoques quoi ?

Julien : Et bien ça me rappelle le choc que j’ai eu quand j’ai découvert Evil Dead II (Sam Raimi, 1987) avec Bruce Campbell. Ou j’étais assez petit. J’ai capté que la mise en scène était hyper importante. J’aime aussi beaucoup Un Plan Simple ou Darkman. Il a un oeil. J’adore aussi Mort sur le Grill. C’est un vrai auteur. J’ai beaucoup de respect. Jaime bien aussi son western, Mort ou Vif. Très bien fait. Et c’est un visionnaire, il avait Leonardo Di Caprio et Russel Crowe avant les autres.

PL : Que penses-tu des films de James Wan et plus généralement du cinéma d’épouvante récent ?

Julien : En fait je suis très chiant avec ça. Je suis très difficile car j’ai vu énormément de film du genre. James Wan, j’ai du respect pour lui, car c’est quelqu’un qui a le sens du cadre et du mouvement de caméra. Il est au-dessus de pas mal de monde. Il a amené ce côté train fantôme dans les films de maintenant avec les Conjuring, et les Insidious. De lui, j’aime aussi beaucoup Death Sentence (2007).

Que ce soit comme producteur ou réalisateur, bien que n’ai pas accroché avec Saw, il a amené une sorte de nouvelle formule. Mais les jump scares, je déteste. Je trouve ça cool quand il n’y en a pas. Pour moi, faut amener autre chose. Ça s’adresse à d’autres générations. J’ai pas été biberonné aux mêmes trucs… Je préfère des films comme The Omen (La malédiction, Richard Donner, 1976) par exemple.

Eli Roth aussi. C’est quelqu’un pour lequel j’ai beaucoup de respect. J’adore les Hostel (2005), notamment le 2. Il a un œil. C’est sûr qu’il est meilleur que les copains. Il est intéressant, et en plus c’est pas un mauvais acteur.

PL : Si on t’obligeait à choisir entre cinéma et musique, que ferais tu ?

Julien : Là c’est ton père ou ta mère… Je choisirais ne plus pouvoir faire de musique. Le cinéma est plus important pour moi. J’aimerais ne jamais avoir à choisir. Je pense que je deviendrais dépressif. Mais le cinéma est antérieur à la musique, c’est ancré en moi. Et puis c’est un raccord que j’ai avec mon père et ma sœur.

PL : Selon toi, qui devrions nous interviewer après toi, parmi les musiciens, sur leur passion hors musique ?

Julien : Par exemple, pour sa passion de la photo, Mario Duplantier de Gojira. Leur sœur, Gabrielle, fait de superbes photos, mais lui fait aussi de belles photos. Que le groupe a déjà exploité pas mal. Ce serait intéressant je pense.

Un grand merci à Julien Cassarino pour sa gentillesse.

Site internet de Psykup, Rufus Bellefleur, page Facebook Manimal Shepherd

Site internet de L’écran Fantastique

Page Facebook de Julien Cassarino, coach vocal

Pour nos interviews, c’est ici, pour nos chroniques d’album c’est par la

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