Nous avons discuté avec Simia, jeune artiste français basé sur Paris. Il vient de sortir son dernier EP intitulé « Trop Tard« . Simia crée des morceaux qu’on pourrait qualifier de rap, mais pas complètement, il nous en parle.

Pozzo Live : Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas est-ce que tu pourrais te présenter ?

Simia : Je m’appelle Simia, je viens de Paris. Je fais de la musique qui se situe dans un univers entre le rock, le rap et plein d’autres choses. Mais ce sont quand même les deux grosses dominantes. Je viens du rap à la base, mais je suis un amoureux du rock. Du coup ce projet, qui vient de sortir la semaine dernière, est le premier dans cette direction artistique. Qui est ma vraie direction artistique, qui est plutôt dans le rock. L’EP « Trop Tard » est sorti là il y a une semaine [le 13/05/2022]. Et avant ça j’avais sorti un autre EP en 2019 qui s’appelait « Spécial ».

Pozzo Live : A propos de cet EP sorti récemment, quand a commencé l’écriture de celui-ci et combien de temps cela t’a pris ?

Simia : C’est un peu particulier. No Spoil j’ai plein d’autres morceaux à sortir, mais on a décidé de d’abord sortir un EP. Cela fait bien deux ans que je suis sur ce projet-là. Le premier morceau que j’ai écrit c’est « Trop Tard ». Je l’avais écrit sur une production qui se situait entre de la Trap et quelque chose que je n’aimais pas trop, mais j’aimais beaucoup ce texte-là. J’ai rencontré les deux compositeurs qui ont fait la majorité des morceaux juste avant le confinement. On avait un peu commencé « Trop Tard » et pendant le premier confinement on s’est envoyé des trucs. On était coincés avec beaucoup de temps. Et c’est là qu’est née cette envie de créer ce projet, dans un contexte de ressenti de fin du monde un peu. Je me suis demandé, si c’était vraiment la fin du monde, si on ne sortait jamais du confinement ; qu’est-ce que je ferais vraiment comme musique ? Je ne me posais pas la question d’être le meilleur rappeur ou de devoir me situer dans un univers. Et en fait les morceaux sont nés pendant le confinement pour beaucoup. « Une Seconde » et « Trop Tard » se sont vraiment fait pendant le confinement et puis on s’est revu quand on est sorti. Et on a commencé à écrire beaucoup de morceaux, à tout préciser. Donc ça fait deux ans que je suis sur le projet et des morceaux comme « Trop Tard » ils ont déjà deux ans .

Ensuite il s’est passé plein de choses. J’ai commencé à faire ces morceaux-là, puis j’ai pu signer en maison de disque. Donc ça a repris un peu de temps pour les mettre en forme on a tout réarrangé avec Faz, après des mois de recherche de quelqu’un qui aurait pu peaufiner un peu notre travail du début. Donc c’est ce qui a pris un peu de temps. Et aussi j’ai écrit d’autres morceaux qui vont sortir dans les mois prochains.

Pozzo Live : Quels artistes écoutes-tu ? Qu’est-ce qui t’inspire ton écriture ? Si ce n’est pas la même chose.

Simia : Ce n’est pas la même chose, c’est ce que j’ai réalisé au travers de ce projet-là. J’aime vraiment beaucoup les textes, j’aime écrire. Je suis très sensible et j’espère que j’honore mes sensibilités. Je suis sensible aux beaux morceaux, aux beaux textes et j’ai beaucoup trouvé ça dans le rap. Dans des artistes comme Oxmo [Puccino]. Je suis un grand fan d’Oxmo, du premier album. Des morceaux comme 365 jours c’est des morceaux qui m’ont bercé en termes d’écriture. Je suis très fan d’un gars qui m’a pas mal inspiré, c’est Népal. En termes d’écriture, en termes de poésie. Par contre dans les sonorités ce que j’écoute au quotidien c’est vraiment du rock. J’écoute le rap qui se fait parce-que c’est la musique d’aujourd’hui, parce-que c’est là aussi d’où je viens, donc j’aime écouter un peu ce qui se fait. Mais par contre la musique qui me touche vraiment tous les jours … En ce moment j’écoute Bloc Party tous les jours, ils viennent de sortir un album et je le kiff de ouf. J’écoute Joy Divisions énormément, les Strokes. Arctic Monkeys, je pense que le premier album c’est l’album que j’ai le plus écouté de ma vie. C’est l’album que j’écoutais avant chaque concert, c’est de la musique qui me touche directement.
Musicalement donc c’est l’indi quoi. Soit 2000, genre les Strokes etc …, soit vraiment fin 70/début 80, new wave, un peu post punk. C’est vraiment les deux trucs que j’écoute principalement.

Pozzo Live : Effectivement certains diraient qu’il y a un vrai fossé entre les deux.

Simia : Mais moi aussi avant je pensais qu’il y avait un fossé « je fais du rap, mais j’écoute du rock ». Mais j’ai compris que tu peux casser le fossé en fait. Enfin je l’ai ressenti. Je me suis dit que j’allais mettre des guitares à la Pixies sur un morceau où je mets de l’auto-tune, mais pas avec cette volonté-là. Juste parce-que c’est des choses que j’aime par-ci par-là et je les ai mises ensemble.

Pozzo Live : C’est exactement le ressenti que j’allais te dire. Tes morceaux sont plutôt typés rap vocalement, mais des mélodies plutôt rock avec des guitares électriques se glissent dedans. On sent que tu apprécies les deux genres et les a mis ensemble.

Simia : Exactement ! On a beaucoup réfléchi à ça et on s’est rendu compte qu’on va retrouver beaucoup de drum rap et trap dans le projet. Ça a été un vrai débat au début, je me suis dit qu’il fallait assumer le côté rock. On a testé des trucs très très rock, mais en fait on n’est pas un groupe de rock. Je ne fais pas de la musique comme les gars que j’écoute où on se met en studio avec un batteur et tout. Si je me devais me résumer je dirais que je fais du rock produit comme du rap. On va faire du rock, les guitares et rythmiques sont rock, il n’y a presque plus de rythmiques trap. Mais on l’a produit sur ordinateur, on est allé chercher des trucs de 808 [ndlr : nom des boîtes à musique permettant d’enregistrer de nombreux sons, qui ont été remplacées ou accompagnées par des ordinateurs plus récemment]. Par contre on met des guitares, des basses rock qu’on va traiter comme du rock. Ensuite quand je vais chanter je vais chercher surement dans les mélodies rock, mais je vais avoir un petit flow rap de temps en temps. Et c’est pour ça que je n’aime pas dire que je fais du rap/rock ou une musique hybride. Je pense que c’est un mélange de plein de choses mais avec des inspirations.
Peut-être qu’on peut dire que je fais du néo-rock

Pozzo Live : Ou bien du néo-rap

Simia : Ouais ou du néo-rap ! Exactement !

Pozzo Live : C’est vraiment ce qui arrive ces dernières années, on fait de plus en plus sauter les étiquettes. On essaye toujours de ranger les musiques dans des cases, mais ça ne fonctionne plus toujours.

Ça ne fait pas deux ans que je rap. Mais j’ai connu le truc, ça doit faire une dizaine d’années, quand tu commences à raper fallait grave que tu rentres dans des étiquettes pour le coup. T’avais le côté faut que tu sois dans le multi-syllabique mais faut que tu fasses des prod boum bap inspirées des années 90. Ou alors t’es dans un délire trap etc …Et petit à petit j’ai vu les cases sauter et en vrai ça nous a décomplexé de fou. Je dis nous parce-que tous les artistes sont dedans. J’y pense mais par exemple dans le morceau « Soleil » de Roméo Elvis, c’est un morceau qu’à tout pété, mais pour moi c’est un morceau de Kendji Girac. Une guitare un peu andalouse, y a plus de codes, c’est trop bien.

Pozzo Live : Est-ce qu’il y a un endroit un peu atypique où tu aimes bien écrire et composer, hors confinement bien sûr ?

Simia : Ce n’est pas forcément atypique. A la base j’écris beaucoup chez moi, mais ça devient de plus en plus compliqué. Je me suis mis à écrire en studio, ce qui n’était pas forcément facile avant. Mais maintenant ce que j’aime, ce n’est pas si atypique que ça, mais j’aime écrire sur des terrasses de café. Mais à chaque fois je vais dans un café différent, dans un arrondissement différent. Je vais dans un endroit où je ne vais jamais dans Paris. Et là personne ne me connait, je ne vais pas croiser un pote qui va venir me voir. Ce n’est pas le café du coin où le gars il va regarder par-dessus mon épaule parce-que d’habitude il ne me voit pas avec un carnet. Franchement j’écoute pas mal dans des cafés maintenant. Mais ce n’est pas si atypique que ça.

Pozzo Live : D’une certaine manière dès lors qu’on sort de son confort d’écriture, que ce soit à la maison ou en studio, on rentre déjà dans l’atypique.

Simia : Oui et j’aspire un peu à me mettre « en danger ». Avant je n’écrivais pas en studio parce-que je me disais qu’il y a des gens qui vont attendre que je ponde un truc. Parfois les gars avec qui je bosse ils me font « frérot ça fait une heure que t’es dessus ». Au début je pensais que c’était pas bien, mais en fait c’est bien. Ça fait assumer que soit tu dois finir cette rime qu’on s’en débarrasse, soit tu assumes et tu dis aux gars « je n’y arriverai pas » et au moins tu sais où t’en es et que tu finiras plus tard. Alors qu’avant je ne testais même pas d’écrire en studio, j’allais écrire chez moi. Maintenant je ne fais quasiment plus ça d’écrire chez moi.

Pozzo Live : Ton récent morceau « Trop tard » aborde les doutes d’un homme de 25 ans sur le début de son parcours. On imagine que ce sont des paroles assez personnelles.

Simia : Déjà c’est le morceau qui a donné naissance à tout ce qui a suivi. C’est un morceau que j’ai écrit dans un contexte où je n’avais pas pour ambition de le sortir. J’ai écrit ce que j’avais besoin d’écrire à ce moment-là. J’ai ressenti un truc à 25 piges, en plus j’ai un parcours pour le coup assez atypique. Je faisais des études avant, le rap c’était sur le côté, j’ai voulu aller au bout de mes études. J’ai fini et j’ai un master de Sciences-Po. J’ai fini mon master à 25 ans à peu près à ce moment-là et j’ai ressenti un vide et de pas savoir ce que je foutais. J’ai écrit ce morceau presque de manière contradictoire avec ce que j’en ai fait. Tu vois le morceau il s’appelle « Trop Tard », trop tard pour tout recommencer alors qu’en fait c’est à ce moment-là que j’ai tout recommencé. Vas-y on recommence, on arrête de se mentir. Pas on fait des études et on va trouver un boulot. Vas-y je crois à mes rêves.

Je fais beaucoup ça, j’écris des choses que je pense, pour en faire autre chose. J’écris beaucoup sur le fait de pas avoir confiance en soi ou sur l’échec, les doutes. Justement pour en faire des vrais morceaux que je vais assumer sur scène et dire que je ne doute plus. Hier on a fait la release party et je chantais des morceaux où je dis que ça ne sert à rien de faire du son … devant des gens qu’étaient venus me voir et qui chantaient par cœur. C’est cette machine bizarre qui se passe tout le temps quand j’écris un texte. Je me dis que je ne le sens pas et je l’écris pour me prouver qu’en fait on peut en faire un truc inverse.

Pozzo Live : Est-ce que ne serait pas représentatif de toute la pression qu’on met aux jeunes ? A devoir choisir un projet de vie dès la sortie de la 3ème quand t’as 15 ans. Et que tout de suite tu dois savoir ce que tu veux faire dans la vie.

Simia : Pour moi c’est un des plus grands maux de la vie. L’école c’est trop bien parce-que ça t’apprend des trucs, mais ça ne t’apprend pas un truc primordial. Moi je l’ai appris à 25 piges justement, je l’ai appris trop tard. Mais en vrai il y a de la place pour tout le monde. Il y a de la place pour les gens qui ne sont pas scolaires, il y a de la place pour les gens qui veulent juste créer. Et même je crois qu’il faut faire de la place pour les gens qui ne sont pas scolaires qui ne vont pas faire d’études. Je regardais un gars je ne sais plus comment il s’appelle, un astrophysicien avec des cheveux longs, un peu poète.

Pozzo Live : Aurélien Barrau ?

Simia : Oui voilà ! Ce gars-là il me fascine. Il disait qu’il voulait que le président de la République ce soit un peintre, un poète ou un créatif. Et ça c’est un truc qu’on ne t’apprend pas.
C’est vraiment un truc que j’ai eu un trop plein. Je le dis dans le texte : j’ai toujours souri pour maman, bombé le torse pour papa. Ce n’est pas nécessairement vraiment comme ça, parce-que j’ai des parents hyper cools. Mais ça symbolisait le truc où t’essayes de faire plaisir à tout le monde. Tu n’essaye pas de te faire plaisir à toi quand t’as des volontés qui ne rentrent pas dans les cases. Mon petit frère il est médecin, c’est sa passion et c’est trop cool, on en parle beaucoup. Il me dit qu’il a de la chance parce-que c’est socialement assez reconnu d’être médecin, donc lui il combine les deux. Mais quand tu dis aux gens, à ta famille, je vais écrire des chansons, on te regarde bizarrement, on s’inquiète de ouf. Moi j’ai dit à ma mère un jour : je comprends que tu t’inquiètes parce-qu’il n’y a aucune certitude, mais je n’ai jamais été aussi heureux que depuis que je me lève pour aller en studio pour écrire. Alors qu’avant je faisais des hautes études où il y avait plus de confort et en fait ça me saoulait de fou. Et quand il a fallu chercher du taff j’ai dit « non c’est mort je ne peux pas faire ça ».

Donc oui ce morceau il symbolise grave ça, et si je peux je dire ça aux gens, aux plus jeunes : c’est juste de croire en soi. J’ai un petit cousin qu’est en échec scolaire et tout le monde s’inquiète pour lui. Moi je leur dis « ne vous inquiétez pas ». Faut le laisser trouver son truc. Je suis sûr que si dans ta vie ta passion c’est voyager, tu peux voyager et vivre très bien et juste trouver un moyen avec ça ou de vivre comme ça. Mais les gens vont forcément dire « ah non il a raté sa vie blablabla ». Souvent les gens vont dire « il a raté sa vie » alors que c’est comme ça que tu réussis.

Pozzo Live : Il y a quelque chose qu’il faut se dire et que je pense, c’est que justement il n’est jamais trop tard. Jamais trop tard pour changer de travail, jamais trop tard pour refaire une histoire …

Simia : De ouf ! Et quand tu captes ça, qu’il n’est jamais trop tard et que tu peux tout recommencer justement [ndlr : en rapport avec les paroles de sa chanson], t’as une angoisse en moins dans la vie. Là je fais du son, mais ça se trouve à 40 ans je vais vouloir faire du cinéma ou tout arrêter et faire pousser des légumes dans un coin reculé de la France. Ou encore autre chose tu vois. Je l’ai fait une fois et j’ai compris que tu peux le faire toute la vie. À condition que ça te plaise et que tu te sentes à ta place.

La carrière c’est un truc qu’on t’enseigne depuis tout petit et qu’est grave faux. Je crois qu’il n’y a rien de pire que faire une carrière. A mon avis je trouve ça dommage parce-que quand tu fais une carrière il y a plein de trucs que tu ne fais pas. Alors qu’on peut tellement se dire « vas-y je fais plein de choses ». On est des humains on a qu’une vie, y a mille trucs à faire. Ce serait trop cool de pouvoir taffer, faire un album, jouer dans un film. Moi j’aimerais à un moment bosser dans l’associatif, mais avec une grosse implication. Peut-être que cela nécessitera un jour d’arrêter de faire de la musique pour s’impliquer là-dedans. Mais c’est trop bien parce-que tu vas connaitre beaucoup de choses et ça t’enrichit de fou en temps qu’être humain.

Pozzo Live : Certains pensent que le modèle classique d’album touche à sa fin avec les plateformes d’écoutes. D’autres non avec le regain du vinyle notamment. Quel est ton point de vue là-dessus ?

Simia : C’est une vraie question. J’ai vraiment deux points. Comme je te disais j’ai une grosse culture du rock, de l’album. Parce-que j’aime ça, la cohérence dans un album. Quand un artiste sort un album je l’écoute comme un album. Parce-que je sais que je suis un artiste et je comprends que souvent il y a un message, une cohérence derrière un album. Mais je peux comprendre aussi qu’avec le nombre de sorties et la facilité d’accès tu vas moins écouter. Quand j’écoute un artiste que je ne connais pas trop je vais écouter ses 4-5 premiers titres sur Spotify. Et souvent ce n’est déjà pas l’ordre de l’album, voir pas sur le même album.

C’est une question que je me pose beaucoup. Je crois que si je faisais un album, il faudrait que je le fasse que pour moi. Parce-que je pense que tu as raison, je suis assez de cet avis là et ce n’est pas forcément une mauvaise chose, on sur la fin de l’album 15 titres. En tous cas il y a un changement qui s’opère là-dessus. Je crois que ça va être de notre devoir de s’adapter pour ne pas être frustré ou rater le coche dans le truc. Mais c’est vraiment une question que je me pose. Là je disais qu’il y a un album qu’est prêt. J’ai assez de titres pour faire un album et presque un deuxième, mais je ne sais pas si ça va sortir sous ce format en effet.

Pozzo Live : On le voit beaucoup avec des artistes comme Booba qui sort plutôt des singles un peu comme ça sans forcément une cohérence d’album. Et les albums récents sont tellement annoncés avec des singles qu’on connait la moitié de l’album à sa sortie.

Simia : C’est ça ! Mais ce n’est pas une mauvaise chose. Je pense que le problème c’est que les gens ils vont écouter les gros titres et que si toi tu t’es un peu cassé le c*l à faire un album, à attendre que les gens découvrent un son, tu risques d’être frustré. C’est une vraie question qu’est ultra contemporaine. C’est une question qui se pose maintenant, même si on n’a pas encore la réponse. Je pense que je vais partir sur une stratégie de sortir des singles. Et de les défendre très bien presque comme un album à chaque fois. Et après si tu sens qu’il y a une grosse attente pour l’album let’s go, mais ce n’est pas sûr.

Nous on s’est beaucoup posé la question et au final on a fait un 5 titres. On a sorti deux morceaux avant et pour moi « Trop Tard » il aurait presque pu sortir une semaine avant. Le clip est sorti le jour de l’EP, mais pour moi il n’y avait que deux surprises sur l’EP. On aurait pu avoir plus de la moitié de publiée avant le jour de la sortie.

Je crois que c’est une bonne chose qu’on se décomplexe, qu’on puisse sortir des sons quand on veut. Tu parlais de Booba et ses sons qu’il sort quand il veut marchent mieux que ses albums. En tous cas « Ultra », qu’est le dernier album, je ne retiens quasiment rien. Alors que des « Arc-en-Ciel » « Glaive » avant qu’il les mette sur un album c’était des hits de fou et les gens s’en foutaient qu’il les mette sur un album. Et à la fin il l’ajoute mais en vrai on s’en fout, les gens les écoutaient déjà et c’était ultra streamé.

Pozzo Live : Une nouvelle façon de réfléchir en fin de compte.

Simia : Oui mais c’est bien ! Faut pas avoir peur de se remettre en question tout le temps c’est la vie. A un moment le stream est arrivé et fallait bien se demander comment on allait faire pour sortir des albums. Nous notre génération on s’en fout, mon CD il n’est pas sorti en physique. Il y a que mes parents qui m’ont dit « mais comment on va l’écouter ? ». Il y a des petits physiques de promo et je leur ai filé, mais personne ne m’a dit « alors on va le trouver à la Fnac ? ». Les gens s’en foutent.

Pozzo Live : Ce qu’on disait tout à l’heure c’est plus les vinyles qui se vendent que les CDs classiques.

Simia : Exactement ! Un vrai objet, presque comme du merch en fait. Les gens vont acheter le vinyle comme ils vont acheter un tee-shirt. Même parfois ils n’ont même pas de platine, mais ils sont trop contents d’avoir l’objet. Et pour le coup je suis un peu plus dans ce délire-là. Moi j’écoute des vinyles depuis pas très longtemps, j’ai une platine maintenant, et je comprends le délire d’écouter un album sur une platine. De devoir prendre le temps, de ne pas pouvoir l’emmener partout. Cela resacralise un peu l’écoute. Après tu le stream, le CD on s’en fout. Mais le vinyle que tu dois retourner au milieu c’est une écoute participative et c’est trop cool.

Pozzo Live : Quel groupe ou artiste tu conseillerais à Pozzo Live d’interviewer la prochaine fois ?

Simia : Ah ouais !! J’en ai mille qui arrivent dans la tête. Les compositeurs de mon album ils ont un duo de musique électronique et c’est très fort ce qu’ils font. Ils s’appellent Jersey et ils ont sorti une chanson qui s’appelle Blizzard. J’aimerais un jour les voir péter et dire toutes les choses qu’ils ont à dire. C’est un peu les enfants de Daft Punk aujourd’hui. Donc je te dirais Jersey parce qu’ils font de la musique incroyable, les gens ne sont pas prêts.
Sinon je suis fan d’un gars qui s’appelle Winnterzuko. C’est incroyable et j’ai hâte de voir ses interviews. Je pense que c’est un gars qui a beaucoup de choses à dire. C’est un de mes derniers coups de cœur musicaux et de plume.
C’est les deux que je te donnerais : Winnterzuko et Jersey.

Merci a Simia pour son temps et merci à Polydor

Interview réalisée en visio le 18/05/2022

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